vendredi 30 octobre 2020

Emission de semence en vain - Sommes-nous véritablement coupable de meurtre ?

 

בס״ד

 

Emission de semence en vain : Une approche rationaliste

 



Sommes-nous véritablement coupable de meurtre ?

 

Cet article peut être téléchargé ici.

 

Pour (re)lire :

·        La première partie

·        La deuxième partie

·        La troisième partie

·        La quatrième partie

 

Maintenant que nous avons analysé la Soughyoh de Niddoh 13a-b, il serait approprié de passer en revue les autres endroits où ḤaZa’’l discutent des questions liées à l'interdiction de « répandre la semence ». Plus précisément, je vais essayer de redéfinir pour vous ce que ḤaZa’’l ont réellement interdit, et quelle est la signification et les définitions des termes utilisés par ḤaZa’’l pour décrire ce qu'ils estimaient que l'on ne pouvait pas faire.

 

Il est parfaitement clair d'après ḤaZa’’l, que l'interdiction n'est absolument pas de ne pas « répandre la semence » d'une manière qui ne peut pas conduire à une grossesse. Quelle que soit la nature de l'interdiction, elle doit être définie plus précisément et différemment, et nous œuvrerons dans les prochains articles à définir ce que l'on entend par « Hôṣo`ath Zara´ Labbattoloh » (émission de semence en vain). Dans ce court article-ci, j'apporterai de nombreux exemples à travers la littérature rabbinique qui démontrent clairement que « gaspiller la semence », c'est-à-dire éjaculer d'une manière qui ne peut pas potentiellement conduire à une grossesse, n'est PAS la vraie nature de l'interdiction telle que définie par ḤaZa’’l, contrairement à ce qu’on entend régulièrement dans la bouche des rabbins contemporains.

 

À partir de maintenant, j'utiliserai uniquement l’expression « Hôṣo`ath Zara´ Labbattoloh » pour désigner le péché que ḤaZa’’l ont interdit, sans la traduire. La raison pour laquelle je vais faire cela, c'est parce que je crois que la traduire par « gaspiller la semence » ou « répandre la semence » est précisément ce qui provoque un énorme malentendu et n'est pas du tout une traduction exacte.

 

Permettez-moi d'expliquer pourquoi c'est si important. Il existe une énorme quantité de livres orthodoxes qui décrivent le « péché » de la masturbation comme celui de gaspiller une vie potentielle. Nous avons déjà vu comment le Zôhar et ḤaZa’’l ont comparé ce péché au meurtre, et l'explication que de nombreuses sources ont donnée est que le sperme contient la « semence / graine » à partir de laquelle la vie est née. Ainsi, en le gaspillant, on « tue » la progéniture potentielle. Comme vous pouvez l'imaginer, cela peut être une source d'immense consternation pour un jeune Boḥour Yashivoh qui se masturbe parfois en raison de l'excitation sexuelle normale qui arrive à un jeune homme en bonne santé de temps en temps. Des gens comme le Rov Yosef Mizrachi utilisent cette idée pour promouvoir la culpabilité, la honte et les idées fausses dangereuses dans des vidéos comme celle-ci sur YouTube :

 


En fait, ḤaZa’’l n'auraient pas pu croire que la « Hôṣo`ath Zara´ Labbattoloh »  est interdite parce qu'on tuerait des vies potentielles. La comparaison avec le meurtre signifie tout autre chose. En effet, il existe de nombreux endroits dans le Ṭalmoudh où ḤaZa’’l autorisent ou même recommandent l'éjaculation qui ne peut pas conduire à une grossesse pour des raisons diverses.

 

Pour ne citer que quelques exemples :

 

·        ḤaZa’’l autorisent « Bi`oh Shallô` Kadharkoh – Une relation sexuelle qui n’est pas selon sa voie », que l'écrasante majorité des commentaires comprennent comme se référant aux relations sexuelles anales dans un couple, bien qu’il soit évident que ce type de relation ne peut pas mener à une grossesse. Voir Nadhorim 20a-b où cela est expressément autorisé, quelque chose que l’orthodoxie, en raison de l’influence que les mouvements piétistes chrétiens et musulmans ont eue sur les Juifs à partir du Moyen-âge, n’osera pas enseigner (en effet, pour les chrétiens, seule la position dite du « missionnaire » était considérée acceptable, tandis que dans l’islam seules les relations vaginales sont autorisées. L’orthodoxie ne souhaitant pas paraître moins « pieuse » que ces deux religions, a fini par adopter des positions piétistes sur ces sujets, au mépris de la Ṭôroh des Sages que nous avons reçue) ;

·        ḤaZa’’l ont autorisé une éjaculation « Laṣôrékh Badhiqoh – pour le besoin d’une vérification », ce qui se réfère à la provocation intentionnelle de l'éjaculation masculine afin d'examiner si un homme entre dans la catégorie halakhique d'un « Karouth Shophakhoh » (un homme qui a l’urètre endommagé, et pourrait donc être stérile à cause de cela). Voir Yavomôth 76a où cela est expressément autorisé.

·        ḤaZa’’l ont considéré comme une chose positive une émission séminale non intentionnelle (par exemple, si quelqu’un a eu un rêve érotique qui lui a causé une éjaculation pendant qu’il dormait). Voir Yômo` 88a où il est dit que c’est un signe positif si quelqu'un a une émission séminale non intentionnelle à Yôm Hakkippourim. Bien qu'ils se réfèrent clairement à un acte involontaire, il est inconcevable que ḤaZa’’l décriraient un « meurtre » d'une manière aussi positive si en effet « répandre la semence » s'apparentait à un meurtre au sens où il est souvent (mal) compris par l’orthodoxie.

 

Il existe d'autres exemples tirés de la littérature `aggadique qui démontrent également clairement que ḤaZa’’l ne considéraient pas toute éjaculation qui ne peut entraîner une grossesse comme un meurtre au sens dont beaucoup le comprennent. Je choisirai de ne pas les mentionner par souci de brièveté, mais sachez qu’ils existent, et que vos Rabbonim malhonnêtes (ou ignorants) ne seront pas enclins à vous les enseigner, préférant l’approche radicale et extrémiste de la condamnation et damnation à la chrétienne.

 

Si la raison pour laquelle la « Hôṣo`ath Zara´ Labbattoloh » a été interdite est que l'on « tue » des êtres humains potentiels, je ne crois pas que les Rabbonim contemporains puissent raisonnablement expliquer pourquoi les exemples ci-dessus ont été expressément autorisés par ḤaZa’’l. De toute évidence, quelque chose d'autre est impliqué ici.

 

(Maintenant, je suis pleinement conscient que de nombreux Pôsaqim et commentateurs au cours des siècles ont adopté l'approche selon laquelle la « Hôṣo`ath Zara´ Labbattoloh » est interdite et est comparée au meurtre parce qu'une vie potentielle est gaspillée. Je prévois d’aborder cette question en détail dans un prochain article. À l’heure actuelle, je voudrais tout d’abord être autorisé à faire valoir que ce n’est manifestement pas exactement ce que ḤaZa’’l avaient à l’esprit lorsqu’ils ont employé cette comparaison, et je reviendrai sur les objections évidentes à cette affirmation plus tard, Bali Nédhar.)

 

Jusqu'à présent, j'ai donné suffisamment de preuves pour prouver que lorsque ḤaZa’’l déclarent que la « Hôṣo`ath Zara´ Labbattoloh » s'apparente à un meurtre, et qu'ils comparent ceux qui commettent « Ni`ouph Bayodh Ouvraghal – adultère par la main et par le pied », cela ne veut pas littéralement dire que c'est un meurtre parce qu’on aurait gaspillé une vie potentielle. Alors qu'est-ce qu'ils voulaient dire ? Pourquoi l'ont-ils comparé au meurtre ? Nous étudierons cela dans le prochain article.

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