בס״ד
La
Bérokhoh sur un morceau de Pizza
Avec
l'introduction de la pizza Koshér, une divergence est née quant à
savoir si c'est la Bérokhoh de המוציא
« Hammôsî` »
ou de מזונות
« Mézônôth »
qui devait être récitée sur un morceau de pizza. Nous partirons du
Talmoud jusqu'aux `Aharônîm, en passant par les
Ri`shônîm, pour expliquer les deux faces du débat contemporain
existant à ce sujet.
- Gémoro` et Ri`shônîm : définitions de termes
La
Gémoro`1
rapporte une décision selon laquelle on doit réciter la Bérokhoh
de « Mézônôth »
lorsqu'on consomme du פת
הבאה בכסנין « Path
Habbo`oh Békhisnîn »
à partir du moment où on n'en a pas fait un repas. Mais si on fait
du Path Habbo`oh Békhisnîn un repas, on doit alors réciter la
Bérokhoh de « Hammôsî` ».
Les
Ri`shônîm débattent de deux questions majeures sur cette Gémoro` :
- Que désigne précisément l'expression « Path Habbo`oh Békhisnîn » ?
- Comment déterminer si l'on a fait du Path Habbo`oh Békhisnîn un repas ?
Nous
allons commencer par traiter de la deuxième question. Les Ri`shônîm
se demandent si l'établissement d'un repas est déterminé par
chaque individu selon ses normes personnelles ou si cela est
déterminé selon ce que la majorité des gens considèrent
constituer un repas. Le Rô`sh2
זצ״ל
cite
le Ra`avad
זצ״ל
qui
croit que c'est à chaque individu de déterminer ce qu'il considère
être un repas selon ses normes personnelles. Par contre, le Rashba`3
זצ״ל
diverge
et croit que cela est déterminé par ce que la majorité des gens
considèrent être un repas. Le Rô`sh s'aligne derrière le Rashba`.
Le Méhabbér4
זצ״ל
tranche
suivant l'opinion du Rashba` et du Rô`sh. Ainsi, on doit réciter
« Hammôsî` »
si l'on compte consommer une quantité de Path Habbo`oh Békhisnîn
que la plupart des gens considèrent être un repas, même si d'après
nos normes personnelles on est simplement en train de consommer un
casse-croûte.
Il
convient de préciser que d'après de nombreuses opinions, il n'est
pas nécessaire d'avoir un repas entier de Path Habbo`oh Békhisnîn
considérer que l'on a pris un repas. En effet, on doit réciter
« Hammôsî` »
sur le Path Habbo`oh Békhisnîn même lorsqu'on compte n'en
consommer qu'un peu avec d'autres aliments qui sont dans une quantité
suffisante que pour considérer avoir pris un repas.5
Tournons-nous
à présent vers la première question. Il existe trois opinions
quant à la définition de l'expression פת
הבאה בכסנין
« Path
Habbo`oh Békhisnîn ».
Rabbénou Hanan`él
זצ״ל
et
le 'Oroukh זצ״ל
la
définissent ainsi : « C'est
du pain qui est cuit au four avec une poche remplie de miel, de
sucre, de noix ou d'épices ».
Cela semble être similaire à ce que l'on appelle « tourte ».
Le
Rambam6
la définit comme désignant « une
pâte qui contient du miel, de l'huile, du lait ou des épices
mélangés à l'intérieur ».
Cela semble être similaire à ce que l'on appelle « cake ».
Le Ramo`7
explique qu'on lui donne le statut de « cake » uniquement
lorsqu'une quantité considérable d'épices ou de miel est ajoutée
à la pâte. Quant au Mishnoh Bérouroh8,
il explique que par l'expression « une quantité
considérable », on veut dire que les épices ou le miel est un
goût dominant. Ce n'est qu'à ce moment-là que cela est définit
comme étant un « cake » et non du pain. (Il convient de
dire que c'est précisément la raison pour laquelle de très
nombreux Rabbins sont d'avis que la Bérokhoh de « Hammôsî` »
doit être récitée sur ce que les gens appellent faussement « pain
Mézônôth ». Bien que du jus de pomme soit ajouté à la
pâte, et non de l'eau, dans la confection du « pain
Mézônôth », sa Bérokhoh est « Hammôsî` »
parce que le goût du jus de pomme est difficilement discernable. En
outre, les gens consomment le « pain Mézônôth »
exactement comme du pain ordinaire, et par conséquent, on ne peut le
considérer comme un casse-croûte.)
La
troisième opinion concernant la définition de l'expression « Path
Habbo`oh Békhisnîn » est celle du Rov Haï
Go`ôn זצ״ל,
qui croit qu'elle désigne des « craquelins ». Il est
intéressant de noter que c'est la raison pour laquelle les Séfardîm
récitent la Bérokhoh de « Mézônôth » lorsqu'ils
consomment de la Masoh
en guise de casse-croûte en dehors de la période de Pésah.
De
façon assez intéressante, le Méhabbér9
tranche en suivant les trois opinions, et de nombreux `Aharônîm
se sont demandés pourquoi a-t-il décidé d'agir ainsi. Une'
suggestion est que les Ri`shônîm n'étaient en fait pas du tout en
désaccord, mais offraient simplement différents exemples de ce
qu'est un « Path Habbo`oh Békhisnîn ». Ainsi, tous
seraient d'accord qu'une tourte, un cake et des craquelins sont
considérés être du « Path Habbo`oh Békhisnîn ».
Toutefois,
le Méhabbér10
écrit qu'une pâte cuite au four lorsqu'elle est remplie de viande,
de poisson, ou de fromage nécessite la Bérokhoh de « Hammôsî` ».
Le Mishnoh Bérouroh11
explique que « Hammôsî` »
est requis même si on ne fait pas de ces aliments un repas. La
raison à cela est que ces aliments constituent généralement un
repas et ne peuvent donc jamais avoir le statut de casse-croûte,
contrairement à la tourte, au cake et aux craquelins.
- Pôsqîm contemporains : opinions sur la pizza
Le
débat quant à savoir si la Bérokhoh à réc!iter sur un morceau de
pizza est « Mézônôth »
ou « Hammôsî` »
est construit sur une autre question : la pizza est-elle
considérée comme « un aliment de repas » ou un
« aliment casse-croûte » ? De nombreuses personnes
récitent la Bérokhoh de « Mézônôth »
sur un morceau de pizza, car elles se basent sur un Pésaq attribué
à Rov Môshèh Feinstein זצ״ל,
qui aurait dit que la pizza est du Path Habbo`oh Békhisnîn. HaRov
Môshèh Feinstein זצ״ל
aurait
dit que la pizza est un aliment casse-croûte et qu'on n'établit pas
de repas lorsqu'on ne mange qu'un seul morceau de pizza.
D'autres
Pôsqîm sont en désaccord avec ce Pésaq et tranchent que la
Bérokhoh de « Hammôsî` »
doit être récitée même lorsqu'on ne compte consommer qu'un seul
morceau de pizza, parce que la plupart du temps une pizza est
consommée dans le contexte d'un repas et non comme un casse-croûte.
Et c'est la position majoritaire des Pôsqîm contemporains, aussi
bien chez les Séfardîm
que chez les `Ashkénazîm. Ainsi, même lorsqu'on ne compte
consommer qu'un seul morceau de pizza, étant donné que c'est un
aliment qui constitue généralement un repas, même lorsqu'on le
consomme comme un casse-croûte on doit réciter au préalable la
Bérokhoh de « Hammôsî` ».
Malgré
cela, la pratique courante suit l'opinion du Rov Môshèh Feinstein.
Cela peut s'expliquer aisément. Lorsque la pizza Koshér a fait son
apparition aux États-Unis dans les années 70, HaRov Môshèh
Feinstein était la plus haute autorité halakhique en Amérique à
ce moment-là. Il apparaît que que les Pôsqîm qui sont en
désaccord avec HaRov Feinstein n'émirent leur décision qu'après
que le Pésaq du Rov Feinstein fut déjà profondément enraciné au
sein du peuple Juif. Ce qui rend difficile un changement de
pratique', et c'est la raison pour laquelle de nombreuses personnes
continuent à suivre son Pésaq, bien que la majorité es Pôsqîm
contemporains n'y adhèrent pas.
Chacun
consultera son Rov pour une décision sur ce sujet.
1Bérokhôth
42a
2Bérokhôth
6:30
3Commentaire
sur la Gémoro` de Bérokhôth 42a.
4Shoulhon
'Oroukh, `Ôrah Hayîm
168:6
5Mishnoh
Bérouroh 168:24 et Téshouvôth `Iggérôth Môshèh,`Ôrah
Hayîm 1:56. Voir néanmoins le
'Oroukh HaShoulhon, `Ôrah
Hayîm 168:17, qui n'est pas
d'accord.
6Hilkhôth
Bérokhôth 3:9
7`Ôrah
Hayîm 168:7
8168:33
9Shoulhon
'Oroukh, `Ôrah Hayîm
168:7
10Ibid.,
17
11168:94