vendredi 7 octobre 2016

La Paroshoh avec le Ramba''m : Wayyélakh

ב״ה

La Paroshoh avec le Ramba''m

Parashath Wayyélakh


Cet article peut être téléchargé ici.

Vers la fin de la Parashath Wayyélakh1, HaShem ית׳ donne pour instruction à Môshah Rabbénou ע״ה d'écrire le cantique de הַאֲזִינוּ « Ha`azinou », qui sera présenté dans la prochaine Paroshoh.2 Ce cantique prévoit l'époque où les Bané Yisro`él violeront leur alliance avec HaShem, qui répondra en suscitant des nations étrangères pour faire la guerre contre eux et les exiler de leur terre. Le but de se cantique est de servir de témoignage que ces calamités s'abattront sur les Bané Yisro`él en raison de leur violation de l'alliance. Ce n'était pas HaShem qui avait décidé sans raison de les abandonner, mais plutôt le peuple qui avait fait le choix de ne pas respecter son engagement pris envers le Tout-Puissant et d'embrasser les croyances et pratiques d'autres nations. C'est cela qui causa l'exil et la persécution que notre peuple a endurés.

Le Talmoudh3 cite ce passage biblique comme source de la Miswoh biblique de rédiger un Séphar Tôroh (rouleau de la Tôroh). D'après nos Sages, de mémoire bénie, lorsqu'HaShem déclara : וְעַתָּה, כִּתְבוּ לָכֶם אֶת-הַשִּׁירָה הַזֹּאת « Et à présent, rédigez pour vous-mêmes ce cantique »4, Il ne Se référait pas à la rédaction du « Ha`azinou », mais plus précisément à une obligation incombant à chaque Israélite de rédiger pour lui-même un Séphar Tôroh.

De nombreux Talmidhé Hakhomim se sont demandé comment est-ce que HaZa''l pouvaient déduire une telle obligation à partir de ce verset, alors qu'il semble pourtant évident, à partir du contexte, qu'HaShem parle ici précisément du cantique de « Ha`azinou. » Qu'est-ce qui a bien pu amener HaZa''l à étendre l'application de cette Miswoh en disant qu'elle se réfère à la rédaction d'un Séphar Tôroh entier ?

Le Ramba''m ז״ל traite brièvement de cette question dans sa section du Mishnéh Tôroh consacrée aux lois relatives au Séphar Tôroh, où il présente l'obligation d'en rédiger un. Voici ce qu'il écrit5 :

Il est une Miswath ´aséh qui incombe individuellement à chaque homme du [peuple d']Israël de rédiger pour lui-même un Séphar Tôroh, ainsi qu'il est dit : « Et à présent, rédigez pour vous-mêmes ce cantique. » C'est-à-dire : « Rédigez la Tôroh, qui contient ce cantique », parce qu'on ne rédige pas la Tôroh sections par sections.
מִצְוַת עֲשֵׂה עַל כָּל אִישׁ וְאִישׁ מִיִּשְׂרָאֵל, לִכְתֹּב סֵפֶר תּוֹרָה לְעַצְמוֹ: שֶׁנֶּאֱמָר "וְעַתָּה, כִּתְבוּ לָכֶם אֶת-הַשִּׁירָה הַזֹּאת", כְּלוֹמַר כִּתְבוּ אֶת הַתּוֹרָה שֶׁיֵּשׁ בָּהּ שִׁירָה זוֹ--לְפִי שְׁאֵין כּוֹתְבִין אֶת הַתּוֹרָה, פָּרָשִׁיּוֹת פָּרָשִׁיּוֹת

En d'autres mots, d'après le Ramba''m, il n'est pas possible que la Tôroh ait donné une obligation de ne rédiger que la section de « Ha`azinou », parce qu'une autre Halokhoh distincte défend de rédiger des sections individuelles de la Tôroh. S'il en est ainsi, c'est que la Tôroh veut dire que nous devons rédiger un Séphar Tôroh entier.

Certains ont contesté l'explication apportée ici par le Ramba''m en arguant que le même Dieu qui a défendu de rédiger des sections individuelles de la Tôroh était habilité à faire une exception pour la section de « Ha`azinou. » Ils citent pour preuve le fait que les Taphillin et les Mazouzôth contiennent des sections individuelles de la Tôroh que nous avons l'obligation de rédiger avant de les placer dans les boites des Taphillin ou les attacher aux poteaux des maisons. De la même manière, nous pourrions aisément interpréter le verset tiré de notre Paroshoh comme se référant uniquement au cantique de « Ha`azinou », comme le contexte du verset l'implique clairement.

Mais pour comprendre la position du Ramba''m, nous devons nous pencher sur la raison et le but sous-jacent de cette Miswoh. Comme cela est expliqué dans le Séphar Hahinoukh, la Miswoh pour chaque Israélite de rédiger un Séphar Tôroh a pour intention de s'assurer de l'accessibilité des textes pour l'étude personnelle, garantissant ainsi la perpétuation de la Tôroh. Cet objectif serait clairement compromis si nous ne devions rédiger qu'une section individuelle de la Tôroh, ce qui compromettrait également son intégralité et son intégrité. En analysant ce verset tiré de notre Paroshoh, nos Sages, de mémoire bénie, l'interprétèrent sur base de la supposition que ce commandement d'HaShem a pour but d'assurer la transmission exacte et fidèle de la Tôroh d'une génération à l'autre. C'est pourquoi le Ramba''m a expliqué qu'il était inconcevable que la Tôroh, dans ce contexte-ci, nous ordonnerait de ne rédiger qu'une seule section. Bien que nous plaçons évidemment des sections individuelles de la Tôroh dans nos Taphillin et nos Mazouzôth, cela ne peut se faire lorsqu'il s'agit d'une Miswoh ayant pour but premier d'assurer la perpétuation continue et interrompue de la Tôroh. De ce fait, la Miswoh de rédiger un Séphar Tôroh n'est pas comparable à celles des parchemins des Taphillin et des Mazouzôth, qui elles ont pour but de rappeler l'unicité et l'unité d'HaShem et notre acceptation du joug des Miswôth.

La Miswoh de rédiger un Séphar Tôroh est la toute dernière des 613 Miswôth présentées dans la Tôroh, et cela est parfaitement compréhensible. La dernière Miswoh qui nous incombe est de garantir sa perpétuation, afin de s'assurer qu'elle ne disparaîtra pas, qu'elle ne sera jamais traitée comme une relique du passé servant simplement à assouvir une curiosité historique ou intellectuelle. Et c'est pour cette raison que le Ramba''m écrit que cette Miswoh ne peut être confinée ou réduite à une seule section de la Tôroh. L'obligation de perpétuer la Tôroh, par définition, inclut l'obligation de la préserver dans son entièreté et sous sa forme authentique, et de la protéger de toute tentative de modification ou de révision.

1Davorim 31:19-22
2Ibid., Chapitre 32
3Sanhédhrin 21b
4Davorim 31:19

5Hilkôth Taphillin Oumazouzoh Waséphar Tôroh 7:1
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...