mardi 2 décembre 2014

La Bérokhoh sur un morceau de Pizza

בס״ד

La Bérokhoh sur un morceau de Pizza


Avec l'introduction de la pizza Koshér, une divergence est née quant à savoir si c'est la Bérokhoh de המוציא « Hammôsî` » ou de מזונות « Mézônôth » qui devait être récitée sur un morceau de pizza. Nous partirons du Talmoud jusqu'aux `Aharônîm, en passant par les Ri`shônîm, pour expliquer les deux faces du débat contemporain existant à ce sujet.

  • Gémoro` et Ri`shônîm : définitions de termes

La Gémoro`1 rapporte une décision selon laquelle on doit réciter la Bérokhoh de « Mézônôth » lorsqu'on consomme du פת הבאה בכסנין « Path Habbo`oh Békhisnîn » à partir du moment où on n'en a pas fait un repas. Mais si on fait du Path Habbo`oh Békhisnîn un repas, on doit alors réciter la Bérokhoh de « Hammôsî` ».

Les Ri`shônîm débattent de deux questions majeures sur cette Gémoro` :

  1. Que désigne précisément l'expression « Path Habbo`oh Békhisnîn » ?
  2. Comment déterminer si l'on a fait du Path Habbo`oh Békhisnîn un repas ?

Nous allons commencer par traiter de la deuxième question. Les Ri`shônîm se demandent si l'établissement d'un repas est déterminé par chaque individu selon ses normes personnelles ou si cela est déterminé selon ce que la majorité des gens considèrent constituer un repas. Le Rô`sh2 זצ״ל cite le Ra`avad זצ״ל qui croit que c'est à chaque individu de déterminer ce qu'il considère être un repas selon ses normes personnelles. Par contre, le Rashba`3 זצ״ל diverge et croit que cela est déterminé par ce que la majorité des gens considèrent être un repas. Le Rô`sh s'aligne derrière le Rashba`. Le Méhabbér4 זצ״ל tranche suivant l'opinion du Rashba` et du Rô`sh. Ainsi, on doit réciter « Hammôsî` » si l'on compte consommer une quantité de Path Habbo`oh Békhisnîn que la plupart des gens considèrent être un repas, même si d'après nos normes personnelles on est simplement en train de consommer un casse-croûte.

Il convient de préciser que d'après de nombreuses opinions, il n'est pas nécessaire d'avoir un repas entier de Path Habbo`oh Békhisnîn considérer que l'on a pris un repas. En effet, on doit réciter « Hammôsî` » sur le Path Habbo`oh Békhisnîn même lorsqu'on compte n'en consommer qu'un peu avec d'autres aliments qui sont dans une quantité suffisante que pour considérer avoir pris un repas.5

Tournons-nous à présent vers la première question. Il existe trois opinions quant à la définition de l'expression פת הבאה בכסנין « Path Habbo`oh Békhisnîn ». Rabbénou Hanan`él זצ״ל et le 'Oroukh זצ״ל la définissent ainsi : « C'est du pain qui est cuit au four avec une poche remplie de miel, de sucre, de noix ou d'épices ». Cela semble être similaire à ce que l'on appelle « tourte ».

Le Rambam6 la définit comme désignant « une pâte qui contient du miel, de l'huile, du lait ou des épices mélangés à l'intérieur ». Cela semble être similaire à ce que l'on appelle « cake ». Le Ramo`7 explique qu'on lui donne le statut de « cake » uniquement lorsqu'une quantité considérable d'épices ou de miel est ajoutée à la pâte. Quant au Mishnoh Bérouroh8, il explique que par l'expression « une quantité considérable », on veut dire que les épices ou le miel est un goût dominant. Ce n'est qu'à ce moment-là que cela est définit comme étant un « cake » et non du pain. (Il convient de dire que c'est précisément la raison pour laquelle de très nombreux Rabbins sont d'avis que la Bérokhoh de « Hammôsî` » doit être récitée sur ce que les gens appellent faussement « pain Mézônôth ». Bien que du jus de pomme soit ajouté à la pâte, et non de l'eau, dans la confection du « pain Mézônôth », sa Bérokhoh est « Hammôsî` » parce que le goût du jus de pomme est difficilement discernable. En outre, les gens consomment le « pain Mézônôth » exactement comme du pain ordinaire, et par conséquent, on ne peut le considérer comme un casse-croûte.)

La troisième opinion concernant la définition de l'expression « Path Habbo`oh Békhisnîn » est celle du Rov Haï Go`ôn זצ״ל, qui croit qu'elle désigne des « craquelins ». Il est intéressant de noter que c'est la raison pour laquelle les Séfardîm récitent la Bérokhoh de « Mézônôth » lorsqu'ils consomment de la Masoh en guise de casse-croûte en dehors de la période de Pésah.

De façon assez intéressante, le Méhabbér9 tranche en suivant les trois opinions, et de nombreux `Aharônîm se sont demandés pourquoi a-t-il décidé d'agir ainsi. Une' suggestion est que les Ri`shônîm n'étaient en fait pas du tout en désaccord, mais offraient simplement différents exemples de ce qu'est un « Path Habbo`oh Békhisnîn ». Ainsi, tous seraient d'accord qu'une tourte, un cake et des craquelins sont considérés être du « Path Habbo`oh Békhisnîn ».

Toutefois, le Méhabbér10 écrit qu'une pâte cuite au four lorsqu'elle est remplie de viande, de poisson, ou de fromage nécessite la Bérokhoh de « Hammôsî` ». Le Mishnoh Bérouroh11 explique que « Hammôsî` » est requis même si on ne fait pas de ces aliments un repas. La raison à cela est que ces aliments constituent généralement un repas et ne peuvent donc jamais avoir le statut de casse-croûte, contrairement à la tourte, au cake et aux craquelins.

  • Pôsqîm contemporains : opinions sur la pizza

Le débat quant à savoir si la Bérokhoh à réc!iter sur un morceau de pizza est « Mézônôth » ou « Hammôsî` » est construit sur une autre question : la pizza est-elle considérée comme « un aliment de repas » ou un « aliment casse-croûte » ? De nombreuses personnes récitent la Bérokhoh de « Mézônôth » sur un morceau de pizza, car elles se basent sur un Pésaq attribué à Rov Môshèh Feinstein זצ״ל, qui aurait dit que la pizza est du Path Habbo`oh Békhisnîn. HaRov Môshèh Feinstein זצ״ל aurait dit que la pizza est un aliment casse-croûte et qu'on n'établit pas de repas lorsqu'on ne mange qu'un seul morceau de pizza.

D'autres Pôsqîm sont en désaccord avec ce Pésaq et tranchent que la Bérokhoh de « Hammôsî` » doit être récitée même lorsqu'on ne compte consommer qu'un seul morceau de pizza, parce que la plupart du temps une pizza est consommée dans le contexte d'un repas et non comme un casse-croûte. Et c'est la position majoritaire des Pôsqîm contemporains, aussi bien chez les Séfardîm que chez les `Ashkénazîm. Ainsi, même lorsqu'on ne compte consommer qu'un seul morceau de pizza, étant donné que c'est un aliment qui constitue généralement un repas, même lorsqu'on le consomme comme un casse-croûte on doit réciter au préalable la Bérokhoh de « Hammôsî` ».

Malgré cela, la pratique courante suit l'opinion du Rov Môshèh Feinstein. Cela peut s'expliquer aisément. Lorsque la pizza Koshér a fait son apparition aux États-Unis dans les années 70, HaRov Môshèh Feinstein était la plus haute autorité halakhique en Amérique à ce moment-là. Il apparaît que que les Pôsqîm qui sont en désaccord avec HaRov Feinstein n'émirent leur décision qu'après que le Pésaq du Rov Feinstein fut déjà profondément enraciné au sein du peuple Juif. Ce qui rend difficile un changement de pratique', et c'est la raison pour laquelle de nombreuses personnes continuent à suivre son Pésaq, bien que la majorité es Pôsqîm contemporains n'y adhèrent pas.

Chacun consultera son Rov pour une décision sur ce sujet.
1Bérokhôth 42a
2Bérokhôth 6:30
3Commentaire sur la Gémoro` de Bérokhôth 42a.
4Shoulhon 'Oroukh, `Ôrah Hayîm 168:6
5Mishnoh Bérouroh 168:24 et Téshouvôth `Iggérôth Môshèh,`Ôrah Hayîm 1:56. Voir néanmoins le 'Oroukh HaShoulhon, `Ôrah Hayîm 168:17, qui n'est pas d'accord.
6Hilkhôth Bérokhôth 3:9
7`Ôrah Hayîm 168:7
8168:33
9Shoulhon 'Oroukh, `Ôrah Hayîm 168:7
10Ibid., 17
11168:94
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