vendredi 8 mars 2019

Yishoq et les puits


בס״ד

La Sidhroh Triennale
Sidhrath Wayyizra´ Yishoq – Yishoq et les puits

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Bien. À partir de la Sidhroh de Tôladhôth Yishoq, la Tôroh nous rapporte l'histoire de Yishoq `ovinou ע״ה, et nous dit que la famine fut la raison pour laquelle il se rendit chez `avimalakh à Garor. HaShem ית׳ ordonna alors à Yishoq de ne pas descendre en Égypte, car en dépit de la famine, Il assura à Yishoq qu'Il pourvoirait à ses besoins. La Tôroh observe que cette famine n'était pas comme celle qui se produisit durant les jours de `avrohom `ovinou ע״ה. Rash''i ז״ל explique que la première famine du temps de `avrohom était une épreuve pour lui. Ramba''n ז״ל commente que `avrohom eut tort de descendre en Égypte et aurait dû avoir foi en la Providence Divine, malgré la famine. Mais concernant Yishoq, Ramba''n ne dit rien sur la décision pourtant identique qu'il prit de descendre en Égypte. Par conséquent, quitter un pays lorsqu'il est frappé d'une famine n'est pas intrinsèquement mauvais. Si HaShem ne S'était pas révélé à Yishoq, il aurait sembler être correct pour Yishoq de se rendre en Égypte, loin d'un pays affligé.

Nous voyons que la Providence continue de HaShem envers Yishoq dépendait de son obéissance de la garde de la Parole de HaShem par `avrohom. Toutefois, chaque patriarche méritait de voir le Nom de HaShem lui être connecté. Yishoq ne faisait pas que perpétuer les études reçues de son père `avrohom ; il ajouta également une dimension nouvelle, et déduisit ses convictions de son propre raisonnement. HaShem fit une promesse à Yishoq, pas seulement parce qu'il était le fils de `avrohom, mais plutôt parce qu'il l'avait mérité par ses propres vertus.

Lorsque Yishoq arriva à Garor, il fit exactement comme son père, et affirma que Rivqoh était sa sœur, afin de protéger sa vie. Après qu'un certain temps fut passé, nous avions lu dans la précédente Sidhroh que le roi, `avimalakh, regardait par sa fenêtre, et surprit Yishoq en train de s'amuser avec Rivqoh, ce qui montrait que leur relation n'était pas une relation de frère et sœur, mais de mari et femme. `avimalakh réprimanda Yishoq pour avoir mis en danger son peuple, car l'un d'eux aurait pu prendre Rivqoh, causant ainsi un péché sur eux tous. Il ordonna ensuite à son peuple de ne faire aucun mal à Yishoq et Rivqoh.

Puis, dans la Sidhroh de cette semaine, la Sidhrath Wayyizra´ Yishoq, nous lisons que Yishoq récolta plus de cent fois plus que ce qu'il avait semé, et eut beaucoup de succès. Ses réussites étaient illimitées. Les Philistins l'envièrent à cause de cela. Il y a un commentaire très intéressant de Rash''i sur Baré`shith 26:13. En citant le Midhrosh1, il déclare : זֶבֶל פִּרְדוֹתָיו שֶׁל יִצְחָק וְלֹא כַּסְפּוֹ וּזְהָבוֹ שֶׁל אֲבִימֶלֶךְ « Mieux vaut le fumier des mules de Yishoq, que l'argent et l'or de `avimalakh ». C'est une idée étrange : pourquoi les gens préféreraient-ils le premier au deuxième ? Ensuite, la Tôroh déclare2 : וְכָל-הַבְּאֵרֹת, אֲשֶׁר חָפְרוּ עַבְדֵי אָבִיו, בִּימֵי, אַבְרָהָם אָבִיו--סִתְּמוּם פְּלִשְׁתִּים, וַיְמַלְאוּם עָפָר « Et tous les puits que les serviteurs de son père avaient creusés durant les jours de `avrohom son père, les Philistins les bouchèrent et les remplirent de poussière ». Pour quelle raison la Tôroh nous informe-t-elle de ce fait obscur ?

Ramba''n déclare qu'il n'y a aucun honneur pour Yishoq dans toute cette histoire. Pourquoi fut-elle donc rapportée ? Il répond que le but de cette Sidhroh est de faire allusion à quelque chose de caché : ces trois puits font allusion aux trois Botté Hammiqdoshim. Le premier puits fut nommé ´ésaq, qui signifie « contention ». Le premier Béth Hammiqdosh fut bâtit au milieu de beaucoup de contentions. Le deuxième puits que Yishoq creusa fut nommé Sitnoh, à cause de l'adversité et haine dont les Philistins firent preuve à son égard. De même, il y eut beaucoup de haine et d'adversité durant l'époque du Bayith Shéni. Rahôvôth fut le nom du troisième puits, pour lequel les Philistins ne s'opposèrent pas à Yishoq. Rahôvôth signifie « largesses », en raison des largesses (tranquillités) désormais accordées à Yishoq. Et durant l'ère du troisième Béth Hammiqdosh, il y aura de la paix.

Dans quel sens `avrohom et son fils Yishoq étaient-ils des patriarches ? Yishoq différait de `avrohom. `avrohom se distinguait par sa capacité à interagir avec le monde. Il débattait avec beaucoup de personnes, et bien qu'il finit par s'exiler, il reprit ses enseignements. Cependant, il y a un autre élément responsable de leur réussite à répandre la connaissance de HaShem : la Divine Providence. HaShem sauva miraculeusement `avrohom à de nombreuses occasions, dégageant ainsi la route pour qu'il puisse continuer à enseigner, tout en aidant à créer sa réputation sans pareille. Yishoq était différent. C'était une « ´ôloh Tamimoh » (un holocauste entier). Ses énergies n'étaient pas orientées vers le monde ni vers le social, mais exclusivement vers la connaissance. Passer si près de la mort lorsqu'il fut élevé sur l'autel eut un effet profond sur la personnalité de Yishoq. Ainsi, HaShem ordonna à Yishoq de ne pas descendre en Égypte. Comment donc Yishoq a-t-il pu jouer un rôle de patriarche ?

Les deux famines étaient le résultat de la Providence. Mais dans le cas de Yishoq, elle n'avait pas pour objectif de servir d'épreuve, contrairement au cas de `avrohom. Durant la famine du temps de Yishoq, HaShem l'instruisit de rester dans le pays. Pourquoi cela était-il nécessaire ?

Les puits étaient essentiels pour que Yishoq émerge comme un patriarche indépendant. On nous dit qu'il devint très riche. Mais sa richesse ne cessa jamais de croître, contrairement à celle de `avimalakh. Ce dernier stagnait dans sa richesse. C'est pourquoi, les Philistins dirent qu'ils préféraient le fumier des mules de Yishoq aux richesses de `avimalakh. Cela signifie qu'ils respectaient Yishoq qui pouvait prendre du fumier (la famine) et en tirer du succès. Cette richesse créa un grand respect envers Yishoq. `avimalakh demanda alors à Yishoq de quitter Garor, car sa présence là rendait minable `avimalakh, le roi, par rapport à lui.

Mais les Philistins finirent par être envieux de Yishoq. Nous apprenons qu'ils bouchèrent les puits de `avrohom. Cela démontrait qu'ils dénonçaient et rejetaient la philosophie de `avrohom. Mais pourquoi les Philistins n'avaient pas bouché les puits de `avrohom plus tôt ? C'est parce que lorsqu'ils virent la grandeur de Yishoq, ils comprirent que l'idéologie de `avrohom n'était pas un mouvement centré sur un homme, mouvement qui a tendance à disparaître une fois que la figure charismatique meurt. Le fait que Yishoq poursuivait la philosophie de `avrohom créait donc à présent des frictions à Garor, car ils ne pouvaient plus considérer que l'ère de `avrohom était terminée. Sa philosophie survivait à travers Yishoq ; il y avait donc une dynastie. L'idée de voir les enseignements de `avrohom se poursuivre était inacceptable pour les Philistins au vue de leur mode de vie débridé. Si les opinions monothéistes de `avrohom étaient mortes avec lui, ils auraient pu rester tranquilles. Mais cela n'était plus le cas. Ils désirèrent donc se rebeller contre la poursuite des idéologies de `avrohom. Mais les Philistins ne pouvaient pas nuire à Yishoq. Ils respectaient sa richesse. C'est pourquoi, ils attaquèrent `avrohom en bouchant ses puits.

Yishoq partit, puis retourna. Pourquoi ? Il agit ainsi afin d'exprimer l'importance de rouvrir les puits de `avrohom. Il refit un voyage de retour à Garor après s'en être allé, précisément pour démontrer la raison de son retour : ressusciter la gloire et les enseignements de `avrohom. Quelle fut la réponse des Philistins ? Ils contestèrent contre Yishoq au sujet de ses nouveaux puits. Ils tentèrent de nier la grandeur de Yishoq. Contrairement au premier puits pour lequel ils dirent « L'eau est à nous », cette fois-ci ce n'était pas l'eau qui les intéressait, mais c'était la célébrité de Yishoq qu'ils déploraient. Après un certain temps, ils comprirent qu'ils ne pourraient pas vaincre Yishoq. Ils succombèrent alors à une autre émotion ; leur respect sous-jacent pour la réussite de Yishoq. Le dicton « Si tu ne peux les vaincre, joins-toi à eux » illustre bien le changement d'attitude des Philistins. Ainsi, le dernier puits, que creusèrent les serviteurs de Yishoq, fut nommé « largesses ». Yishoq n'était plus attaqué, étant donné que l'émotion d'adulation remplaça la répulsion que ressentaient au début les Philistins. C'est à ce moment-là que `avimalakh désira assurer une trêve. La richesse attire les gens. Ce fut par cette méthode que Yishoq devint célèbre.

HaShem orchestra une famine, car c'était le moyen le plus parfait pour rendre utile la richesse de Yishoq. Personne à part lui ne prospéra durant la famine. Pour finir, Yishoq retourna au lieu d'enseignement de `avrohom, à savoir Ba`ér Shova´. C'était pour indiquer qu'après avoir prospérer matériellement, il retournait désormais à l'étude et enseignement des paroles de HaShem. C'est pourquoi, le verset déclare3 : וַיִּקְרָא בְּשֵׁם ה׳ « et il invoqua dans le nom de HaShem » ; c'est-à-dire qu'il recommença à enseigner au sujet de HaShem, son objectif principal. Nous pouvons voir que le plan de HaShem fut couronné de réussite puisque `avimalakh se déplaça jusqu'à Yishoq, reconnaissant sa grandeur. La renommée de Yishoq était désormais positive. `avimalakh ne désirait aucune trêve avec Yishoq tant que ce dernier vivait à Garor. C'est seulement après ses réussites, après son exil, que Yishoq devint très riche, et cette richesse était une préparation nécessaire pour que d'autres puissent reconnaître la véracité et profondeur de la philosophie de Yishoq.

Les Philistins se rendirent compte qu'en mettant en application la philosophie de Yishoq, on pouvait atteindre la réussite dans ce monde-ci. Ce fut exceptionnellement profond, alors qu'ils subissaient une famine.
1Baré`shith Rabboh 64:7
2Baré`shith 26:15
3Ibid., 25

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