mardi 7 octobre 2014

Statut d'une Soukkoh construite par un non juif

ב״ה

Statut d'une Soukkoh construite par un non Juif


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De nombreuses personnes engagent des travailleurs pour qu'ils construisent pour eux leur Soukkoh à l'approche de la fête de Soukkôth, ce qui est tout à fait permis. Néanmoins, une question se pose : une Soukkoh est-elle valable si elle fut entièrement construite par un travailleur non Juif ? L'élément principal d'une Soukkoh est le Sakkokh. De ce fait, on pourrait penser que cette partie de la Soukkoh doive particulièrement avoir été placée par un Juif pour que la Soukkoh soit valable, puisque seuls les Juifs sont soumis à l'obligation de la Soukkoh.

Mais ce n'est pas ainsi que tranche le Talmoudh. Voici ce qui est dit1 :

Nos Rabbins ont enseigné : « GaNBa''Kh2 ; la Soukkoh des Goyim, la Soukkoh des femmes, la Soukkoh d'un animal, la Soukkoh des Kouthim, ou n'importe quelle Soukkoh, est valable, et uniquement si elle a été couverte en accord avec la Halokhoh ». Que [veut dire] « en accord avec la Halokhoh » ? Rov Hisdo` a dit : « C'est-à-dire, [le Sakkokh] a été fait expressément pour fournir de l'ombre à la Soukkoh ».
תנו רבנן גנב"ך סוכת גוים סוכת נשים סוכת בהמה סוכת כותים סוכה מכל מקום כשרה ובלבד שתהא מסוככת כהלכתה מאי כהלכתה אמר רב חסדא והוא שעשאה לצל סוכה

Ainsi, le Talmoudh affirme que tant que le Sakkokh a été placé dans le but explicite de fournir à la Soukkoh de l'ombre, la Soukkoh est valable, indépendamment de qui l'a placé et pour qui la Soukkoh fut-elle construite. Et de ce fait, même si un non Juif a placé le Sakkokh, et quand bien même il n'aurait aucune connaissance sur la Miswoh de la Soukkoh, le Sakkokh est valable, à partir du moment où il a compris (ou qu'on lui a expliqué) que le Sakkokh sert à faire de l'ombre dans la Soukkoh. De même en est-il si la Soukkoh a été construite par une femme, ou pour un animal3, ou encore par des Samaritains. La seule chose qui compte est que le Sakkokh ait été placé dans l'intention explicite d'offrir de l'ombre dans la Soukkoh. Cette exigence est déduite des mots employés dans le passage suivant du TaNa''Kh4 : וְסֻכָּה תִּהְיֶה לְצֵל-יוֹמָם, מֵחֹרֶב « Et il y aura une Soukkoh pour donner, le long du jour, de l'ombre contre la chaleur ».

La deuxième condition stipulée dans le Talmoudh est que le Sakkokh doit avoir été placé dans les trente jours qui précèdent la fête, de sorte qu'il est évident qu'il a été placé pour la Miswoh.5 Si ces deux conditions sont remplies, cette Soukkoh construite par un non Juif est parfaitement valable d'un point de vue halakhique, ainsi que l'ont mentionné le Ri''f ז״ל, le Ramba''m ז״ל, ou encore le Halqath Yô`av ז״ל.

Cette Halokhoh tranchée dans le Talmoudh n'est contestée par personne. Néanmoins, une question se pose : doit-on laisser un non Juif construire entièrement la Soukkoh, ou faudra-t-il qu'un Juif ajoute ou modifie quelque chose à cette Soukkoh pour pouvoir l'utiliser durant la fête ?

D'après l'opinion de certains Pôsqim, une Soukkoh construite intégralement par un non Juif a le statut d'une Soukkoh construite plus de trente jours avant la fête de Soukkôth, et n'est donc pas valable. C'est pourquoi, ces Pôsqim sont d'avis que tout comme Rabbi Yôséf Qa`rô ז״ל a tranché dans son Shoulhon ´oroukh6 que l'on doit ajouter ou modifier quelque chose à une Soukkoh construite plus de trente jours avant la fête, il faudrait également qu'un Juif ajoute ou modifie quelque chose à la Soukkoh construite par un non Juif, afin de pouvoir l'utiliser durant la fête.

Mais d'autres s'opposent à cette exigence, faisant remarquer qu'elle ne se trouve inscrite dans aucun ouvrage de Halokhoh rédigé par les Ri`shônim, ni même dans le Shoulhon ´oroukh, et encore moins dans le Talmoudh. Ces Pôsqim sont donc d'avis que ce que le Shoulhon ´oroukh a écrit doit être compris littéralement, à savoir, que l'exigence d'ajouter ou modifier quelque chose à une Soukkoh ayant été construite plus de trente jours avant la fête de Soukkôth n'est d'application que dans un tel cas (le texte ne dit pas du tout que la Soukkoh construite par un Gôy est comparable à une telle Soukkoh), car lorsqu'une Soukkoh est construite plus de trente jours avant Soukkôth, il n'est pas évident de déterminer qu'elle fut construite expressément pour la Miswoh. Par contre, lorsqu'un Juif fait construire sa Soukkoh par un non Juif quelques jours avant Soukkôth, il est clair et évident qu'il l'a faite construire expressément pour la Miswoh. Par conséquent, il n'y a rien à y ajouter, ni aucune modification à y apporter. Et telle est également notre position.

D'autres Pôsqim encore disent qu'ajouter ou modifier quelque chose à la Soukkoh construite par un non Juif n'est requis que lorsque le non Juif a construit cette Soukkoh plus de trente jours avant la fête. Mais s'il l'a construite dans les trente jours qui précèdent la fête, aucun ajout, ni modification, n'est nécessaire, car toute Soukkoh construite dans les trente jours qui précèdent la fête est valable, car on estime qu'elle a été construite expressément pour la fête. Cette position est acceptée par pratiquement tous les Pôsqim.

Enfin, le Rov `avrohom `avélî Gombiner7 ז״ל et le Rov Ya´aqôv Ettlinger8 ז״ל écrivent que bien que le Talmoudh tranche effectivement qu'une Soukkoh construite par un non Juif soit valable, néanmoins, Lakhattahilloh, on ne devrait pas demander à un non Juif de nous construire une Soukkoh. C'est également l'opinion du Rov Hayim Pal`aggî9 ז״ל. La raison qu'ils invoquent est que celui qui n'a pas d'obligation dans une Miswoh ne devrait pas accomplir cette Miswoh pour un autre. Le Hofés Hayim10 ז״ל cite l'opinion du Rov Gombiner et écrit que, bien que d'un point de vue halakhique il n'est pas nécessaire de faire attention à l'identité (ou au sexe) de celui qui a construit la Soukkoh, et que toute Soukkoh est valable tant que les deux conditions stipulées plus haut sont remplies, on devrait faire attention, chaque fois que cela est possible, à ne pas confier la construction d'une Soukkoh à un non Juif.

Il convient de noter qu'en règle générale, il est préférable d'accomplir soi-même et personnellement les Miswôth plutôt que de s'acquitter de son obligation en demandant à d'autres de les accomplir pour soi. De ce fait, il est certainement préférable de s'impliquer et s'investir personnellement dans la Miswoh de la construction de la Soukkoh. Néanmoins, si quelqu'un a demandé à un non Juif de construire pour lui sa Soukkoh, la Soukkoh est parfaitement valable pour la Miswoh.

1Soukkoh 8b
2Le terme גנב״ך « GaNBa''Kh » est l'acronyme des mots גוים « Goyim » (non Juifs), נשים « Noshim » (femmes), בהמה « Bahémoh » (animal) et כותים « Kouthim » (Cuthéens, c'est-à-dire, les Samaritains). C'est donc un terme mnémotechnique pour retenir que ces quatre sortes de Soukkôth sont valables
3La suite du passage talmudique explique que les bergers construisaient aussi des Soukkôth pour leurs animaux, afin qu'ils passent aussi la fête dans des Soukkôth
4Yasha´yohou 4:6
5Mishnoh, Soukkoh 1:1
6`ôrah Hayim 61:1
7Un rabbin Polonais, né en 1635, décédé en 1682
8Un rabbin Allemand, né en 1798, décédé en 1871
9Un rabbin Turc, né en 1788, décédé en 1869

10Mishnoh Barouroh 61:14
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