בס״ד
Qu'est-ce
qui ne va pas avec le Zôhar ?
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Les
incohérences du Zôhar I
- Introduction
Comme
nous le savons, le Zôhar prétend être le récit d'événements et
la transcription d'enseignements mystiques remontant à la première
ou deuxième génération des disciples de Rébbi Shim´ôn ban
Yôho`y (dont l'acronyme est « Rashb''i »), et
contient ainsi des phrases attribuées au Rashb''i. On y retrouve
également des enseignements attribués à d'autres Tanno`im ainsi
qu'à certains `Ammôro`im, teintés de récits les plus fantaisistes
et fantastiques les uns des autres.
Mais
comment cela se fait-il que si le Zôhar est l’œuvre du Rashb''i,
certains `Ammôro`im ayant vécu bien après lui s'y retrouvent
cités ? Le Rov Ya´aqôv Emden ne fut pas le premier à
remarquer que des personnages ayant vécu après l'époque du
Rashb''i sont mentionnés dans le Zôhar. Même Rabbi Hayyim
Vital le signale dans son introduction au Haqdomôth, et résout
cette incohérence en disant que bien que le Rashb''i soit l'auteur
du Zôhar, des rabbins venus après lui ont complété le texte.
Mais
la première chose qui a poussé le Rov Ya´aqôv a sérieusement
remettre en question le contenu du Zôhar fut un discours qui se
trouve dans le רעיא
נאמנא « Ra´yo`
Na`amno` » (Berger Fidèle), la partie du Zôhar qui aurait été
dictée par l'âme de Môshah Rabbénou descendue sur l'assemblée du
Rashb''i et qu'on affirme avoir été écrite par le Rashb''i
lui-même quand il était caché dans la grotte. En d'autres mots, le
Ra´yo` Na`amno` est considéré comme la partie la plus authentique
de tout le Zôhar. Voici le texte troublant en question (Zôhar,
Parashath Ki Thésé`, Simon 119) :
Traduction :
La fille du Roi
est ligotée par des cordes, en prison dans son exil. Elle sert de
nid à Somo`él au milieu des étoiles, et le Saint, béni soit-Il,
jure1 :
« Bien que tu voles aussi haut que l'aigle et aies établi
ton nid au milieu des étoiles, de là Je te ramènerai, dit
HaShem ». Et la Shakhinoh est [appelée] Vénus (en hébreu,
« Nôghah »), [car il est écrit2 :]
« et leu feu éclairait » (en hébreu « Nôghah »).
Ainsi, ils appellent la Synagogue « un fleu clair »
(« `Ésh Nôghah »).
Le
Zôhar déclare que la Shakhinoh est appelée נגהּ
« Nôghah »,
et qu'ils appellaient la Synagogue par le nom de אש
נגהּ « `Ésh
Nôghah » (et cela est répété à nouveau au Simon 121).
Nous
savons qu'en Europe de l'Ouest, au Moyen-âge, la prononciation
ordinaire de la lettre Shin était « s ». Nous pouvons
notamment le voir chez Rash''i qui, dans ses La´azim, translittère
systématiquement le « s » Français par un Shin, et nous
le voyons aussi dans les noms de famille, comme Sasportes ou encore
Benveniste (qui s'écrivent tous les deux en Hébreu avec un Shin),
ainsi que par le fait que Manashah ban Yisro`él écrivait son nom
« Manasseh », avec deux « s ». Ainsi, le mot
« `Ésh Nôghah » se lisait « `És Nôghah »,
ou plus précisément « `Ésnoga » en un mot.
Or,
qui appellait une Synagogue par le terme « `Ésnoga » ?
La réponse est qu'en Ladino (le judéo-espagnol), la langue qui
était parlé à l'époque et à l'endroit où vivait Môshah de
Lé`ôn (celui qui a publié le Zôhar), une Synagogue était
effectivement appelée « `Ésnoga ». Une Synagogue ne fut
jamais appelée ainsi du temps du Rashb''i. En outre, l'Espagnol est
une langue qui n'est apparue qu'aux alentours des 8ème et 9ème
siècles, et il est impossible qu'il ait été utilisé du temps du
Rashb''i ! Ce n'est là qu'un des très nombreux anachronismes
contenus dans le Zôhar.
Et
bien que nous savons que le Talmoudh cite des mots provenant d'autres
langues, néanmoins chaque fois qu'il s'agit de mots n'étant ni
grecs ni latin, le Talmoudh nous informe systématiquement de quelles
langues ils furent empruntés, et il s'agit à chaque fois de langues
en vigueur dans les temps talmudiques, ou qui existaient avant les
temps talmudiques. Or, le mot « `Ésnoga » est une
corruption propre à la région ibérienne du mot grec « synagoga »,
et ni l'Espagnol, ni le Ladino, n'existaient du temps du Rashb''i !
Il
existe d'autres mots d'origine espagnole disséminés tout au long du
Zôhar. Prenons par exemple le mot גרדיני
« Gardini »,
qui est employé plus de quarante fois dans le Zôhar en référence
aux anges. Ce mot est d'origine espagnole, et signifie « gardien »
ou « ange-gardien ».
Le
Rov Ya´aqôv Emden écrit qu'il avait déjà commencé à rassembler
quarante ans avant la publication de son Mitpahath
Saforim une liste de toutes les anomalies se trouvant dans le Zôhar,
mais qu'il avait craint de les publier à cause de la possibilités
que certaines personnes se retourneraient contre lui, et à cause des
effets négatifs qui pourraient advenir si les gens cessaient de
croire en l'authenticité de l'ensemble de la Qabboloh ; voyant
que les Maqqoubbolim aient accepté avec enthousiasme un livre rempli
de nouvelles doctrines kabbalistiques d'origines douteuses sans même
en contredire la moindre, et sans même contredire le moindre grand
Maqqoubol d'une génération précédente ayant accepté le Zôhar,
certains pourraient en arriver à la conclusion, en lisant cette
liste d'anomalie, qu'au final l'étude de la Qabboloh ne serait rien
d'autre qu'une grosse farce. Par conséquent, il hésita, dans un
premier temps, à publier ses découvertes.
Mais
la raison pour laquelle il se décida finalement à le faire, comme
il l'écrit lui-même, c'était afin de couper l'herbe sous les pieds
des disciples de Shabbathaï Sévi,
qui utilisaient le Zôhar pour prouver leurs doctrines. Cela démontre
clairement la fausseté de l'argument du Hydho''`, qui avance comme
thèse, dans son Shém Haggadhôlim, que le Rov Ya´aqôv Emden ne
composa son livre que comme une ruse afin de contrer les Sabbatéens,
tout en ne croyant pas lui-même ce qu'il écrivait dedans, à
savoir, que le Rashb''i n'avait pas composé le Zôhar.
C'est
complètement faux ! Le Rov Ya´aqôv Emden composa son livre au
nom de la vérité, mais il s'était refusé à le publier jusqu'à
ce qu'il sente la nécessité urgente de le faire. Il est également
surprenant que le Hydho'' ait pu croire que le Rov Ya´aqôv se
serait amusé à rassembler plus de 300 arguments fatals au Zôhar,
qui réduisent totalement en fumée l'image d'inviolabilité dont
jouissait ce livre considéré comme le plus saint de toute la
littéraure juive, et tout cela rien que dans un esprit de ruse !
Dans
son livre, le Rov Ya´aqôv Emden présente les deux anomalies
susmentionnées, puis il se lance dans une analyse systématique et
minutieuse de l'entièreté du Zôhar. Voyons voir quelques-uns des
commentaires les plus remarquables que lui et d'autres ont pu faire :
Tout
au long de son Mitpahath
Saforim, il rapporte de nombreuses citations faites dans le Zôhar
qu'il démontre provenir d'autres livres tels que le Kouzari (dont
l'auteur est décédé 150 ans avant la « découverte »
du Zôhar par Môshah de Lé`ôn) et les écrits originaux du
Ramba''m (décédé une centaine d'années avant la « découverte »
du Zôhar).
Mais
le meilleur est une phrase poétique citée dans le Tiqqouné Zôhar
qui est empruntée directement du poème כתר
מלכות
« Kathar
Malkhouth », composé par Shalômôh ban Yahoudhoh `Ibn
Gabbirôl (11ème siècle, donc deux siècle avant la « découverte »
du Zôhar).
Voici
ce que dit le Zôhar :
בלקותא
דסיהרא ושמשא דאסתלק נהורייהו ואשתארו
כגופא בלא נשמתא דאית אדון
עליהם מחשיך מאוריהם
Et
ici, voici l'original, dans le Kathar Malkhouth :
ובהדבקו
בסוף החדש עם החמה.
אם
יהיה תלי ביניהם.
ועל
קו אחד יעמדו שניהם
אז
יעמד הירח לפני השמש כעב שחורה.
ויסתיר
מעין כל רואיה מאורה
למען
ידעו כל רואיה כי אין המלכות לצבא השמים
וחיליהם.
אבל
יש אדון עליהם.
מחשיך
מאוריהם
Et
nous avions déjà vu plus haut que les nombreuses citations de
`Ammôro`im ayant vécu bien plus tard que le Rashb''i indiquent que
le Zôhar est une pure fabrication.
Des
Maqqoubbolim vinrent et contrèrent cela en disant que si de tels
arguments sont utilisés contre le Zôhar, on devrait en faire de
même contre le Talmoudh. Il est en effet fait mention, dans le
Talmoudh, de la mort de Rov `Ashi, bien qu'on dise de lui qu'il
serait l'auteur du Talmoudh. Les Maqqoubbolim disent donc que tout
comme l'auteur d'origine de la Gamoro` est Rov `Ashi, bien que des
autorités venues après lui ont également contribué à donner au
Talmoudh la forme finale qu'il a, de même, l'orateur principal du
Zôhar est le Rashb''i, bien que le livre en lui-même fut édité et
développée davantage par des rabbins venus après lui.
Bien
qu'ils aient raison sur le fait que la Gamoro` ne fut pas entièrement
rédigée par Rov `Ashi et que des autorités venues après lui ont
continué à ajouter à la Gamoro`, il existe une réponse qui montre
l'absurdité de cette comparaison entre le Talmoudh et le Zôhar, et
qui est évidente pour l’œil de tout observateur s'étant déjà
penché sur le Zôhar : la chronologie du Zôhar est TOTALEMENT
fausse ! Nous allons le démontrer par des exemples classiques
qui sont des cas d'école. Mais ce sera pour la prochaine fois !
1´Ôvadhyoh
1:4
2Yahazqé`l
1:13