בס״ד
Peut-on plier un Talith le
Shabboth ?
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Les questions suivantes reviennent fréquemment : Peut-on
plier un Talith le Shabboth, et si oui, comment le faire ?
La source de cette discussion est la Mishnoh qui
déclare :[1]
Ils plient les Kélim,[2] même quatre ou cinq
fois, et font les lits les nuits de Shabboth pour le Shabboth, mais pas à
Shabboth pour Môṣo`é Shabboth. |
מְקַפְּלִין אֶת הַכֵּלִים אֲפִלּוּ אַרְבָּעָה
וַחֲמִשָּׁה פְעָמִים, וּמַצִּיעִין אֶת הַמִּטּוֹת מִלֵּילֵי שַׁבָּת
לְשַׁבָּת, אֲבָל לֹא מִשַּׁבָּת לְמוֹצָאֵי שַׁבָּת. |
Le problème avec le fait de plier est le תִּקּוּן כְּלִי
« Ṭiqqoun Kali » (littéralement, fixer / corriger
un outil, un ustensile ou - dans notre cas - un vêtement). Un vêtement froissé
ne dure pas longtemps et le fait de le plier empêche qu’il se froisse et ne
s’abîme. La Gamoro`[3]
sur cette Mishnoh stipule quatre conditions pour que plier un vêtement soit
autorisé le Shabboth :
a. Deux
personnes ne peuvent pas plier ensemble le vêtement, afin d'éviter la
réalisation du Ṭiqqoun ;
b. La
Mishnoh s'applique uniquement aux vêtements neufs. Étant donné que les froissures
sont moins évidentes sur les vêtements neufs, les plier n'est pas entièrement
considéré comme du Ṭiqqoun. Raison pour laquelle la Mishnoh permet de les plier.
Cependant, plier un vieux vêtement est interdit, car ce serait du Ṭiqqoun
Gomour ;
c. La
Mishnoh s'applique uniquement aux vêtements blancs, car - encore une fois - les
froissures sont moins apparentes. Cependant, plier des vêtements colorés est
interdit ;
d. La
Mishnoh ne s'applique que dans le cas où une personne n'a rien d'autre à porter
le Shabboth. Cependant, s'il a d'autres vêtements, il ne peut pas plier des
vêtements.
Notez que la Mishnoh n'est indulgente que lorsque le
vêtement doit être utilisé le Shabboth-même. Cependant, si le vêtement ne doit
être utilisé qu'après Shabboth, on ne peut pas le plier en raison de
l'interdiction de préparer pendant Shabboth quelque chose nécessaire pour la
semaine.
Le Rambo’’m tranche fidèlement à tous ces points de la
Gamoro` dans son Mishnéh Ṭôroh :[4]
De même, ils ne plient pas les Kélim à Shabboth à la
façon dont ils agissent pendant la semaine avec les vêtements lorsqu’ils les ont
lavés. Et s’il ne possédait qu’un seul Kali pour se changer, il
lui est permis de le plier, de l'étirer et de s’en recouvrir de manière à
[être habillé] de manière attrayante à Shabboth. Et c’est seulement s’il s’agit
d’un vêtement blanc neuf, car il peut se froisser et se salir immédiatement. Et
lorsqu’il pliera, pas plus d’un seul homme pliera. En revanche, plier à deux
est interdit. |
וְכֵן אֵין מְקַפְּלִים אֶת הַכֵּלִים בַּשַּׁבָּת,
כְּדֶרֶךְ שֶׁעוֹשִׂין בַּחֹל בַּבְּגָדִים כְּשֶׁיְּכַבְּסוּ אוֹתָן.
וְאִם לֹא הָיָה לוֹ כְּלִי אַחֵר לְהַחְלִיפוֹ, מֻתָּר לְקַפְּלוֹ
וּלְפַשְּׁטוֹ וּלְהִתְכַּסּוֹת בּוֹ, כְּדֵי שֶׁיִּתְנָאֶה בּוֹ
בַּשַּׁבָּת--וְהוּא שֶׁיִּהְיֶה בֶּגֶד חָדָשׁ לָבָן, שֶׁהֲרֵי הוּא מִתְמַעֵךְ
וּמִתְלַכְלֵךְ מִיָּד. וּכְשֶׁיְּקַפַּל, לֹא יְקַפַּל אֵלָא אִישׁ
אֶחָד; אֲבָל לְקַפַּל בִּשְׁנַיִם, אָסוּר. |
Ainsi, il y a deux problèmes avec le fait de plier des
vêtements le Shabboth :
1. Plier
certains vêtements peut causer un Ṭiqqoun ;
2. Plier
à Shabboth les vêtements qu’on compte porter à Môṣo`é Shabboth constitue un
problème de הֲכָנָה « Hakhonoh » (préparation).
Maintenant, la question de savoir si un Talith
peut être plié ou pas à Shabboth n’est jamais traitée dans le Ṭalmoudh ou par
le Rambo’’m !
Les Ṭôsophôth, dans leur commentaire sur la Gamoro`
susmentionnée, déclarent :
De
là, nous apprenons qu’il est interdit de plier les Talithôth du Béth
Hakkanasath, car on en a besoin pour le lendemain.
Les Ṭôsophôth sont ainsi les premiers à explicitement
aborder la question. Et le Ra`aviyo’’h confirme l’interdiction rapportée
par les Ṭôsophôth mais ajoute ceci :
Dans
quel cas les paroles susmentionnées s’appliquent-elles ? Quand on plie le
long des lignes du pli d'origine, mais si ce n’est pas le long des lignes du
pli d'origine - c'est autorisé.
Le raisonnement du Ra`aviyo’’h est que
quand on ne plie pas le long des lignes du pli original - dans notre cas, cela
signifie ne pas plier le long des marques des plis du Talith - la
personne indique clairement que le pliage du vêtement n'est pas à des fins de Ṭiqqoun.
De plus, un pliage « non professionnel » ne peut pas être considéré
comme une Hakhonoh, car celui qui plie ainsi n'a rien accompli.
Le Kôl Bô se demande si le pliage d'un Talith
le Shabboth peut être autorisé, car cela ne ressemble pas au pliage de l'époque
de la Mishnoh, où une presse était utilisée pour le pliage. Sans presse, se
demande le Kôl Bô, peut-être que l'on peut même plier un vêtement le long des
plis ou un Talith le long des marques des plis d'origine. Il y a donc une base
halakhique pour permettre de plier à notre époque un vêtement ou un Talith
à Shabboth même sur leurs plis d’origine !
Dans son commentaire sur le Tour, Rabbi Yôséph Qa`rô dans
son Béth Yôséph cite le Kôl Bô selon qui la façon de plier à notre époque ne ressemble
pas à la façon de plier de l’époque de la Mishnoh. Cependant, il ne rapporte
pas ce point de vue dans son Shoulḥon ´oroukh, où il déclare :[5]
Ils plient des Kélim à Shabboth pour les besoins du Shabboth
pour les porter ce jour-là. Et spécifiquement par une seule personne, et avec
des Kélim neufs qu’ils n’ont pas encore lavés, et blancs, et qu’il ne possède
pas de quoi se changer. Et si l'une de ces conditions manque, c'est interdit.
Et il y a quelqu’un qui dit que ne pas plier le long du pli d'origine est
autorisé en toute situation, et ses mots ont du sens. |
מְקַפְּלִים כֵּלִים בְּשַׁבָּת לְצֹרֶךְ שַׁבָּת
לְלָבְשָׁם בּוֹ בַּיּוֹם. וְדַוְקָא בְּאָדָם אֶחָד, וּבַחֲדָשִׁים שֶׁעֲדַיִן לֹא נִתְכַּבְּסוּ, וּלְבָנִים,
וְאֵין לוֹ לְהַחֲלִיף; וְאִם חָסֵר אֶחָד מֵאֵלּוּ הַתְּנָאִים, אָסוּר וְיֵשׁ
מִי שֶׁאוֹמֵר דִּלְקַפְּלוֹ שֶׁלֹּא כְּסֵדֶר קִפּוּלוֹ הָרִאשׁוֹן מֻתָּר
בְּכָל עִנְיָן, וְנִרְאִין דְּבָרָיו. |
A noter que le Shoulḥon ´oroukh ne cite même pas le Kôl
Bô pour distinguer les différents types de pliage entre nos époques et l’époque
de la Mishnoh.
Fait intéressant, dans Yophah Lallév, Rov Yiṣḥoq Palaji
cite l’indulgence du Kôl Bô, mais ajoute ensuite deux mises en garde
importantes :
1. Plier
un Talith doit être considéré comme un Hiddour Miṣwoh (une
amélioration ou un embellissement de la Miṣwoh), car il ne convient pas que le Talith
soit froissé. Ainsi, en raison du principe « ‘’C’est mon Dieu et je L’embellirai’’[6]
– Cela signifie : pare-toi devant Lui par des Miṣwôth »,[7]
plier un Talith le Shabboth a du mérite.
2. Si
l'on a un Talith spécial pour Shabboth (que l’on ne porte jamais en
semaine), on peut certainement le plier le Shabboth. Dans ce cas, il n'y a pas
de problème de Hakhonoh, car le pliage est en prévision du Shabboth
suivant.
Nous pouvons donc résumer les opinions diverses comme
suit :
1. Selon
la Mishnoh, on ne peut pas plier un vêtement le Shabboth si on en a besoin pour
après le Shabboth.
2. L'interdiction
est basée sur le fait que le pliage est considéré comme une forme de Ṭiqqoun et
le fait que le pliage implique une Hakhonoh.
3. Le
Kôl Bô affirme que le pliage n'est interdit que lorsqu'il est fait à l'aide
d'une presse (comme un fer à repasser lourd), et par conséquent, la façon dont
nous plions aujourd'hui est autorisée. En d'autres termes, on peut plier un Talith
le Shabboth.
4. Le
Ra`aviyo’’h et le Shoulḥon ´oroukh permettent le pliage d’un vêtement
le Shabboth tant que cela ne se fait pas dans le sens du pli d'origine. En
d'autres termes, on peut plier un Talith le Shabboth tant qu'on ne
le fait pas le long des marques de plis.
5. Le
Yophah Lallév est d'accord avec le Kôl Bô sur le fait que l'on peut plier un Talith
le Shabboth même sur les marques de plis et ajoute que cela est considéré comme
un Hiddour Miṣwoh.
6. En
outre, le Yophah Lallév soutient que si l'on a un Talith que l’on ne
porte spécialement que pour Shabboth, il n'y a pas de problème de Hakhonoh.