בס״ד
Les femmes du « `éshath Ḥayil »
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La
chanson « `éshath Ḥayil » chantée part beaucoup le vendredi
soir avant le Qiddoush vient des Proverbes de Shalômôh Hammalakh ע״ה (Chapitre 31). Le
Midhrosh Mishlé commente sur ses mots que chaque verset correspond à une femme
juste du ṬoNo’’Kh. Le premier verset (« Une femme de valeur qui peut
trouver ? Sa valeur est plus grande que les perles ») correspond
à Soroh `imménou ע״ה.
Le Midhrosh dit que cela est lié au Ṭahillim 92:15, « Ils
produiront toujours des fruits dans la vieillesse ». Les « ils »
ici sont `avrohom ע״ה
et Soroh, qui ont finalement eu un enfant à un âge avancé. Le Midhrosh dit du
couple qu'ils étaient « égaux en Ṣadhoqoh et en Ḥasadh, et Simon
Tôv pour le monde entier…» Le Midhrosh mentionne ici aussi la femme de Nôaḥ
ע״ה (appelée
Na´amoh ע״ה
selon la tradition), qui était pareillement égale à son mari.
Le
deuxième verset (« Le cœur de son mari lui fait confiance, et il ne
manque de rien ») Fait à nouveau référence à Soroh - cette fois
exclusivement - puisque son mari `avrâhâm est devenu extrêmement riche grâce à elle.
Cela fait allusion au temps qu'ils ont passé en Égypte, lorsque le Pharaon
« a bien traité `avrom à cause d’elle; et il avait des brebis, des
bœufs, des ânes, des serviteurs, des servantes, des ânesses et des chameaux ».[1] `avrâhâm
a fait confiance à Soroh, et il ne lui a rien manqué matériellement grâce à
elle.
« Elle
lui accorde du bien, et non du mal, tous les jours de sa vie ».
Cela fait référence à Rivqoh ע״ה
qui, selon le Midhrosh, a finalement permis à Yiṣḥoq de se sentir bien après le
décès de sa mère.
« Elle
cherche de la laine et du lin et travaille avec diligence avec ses mains ».
Cela fait référence à Lé`oh ע״ה,
qui travaillait dur.
« Elle
est comme une flotte marchande ... » est Roḥél ע״ה qui
était embarrassée chaque
jour par le fait qu’elle n’avait pas d’enfants. Par conséquent, elle mérita un
fils qui était semblable à un navire rempli de tout le bien du monde, car Yôséph
a préservé le monde entier à travers son mérite et a soutenu le monde pendant
ces années de famine.
« Elle
se lève alors qu'il fait encore nuit…» est Bathyoh ע״ה, la fille de Pharaon. Elle a
adopté bébé Môshah et se réveillait toute la nuit pour prendre soin de lui,
comme si elle était sa propre mère. Le Midhrosh nous rappelle qu'elle s'est
finalement convertie au judaïsme, qu'elle mérita d'avoir son nom parmi les
grandes femmes d'Israël et qu'elle est même entrée vivante dans le Gan ´édhan.
« Elle
considère un champ et l'achète; avec le fruit de ses mains, elle plante un
vignoble ». C’est Yôkhavadh ע״ה, la mère de Môshah. Par elle est venu le plus grand prophète de
tous les temps, « équivalent à tout Israël, qui est appelé une
‘’vigne’’, comme dans Yasha´yohou 5:7, ‘’car la vigne de `adhônoy
Ṣavo`ôth est la maison d'Israël’’ ».
« Elle
ceint ses reins de force ... » C’est Miryom ע״ה, la dure sœur de Môshah. Elle
était la dirigeante des femmes tout au long du temps dans le désert. Le Midhrosh
souligne que c'est Miryom qui a prophétisé la rédemption d'Israël et la venue
de Môshah, en disant : « À l'avenir, ma mère donnera naissance au
sauveur d'Israël ». Peu la croyaient et elle a été durement critiquée,
même par son propre père ! Elle est restée ferme et a été confirmée à la
fin comme une véritable prophétesse.
Le
verset qui commence par les mots טָעֲמָה,
כִּי-טוֹב סַחְרָהּ, « Elle
perçoit que sa marchandise est bonne…», c’est Ḥannoh ע״ה, qui a « goûté » (טָעֲמָה) la
prière. Après avoir été stérile pendant de nombreuses années, Ḥannoh est allée
au Mishkon à l’époque situé à Shilôh (c'était avant la construction du Béth
Hammiqdosh de Jérusalem) et a imploré Hashshém ית׳. ´éli le Kôhén Godhôl pensait qu'elle était ivre et lui a dit
d'arrêter de boire du vin. Elle a répondu qu’elle n’était pas ivre du tout et
qu’elle « déversait son cœur » dans la prière.[2]
Nous
apprenons beaucoup sur la bonne façon de prier de Ḥannoh, qui est considérée
comme la « mère de la prière ». Par conséquent, le verset טָעֲמָה, כִּי-טוֹב סַחְרָהּ
dans le `éshath Ḥayil nous rappelle l’incident de Shilôh, où Ḥannoh n’avait
goûté à aucun vin et était plutôt imprégnée de Davéqouth (attachement) avec Hashshém.
La seconde moitié du verset, « sa lampe ne s'éteint pas la nuit »,
fait référence à son fils tant attendu Shamou`él ע״ה, qui « illumina »
Israël et dont il est écrit : « La lampe de `alôhim
n'était pas encore éteinte, et Shamou`él dormait dans le temple de `adhônoy ».[3]
« Elle
pose ses mains sur la quenouille, et ses mains tiennent la broche ».
C'est Yo´él ע״ה, qui a
frappé le méchant Sisaro` et sauvé Israël au temps de la juge Davôroh
ע״ה.[4] Le
Midhrosh souligne que même à ce moment-là, Yo´él était extrêmement pudique et
au lieu d'utiliser l'épée de Sisaro` pour le tuer, elle a utilisé un
piquet de tente, car la Ṭôroh déclare que לֹא-יִהְיֶה
כְלִי-גֶבֶר עַל-אִשָּׁה « il n'y
aura pas de Kali Ghavar sur une femme ».[5]
« Kali Ghavar » (ustensile d’un homme) est
traditionnellement traduit par « armement », dont les femmes ne
devraient pas être ornées. Ainsi, puisqu’une femme ne devrait pas prendre des
armes, Yo´él tua Sisaro` avec un piquet de tente et non avec l’épée
de ce dernier.
« Elle
tend la paume aux pauvres…» est la veuve de Ṣoraphath ע״ה, qui s'occupait de `éliyohou ע״ה.[6] Elle
était très pauvre elle-même, alors `éliyohou a provoqué un miracle pour elle où
son seule « pot de farine » et « pot d'huile »
ne se sont pas épuisés pendant plusieurs jours avant que sa situation financière
ne s'améliore. Plus tard, il a également ressuscité son fils qui était tombé
malade et est décédé.
« Elle
n'a pas peur de la neige sur sa maison ; car toute sa maison est vêtue
d'écarlate ». C'est une allusion claire au fil écarlate de Roḥov ע״ה.[7] Quand
Israël était prêt à conquérir la Terre Sainte, Yahôshoua´ ע״ה a d'abord envoyé deux espions
pour enquêter. Leur présence a été découverte et les deux espions se sont
cachés dans la maison de Roḥov. Bien que Cananéenne, Roḥov a déclaré aux espions :
Je sais que `adhônoy
vous a donné le pays, parce que la crainte de vous est tombée sur nous, et tous
les habitants du pays tremblent devant vous. Car nous avons entendu comment `adhônoy
a séché pour vous les eaux du Yam Souph lorsque vous avez quitté l'Égypte, et
ce que vous avez fait à Siḥôn et ´ôgh, les deux rois amoréens de l'autre côté
du Jourdain, que vous avez condamnés. Quand nous en avons entendu parler, nous
avons perdu courage et aucun homme n'avait plus d'esprit à cause de vous; car `adhônoy,
votre `alôhim, est le seul `alôhim dans les cieux
au-dessus et sur la terre au-dessous. Maintenant, puisque j’ai fait preuve de
bonté, jurez-moi par `adhônoy que vous témoignerez à votre tour de
la bonté à ma famille…[8]
Les
espions lui ont dit de suspendre un fil écarlate à sa maison en signe aux
forces israélites d'épargner sa maison. Roḥov a continué par se convertir et a
rejoint le peuple juif, et a même épousé Yahôshoua´ ! Dans le
Yalqout Shim´ôni,[9]
on dit qu'elle s’est prostituée à partir de l'âge de dix ans et a finalement
abandonné ses voies de péché à l'âge de cinquante ans, inspirée par l'arrivée
des Israélites. Elle se repentit si profondément que le puissant Yahôshoua´
lui-même l'épousa, et d'eux descendirent huit grands prophètes et Kôhanim
d'Israël : Yirmayohou et son père Ḥilqiyoh, Saroyoh,
Boroukh et son père Nériyoh, Ḥanam`él et Shalloum ע״ה.[10]
Le
verset suivant du `éshath Ḥayil est « Elle se fait des
vêtements ; ses vêtements sont en fin lin et violet ». Le
violet est traditionnellement la couleur portée par la royauté, donc ce verset
fait référence à Bath-Shava´ ע״ה,
l'épouse de Dowidh Hammalakh ע״ה
et la mère du Shalômôh Hammalakh ע״ה.
« Son
mari est connu aux portes…» fait référence à Mikhal ע״ה, la première épouse de Dowidh
Hammalakh. Elle était sa compagne au début de sa carrière et a joué un rôle clé
pour le faire « connaître aux portes ». Le Midhrosh souligne
que Mikhal a également sauvé la vie de Dowidh lorsque son père Sho`oul ע״ה (le premier roi d'Israël) a
voulu se débarrasser de lui.[11]
סָדִין עָשְׂתָה, וַתִּמְכֹּר, « Elle
fabrique des draps et les vend ... ». Le terme סָדִין « Sodhin »
est une référence à Shimshôn ע״ה,
dont la première attaque majeure contre les Palishṭim impliquait une
énigme avec une récompense de lin :[12]
Et Shimshôn leur
dit : « Permettez-moi maintenant de vous proposer une
énigme ; si vous pouvez la résoudre et me la transmettre dans les sept
jours de la fête, alors je vous donnerai trente vêtements en lin [Sadhinim] et
trente changements de vêtements. Mais si vous ne pouvez pas me la transmettre,
alors vous me donnerez trente vêtements en lin [Sadhinim] et trente changements
de vêtements ». Et ils lui dirent : « Fais sortir ton
énigme, afin que nous l'entendions ».
Vraisemblablement,
Shimshôn avait les draps de sa mère Ṣadhaqath qui les avait faits. Ainsi, ce
verset du `éshath Ḥayil fait référence à la mère de Shimshôn. Le Talmoudh[13]
identifie son nom comme Ṣalalpônith [צללפונית]. Bien qu'aucune explication ne
soit donnée quant à l'origine de ce nom, une lecture attentive du ṬoNo’’Kh
révèle la réponse.
Après
la célèbre attaque de Shimshôn à l'aide de trois cents renards enflammés,[14] il
s'est caché dans une grotte près de la ville de ´étom. Dans le ṬoNo’’Kh, nous
lisons que les fils du אֲבִי עֵיטָם, יִזְרְעֶאל
וְיִשְׁמָא וְיִדְבָּשׁ; וְשֵׁם אֲחוֹתָם, הַצְלֶלְפּוֹנִי « père de ´étom étaient Yizra´a`l, Yishmo´ et Yidhbosh ;
et le nom de leur sœur était Haṣlalpôni [הַצְלֶלְפּוֹנִי] ».[15] Le
Talmoudh fait le lien entre les deux ´étom. Puisqu'une sœur est mentionnée - ce
qui est extrêmement rare dans les chronologies bibliques - cela doit signifier
qu'elle était particulièrement remarquable. Et c'est parce qu'elle était la
mère du grand Shimshôn !
« La
force et la splendeur sont ses vêtements…» se réfère à `alishava´
ע״ה,
l'épouse de `aharôn ע״ה.
Le Midhrosh déclare qu'elle « a vu quatre événements joyeux en une
seule journée : son frère [est devenu] un Nosi` ; son mari, un Kôhén
Godhôl ; le frère de son mari, un roi ; et ses deux enfants, des
jeunes Kôhanim ». Le frère de `alishava´, Naḥshôn
ban ´amminodhov ע״ה,
était le chef de la tribu de Yahoudhoh, son mari était le tout premier
Kôhén Godhôl et ses enfants Nodhov et `avihou` ע״ה étaient
également des Kôhanim, tandis que son beau-frère Môshah était comme
le roi d'Israël. Selon une tradition, les sages-femmes Shiphroh et Pou´oh qui
ont sauvé les bébés israélites en Égypte étaient Yôkhavadh et `alishava´.[16]
« Elle
ouvre la bouche avec sagesse ... ». C'est Saraḥ bath `oshér ע״ה. Elle était la petite-fille de Ya´aqôv
`ovinou ע״ה et c’est elle qui
lui a révélé que Yôséph était toujours en vie. Personne ne voulait assumer la
responsabilité d’annoncer la nouvelle à Ya´aqôv, craignant qu'il ne
puisse pas gérer la nouvelle dans sa vieillesse. Ainsi, la gracieuse Saraḥ a
été chargée de ce travail, et elle l'a si bien fait que Ya´aqôv l'a
bénie avec la vie éternelle. Selon la tradition, elle a vécu très longtemps et mérita
d'entrer vivante au Gan ´édhan, où elle enseigne dans la Yashivoh
céleste.
Le Midhrosh
identifie ici Saraḥ avec la femme sage mentionnée dans II Shamou`él
20. Là, le ṬoNo’’Kh nous parle d'une nouvelle rébellion incitée contre Dowidh Hammalakh
par Shava´ ban Bikhri. Shava´ et ses partisans ont construit une forteresse
dans la ville de `avéloh Béth Ma´akhoh. Le général Yô`ov de Dowidh a
assiégé la ville et a cherché à l'anéantir complètement. Une femme sage est
sortie et lui a conseillé de ne pas tuer les innocents. Elle a promis de livrer
la tête de Shava´ sur les murs de la ville. La femme sage a convaincu les
citadins de livrer Shava´, et ils ont donné sa tête, mettant fin à la rébellion
et sauvant d'innombrables vies. Le Midhrosh dit que cette femme était Saraḥ bath
`oshér.
« Elle
observe les chemins de sa maison ... » c'est la femme du prophète ´ôvadhyoh
ע״ה. Dans I
Malokhim 18, nous lisons comment ´ôvadhyoh ע״ה a sauvé cent prophètes du méchant
`aḥ`ov et `izaval en les cachant dans des grottes. ´ôvadhyoh était un préposé
du roi, mais travaillait secrètement pour sauver les vrais prophètes de Hashshém.
Il a également aidé `éliyohou. Plus tard, dans II Malokhim 4,
nous lisons comment une veuve d'un prophète a demandé l'aide du protégé de
`éliyohou, `alisho´ ע״ה.
Les Sages identifient cette veuve comme l'épouse de ´ôvadhyoh. Elle a pu sauver
ses enfants de l'esclavage et de l'idolâtrie.
« Ses
enfants se lèvent et l'appellent bénie…» se réfère à la femme shounamite
ע״ה qui
s'occupait de `alisho´. Tout comme son maître `éliyohou, `alisho´
a ressuscité un enfant mort. Cet enfant était le fils de la femme shounamite,
que les Sages identifient comme le prophète Ḥavaqqouq ע״ה.
Enfin,
le Midhrosh identifie les trois derniers versets du `éshath Ḥayil à Routh ע״ה :
« Beaucoup
de filles ont fait de la vaillance, mais tu les as toutes surpassées ».
C’est Routh la Moabite, qui est venue sous les ailes de la Shakhinoh.
« La grâce est trompeuse et la beauté est vaine ; [une femme
qui craint `adhônoy, c’est elle qui sera louée] ». Elle
a quitté sa mère et ses ancêtres et sa richesse, et est venue avec sa belle-mère
et a accepté toutes les Miṣwôth... Par conséquent, elle a mérité que Dowidh
vienne d'elle, qui a fait plaisir avec des chansons et des louanges au Saint,
béni soit-Il. Par conséquent, il est dit « Donnez-lui du fruit de ses
mains et laissez ses œuvres la louer aux portes ».
Le Midhrosh
conclut avec trois lignes pour Routh qui est la seule femme à être
explicitement appelée une « `éshath Ḥayil » dans le ṬoNo’’Kh.[17]
La
prochaine fois que vous chanterez « `éshath Ḥayil », vous
saurez qui avoir à l'esprit, et en récitant chaque verset, de quelle grande
femme juive puiser sa force et son inspiration !