lundi 15 juin 2015

Consommer du poisson à Shabboth

בס״ד

Consommer du poisson à Shabboth : comment on est passé d'un Minhogh à de la superstition


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Nous connaissons la coutume très ancienne consistant à consommer du poisson à Shabboth. Elle est d'ailleurs déjà mentionnée dans le Talmoudh. Après avoir parlé de l'obligation de faire du Shabboth un jour de délice/plaisir, le Talmoudh nous dit ceci :

Shabboth 118b
Et comment montre-t-on son plaisir ? Rov Yahoudhoh, le fils de Rov Shamou`él bar Shilath, a dit au nom de Rov : « Avec un plat de betteraves, un grand poisson et des têtes d'ail ». Rov Hiyyo` bar `Ashi a dit au nom de Rov : « Même un petit quelque chose, à partir du moment qu'on l'a fait en l'honneur du Shabboth, est un délice ». De quoi s'agit-il ?1 « Une tarte au hachis de poisson ».
במה מענגו רב יהודה בריה דרב שמואל בר שילת משמיה דרב אמר בתבשיל של תרדין ודגים גדולים וראשי שומין רב חייא בר אשי אמר רב אפילו דבר מועט ולכבוד שבת עשאו הרי זה עונג מאי היא אמר רב פפא כסא דהרסנא

Beaucoup de gens ont élevé la pratique consistant à manger du poisson à Shabboth au rang de Halokhoh, au point de considérer qu'un Shabboth sans poisson n'est pas un Shabboth. Or, le Talmoudh ne dit pas du tout que c'est une obligation. Le sujet concerne le fait de consommer des aliments délicieux à Shabboth. Dans ce contexte, le Talmoudh donne quelques exemples, comme un plat de betteraves, un grand poisson et des têtes d'ail. Mais au final, ce ne sont que des exemples, et la Halokhoh est que peu importe ce que l'on mange à Shabboth, même un petit quelque chose, l'important est que ce que l'on mange a été préparé avec amour spécialement pour honorer le Shabboth. Ainsi, ce n'est ni ce que l'on mange, ni la quantité, ni le fait que ce soit un aliment simple ou raffiné, qui compte, mais qu'on l'ait préparé pour honorer le Shabboth et qu'il a bon goût. La raison pour laquelle le Talmoudh n'a déterminé précisément ce que l'on devait manger en l'honneur du Shabboth est que manger à Shabboth fait partie de la Miswoh de עונג שבת « ´Ônagh Shabboth » (délice du Shabboth), ce qui fait que c'est donc purement une question de goût. Or, on ne peut légiférer sur une question qui se rapporte uniquement au goût, puisque c'est à chacun de préparer ce qu'il aime. Voilà pourquoi consommer du poisson, un plat e betterave, etc., n'est qu'un Minhogh (coutume) et non une Halokhoh, et chacun fera ce qu'il désire préparer pour Shabboth, même un petit quelque chose.

Mais à cause de l'influence de la Qabboloh sur le Judaïsme depuis la publication du Zôhar, l'histoire a pris une tournure dégoûtante. Déjà au Moyen-âge, les disciples du Rashbo''` (Rabbi Sjalômôh Ban `Adharath (1235-1310) introduisirent la Qabboloh dans la Halokhoh. Et après Rabbi Yôséf Qa`rô (auteur du Béth Yôséf et du Shoulhon ´Oroukh), le Rama''q (Rabbi Môshah Qôrdôvarô, 1522-1570) et surtout le `Ari (Rabbi Yishoq Louria` `Ashkanazi), le processus s'est accéléré, au point qu'aujourd'hui beaucoup ne savent plus ce qui vient de nos Sages et ce qui vient de la Qabboloh, ce qui est authentique et ce qui ne l'est pas, ce qui est valable comme croyance et ce qui est de la pure hérésie. Et le Minhogh de la consommation de poisson à Shabboth est un exemple parfait de la folie que la Qabboloh injecte dans la foi israélite sans que les gens semblent s'en rendre compte.

Le poisson est désormais devenu un aliment quasiment incontournable des tables du Shabboth parce que les kabbalistes enseignent que les Saddiqim se réincarnent en poisson après leur décès (le ´Oroukh HaShoulhon invoque lui-même cette explication, citant le Qisour HaShalah). Ainsi, en consommant l'âme que contient le poisson, la Miswoh élève l'âme de ce Saddiq réincarné dans ce poisson.

Le livre kabbalistique חמדת ימים « Hamdath Yomim » (un livre que l'on soupçonne fortement avoir été écrit par Nothon de Gaza, un disciple de l'hérétique Shabbathaï Sévi, et qui est rempli d'hérésie de la première à la dernière page), qui est très populaire dans les milieux kabbalistiques et Hassidiques, et qui mentionne les coutumes de toutes les fêtes et prétend les expliquer, ajoute des idées supplémentaires à ce mélange. Voici donc les cinq raisons qui se sont développées avec le temps :

  1. La raison d'origine et rationnelle invoquée par nos Sages : c'est une question de goût. Ainsi, celui qui aime le poisson, qu'il en fasse pour Shabboth. Et s'il aime autre chose, qu'il fasse autre chose, même de très simple, tant que c'est en l'honneur du Shabboth.
  2. Une raison symbolique invoquée par les kabbalistes : les yeux de poisson sont toujours ouverts, ce qui est un symbole de la Providence Divine qui est constante.
  3. Trois raisons kabbalistiques superstitieuses :
  • en consommant du poisson lors d'un repas qui est une Miswoh, l'âme qui s'est réincarnée dedans est sauvée ;
  • le Hamdath Yomim invoque le concept kabbalistique de l'élévation des étincelles. Ainsi, en consommant du poisson, on libère les étincelles de sainteté cachées dedans ;
  • il explique également que consommer du poisson crée une connexion ordonnée entre les dix Safirôth, permettant ainsi un bel équilibre dans les mondes spirituels.

Il y aurait de quoi vous dégoûter de consommer du poisson à Shabboth à partir de maintenant ! Il y a trop de vaudou dans l'air !

Il serait plus que temps de retourner à une Halokhoh authentique, telle que mise en place par HaZa''l dans le Talmoudh et expliquée par le Ramba''m dans son Mishnéh Tôroh, où toutes ces superstitions n'ont pas leur place !


1C'est-à-dire, quel exemple d'un petit quelque chose peut-on donner ?
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