mardi 21 juin 2016

Un des messages de la Manôroh

ב״ה

Parashath Baha´alôthakho

Un des messages de la Manôroh


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La Paroshoh de cette semaine contient la Miswoh de l'allumage de la Manôroh. Sur les mots הֶעֱלָה נֵרֹתֶיהָ « il alluma ses lampes »1, le Sifri commente qu'à partir de l'emploi du terme הֶעֱלָה « Ha´aloh », qui signifie littéralement « il fit monter », nous apprenons que `aharôn Hakkôhén ע״ה a construit un escabeau, qui était placé devant la Manôroh, sur lequel il devait monter pour allumer la Manôroh.

L'escabeau est en fait explicitement mentionné dans la Mishnoh2. Il y est dit qu'il y avait une grosse pierre devant la Manôroh dotée de trois marches sur laquelle `aharôn devait monter afin d'allumer la Manôroh.

Que le Sifri et la Mishnoh attirent notre attention sur cet escabeau indique qu'il y a quelque chose d'important concernant cet objet, qui va au-delà de sa fonction pratique. En outre, le fait que monter sur cet escabeau soit essentiel avant de pouvoir allumer la Manôroh indique une relation entre l'escabeau et la Manôroh.

Rash''i ז״ל, dans son commentaire sur le deuxième verset de notre Paroshoh de la semaine, cite un célèbre Midhrosh qui explique que le chapitre relatif à l'allumage de la Manôroh fut placé après celui relatif aux offrandes apportées par les princes d'Israël pour la raison suivante :

Parce que `aharôn, lorsqu’il a assisté à l’inauguration par les princes, s’est affligé de ne pas avoir été avec eux, ni lui ni sa tribu. Le Saint, béni soit-Il, lui a alors dit : « Par ta vie ! Ta part est plus grande que la leur ! Car c’est toi qui allumeras et entretiendras les lumières ».
לְפִי שֶׁכְּשָׁרָאה אַהֲרֹן חֲנֻכַּת הַנְּשִׂיאִים חָלְשָׁה אָז דַּעְתּוֹ, שֶׁלֹּא הָיָה עִמָּהֶם בַּחֲנֻכָּה לֹא הוּא וְלֹא שִׁבְטוֹ. אָמַר לוֹ הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא: חַיֶּיךָ, שֶׁלְּךָ גְּדוֹלָה מִשֶּׁלָּהֶם, שֶׁאַתָּה מַדְלִיק וּמֵיטִיב אֶת הַנֵּרוֹת

Ce Midhrosh explique que la part de `aharôn est supérieure à celle des princes d'Israël, car ces derniers n'ont apporté que des sacrifices, qui prendront fin avec la destruction du Béth Hammiqdosh, alors que lui méritera d'accomplir un acte qui sera éternel, à savoir allumer la Manôroh. Tous les commentateurs se demandent donc ce que veut dire Rash''i (ou plus exactement, le Midhrosh) par le fait que l'allumage de la Manôroh sera éternelle. En effet, l'allumage de la Manôroh, comme les sacrifices, faisait partie des activités qui dépendaient de l'existence du Béth Hammiqdosh. Puisque le Béth Hammiqdosh a été détruit, nous n'avons également plus la Miswoh de l'allumage de la Manôroh, tout comme nous n'avons plus celle d'apporter des sacrifices. Que veut donc dire Rash''i/le Midhrosh ?

Nous connaissons la réponse classique rapportée par le Ramba''n ז״ל selon quoi on doit comprendre cela comme se référant à l'allumage de la Manôroh de Hanoukkoh, dont le précepte est d'application encore aujourd'hui et ne dépend pas de l'existence du Béth Hammiqdosh. Mais d'autres commentateurs proposent une interprétation différente : la Manôroh symbolise la Tôroh, comme il est écrit כִּי נֵר מִצְוָה, וְתוֹרָה אוֹר « car une Miswoh est une lampe et la Tôroh une lumière ».3 Et la Tôroh est le guide, le manuel, de l'existence du peuple juif. C'est y adhérer qui fait de nous des Juifs, et c'est elle qui fait avancer le peuple juif jusqu'à nos jours. En allumant la Manôroh, `aharôn symbolisait cette lumière de la Tôroh qui continuera à se répandre éternellement. Notre obligation de nous soumettre aux préceptes contenus dans la Tôroh n'a pas pris fin avec la destruction du Béth Hammiqdosh. Bien au contraire, cette soumission à la Tôroh continue à nous incomber et nous incombera encore jusqu'à l'éternité.

Si tel est le cas, nous pouvons comprendre pourquoi nos Sages (dans la Mishnoh et le Sifri) ont tant insisté sur le fait que `aharôn devait monter sur un rocher à trois marches afin d'allumer la Manôroh. Le Shéloh Haqqodhôsh ז״ל explique que tout comme nous voyons qu'il existe quatre catégories de dégâts4 et trente-neuf catégories de travaux interdits à Shabboth5, nous voyons également qu'il existe trois catégories interdites de traits de la personnalité6 : הַקִּנְאָה וְהַתַּאֲוָה וְהַכָּבוֹד, מוֹצִיאִין אֶת הָאָדָם מִן הָעוֹלָם « La jalousie, la cupidité et les honneurs retirent l'homme du monde ». Un être humain qui est animé par la jalousie, convoite constamment et recherche incessamment les honneurs se retire du monde, car il lui est impossible de vivre avec les gens puisqu'il considère avoir un droit sur ce qui appartient aux autres et estime que tout le monde doit plier les genoux devant lui et l'honorer (alors que lui n'honore personne, ou quand même il le fait c'est également pour sa propre gloire).

Les trois marches placées devant la Manôroh symbolisaient ces trois mauvais traits de la personnalité. `aharôn envoyait ainsi un double message aux générations futures. Le premier est que l'objectif à atteindre pour un Juif, ce qui fait son ADN, est la soumission à la Tôroh. Mais dans le même temps, si on veut vivre d'après les prescriptions de la Tôroh et répandre sa lumière, c'est-à-dire que si on veut s'élever jusqu'à la Tôroh, on doit d'abord corriger ses propres traits de la personnalité. Pour reprendre les propos de nos Sages : דרך ארץ קדמה לתורה « Darakh `aras Qadhmoh Lattôroh – la bienséance précède la Tôroh ». Avant d'en arriver à penser à la Tôroh, nous devons d'abord nous assurer que nos traits de la personnalité sont en ordre. C'est seulement lorsqu'on a travaillé certains défauts de notre caractère que la Tôroh a une plus grande possibilité de demeurer en nous et que nous pourrons jouir de ses nombreux bienfaits dans notre vie quotidienne.

1Bamidhbor 8:3
2Tomidh 3:9
3Mishlé 6:23
4Talmoudh, Bavo` Qammo` 2a
5Talmoudh, Shabboth 73a

6Mishnoh, `ovôth 4:21
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