ב״ה
Les
Birakhôth « Shallô` ´osoni »
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Dans
notre discussion des Birakhôth Hashahar, basée sur la
Gamoro` de Barokhôth 60b (voir l'article intitulé « Les
Birakhôth Hashahar »), trois
bénédictions furent omises. En effet, si vous jetez un coup d’œil
dans les Siddourim d'aujourd'hui, vous remarquerez que trois
bénédictions incluant les mots שֶׁלֹּא
עָשָׂנִי « Shallô`
´osoni » (« qui n'a pas fait de moi... ») sont
également récitées dans le cadre des Birakhôth Hashahar.
Elles sont faites par les hommes, qui remercient HaShem ית׳
de
ne pas avoir fait d'eux, ni un גּוֹי
« Gôy »,
ni un עֶבֶד
« ´avadh »
(esclave), ni une אִשָּׁה
« `ishoh »
(femme).
La
raison pour laquelle nous ne les avons pas mentionnées dans
l'article susmentionné est assez simple : les Barokhôth
mentionnées dans la Gamoro` de Barokhôth 60b représentaient
des actes réalisés après s'être réveillé, au matin, tandis que
ces trois bénédictions-ci définissent qui nous sommes en tant
qu'Israélites. Ils n'ont donc rien à voir avec les Birakhôth
Hashahar à proprement parler.
La
récitation de ces trois bénédiction est mandatée autant par le
Ramba''m ז״ל
que
par Rabbi Yôséf Qa`rô ז״ל.
Le premier écrit1 :
וּמְבָרֵךְ
אָדָם בְּכָל יוֹם--בָּרוּךְ
אַתָּה ה'
אֱלֹהֵינוּ
מֶלֶךְ הָעוֹלָם,
שֶׁלֹּא
עָשָׂנִי גּוֹי;
בָּרוּךְ
אַתָּה ה'
אֱלֹהֵינוּ
מֶלֶךְ הָעוֹלָם,
שֶׁלֹּא
עָשָׂנִי עֶבֶד;
בָּרוּךְ
אַתָּה ה'
אֱלֹהֵינוּ
מֶלֶךְ הָעוֹלָם,
שֶׁלֹּא
עָשָׂנִי אִשָּׁה
|
Quant
au deuxième, il écrit5 :
צריך
לברך בכל יום שלא עשני עובד כוכבים שלא
עשני עבד שלא עשני אשה.
והנשים
מברכות שעשני כרצונו
|
Premièrement,
nous pouvons remarquer que le Ramba''m et le Mahabbér parlent
de ces trois bénédictions comme étant mandatées.
Deuxièmement,
nous pouvons remarquer une différence de formulation de la première
des trois bénédictions, puisque le Ramba''m parle de « Shallô`
´osoni Gôy », tandis que le Mahabbér parle de
« Shallô` ´osoni ´ôvédh Kôkhovim ».
Quelle
est la source de ces trois bénédictions ? La source est le
passage suivant de la Gamoro`8 :
Il
a été enseigné : Rébbi Mé`ir disait : « Un
homme a l'obligation de bénir cent bénédictions chaque jour,
car il est dit9 :
''Et à présent, ô Yisro`él, qu'est-ce qu'HaShem, ton Dieu,
attend de toi ?'' ».10
Le Shabboth et à Yôm Tôv11,
Rov Hiyo`, le fils de Rov `awiyo`, tentait d'atteindre ce
nombre par des épices et des gourmandises12.
Il a été enseigné : Rébbi Mé`ir disait : « Un
homme a l'obligation de bénir trois bénédictions chaque jour.
Les voici : ''Sha´osoni Yisro`él''13
(dans certaines versions ''Shallô` ´osoni Gôy''), ''Shallô`
´osoni `ishoh'', ''Shallô` ´osoni Bour''14 ».
Rov `aho`
bar Ya´aqôv entendit [une fois] son fils bénir « Shallô`
´osoni Bour ». Il lui
dit : « Et celui-ci aussi ! ».15
L'autre lui dit : « Quelle bénédiction dois-je alors
bénir à la place ? ». [Il lui répondit] :
« Shallô`
´osoni ´avadh ».
« Mais
n'est-ce pas la même chose qu'une femme ? ».16
« Un
esclave lui est inférieur ! ».17
|
תניא
היה רבי מאיר אומר חייב אדם לברך מאה
ברכות בכל יום שנאמר
ועתה ישראל מה
ה'
אלהיך
שואל מעמך רב חייא בריה דרב אויא בשבתא
וביומי טבי טרח וממלי להו באיספרמקי
ומגדי תניא היה ר"מ
אומר חייב אדם לברך שלש ברכות בכל יום
אלו הן <שעשאני
ישראל>
{שלא
עשאני גוי}
שלא
עשאני אשה שלא עשאני בור רב אחא בר יעקב
שמעיה לבריה דהוה קא מברך שלא עשאני בור
אמר ליה כולי האי נמי אמר ליה ואלא מאי
מברך שלא עשאני עבד
היינו אשה עבד זיל טפי
|
Nous
pouvons donc nous rendre compte que ce passage talmudique n'est pas
tout à fait halakhique en soi, d'autant qu'il est évident que
d'autres ne faisaient pas ces bénédictions, ou n'étaient pas
d'accord sur la façon dont Rébbi Mé`ir ז״ל
les
avait formulées.
En
outre, concernant la bénédiction de « Shallô` ´osoni
Gôy », certains Rabbins des temps talmudiques préféraient
dire « Sha´osoni Yisro`él' ». D'ailleurs de
nombreux Pôsqim, comme par exemple le Go`ôn de Wilno` ז״ל,
sont d'avis qu'il est préférable de dire cela plutôt que
«« Shallô` ´osoni Gôy ». D'autres disent que
cette bénédiction n'est pas appropriée, car Yisro`él est
également décrit dans la Tôroh comme étant un « Gôy »,
c'est-à-dire, une nation (le terme « Gôy » ne signifie
absolument pas « non Juif » en tant que tel. Même les
Juifs sont, dans un certain sens, des Gôyim, puisqu'ils
appartiennent à une nation). C'est la raison pour laquelle le
Mahabbér ne dit pas «« Shallô` ´osoni Gôy »,
mais plutôt « Shallô` ´osoni ´ôvédh Kôkhovim ».
Dans
certaines versions de la Gamoro` susmentionnée, il est écrit
« Sha´osoni Yisro`él' » à la place de
«« Shallô` ´osoni Gôy ». Certains Pôsqim18
décidèrent même de mettre dans leurs Siddourim שֶׁלֹּא
עָשָׂנִי נָכְרִי
« Shallô`
´osoni Nokhri » à la place de «« Shallô`
´osoni Gôy », Nokhri étant un terme plus approprié pour
désigner les non Juifs, qui sont étrangers à la Tôroh.
Concernant
la bénédiction « Shallô` ´osoni `ishoh », là
encore nous savons qu'elle ne fit pas l'unanimité, et certains
remplaçaient également cette bénédiction par « Sha´osoni
Yisro`él' ». Dans la plupart des tous premiers Siddourim,
« Shallô` ´osoni `ishoh » n'apparaît même
pas !
Quant
à la troisième bénédiction mentionnée par Rébbi Mé`ir,
« Shallô` ´osoni Bour » , elle a également été
rejetée par pratiquement tout le monde (je ne connais aucun Siddour
dans lequel elle se trouve), puisque même un sot est soumis à la
Tôroh avec le même degré qu'un homme Israélite libre, intelligent
et sage, comme l'a fait remarquer Rov `aho` bar Ya´aqôv ז״ל
dans
notre Gamoro`. Par conséquent, cette bénédiction fut remplacée
par « Shallô`
´osoni ´avadh », puisque les esclaves ne sont pas
tenus d'accomplir toutes les Miswôth, contrairement à un
homme Israélite libre. Ainsi, l'esclave a le même statut que la
femme Israélite libre, en ce que, comme elle, il est exempt des
Miswôth positives liées à un temps d'accomplissement
spécifique. (Ces bénédictions ne sont donc pas des insultes à
l'égard des femmes et des esclaves, mais indiquent simplement que
par rapport aux femmes et aux esclaves, les hommes Israélites libres
sont astreints à l'accomplissement de beaucoup plus de Miswôth
qu'eux.)
Nous
voyons donc que chacun est libre de faire ou pas ces bénédictions,
et dans quelque formulation qu'il préfère. Mais puisqu'il n'y a pas
de Halokhoh claire qui impose de faire ou dire comme Rébbi Mé`ir,
il n'y a pas non plus d'obligation halakhique de faire ces trois
bénédictions.
Commentant
cette Gamoro`, Rash''i ז״ל
explique,
avec justesse, que la raison pour laquelle Rébbi Mé`ir préconisait
la récitation de ces trois Barokhôth était afin de pouvoir arriver
plus facilement au compte des cent bénédictions que nous sommes
censés faire quotidiennement. Cette explication est également
donnée par d'autres commentateurs, comme le Go`ôn de Wilno`. Cela
marque davantage le fait qu'elles n'ont rien d'obligatoire.
Signalons
que plusieurs Pôsqim ont fait remarquer que si l'on dit « Sha´osoni
Yisro`él' », il n'est nul besoin d'également faire les
deux autres bénédictions, car elles sont toutes inclues dans la
phrase « Sha´osoni Yisro`él' ». Il est
préférable d'employer cette formule.19
Néanmoins,
si l'on décide de les réciter, il nous reste alors à traiter d'une
dernière question : à quel moment devraient-elles être
récitées ?
Certains
sont d'avis que ces Barokhôth suivent le même schéma que les
Birakhôth Hashahar. Ainsi, on ne devrait les récitera que
lorsqu'on aura effectivement croisé un non Juif, un esclave ou une
femme la première fois de sa journée.
Par
contre, Rabbénou `avrohom ban HaRamba''m ז״ל
écrit
que son père était d'avis que ces trois Barokhôth devaient être
récitées chaque jour, peu importe que l'on croise ou pas une de ces
trois personnes durant la journée, car elles ont pour but de louer
HaShem pour le fait qu'il a donné aux hommes l'obligation
d'accomplir toutes les Miswôth de la Tôroh, contrairement
aux non Juifs, aux esclaves et aux femmes.
D'autres
enfin disent que ces trois Barokhôth étaient récitées dans les
temps talmudiques même lorsqu'on n'avait pas encore croisé de non
Juif, d'esclave et de femme, parce qu'à ces époques-là, il était
quasiment certain qu'un homme allait croiser durant sa journée ces
trois catégories de personnes. De ce fait, il n'était pas
nécessaire de les avoir d'abord croisées pour réciter ces
Barokhôth. Si nous suivons la logique de cet avis, cela voudrait
dire qu'à notre époque, nous devrions donc réciter les Barokhôth
relatives aux non Juifs et aux femmes, même sans avoir encore croisé
un non Juif ou une femme de sa journée, puisqu'il est inévitable
qu'au cours de la journée on croisera au moins une de ces personnes.
Par contre, on ne devrait réciter la Barokhoh relative aux esclaves
que si l'on croise effectivement un esclave au cours de sa journée,
puisque ce n'est plus une chose courante de nos jours d'en croiser
un !
Mais
néanmoins, il est préférable de ne prononcer qu'une seule
bénédiction, à savoir, celle de « Sha´osoni Yisro`él' ».
Et telle est notre pratique !
1Mishnéh
Tôroh, Hilkôth Tafilloh Ouvirakhath Kôhanim 7:6
2Béni
Tu es HaShem, notre Dieu Roi de l'univers, Qui n'a pas fait de moi
un membre des nations
3Béni
Tu es HaShem, notre Dieu Roi de l'univers, Qui n'a pas fait de moi
un esclave
4Béni
Tu es HaShem, notre Dieu Roi de l'univers, Qui n'a pas fait de moi
une femme
5Shoulhon
´oroukh, `ôrah Hayim 46:4
6« Qui
n'a pas fait de moi un adorateur des étoiles »
7« Qui
m'a faite selon Sa volonté »
8Manohôth
43b
9Davorim
10:12
10Le
mot hébreu, מה
« Moh »
(qu'est-ce que) est lu comme s'il s'écrivait מאה
« Mé`oh »,
qui signifie « cent ». C'est par ce jeu de mots que
Rébbi Mé`ir déduit l'obligation de réciter cent bénédictions
par jour ! C'est donc purement une `asmakhto` qu'une obligation
en soi
11Où
au lieu de faire une ´amidhoh de 18 bénédictions, on fait une
´amidhoh de 7 bénédictions, ce qui réduit la possibilité
d'atteindre les 100 bénédictions ces jours-là
12Qui
nécessitent une bénédictions au préalable. Ainsi, il faisait
exprès de respirer des épices et de manger en-dehors des repas
pour s'obliger à réciter des bénédictions ces jours-là et
atteindre le nombre de 100 bénédictions
13Qui
a fait de moi un Israélite
14Qui
n'a pas fait de moi un sot
15C'est-à-dire,
il n'y a aucune raison de prononcer cette bénédiction, étant
donné que même un sot est lui aussi lié à l'accomplissement des
Miswôth
16Puisque
au niveau de l'accomplissement des Miswôth, une femme et un
esclave sont sur le même pied d'égalité, étant donné qu'ils
sont exempts des mêmes Miswôth. De ce fait, si une femme et
un esclave sont sur le même pied d'égalité au niveau des Miswôth,
si l'on a déjà dit « Shallô` ´osoni `ishoh »,
pourquoi devrait-on alors aussi dire « Shallô` ´osoni
´avadh » ?
17Puisqu'elle
est soumise à plus de Miswôth qu'un esclave, une femme
Israélite a un statut supérieur à un esclave. Voilà pourquoi ce
n'est pas la même chose de dire « Shallô` ´osoni `ishoh »
et « Shallô` ´osoni ´avadh » !
18Par
exemple, le Rava''`, ou encore le Ri''s de Eklenberg. C'est
également la formulation mentionnée dans le Siddour ´avôdhath
Yisro`él.
19Opinion
du Ri''f, du Rô`sh, ou encore du Go`ôn de Wilno`