בס״ד
La notion de Shinouy
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J’ai reçu la question suivante :
Je
lisais votre article sur les Melâ`khoth de Shabbâth et vous parliez à
un moment de « Shinouy ». C’est une façon détournée de faire
un « travail » interdit le Shabbâth, le rendant ainsi autorisé
et sans transgression, si j’ai bien compris.
Ma
question est simple : Peut-on faire les 39 Melâ`khoth avec un
Shinouy ? Ou bien le Shinouy n’est limité qu’à un certain type de travaux ou seulement les travaux interdits Midderabbânan ?
Par
exemple : notre Rav avait dit un jour a quelqu’un que si on ouvrait la
porte d'un réfrigérateur alors que la lumière s’allume, on pouvait refermer la
porte du réfrigérateur avec un Shinouy en la poussant avec l’épaule. De ce fait
le réfrigérateur s’éteindrait en se refermant sans transgresser l’interdiction
d’éteindre la lumière grâce a ce Shinouy. Dans ce cas un juif qui voudrait se
rendre à la Shoul un Shabbâth, mais est bloqué par la porte électrique du hall
d’immeuble, pourrait très bien sortir le Shabbâth pour aller a la Shoul en
appuyant sur le bouton avec sa jambe et non avec son doigt (Shinouy). D’ailleurs,
beaucoup de juifs ne vont pas à la Shoul à cause des portes électriques (il
faudrait revoir ce problème).
Dans
ce cas peut on allumer un feu le Shabbâth avec Shinouy ? Cuire, construire,
planter etc., avec Shinouy ? Car si faire d’une façon différente une Melâ`khâh
interdite le Shabbâth avec un Shinouy est autorisé, où est la limite ? Ou
bien un Shinouy est-il un acte réglementé par nos sages ?
Merci
pour vos précisions Rav !
Amicalement
Cela fait beaucoup de questions très intéressantes que
je vais traiter très simplement.
Pour comprendre la notion de « Shinouy »,
il faut d’abord comprendre la notion de « Malo`khoh ».
Comme cela a été expliqué dans l’article intitulé « Travail
réfléchi », huit
conditions doivent être remplies pour déterminer qu’un acte faisant partie des
39 Malo`khôth de Shabboth est une transgression du Shabboth. Et nous
avions là qu’une de ces huit conditions était que l’acte en question devait
avoir été réalisé de la manière ordinaire. Ce principe se retrouve énoncé dans
le Ṭalmoudh (Shabboth 62a).
La raison à cela est que lorsque la Ṭôroh parle des
Malo`khôth, elle emploie l’expression de מְלֶאכֶת מַחֲשָׁבֶת « Mala`khath Maḥashavath – ouvrage réfléchi »
(Shamôth 35 :33). De là nous apprenons que pour
transgresser le Shabboth, une Malo`khoh doit constituer un acte « réfléchi »,
c’est-à-dire être bien planifiée, faite avec une intention, et réalisée d’une
manière professionnelle (qui permettra de réaliser un acte significatif, au
résultat appréciable).
Une fois que l’on a compris cela, le concept de
Shinouy se comprend par lui-même. Nous pouvons le définir comme une modification qui permet de transformer un acte interdit
Midda`ôroyatho` (au niveau biblique) en un acte qui n’est
plus interdit qu’à un niveau Middarabbonan (au niveau rabbinique),
ce qui est un degré d’interdiction moins grave.
Puisqu’une Malo`khoh doit être réalisée d’une
manière professionnelle pour constituer une transgression du Shabboth, un
Shinouy doit obligatoirement être un acte réalisé d’une manière moins
professionnelle que d’ordinaire, de sorte que soit les résultats de l’acte
seront moins bons ou la méthode employée sera plus difficile. En d’autres mots,
un Shinouy est valable lorsque le résultat d’un acte est moins satisfaisant ou
que le mode de réalisation de l’acte est plus fastidieux. Si aucune de ces deux
définitions ne s’applique, il ne s’agit alors pas d’un Shinouy. Ainsi, d’après de
nombreux Pôsaqim, comme par exemple Horov Môshah Feinstein, le « Shinouy »
consistant à employer son coude pour allumer la lumière n’est pas valable, car cet
acte n’affecte en aucun cas le contact électrique qui active la lumière. Le
résultat est exactement le même que si on avait utilisé son doigt pour appuyer
sur l’interrupteur. L’une des deux conditions susmentionnées n’est donc pas
remplie. Et on pourrait également avancer qu’utiliser son coude pour appuyer
sur l’interrupteur ne constitue pas une difficulté particulière.
L’exemple d’un Shinouy acceptable serait comme ceci :
Imaginez que vous voudriez boire du café à Shabboth. Vous ne pourrez pas
utiliser le filtre à café, car cela constituerait la transgression de la Malo`khoh
de trier. Mais le Ṭalmoudh lui-même (et cela est repris également dans le
Mishnéh Ṭôroh) autorise à réaliser un filtrage avec, par exemple un tissu,
puisque le filtrage par un tissu ne permettra d’obtenir un aussi bon résultat
que si on avait utilisé un ustensile spécialement destiné au filtrage. De ce
fait, plutôt que d’employer un filtre à café, pour reprendre notre exemple, on
pourra utiliser une chaussette ou tout autre tissu à cette fin, car le filtrage
par cette méthode ne sera pas professionnel, ne permettant pas d’avoir une qualité
de filtrage équivalente à celle qu’on aurait obtenue en utilisant le filtre à
café. Puisque le résultat sera d’une qualité moindre et moins satisfaisante, il
s’agit d’un Shinouy valable. De même, pour prendre un deuxième exemple, s’il
est absolument nécessaire d’écrire à Shabboth, un droitier qui ne saurait pas
bien écrire de la main gauche devrait utiliser sa main gauche pour écrire. Car
non seulement ce sera un acte difficile, mais en plus le résultat sera d’une
qualité inférieure que s’il avait écrit avec sa main droite. Dernier exemple :
si quelqu’un s’est rendu compte qu’il portait sur lui un objet qu’il lui est
interdit de porter dans le domaine public, son Shinouy pourra être de s’arrêter
toutes les quatre `ammôth jusqu’à ce qu’il parviendra à sa destination. Le fait
de s’arrêter et marcher quatre `ammôth par quatre `ammôth rallonge son trajet
et ajoute une grande difficulté. C’est donc un Shinouy valable. (Cet exemple
est également explicitement mentionné dans le Ṭalmoudh et Mishnéh Ṭôroh.)
Toutes les trente-neuf Malo`khôth du Shabboth
sont concernées par ce principe. S’il y a un besoin réel ou une nécessité
absolue de devoir les accomplir, elles peuvent être accomplies par un Shinouy
remplissant au moins une des deux conditions : soit le mode de réalisation
est plus difficile, soit la modification réalisée ne permettra pas un résultat
équivalent que si on avait accompli l’acte de façon ordinaire. Et ainsi, l’acte
réalisé ne sera plus une transgression biblique (puisqu’il n’y a pas de
professionnalisme et qu’il est de moindre qualité) mais simplement au pire une
transgression rabbinique.
En espérant que cela vous aura éclairé.