vendredi 19 juin 2015

Oupshèrin : Cette pratique est-elle valable ?

בס״ד

Oupshèrin : Cette pratique est-elle valable ?


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Cela en surprendra peut-être beaucoup, mais il n'y a jamais eu de tradition ou de Halokhoh consistant à attendre trois ans pour couper les cheveux d'un garçon pour la première fois, pratique qui est appelée en Yiddish אפשערן « Opshèren » (ou « Oupshèrin », « Opshèrin », « Oupshèren », etc., selon le dialecte Yiddish que vous employez).

En fait, il existe même différentes pratiques à ce niveaux. Certains ont la pratique de ne pas du tout attendre et coupent les cheveux de l'enfant dès qu'ils semblent être trop longs. D'autres attendent que l'enfant ait neuf mois avant de lui couper les cheveux pour la première fois. D'autres attendent que l'enfant ait deux ans, car c'est généralement là qu'il est sevré. D'autres encore attendent jusqu'à quatre ou cinq ans avant de couper les cheveux de l'enfant. Il n'a donc jamais existé une Halokhoh ou tradition exigeant des parents d'attendre un âge spécifique avant de couper les cheveux de leurs garçons. C'est la raison pour laquelle différentes pratiques se sont développées à ce sujet. Mais on nous fait croire par les Hasidhim qu'il y aurait une quelconque tradition d'attendre l'âge de trois ans !

La toute première source à exiger cela est le Sha´ar Hakkawwonôth de Rabbi Hayyim Vital, le disciple du `Ari. Il combine deux versets de la Tôroh : le premier se trouve dans Davorim 20:19. Là, la Tôroh exige que durant les conflits armés les soldats Israélites prennent soin d'épargner les arbres fruitiers, et conclut en disant : כי האדם עץ השדה « car l'être humain est un arbre des champs ». Ce verset est combinée à celui de Wayyiqro` 19:23 qui exige d'attendre trois ans après la plantation d'un arbre fruitier pour pouvoir jouir de ses fruits. Le raisonnement est donc celui-ci : si la Tôroh exige d'attendre trois ans avant de consommer les fruits d'un arbre fruitier, et que de l'autre côté il nous est dit que l'être humain est un arbre des champs, il faut donc attendre trois ans avant de couper les cheveux d'un enfant (les cheveux étant vu comme des « fruits ») !

Mais ni le Zôhar, ni Rabbi Hayyim Vital, ni qui que ce soit d'autre ne peuvent créer un Minhogh, d'autant plus que ce n'est pas ainsi que fonctionne un Minhogh. En effet, contrairement à la définition de « coutume » qu'a aujourd'hui le terme מנהג « Minhogh », un Minhogh est une « façon » (littéralement une « voie ») d'accomplir une Halokhoh spécifique. C'est également le sens qu'il a en Arabe (« Minhaj »), à savoir, la voie que l'on suit pour l'application des prescriptions religieuses. Par conséquent, à moins qu'il y ait une Halokhoh existante dont les racines remontent à la Tôroh et au Talmoudh, il ne peut exister de Minhogh, une voie, une façon d'accomplir une quelconque pratique nouvelle.

Les gens d'aujourd'hui dénature complètement ce qu'est un Minhogh. Ils croient qu'un Minhogh est comme une loi de la Tôroh qui ne demande aucune autre source que le fait d'exister, mais c'est faux !

Par exemple : il y a une loi de la Tôroh de ne pas cuire ensemble de la viande et du lait. HaZa''l, sur base de cette loi de la Tôroh, ont émis un décret selon quoi nous devons attendre un peu entre la consommation de la viande et du lait. Ce n'est qu'une fois que cette loi d'attendre existe qu'il peut alors y avoir différents Minhoghim sur la période de temps à attendre, car bien que HaZa''l aient demandé d'attendre, ils n'ont pas dit combien de temps. Cela peut être quelques minutes, une heure, trois heures, cinq heures, six heures, etc. (Voir ici.) Mais s'il n'y avait jamais eu une loi rabbinique exigeant d'attendre entre la consommation de la viande et du lait, aucun Minhogh d'attendre ne pourrait exister, car un Minhogh ne peut pas être sans base halakhique sur laquelle reposer !

Ainsi, il n'existe aucune Halokhoh se rapportant à la coupe de cheveux d'un enfant. Par conséquent, il ne peut y avoir un Minhogh nous disant quand il faut le faire et comment. Voilà pourquoi, il existe, comme cela a été dit plus haut, différentes pratiques, car c'est à chacun d'agir comme bon lui semble (et comme cela a été dit, certains les coupent dès qu'ils deviennent trop longs pour eux), et personne ne peut prétendre que sa pratique à ce sujet est une Halokhoh ou un Minhogh, car il n'y a aucune Halokhoh sur le sujet.


Beaucoup ne seront pas d'accord, car on touche là à un sujet sensible, une pratique qui existe depuis de nombreuses années maintenant. (Mais en-dehors des milieux Hassidiques (et kabbalistiques), il n'y a pas grand monde qui suit cette règle consistant à attendre trois ans.) D'autres objecteront en disant que cette pratique n'a peut-être pas de base, mais elle crée de la gaieté chez l'enfant et permet à la famille et aux amis de se rassembler autour de l'enfant. D'autres encore disent que c'est une bonne occasion d'apprendre à l'enfant l'importance de la Miswoh des Pé`ôth Harô`sh. Peu importe les raisons pouvant être invoquées, la Tôroh a des règles spécifiques et l'Oupshèrin n'est pas qualifié pour entrer dans la catégorie d'un Minhogh, d'une loi rabbinique, et encore moins d'une loi de la Tôroh !
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