mardi 4 août 2020

T’’ou Ba`ov

בס״ד

 

T’’ou Ba`ov

 

 

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À partir de ce mardi soir 4 août 2020 jusqu’au mercredi soir 5 août 2020 aura lieu la fête de T'’ou Ba`ov. C’est sûrement la fête qui a servi de base à la célébration païenne de la Saint-Valentin. Néanmoins, les deux dates sont enracinées très différemment. T'’ou Ba`ov se concentre sur l’amour entre mari et femme, entre Yisro`él et Hashshém ז״ל.[1] La Saint-Valentin est centrée sur des idées et valeurs païennes étrangères à la Ṭôroh, comme la sexualisation et consommation à outrance, le matérialisme, etc.

 

T'’ou Ba`ov ט״ו באב est une date. Les lettres hébraïques sont utilisées pour former une date : ט, qui vaut 9, est additionnée à ו, qui vaut 6 ; ce qui fait 15. Ainsi, T'’ou Ba`ov désigne le 15ème jour du mois hébreu de `ov. Le quinzième du mois de `ov (le cinquième mois du calendrier des fêtes), a le caractère d'une fête mineure. T'’ou Ba`ov s’appelle aussi Ḥamishshoh ´osor Ba`ov.

 

T'’ou Ba`ov se produit à la pleine lune, car le calendrier hébreu est à la fois lunaire dans ses mois et solaire dans ses années. Les cultures anciennes qui lient la pleine lune à l’amour, à la fertilité et à la romance sont dérivées de la signification de Hashshém pour ce jour.

 

T'’ou Ba`ov est l’une des fêtes les plus obscures et pourtant les plus profondes du calendrier juif. Pour souligner cela, nos Ḥakhomim affirment que pratiquement toutes les fêtes flétriront après l’arrivée du Moshiaḥ et que T'’ou Ba`ov passera au premier plan.

 

Ce jour de fête survient six jours après Ṭish´oh Ba`ov, le 9 `ov, qui est le point culminant d’une période de trois semaines de tristesse et de repentir. Il tombe aussi seulement deux semaines avant `aloul qui commence une période de quarante jours de repentir. En tant que tel, T'’ou Ba`ov est un moment festif pris en sandwich entre deux périodes de grande repentance. Ce positionnement nous donne une idée de la vraie nature de cette fête mineure.

 

Quand nous regardons la structure de Pasaḥ, nous voyons que les premier et dernier jours sont des Yomim Tôvim, avec des jours de Ḥôl Hammô´édh entre eux. À l’avenir, Ṭish´oh Ba`ov deviendra un Mô´édh. Le septième jour après Ṭish´oh Ba`ov, à savoir T'’ou Ba`ov, deviendra ainsi le point culminant de cette fête de rédemption. Tout comme le septième jour marque l'apogée de Pasaḥ, de même, T'’ou Ba`ov sera le sommet de la fête de rédemption.

 

Sur le plan conceptuel, T'’ou Ba`ov est la fin, ou correction, de Ṭish´oh Ba`ov.

 

Nous progressons dans le temps. Chaque endroit de la spirale a sa propre sainteté et ses propres événements. Nous nous attendons à des événements de liberté à Pasaḥ parce que c'est la saison de la liberté. De la même manière, nous nous attendons à des tragédies le 17 Ṭammouz et entre Rô`sh Ḥôdhash `ov et Ṭish´oh Ba`ov, parce que c'est le moment maintenant fixé pour la tragédie. Alors que nous nous dirigeons vers T'’ou Ba`ov, nous devrions nous attendre à voir l’énergie spirituelle de ce jour faire ressortir des événements qui ont le caractère d’événements survenus dans le passé, à cette date.

 

Le thème de T'’ou Ba`ov est l’amour et l’unité qu’apporte l’amour.

 

Il est à noter que seul le calendrier hébraïque a cet effet. Nous ne verrons pas cela dans le calendrier grégorien ou dans tout autre système de calendrier. C’est pour cette raison que nous devons apprendre le calendrier hébraïque et y accorder une attention particulière.

 

Commençons à comprendre cette journée spéciale en examinant un aspect majeur de cette journée qui nous est rapporté dans la Mishnoh :[2]

 

Rabban Shim´ôn ban Gamli`él a dit : Il n’y avait pas des Yomim Tôvim pour Yisro`él comparable au Ḥamishshoh ´osor Ba`ov et comparable au Yôm Hakkippourim, car ces jours-là les fils de Yarousholayim sortaient dans des vêtements blancs empruntés, afin de ne pas faire honte à quelqu’un qui n’en avait pas. Et tous les vêtements nécessitaient une immersion. Quant aux filles de Yarousholayim, elles sortaient et s’assemblaient dans les vignes. Et voici ce qu’elles disaient : « Ô Boḥour (jeune homme), lève, de grâce, tes yeux et vois ce que tu vas te choisir ! Ne pose pas tes yeux sur l’ornement, mais pose plutôt tes yeux sur la famille ! ». Et c’est ainsi qu’il dit :[3] « Sortez et voyez, ô filles de Ṣiyôn, le roi Shalômôh, avec la couronne par laquelle sa mère le coiffa au jour de son mariage et au jour de la réjouissance de son cœur ». « Au jour de son mariage » ; c’est le Maṭṭan Ṭôroh. « Et au jour de la réjouissance de son cœur » ; c’est la construction du Béth Hammiqdosh. Qu’il soit voulu qu’il soit rebâti de nos jours !

אָמַר רַבַּן שִׁמְעוֹן בֶּן גַּמְלִיאֵל, לֹא הָיוּ יָמִים טוֹבִים לְיִשְׂרָאֵל כַּחֲמִשָּׁה עָשָׂר בְּאָב וּכְיוֹם הַכִּפּוּרִים, שֶׁבָּהֶם בְּנֵי יְרוּשָׁלַיִם יוֹצְאִין בִּכְלֵי לָבָן שְׁאוּלִים, כְּדֵי שֶׁלֹּא לְבַיֵּשׁ אֶת מִי שֶׁאֵין לוֹ. וְכָל הַכֵּלִים טְעוּנִין טְבִילָה. וּבְנוֹת יְרוּשָׁלַיִם יוֹצְאוֹת וְחוֹנוֹת בַּכְּרָמִים. וְכָךְ הֵן אוֹמְרוֹת, שָׂא נָא בָּחוּר עֵינֶיךָ וּרְאֵה, מָה אַתָּה בוֹרֵר לָךְ. אַל תִּתֵּן עֵינֶיךָ בַנּוֹאי, אֶלָּא תֵּן עֵינֶיךָ בַמִּשְׁפָּחָה. וְכֵן הוּא אוֹמֵר, צְאֶינָה וּרְאֶינָה בְּנוֹת צִיּוֹן בַּמֶּלֶךְ שְׁלֹמֹה בָּעֲטָרָה שֶׁעִטְּרָה לּוֹ אִמּוֹ בְּיוֹם חֲתֻנָּתוֹ וּבְיוֹם שִׂמְחַת לִבּוֹ (שיר השירים ג). בְּיוֹם חֲתֻנָּתוֹ, זֶה מַתַּן תּוֹרָה. וּבְיוֹם שִׂמְחַת לִבּוֹ, זֶה בִּנְיַן בֵּית הַמִּקְדָּשׁ, יְהִי רָצוֹן שֶׁיִּבָּנֶה בְיָמֵינוּ:

 

Dans le sillage de cette fameuse Mishnoh, qui est la dernière de la Masakhath Ṭa´nith, nombreux sont ceux qui appellent T'’ou Ba`ov la « Fête de l’amour ». Pourtant, il serait plus approprié de l'appeler le « Jour du Shiddoukh », ou peut-être le « Jour du Choix », car, comme indiqué dans la Mishnoh, les filles célibataires approchent les jeunes hommes pour qu'ils choisissent entre elles la femme de leur choix. De toute évidence, l'amour se cache quelque part en arrière-plan ; pas un « amour libre » illimité et sans retenue, mais un amour pur qui se développe entre un jeune homme et le choix de son cœur unique et spéciale. C’est donc un jour de choix.

 

Cela en étonnera beaucoup, mais même à Yôm Hakkippourim les célibataires devaient choisir avec qui ils se marieraient. Bien que la Mishnoh ne fasse pas de distinction claire entre T'’ou Ba`ov et Yôm Hakkippourim, il va sans dire que ces deux jours sont sensiblement différents et font allusion à deux types de Shiddoukh ou de « choix » différents. En termes familiers, les Shiddoukhim faits à Yôm Hakkippourim sont plus enclins aux standards « arédhim », un Shiddoukh qui se fonde essentiellement sur une similitude entre les familles et leur statut social, fait principalement par les parents, tandis que les jeunes (parfois très jeune) couple n'a qu'à le confirmer pour passer aux étapes finales. Ces Shiddoukhim sont généralement annoncés sur l'invitation de mariage avec la phrase « le mariage d'untel avec la fille de son âge, unetelle ». « Une fille de son âge » se réfère à son âme sœur, qui lui est adaptée et qui lui est destinée du ciel, « les raisins d'une vigne avec les raisins d'une vigne ».

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En revanche, les Shiddoukhim de T'’ou Ba`ov ressemblent plus aux « Shiddoukhim modernes », voire laïcs, où le jeune couple se retrouve, l’attraction mutuelle étant la principale motivation de leur relation. C'est une attraction qui résulte souvent de la dissemblance et de la différence entre les deux ; « Les contraires s'attirent », comme le dit le dicton. Sur l’invitation d’un couple comme celui-ci, la coutume est d’écrire : « Untel avec le choix de son cœur, unetelle ».

 

Cette différence se reflète dans l'interprétation talmudique de la Mishnoh susmentionnée. La Gamoro`[4] commence par expliquer qu'en référence à Yôm Hakkippourim, les raisons de célébrer sont claires : משום דאית ביה סליחה ומחילה יום שניתנו בו לוחות האחרונות « Parce qu'il a le pardon et l'excuse et que c'est le jour où les deuxièmes Louḥôth ont été données », c'est la quintessence de la relation entre le Tout-Puissant et le peuple juif, tous nos péchés sont pardonnés et excusés et à la place des premières Louḥôth, qui ont été brisées, on nous a présenté de nouvelles Louḥôth. Dans ce cas, l'accent n'est pas mis sur notre choix, il est donc évident que les Shiddoukhim faits ce jour-là sont sous l'impression que « tout est entre les mains des Cieux »[5] « de Hashshém provient une femme pour un homme ».[6]

 

En revanche, la Gamoro` demande : אלא ט"ו באב מאי היא « Mais qu'en est-il de T'’ou Ba`ov ? » Quelle est la raison ici des festivités ? Et elle offre un certain nombre de bonnes raisons. Parmi celles-ci, nous ne mentionnerons que les deux premières, qui sont directement liés aux sujets du Shiddoukh et du mariage.

 

La première raison est : יום שהותרו שבטים לבוא זה בזה « [C’est] le jour où les tribus ont été autorisées à se marier l’une l’autre », car pendant la première génération après la conquête de la Terre d'Israël, chaque fille qui n'avait pas de frères héritait d'un domaine mais ne pouvait épouser qu'une personne de sa propre tribu. Cependant, dans la génération suivante, les mariages mixtes tribaux étaient autorisés sans limitation. Jusque-là, le mariage avait été « dicté », mais désormais, n'importe qui pouvait épouser celui ou celle de son choix.

 

La deuxième raison est : יום שהותר שבט בנימין לבוא בקהל « [C’est] le jour où la tribu de Binyomin a été autorisée à rentrer dans Qohol ». Après la guerre contre la tribu de Binyomin (à la suite de l'épisode de la « Concubine à Giv´oh »), le peuple juif jura à l’unanimité que אִישׁ מִמֶּנּוּ, לֹא-יִתֵּן בִּתּוֹ לְבִנְיָמִן לְאִשָּׁה « nul homme d’entre nous ne donnera sa fille à [la tribu de] Binyomin comme épouse ».[7] En effet, la coutume décrite dans la Mishnoh est une extension de ce qui est décrit par le Prophète à cet égard, où il déclare que la solution au serment serait que les jeunes hommes de la tribu de Binyomin « raviraient » pour eux des épouses parmi les filles de Shilôh quand ces dernières sortiraient pour danser dans les vignes lors de la fête de Hashshém (et il est raisonnable de suggérer que cette fête dont parle le texte était celle de T'’ou Ba`ov).[8] Cela signifie que bien que les parents aient été empêchés de faire des Shiddoukhim entre leurs filles et des hommes de la tribu de Binyomin, ces hommes de Binyomin pouvaient intervenir et choisir une femme pour eux-mêmes, sans passer par le système du Shiddoukh, avec un entremetteur ou une entremetteuse (puisque le serment interdisait juste de leur donner des filles à épouser, et non pas qu’il était interdit à une femme d’épouser un membre de cette tribu). Nous voyons donc très bien la différence entre le Shiddoukh de Yôm Hakkippourim et celui de T'’ou Ba`ov.

 

Puisse Hashshém permettre à T'’ou Ba`ov de cette année qu’un grand nombre de célibataires de notre peuple trouve celui ou celle qui est fait(e) pour lui / elle, et qu’ensembles ils puissent bâtir un édifice éternel basé sur un amour qui n’a pas pour fondation la beauté et les apparences physiques, mais plutôt, comme l’a dit la Mishnoh, qui a pour fondation « la famille ». En d’autres mots, l’une des premières questions qu’un homme devrait se poser pour savoir s’il veut ou pas épouser une certaine femme n’est pas « Est-ce qu’elle me plait physiquement ? » mais « Est-ce que je me vois passer toute ma vie avec elle, et sera-t-elle la femme que je voudrais voir comme mère de mes enfants et gestionnaire de ma maison ? ». Si c’est uniquement le physique qui vous attire, mais pas le caractère et le potentiel d’être une bonne épouse et mère, vous tomberez alors dans des pièges et des déceptions !



[1] Dans les temps modernes, dans l’Etat d’Israël, c’est devenu un jour populaire pour les mariages, les demandes en mariage et les rendez-vous amoureux ; ce qui est clairement une reprise de l’idéologie de la Saint-Valentin.

[2] Ṭa´nith 4 :7

[3] Shir Hashshirim 3 :11

[4] Ṭa´nith 30b

[5] Barokhôth 33b

[6] Mô´édh Qoton 18b

[7] Shôphatim 21 :1

[8] Ibid., versets 19-24


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