בס״ד
Récitation
du Shéma' : Quand la `Aggodoh et la Qabboloh prennent le
dessus sur la Halokhoh
Dans
cet article, nous allons parler de deux pratiques malheureusement
très répandues qui concernent pourtant l'une des Miswôth
les plus importantes de la vie quotidienne de l'Israélite, à
savoir, la récitation du Shéma'.
Dans
la majorité des synagogues où le Shéma' est récité au sein d'un
Minyon, les Mithpallélîm (ceux qui prient, les fidèles) attendent
que le Hazzon répète à voix haute les deux derniers mots du
dernier paragraphe du Shéma', c'est-à-dire, ה׳
אלקיכם « HaShem
`Èlôqéikhèm », suivis du mot אמת
« `Èmèth »,
qui est en fait le premier du paragraphe suivant. Le problème le
plus évident (mais il n'est apparemment pas suffisamment évident
pour tous) est que cette pratique n'est pas recommandée par la
Halokhoh, qui préfère qu'on ne répète pas deux fois deux fois de
suite le même verset ou le même mot lorsqu'on récite le Shéma' !
Cette
Halokhoh tire sa source d'un passage talmudique (que nous citerons
par la suite) et est mentionnée aussi bien par le Rambam זצ״ל
que
par le Méhabbér זצ״ל.
Le premier cité écrit ceci dans son Mishnéh Tôroh :
Hilkhôth
Qiryath Shéma' 2:11
|
S’il
récite un verset et le récite une seconde fois, cela est
répréhensible. S’il récite un mot et le répète, comme par
exemple « Shéma', Shéma' », on le fait taire.
|
קָרָא
פָּסוּק וְחָזַר וּקְרָאוֹ פַּעַם
שְׁנִיָּה,
הֲרֵי
זֶה מְגֻנֶּה;
קָרָא
מִלָּה אַחַת וּכְפָלָהּ,
כְּגוֹן
שֶׁקָּרָא שְׁמַע שְׁמַע,
מְשַׁתְּקִין
אוֹתוֹ
|
Quant
au deuxième, il écrit ceci dans son Shoulhon 'Oroukh :
`Ôrah
Hayîm 61:9
|
Il
est interdit de dire « Shéma' » deux fois, que
l'on ait répété les mots en disant « Shéma' Shéma' »,
ou que l'on ait répété le premier verset1.
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אסור
לומר שמע ב'
פעמים
בין שכופל התיבות שאומר שמע שמע בין
שכופל הפסוק ראשון
|
Il
y a donc une différence notoire entre les deux : concernant
celui qui récite deux fois de suite un même verset, le Rambam dit
juste que c'est un acte répréhensible, mais pas pas totalement
interdit, tandis qu'il indique clairement que répéter deux fois de
suite un mot comme par exemple « Shéma', Shéma' »
est interdit. Quant au Méhabbér, il écrit que dans les cas
deux cas, c'est interdit.
Cette
Halokhoh tire sa source du passage talmudique suivant :
Bérokhôth
33b
|
Rabbî
Zéiro`2
a dit : « Quiconque dit Shéma' Shéma', c'est comme
dire Môdîm Môdîm ».
Une objection fut soulevée : « Celui qui récite le
Shéma' et le répète, cela est répréhensible ». Il
est répréhensible mais nous ne le faisons pas taire ? Il
n'y a pas de contradiction : dans un cas il répète chaque
mot tel quel3,
et dans l'autre cas chaque verset tel quel4.
|
אמר
ר'
זירא
כל האומר שמע שמע כאומר מודים מודים דמי
מיתיבי הקורא את שמע וכופלה הרי זה מגונה
מגונה הוא דהוי שתוקי לא משתקינן ליה
לא קשיא הא דאמר מילתא מילתא ותני לה
והא דאמר פסוקא פסוקא ותני ליה
|
Cette
Gémoro` est le commentaire d'une Mishnoh qui enseigne que si
quelqu'un dirige la prière et qu'on l'entend dire מודים
מודים « Modîm
Modîm » (Nous Te remercions, nous Te
remercions) dans l'avant-dernière bénédiction de la 'Amîdoh,
on doit le faire taire, car en disant « Môdîm
Môdîm », il donne l'impression de
s'adresser à deux dieux. Partant de cette Halokhoh, Rov Zéiro`
enseigne que la même règle s'applique lorsque quelqu'un déclare
שמע
שמע « Shéma'
Shéma' » (Écoute, écoute), car il donne l'impression de
s'adresser à deux divinités. Mais la Gémoro` enseigne qu'il n'en
est pas de même pour celui qui répète deux fois de suite le
premier verset du Shéma'.
Ainsi,
le Rambam rapporte fidèlement ce passage talmudique, tandis que le
Méhabbér va plus loin que ce qui est écrit, et interdit
même la répétition d'un même verset.
À
noter que HaRov Môshèh Feinstein זצ״ל
tranche
de manière plus stricte encore que le Méhabbér et écrit5
que même lorsqu'on chante des prières, on ne doit pas répéter des
mots à l'inverse de ce que font de nombreux Hazzonîm, bien
qu'en soit cela ne constitue pas une interruption.
À
noter également que bien que Rashî tranche l'inverse de ce qui est
dit dans la Gémoro`, c'est-à-dire, il tranche qu'on doit faire
taire celui qui répète des phrases, tandis qu'on doit seulement
émettre des critiques à l'égard de celui qui répète des mots,
nous pouvons voir que dans tous les cas procéder à des répétitions
de mots ou de phrases en récitant le Shéma' est une pratique qui
n'est définitivement pas acceptable Lékhatéhilloh !
Mais
malgré qu'il admet lui-même que des mots ne doivent pas être
répétés lorsqu'on récite le Shéma', le Méhabbér permet cette
pratique consistant à attendre que le Hazzon répète à voix
haute les mots ה׳
אלקיכם אמת « HaShem
`Èlôqéikhèm `Èmèth ». En effet, voici ce qu'il écrit
un peu plus loin dans son Shoulhon 'Oroukh :
Orah
Hayîm 61:3
|
Dans
la récitation du Shéma', il y a 245 mots, et afin d'atteindre
248 mots pour que cela correspondent aux organes du corps humain,
le Shalîah Sibbour doit terminer [e Shéma'] par
« HaShem `Èlôqéikhèm `Èmèth » et répète
[ces mots] en les disant à voix haute6.7
Si quelqu'un récite [le Shéma'] seul, il doit avoir à l'esprit
que les 15 « Wow » qui se trouvent dans « `Èmèth
Wéyasîv », ce qui fait 90,
correspondent au Nom d'HaShem fois trois, puisque chaque nom vaut
26 + les quatre lettres de chaque mot, c'est-à-dire (26+4) X3 =
90.
|
בקריאת
שמע יש רמ"ה
תיבות וכדי להשלים רמ"ח
כנגד איבריו של אדם מסיים שליח צבור ה'
אלהיכם
אמת וחוזר ואומר בקול רם ה'
אלהיכם
אמת:
ואם
הוא קורא ביחיד יכוין בט"ו
ווין שבאמת ויציב שעולים צ'
והם
כנגד ג'
שמות
ההויה שכל שם עולה כ"ו
וד'
אותיותיו
הם ל״
|
Commentant
cette règle, le Ramo` זצ״ל
donne
une autre interprétation « kabbalistique » des quinze
Wow qui se trouvent dans la bénédiction de « `Èmèth
Wéyasîv »8,
puis il écrit ceci :
Et
il y en a qui ont écrit que quiconque fait la récitation du
Shéma' seul doit dire « `Él Mèlèkh Nè`èmon. Shéma',
etc. », parce que ces trois mots supplémentaires
donnent un total de 248 mots et remplacent également le « `Omén »
que l'on doit répondre après « Boroukh... Habbôhér
Bé'ammô Yisro`él Bé`ahavoh »9,
et telle est notre coutume. Il me semble que, de toute façon,
lorsqu'on récite [le Shéma'] avec la communauté, on ne doit pas
dire « `Él Mèlèkh Nè`èmon » . On dit
plutôt « `Omén » après que le Shalîah
Sibbour ait terminé la [deuxième] bénédiction [qui
précède le Shema'], et telle est notre coutume, et elle est
correcte.
|
ויש
שכתבו דכל הקורא קריאת שמע ביחיד יאמר
אל מלך נאמן שמע וגו'
כי
ג'
תיבות
אלו משלימין המנין של רמ"ח
והוא במקום אמן שיש לענות אחר ברוך הבוחר
בעמו ישראל באהבה וכן נוהגין ונראה לי
מכל מקום כשקורא עם הצבור לא יאמר אל
מלך נאמן רק יאמר אמן אחר השליח ציבור
כשמסיים הברכה וכן נוהגין ונכון הוא
|
La
source de cette pratique consistant à répéter « HaShem
`Èlôqéikhèm `Èmèth » ou à dire אל
מלך נאמן
« `Él
Mèlèkh Nè`èmon » remonte au tout début de l'ère des
Ri`shônîm. Le Ra`avyoh זצ״ל
(décédé
en 1225) cite un pseudo passage du Talmoud Yérousholmî selon
quoi le Shéma' possède 245 mots. Les Rabbonîm auraient préconisé
d'ajouter les mots « `Él Mèlèkh Nè`èmon »
pour arriver à un total de 248 mots, 248 étant le nombre des
organes composant le corps humain. L'idée derrière cela est que la
Miswoh de la récitation du Shéma' protègerait les organes
de celui qui le récite. Sauf que ce passage du Talmoud
Yérousholmî n'est mentionné par personne d'autre, sans compter le
fait qu'il ne se trouve dans aucune des éditions connues que nous
avons ! (Ce n'est pas surprenant, puisque nous avons de nombreux
autres cas de pratiques frauduleuses adoptées par une grande partie
des Juifs qui sont basés sur des citations du Talmoud
Yérousholmî que nous n'avons pas et qui ont été faites par
certaines des premiers Ri`shônîm. L'un des cas d'une telle
tromperie est l'affirmation selon laquelle les bénédictions de
« Boroukh Shè`omar » et « Yishtabah »
seraient citées dans le Yérousholmî, alors qu'un tel passage
n'existe pas dans les versions que nous avons, et qu'il est une
évidence que ces deux bénédictions n'existaient pas du tout dans
les temps talmudiques.) Le choix des mots אל
מלך
נאמן
« `Él
Mèlèkh Nè`èmon » n'est pas un hasard, puisque les
Ré`shéi Tévôth de cette phrase forment le mot אמן
« `Omén »,
considéré être une réponse appropriée à la fin de la
bénédiction qui précède le Shéma'.
Apparemment,
cette pratique consistant à ajouter « `Él Mèlèkh
Nè`èmon » vit le jour en Allemagne, où vivait le
Ra`avyoh, et se répandit ensuite en Espagne comme nous pouvons le
voir de l'analyse faite par le Ramban10
זצ״ל
sur
ce sujet. Le Ramban lui-même a une anecdote assez intéressante pour
expliquer la base de cette pratique. Il écrit que dans les époques
antérieures, où il était plus courant que les gens qui composaient
l'assemblée ne connaissaient pas du tout la liturgie, la coutume
était que le Hazzon récite lui-même à haute voix les
Bérokhôth. Quant au Shéma', qui était connu de tous, chacun
devait le réciter par lui-même, comme l'exige la Halokhoh. Par
conséquent, en guise de « `Omén » à la Bérokhoh
du Hozzon ils disaient « `Él Mèlèkh Nè`èmon » !
Avec le temps, c'est devenu le Minhag que chacun agisse ainsi. En
d'autres mots, c'est un Minhag basé sur la pratique des 'Améi
Hor`orès, ce qui, d'un point de vue halakhique, n'a aucun
fondement valable !
Le
Tour זצ״ל
(Rabbénou
Ya'aqôv bèn `Ashèr, 1270-1340), dans son « `Arba' Tourîm »11,
rapporte une Responsa de Rabbî Mé`îr bèn Tôdrôs HaLéwî
`Aboulafia זצ״ל
(le
Ramah, 1170-1244), qui considère ce Minhag, consistant à dire, en
guise de « `Omén », la phrase « `Él
Mèlèkh Nè`èmon » entre la fin de la deuxième Bérokhoh
qui précède le Shéma' et le Shéma' en lui-même, comme une
pratique erronée. Premièrement, on ne peut pas répondre « `Omén »
à sa propre Bérokhoh (à quelques exceptions près. Mais ce cas-ci
n'entre pas dans les cas d'exception). Deuxièmement, on fait mention
en vain du Nom d'HaShem (dans ce cas-ci, le Nom « `Él »).
Et troisièmement, on crée un Héfséq (interruption) entre la
Bérokhoh et la Miswoh du Shéma' ! De la façon dont le
Tour rapporte cette Responsa du Ramah, il est évident qu'il est
d'accord avec lui et qu'il considère lui aussi ce Minhag comme une
pratique erronée, sans fondement, et qui contrevient à la Halokhoh.
Néanmoins, cette pratique s'est maintenue, comme nous le verrons.
Le
Méhabbér, dans son Béith Yôséf, rapporte qu'à son époque
(il est né en 1488 et est décédé en 1575) c'était déjà la
coutume que le Hazzon répète les mots « HaShem
`Èlôqéikhèm `Èmèth » à la fin du dernier paragraphe
du Shéma'. Il explique qu'étant donné que la coutume de dire « `Él
Mèlèkh Nè`èmon » a été démontrée être une pratique
fallacieuse, mais qu'on estimait néanmoins qu'il était important de
trouver un moyen d'atteindre les 248 mots dans le Shéma', il fut
décidé de remplacer « `Él Mèlèkh Nè`èmon »
par la répétition de « HaShem `Èlôqéikhèm `Èmèth ».
Il cite alors un passage du Zôhar comme base de cette nouvelle
pratique !
Cela
démontre davantage que le Zôhar ne peut pas avoir été rédigé
par Rabbî Shîm'on bèn Yôho`y זצ״ל,
car cette pratique n'existait pas du tout dans les temps
talmudiques ! (Pour un article sur la question de la paternité
du Zôhar, voir ici.)
Le Méhabbér cite donc dans son Béith Yôséf le Tîqqounéi
Zôhar qui dit explicitement que les Rabbônîm des temps anciens
avaient un Minhag de dire « `Él Mèlèkh Nè`èmon ».
Mais comme ils avaient un problème avec cela, ces mêmes Rabbonîm
instituèrent la nouvelle pratique consistant plutôt à répéter
« HaShem `Èlôqéikhèm `Èmèth » ! Ce
passage ne tient pas la route une seule seconde, d'autant plus que le
Talmoud considère répréhensible le fait de répéter deux fois une
même phrase durant la récitation du Shéma' ! Puis, le
Méhabbér cite un très long passage du Zôhar pour appuyer
cette pratique.
Apparemment,
dans le Minhag `Ashkénazî, la pratqiue consistant à réciter « `Él
Mèlèkh Nè`èmon » fut maintenue (voir plus haut le
Ramo`, qui dit que cette phrase n'est cependant dite que par celui
qui récite le Shéma' seul, mais pas en communauté), et à
Francfort on ne répétait pas la phrase « HaShem
`Èlôqéikhèm `Èmèth » ; c'est uniquement le mot
« `Èmèth » qui était prononcé à voix haute
par le Rov de la synagogue. Le Rov Yôséf Qa`ppah זצ״ל,
dans sa collection de Responsa en trois volumes, a imprimé une
Responsa rédigée par HaRov Môshèh Saroum זצ״ל,
le dernier Rov de Sana'a, la capitale et plus grande vielle du Yémen,
qui affirme lui aussi que répéter « HaShem `Èlôqéikhèm
`Èmèth » est un nouveau Minhag introduit par les
« Kabbalistes », et que le Minhag yéménite normatif est
de ne dire ni « `Él Mèlèkh Nè`èmon », ni
« HaShem `Èlôqéikhèm `Èmèth ».
Ce
qui est fascinant dans tout cela est que le long passage du Zôhar
rapporté par le Méhabbér est en tout point identique à ce
qui fut trouvé dans des écrits de Rabbî Môshèh de Léon bien
avant qu'il ne publie le Zôhar ! Belle coïncidence qui appuie
davantage le fait qu'il est lui-même l'auteur du Zôhar, et non
Rabbî Shim'on bèn Yôhô`y, un fait que sa propre épouse et
d'autres de ses proches ont admis après son décès ! Et il est
facile de démontrer que Rabbî Môshèh de Léon fut le tout premier
à suggérer cette pratique erronée, qui contrevient à plusieurs
Halokhôth. Le Ramban, qui était pourtant un grand kabbaliste,
n'avait aucune tradition du Minhag de « HaShem `Èlôqéikhèm
`Èmèth », lui-même rejetait la pratique consistant à
dire « `Él Mèlèkh Nè`èmon », et il ne
trouvait pas nécessaire d'avoir 248 mots dans le Shéma' !
Lorsque la pseudo « Qabboloh » du Zôhar commença à se
répandre, et que ces idées commencèrent à s'emparer de la
communauté juive, elles devinrent si puissantes qu'elles ont prévalu
en dépit de toutes les objections halakhiques que l'on pourrait
apporter. S'assurer que les organes du corps humain soient protégés
est apparemment un impératif irrésistible !
Cela
illustre également à quel point le Méhabbér était prêt à
accepter des pratiques « kabbalistiques », même
lorsqu'elles contredisent la Halokhoh et ses propres Pésaqîm !
La
deuxième pratique discutable relative à la récitation du Shéma',
et qui est très répandue dans les communautés juives
d'aujourd'hui, consiste à ajouter dans les bénédictions du Shéma'
des Pîyoutîm (poèmes liturgiques), tel que אל
אדון « `Él
`Odôn », qui fut composé en `Èrès
Yisro`él durant le Moyen-Âge et qui suit l'ordre du `Aléf-Béith.
Il est généralement récité lors de l'office du Shabboth matin en
plein milieu de la première bénédiction qui précède le Shéma'.
Mais cette pratique est contraire à la Halokhoh, qui interdit de
faire des interruptions durant la récitation du Shéma' (si ce n'est
pour répondre à la salutation d'un roi qui droit de vie ou de mort,
et qui risquerait donc de nous faire tuer si l'on ne lui répondait
pas). D'ailleurs, le Méhabbér lui-même s'oppose à cette
pratique consistant à insérer des Pîyoutîm dans les bénédictions.
Dans son Shoulhon 'Oroukh, il écrit ceci :
Orah
Hayîm 68:1
|
Il
y a des lieux12
où [certains ont la pratique] de faire des interruptions dans les
bénédictions de la récitation du Shéma' afin de dire des
Pîyoutîm. Il convient de s'abstenir de les dire, parce qu'ils
sont une interruption.
|
יש
מקומות שמפסיקים בברכות קריאת שמע לומר
פיוטים ונכון למנוע מלאמרם משום דהוי
הפסק
|
Le
Rambam a écrit la même chose dans l'une de ses Responsa. En
d'autres mots, si on se trouve dans une Synagogue où la communauté
locale a la coutume d'entonner des Pîyoutîm en plein milieu des
bénédictions du Shéma', comme c'est le cas dans la majorité des
communautés d'aujourd'hui, on doit, d'après le Rambam et le
Méhabbér, s'abstenir de chanter avec la communauté, car si
on chante, on aurait fait une interruption en plein milieu d'une
bénédiction, ce qui n'est évidemment pas permis. En outre, la
Mishnoh ne permet pas de s'interrompre en plein milieu d'une partie,
sauf pour quelqu'un dont on craint que si on ne répondait pas à sa
salutation, il en viendrait à nous tuer.13
Mais
le Ramo` tranche de la façon suivante :
Et
il y en a qui disent qu'il n'y a là aucune interdiction, et telle
est la coutume en tous les lieux de les dire. Et celui qui est
indulgent et ne les dit pas ne perd rien. Néanmoins, on ne doit
pas être occupé par autre chose14.
Même par des paroles de Torâh il est interdit de s'interrompre
et de s'en occuper tout le temps où le Shalîah Sibbour
dit les Pîyoutîm, et il est certainement interdit de s'adonner à
une discussion futile. En tous les cas, celui qui étudie en
pensée, c'est-à-dire, qui regarde dans un livre15,
ce n'est pas une interdiction, car penser n'est pas la même chose
que parler.16
On craint néanmoins qu'au milieu [de ses pensées] il en arrivera
à parler.17
Par conséquent, un homme ne doit pas se distinguer de l'assemblée
dans un endroit où ils ont la coutume de les dire. Il les dira
avec eux.
|
יש
אומרים דאין איסור בדבר
וכן
נוהגין בכל המקומות לאמרם והמיקל ואינו
אומרם לא הפסיד.
ומכל
מקום לא יעסוק בשום דבר אפילו בדברי
תורה אסור להפסיק ולעסוק כל זמן שהצבור
אומר פיוטים וכל שכן שאסור לדבר שום
שיחה בטילה ומכל מקום מי שלומד על ידי
הרהור שרואה בספר ומהרהר לית ביה איסורא
דהרהור לאו כדיבור דמי אלא שמתוך כך
יבואו לדבר ויבואו לידי הפסק ועל כן אין
לאדם לפרוש עצמו מהציבור במקום שנהגו
לאמרם ויאמר אותם עמהם
|
En
d'autres mots, si quelqu'un est réellement capable de garder le
silence jusqu'à ce que l'assemblée ait terminé de chanter les
Pîyoutîm, qu'il estime être une interruption dans la récitation
des bénédictions relatives au Shéma', et sait faire preuve de
patience en attendant qu'ils aient fini, le Ramo` tranche qu'il
pourra alors s'abstenir de les réciter avec l'assemblée. Dans le
cas contraire, mieux vaudrait pour lui qu'il les chante avec
l'assemblée. (Il convient de remarquer que bien que le Ramo`
approuve cette pratique de chanter des Pîyoutîm en plein milieu des
Bérokhôth du Shéma', on peut déduire des mots qu'il emploie qu'il
estime que la position de ceux qui s'y opposent est valable.)
L'une
des raisons principales, si pas la plus importante, pour lesquelles
les prières communautaires du Shabboth matin durent si longtemps,
est le nombre impressionnants d'ajouts inutiles ! HaRov Yéhoudoh
Barcélônî זצ״ל,
dans son Séfèr Ha`Îtîm (pages
250-251) a critiqué le Minhag consistant à ajouter les
longs paragraphes de « Hakkol Yôdoukhoh », « `Él
`Odôn 'Al Kol Hamma'asîm », dans la première Bérokhoh
de la récitation du Shéma'. Et il donne de nombreux arguments
pertinents à cette opposition. Mais il oublie de mentionner un des
arguments les plus évidents : ces ajouts dans la liturgie sont
un fardeau inutile sur la communauté en termes de temps. Si on
ajoute à ces longs paragraphes d'autres Pîyoutîm non nécessaires
comme « `Anîm Zémîrôth », la répétition trop
fréquente du Qaddîsh, même à des endroits de l'office où il ne
doit pas être récité (voir Responsa du Rambam n°208),
et les très longs et répétitifs « Mî Shèbbérakh »
que les `Ashkénazîm récitent entre chaque `Alîyoh, pour ne
mentionner quelques exemples, on se rend alors compte que si tous les
ajouts superflus et optionnels étaient retirés les offices ne
dureraient plus aussi longtemps et moins de gens ne dormiraient ou
discuteraient durant les prières, ce qui ajouterait à la qualité
du Minyon.
Nous
ferions bien de nous rappeler ce que le Rambam a écrit dans
plusieurs de ses Responsa (n°207,
208
et 261)
concernant l'ajoute de diverses prières aux offices communautaires :
que les ajouts non essentiels ne devaient pas être tolérés par la
prière communautaire sert à tout le monde, y compris les jeunes,
les vieux, les malades et d'autres qui ne peuvent supporter les longs
offices, et que cela est d'autant plus vrai à Shabboth et Yôm Tôv
où la Halokhoh a justement fait exprès de raccourcir la 'Amîdoh
à sept bénédictions au lieu des dix-huit de la semaine, car ces
jours-là il n'y a pas grand chose à demander à HaShem ! Dans
sa Responsa n°261, le Rambam va jusqu'à dire que tout ce qui
ressemble à une prière supplémentaire volontaire est approprié,
mais uniquement en privé et qu'on ne doit pas l'imposer à la
communauté. Et effectivement, nous pouvons voir du Talmoud
lui-même que les gens ajoutaient ce qu'ils voulaient et priaient
aussi longtemps qu'ils le voulaient lorsqu'ils étaient en privé,
mais qu'en communauté ils se tenaient au strict minimum. Et même
les prières de Yôm Kîppour et Rô`sh HaShonoh, qui durent de nos
jours jusqu'à 5 ou 6 heures, étaient déjà terminées avant la
mi-journée. (Cela fera l'objet, D.ieu voulant, d'un autre article.)
Nous
devons admettre que lorsqu'on observe ce qui se passe de nos jours
dans de nombreuses synagogues, aussi bien durant la répétition de
la 'Amîdoh
que pendant la lecture de la Tôroh, beaucoup laisse à désirer !
Le Rambam est allé jusqu'à supprimer dans sa communauté la
répétition de la 'Amîdoh,
car les gens ayant déjà fait leur 'Amîdoh
silencieuse parlaient durant la répétition à voix haute de la
'Amidoh
par le Hazzon,
chose qui se fait encore aujourd'hui dans de trop nombreuses
communautés où on ne prend même plus la peine de répondre aux
bénédictions du Hazzon
(alors que la Halokhoh tranche que si la majorité des membres d'un
Minyon ne répondent pas, le Hazzon
a récité des bénédictions en vain, ce qui est un grave péché).
Dans Néhèèmyoh
8:3,
il est écrit que אָזְנֵי
כָל-הָעָם,
אֶל-סֵפֶר
הַתּוֹרָה « les
oreilles de tout le peuple étaient fixées sur le Rouleau de la
Tôroh ».
Et le Talmoud18
déclare qu'une fois que le Séfèr Tôroh a été ouvert, il est
interdit de parler.
Il
est important de prendre conscience de ces choses-là, car qu'une
pratique soit majoritaire n'est pas la preuve de sa validité !
1C'est-à-dire,
que l'on ait dit deux fois « Shéma' Yisro`él HaShem
`Èlôqéinou HaShem `Èhod ».
2Un
`Amôro` Babylonien de la troisième génération des `Amôro`îm.
Il fut un disciple de Rov Hisdo`, puis de Rov Houno`,
et enfin de Rov Yéhoudoh, avant d'immigrer en Palestine.
3Et
on doit le faire taire.
4Ce
qui est simplement répréhensible.
5`Iggèrèth
Môshèh, O.H., Volume 2, Responsa 22
6Ce
qui implique qu'il récitait jusque là les autres paragraphes à
voix basse.
7Le
Ramo` commente : ובזה
כל אדם יוצא הואיל ושומעין מפיו של שליח
ציבור ג'
תיבות
אלו.
ואם
היחיד רוצה גם כן לאמרם עם השליח צבור
אין איסור בדבר « Et
de cette façon, tout homme est quitte, parce qu'ils ont entendu le
Shalîah Sibbour réciter
ces trois mots. Et si un individu le désire, il peut aussi les dire
en même temps que le Shalîah Sibbour.
Il n'y a aucune interdiction à cela ».
8Ces
explications n'ont aucune valeur, puisque la bénédiction changeant
d'un Nousah à l'autre, parfois il n'y a que quatorze Wow,
parfois plus que quinze.
9La
conclusion de « `Ahavath Rabboh » ou « `Ahavath
'Ôlom », qui est la deuxième bénédiction récitée
avant le Shéma'.
10Hiddoushéi
HaRamban sur le traité Bérokhôth.
11`Orah
Hayîm 61
12C'est-à-dire,
des communautés.
13Mishnoh,
Bérokhôth 13a
14C'est-à-dire,
même si on ne chante pas les Pîyoutîm avec l'assemblée, parce
qu'on estime que c'est une interruption dans la récitation des
bénédictions relatives au Shéma', il ne convient pas de s'occuper
par autre chose pendant que l'assemblée chante.
15Mais
ne prononce pas les mots qu'il lit.
16En
d'autres mots, pendant que la communauté chante, il peut étudier
mentalement quelques paroles de Tôroh, mais il ne doit pas les
prononcer avec sa bouche.
17Peut-être
qu'il n'aura plus la patience d'attendre que l'assemblée ait
terminé de chanter.