vendredi 7 août 2020

Faut-il s’aimer pour se marier ou se marier pour pouvoir aimer ?

 

בס״ד

 

Faut-il s’aimer pour se marier ou se marier pour pouvoir aimer ?

 

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En grande partie en raison des séries télévisées, romans à l’eau de rose, et toute la propagande sensuelle et sexuelle véhiculée par la société occidentale, de nombreuses personnes considèrent qu’il faut se marier par amour. Le taux d’échecs considérable des mariages dans le monde occidental, dont plus de la moitié s’achèvent par un divorce, démontre à lui tout seul la fausseté de cette perspective. D’autant que ce qu’ils appellent souvent « l’amour » n’en est en réalité pas un, mais simplement une attraction physique ou alchimique très souvent passagère, parfois maladive ! Quelle est la perspective de la Ṭôroh ?

 

Il est dit dans la Ṭôroh :[1]

 

Et Yiṣḥoq l’a fit venir vers la tente de Soroh, sa mère ; et il prit Rivqoh, et elle lui devint une épouse, et il l’aima. C’est ainsi que Yiṣḥoq fut consolé après sa mère.

וַיְבִאֶהָ יִצְחָק, הָאֹהֱלָה שָׂרָה אִמּוֹ, וַיִּקַּח אֶת-רִבְקָה וַתְּהִי-לוֹ לְאִשָּׁה, וַיֶּאֱהָבֶהָ; וַיִּנָּחֵם יִצְחָק, אַחֲרֵי אִמּוֹ.

 

Il y a de très nombreuses informations vitales dans ce passage. Il y a un ordre bien précis aux déclarations ci-dessus. « Et Yiṣḥoq l’a fit venir vers la tente de Soroh, sa mère ». Le mot « et » indique une continuité de Soroh ע״ה à Rivqoh ע״ה. Nous savons déjà que Soroh était la mère de Yiṣḥoq ע״ה mais la Ṭôroh déclare toutefois « Soroh, sa mère ». Il a épousé Rivqoh, elle est devenue sa femme cela semble évident, pourtant la Ṭôroh considère nécessaire de faire deux déclarations distinctes : « et il l’aima. C’est ainsi que Yiṣḥoq fut consolé après sa mère ». C'est après que Yiṣḥoq eut épousé Rivqoh qu'elle devint sa femme. Et c'est après qu'elle fut devenue sa femme qu'il l'aima, pas avant. L'amour est venu après le mariage ! Il semble également évident que depuis que Yiṣḥoq eut épousé Rivqoh et qu'elle soit devenue sa femme, il l'aima. Pourquoi la Ṭôroh ajoute-t-elle : « Et il l'aima » ? En outre, y a-t-il une différence entre l'amour et la consolation ? L'amour ne fait-il pas partie de la consolation ? La définition du dictionnaire Larousse est la suivante : « Consolation - Soulagement apporté à un chagrin, à la peine de quelqu'un ; Sujet de satisfaction, de joie au milieu des épreuves ». Quand vous aimez votre prochain comme vous-même ne fait-il pas partie de cet amour le fait de consoler aussi votre prochain dans son temps de douleur et de chagrin ? Pourtant, la Ṭôroh indique-t-elle alors ici deux idées distinctes : l'amour et la consolation ? La déclaration du Rambo’’n ז״ל que nous citerons ci-dessous associe l'amour et la consolation en ajoutant « à travers ». Et c'est à travers son amour pour sa femme qu’il a été consolé. La Ṭôroh ne dit pas « et elle l'aimait et il fut consolé ». Ici c’est Yiṣḥoq qui aime Rivqoh, et c’est également lui qui est consolé par elle à travers son amour pour elle. Son amour pour elle n'est pas parce qu'elle l'aime ; sinon cela n’aurait été rien d’autre qu’une simple réciprocité émotionnelle de son amour. Son amour elle était plutôt basé sur sa grandeur, la façon dont elle menait sa vie, son émulation de Soroh, sa mère. Yiṣḥoq pleurait pour sa mère et tout ce qu'elle avait été. Il avait besoin du réconfort de sa femme qui continuerait dans la justice et les actes de sa mère.

 

Le Rambo’’n déclare : « Il n'a trouvé de consolation qu’à travers son amour pour sa femme. Cet amour a été inspiré par sa justice et la justesse de ses actes, les seuls critères sur lesquels la Ṭôroh fonde l'amour entre mari et femme ». Le Rambo’’n dit donc : « Ce n'est qu’à travers son amour pour sa femme que Yiṣḥoq trouva la consolation ». L'amour signifie qu'il perçut, vit et sut que son amour pour elle était basé sur ses actions. Les mêmes actions que sa mère Soroh accomplissait définissent l'amour et le respect qu'il avait pour Soroh sa mère qu'il a à présent pour Rivqoh. La tente de Soroh n'a pas été démontée et Yiṣḥoq emmena Rivqoh à la tente de sa mère Soroh et non à sa tente, indiquant que Rivqoh continuerait les activités de Ḥasadh (bonté) de Soroh.

 

Rash’’i ז״ל commente : « C'est le fonctionnement du monde ; un homme est attaché à sa mère tout le temps qu’elle vie ; quand elle meurt, il trouve du réconfort dans sa femme ».

 

Quand Yiṣḥoq a emmené Rivqoh dans la tente de Soroh, il a vu que Rivqoh était comme Soroh dans ses actes et ses manières. C'est après l'avoir emmenée dans la tente qu'il a observé cela lui-même et il l'a épousée. Après tout, Yiṣḥoq savait que `ali´azar lui amenait quelqu'un à épouser. Il savait que `ali´azar cherchait la bonne personne qui correspondrait au profil d'une femme de bonté, de Ḥasadh. Il se rendit compte que ses actes étaient justes.

 

Les gens regardent-ils objectivement les actions de l'autre personne ? Les gens ne regardent généralement les actions d'autrui que par rapport à eux-mêmes. Ils se disent : « Qu'est-ce que cette personne fait pour moi ? Qu'est-ce que je reçois d’elle ? » C'est ce qui compte à leurs yeux ! « Elle m’apporte du plaisir quand je la regarde », « Elle me prépare des plats très délicieux », etc. C'est un point sur lequel les personnes qui sortent ensemble insistent trop souvent, et c’est pour cela qu’ils ne sont pas toujours capables de réellement voir si l’autre est faite ou pas pour eux. La plupart des gens sont trop pris dans l'image et l'apparence de l'autre personne ; ce à quoi elle ressemble peut avoir un effet si puissant sur l'autre personne que les traits de personnalité négatifs deviennent secondaires, voire négligés et au pire niés. Et cela mène à la catastrophe de nombreux couples. C'est un véritable piège dans lequel beaucoup de gens ne savent pas qu'ils se trouvent et duquel d'autres ne peuvent pas sortir. Yiṣḥoq a vu ce qu'était Rivqoh qu'elle était généreuse et juste dans toutes ses actions, c'est cela qui produit naturellement l'amour. L'amour en est le résultat. Et c’est cela qui soutient la déclaration du Rambo’’n selon quoi le seul critère de la Ṭôroh concernant l'amour entre l'homme et sa femme est basé sur la façon dont une personne mène sa vie.

 

Le Rov Samson Raphael Hirsch ז״ל ajoute : « Le mariage précédait l'amour, et plus ils étaient mariés, plus Yiṣḥoq l'aimait. En cela, le premier mariage rapporté dans la Ṭôroh illustre le principe qui a généralement été suivi par les Juifs ». Les mariages juifs ne sont pas contractés par passion et par amour, mais par un bon jugement et une raison sensée. Si le couple va bien ensemble, que l’homme et la femme s’accordent bien, sont complémentaires, alors le mariage se traduira par de l'amour et du bonheur. Les mariages fondés sur la passion, le physique et le soi-disant sentiment d’amour ressenti avant le mariage échouent trop souvent au test de la vie conjugale. Ce chapitre de la Ṭôroh se termine par des mots qui exaltent et ennoblissent le statut d'une femme Juive. Yiṣḥoq était un homme mûr à la mort de sa mère, mais il ne pouvait pas être consolé tout le temps que la douceur et la bonté de sa mère avaient disparu de la maison. En sa femme, il trouva la consolation, car elle incarnait une femme de valeur, la noblesse et la grandeur.



[1] Baré`shith 24 :37

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