mardi 30 octobre 2018

Sidhrath Zah Séphar Tôladhôth `odhom – Les « esprits » engendrés à `odhom


בס״ד

La Sidhroh avec Rabbénou
Sidhrath Zah Séphar Tôladhôth `odhom – Les « esprits » engendrés à `odhom

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Au début de la Sidhroh de cette semaine, la Tôroh rapporte ceci : וַיְחִ֣י אָדָ֗ם שְׁלֹשִׁ֤ים וּמְאַת֙ שָׁנָ֔ה וַיּ֥וֹלֶד בִּדְמוּת֖וֹ כְּצַלְמ֑וֹ וַיִּקְרָ֥א אֶת־שְׁמ֖וֹ שֵֽׁת׃ « Et `odhom vécut trente et cent ans, et engendra dans sa ressemblance, selon son image, et il appela son nom Shéth » (5:3). La Tôroh met ici en avant le fait que Shéth fut engendré dans la « ressemblance » et selon l' « image » de `odhom, une description qui n'apparaît pas dans les récits des naissances des autres enfants que `odhom avait précédemment eus, à savoir Qayin et Haval ע״ה.

Cette anomalie est relevée dans le Talmoudh à la Masakhath ´érouvin (18b), qui tire une conclusion assez troublante du sens de ce Posouq :

אמר ר' ירמיה בן אלעזר כל אותן השנים שהיה אדם הראשון בנידוי הוליד רוחין ושידין ולילין שנאמר ויחי אדם שלשים ומאת שנה ויולד בדמותו כצלמו מכלל דעד האידנא לאו כצלמו אוליד
Ribbi Yirmayoh ban `al´ozor a dit : Toutes ces années où `odhom Hori`shôn était en excommunication il engendra des esprits, des Shédhin1 et des Lilin2, ainsi qu'il est dit : « Et `odhom vécut trente et cent ans, et engendra dans sa ressemblance, selon son image » ; de là il s'en suit que jusqu'à ce moment il n'avait pas engendré selon son image.

D'après la Gamaro`, la Tôroh précise que Shéth ע״ה naquit dans la ressemblance de `odhom ע״ה et selon son image pour nous indiquer que durant les précédentes cent trente années, depuis le péché de l'arbre défendu, `odhom avait engendré des enfants de différentes formes. C'est-à-dire qu'il avait mis au monde diverses sortes d'esprits malfaisants (identifiés dans la Gamaro` comme étant des « Rouhin », « Shédhin » et « Lilin ») qui n'étaient pas sous la même forme et image humaine que `odhom.

Mais étant donné que nous savons, d'après les dires même de nos Sages, que les enseignements `aggadiques ne doivent pas être compris littéralement, les Ri`shônim appartenant à l'école rationaliste proposèrent des approches différentes pour expliquer cette référence talmudique aux démons et esprits engendrés par `odhom. Le RaDa''Q ז״ל (Rabbénou Dowidh Qimhi de Provence), citant Horov Shériro` Go`ôn ז״ל, explique qu'en résultat de la malédiction Divine sur `odhom, les enfants qui lui naquirent durant ces années-là étaient déformés. Les « esprits » mentionnés dans la Gamaro` étaient des êtres humains, mais ayant certaines malformations physiques, raison pour laquelle ils furent appelés « esprits » et « démons ». Ce ne fut qu'après cent trente ans, lorsqu'HaShem allégea finalement la malédiction prononcée contre `odhom, que ce dernier engendra un enfant בִּדְמוּת֖וֹ כְּצַלְמ֑וֹ « dans sa ressemblance, selon son image », c'est-à-dire un enfant qui ressemblait enfin à un être humain en bonne santé et ordinaire.

Rabbénou ז״ל, vers le début de son Môréh Navoukhim (Volume 1, Chapitre 7), propose une compréhension différente du commentaire `aggadique de la Gamaro`. Il traite de ce Posouq au cours de sa discussion sur les différents sens de la racine verbale ילד, qui est généralement utilisée pour signifier « enfanter » ou « engendrer », mais peut également avoir des connotations figurées. Ainsi, par exemple, pour reprendre les mots de Rabbénou : « Un homme qui en a instruit un autre dans quelque sujet que ce soit, et a augmenté sa connaissance, pourrait en quelque sorte être considéré comme le parent de la personne enseignée, parce qu'il est l'auteur de cette connaissance ». Le verbe ילד, par conséquent, peut de temps en temps être utilisé en référence au fait d'enseigner, ou d'éduquer, et pas nécessairement dans le sens de donner naissance. Rabbénou affirme que c'est là le sens du verbe וַיּ֥וֹלֶד « Wayyôladh » (« et il engendra ») utilisé dans notre Posouq. En d'autres mots, la Tôroh ne veut pas dire que `odhom mit au monde un enfant dans sa ressemblance et selon son image, mais plutôt que `odhom parvint, contrairement à ses précédents enfants, à éduquer cet enfant, Shéth, d'après sa ressemblance et son image. `odhom avait engendré de nombreux autres enfants au cours des précédentes cent trente années, mais seul Shéth avait grandi pour finalement ressembler à son père, et avait pris la « ressemblance » et l' « image » (c'est-à-dire, « la forme ») de `odhom.

Cette « ressemblance » et « image », comme l'explique Rabbénou, se réfère aux réalisations intellectuelles : « En référence à Shéth, qui a été instruit, éclairé et amené à la perfection humaine, on pourrait dire, à juste titre : ''et il [`odhom] engendra [un fils] dans sa ressemblance, selon son image'' ». Plus tôt, dans le premier chapitre du Môréh Navoukhim, Rabbénou avait détaillé la notion selon laquelle l'humain avait été créé « avec l'image de l'Autorité », ce qu'il comprenait comme une référence aux facultés intellectuelles de l'être humain. `odhom était doté de telles capacités, mais après le péché de l'arbre interdit, il n'est pas parvenu à « engendrer » des enfants selon son « image », c'est-à-dire à donner une éducation à ses enfants qui pourrait les mener vers ce que Rabbénou appelle « la perfection humaine ». Rabbénou poursuit en expliquant pourquoi le verbe ילד, qui se réfère généralement au fait de donner naissance, est une description appropriée de la réussite de `odhom à cultiver les capacités intellectuelles de Shéth :

Il est admis qu'un homme qui ne possède pas cette « image » (dont la nature vient juste d'être expliquée) n'est pas humain, mais un simple animal à la ressemblance et forme humaine. Cependant, une telle créature a le pouvoir de causer du mal et des dégâts : un pouvoir qui n'appartient à aucune des autres créatures. Car ces dons de l'intelligence et du jugement dont il a été doté dans le but d'acquérir la perfection, mais qu'il a échoué à utiliser pour leur fin appropriée, sont utilisés par lui à des fins mauvaises et malicieuses ; il engendre [donc] des choses mauvaises, comme s'il ressemblait seulement à un humain, ou simulait son apparence extérieure. Telle était la condition de ces fils de `odhom qui précédèrent Shéth. C'est en rapport à ce sujet que le Midhrosh dit : « Durant les 130 ans où `odhom fut en excommunication, il engendra des esprits, c'est-à-dire des démons ; mais, lorsqu'il regagna la faveur Divine, il engendra dans sa ressemblance, selon son image ».

Ainsi, d'après Rabbénou, la Gamaro` ne se réfère pas du tout à des « esprits » ou ni même à des créatures physiquement inférieures, comme l'a expliqué le Rada''q. Plutôt, elle se réfère à des gens qui ont échoué à utiliser les facultés intellectuelles accordées par HaShem dans le but du perfectionnement de soi-même et de ses enfants. Ces personnes sont donc décrites comme étant des esprits nuisibles parce que les êtres humains qui font un mauvais usage des pouvoirs uniques de la raison et de la créativité posent une menace particulièrement grave au monde.

C'est une leçon fondamentale que vous devez avoir à l'esprit pour votre propre vie, et pour le but à vous fixer dans l'éducation de vos enfants. Voulez-vous en faire des êtres humains ou des démons ? Ou, si vos enfants ont déjà grandi, en avez-vous fait des êtres humains ou des démons ?
1Des démons mâles
2Des démons femelles

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