lundi 22 février 2016

Le Shoulhon ´oroukh n'a aucune valeur halakhique

ב״ה

Exposer les fausses notions

Le Shoulhon ´oroukh n'a aucune valeur halakhique


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Nous entendons de la part des « Orthodoxes » de nombreuses affirmations sur le Shoulhon ´oroukh, qui sont insensées, n'ont aucune base, et qu'ils ne savent eux-mêmes pas justifier.

Ils prétendent qu'il y aurait une obligation de suivre tout ce qui est dit dans le Shoulhon ´oroukh, mais ne savent expliquer d'où provient une telle obligation ! En outre, cette affirmation est d'une hypocrisie que nous avons déjà dénoncé à plusieurs reprises, car il existe des centaines de règles rapportées dans le Shoulhon ´oroukh qu'ils ne suivent pas ! Le Shoulhon ´oroukh interdit d'ajouter des Piyoutim dans les bénédictions du Shama´, mais ils le font quand même ! Le Shoulhon ´oroukh interdit les Kapporôth, ils le font quand même ! Et nous pouvons multiplier les exemples à l'infini ! Les mêmes personnes qui prétendent qu'il y aurait une obligation (venue de nulle part) de suivre le Shoulhon ´oroukh sont ceux qui s'appuient sur d'autres sources pour justifier des pratiques rejetées par le Shoulhon ´oroukh.

Ils prétendent que le Shoulhon ´oroukh trancherait la Halokhoh en conformité avec le Talmoudh, ce qui est complètement faux. Rabbi Yôséf Qa`rô ז״ל a bel et bien suivi le Talmoudh dans son Béth Yôséf, mais ce ne fut pas le cas lorsqu'il rédigea le Shoulhon ´oroukh. Le Shoulhon ´oroukh est plus une compilation de Minhoghim qui prévalaient en son temps qu'un livre de Halokhoh. En fait, l'une des plus grandes objections qu'il y eu contre le Shoulhon ´oroukh était le fait qu'il ne rapportait que les pratiques des Safaradhim, mettant complètement de côté les pratiques des `ashkanazim et d'autres communautés, comme l'école de pensée franco-allemande. D'ailleurs, la quasi totalité des rabbins Polonais furent très critiques du Shoulhon ´oroukh à cause de cela. C'est pour cela qu'il existe autant de commentaires publiés sur le Shoulhon ´oroukh, afin de contester le fait que cet ouvrage constituerait la Halokhoh finale pour tous, et mentionner d'autres interprétations, Halokhôth et pratiques non prises en compte par Rabbi Yôséf Qa`rô. Les principaux commentaires sont :

  • le Moghén `avrohom
  • le Touré Zohov
  • le Sifathé Kôhén
  • le Béth Shamou`él
  • le Ba`ér Hétév
  • le Pari Hodhosh
  • le Pari Maghaddim
  • le Sha`aré Tashouvoh
  • le Mahasis Hashaqal
  • le Mishnoh Barouroh
  • etc.

Les gens devraient se demander pourquoi il existe autant d'ouvrages commentant le Shoulhon ´oroukh. Et dans chacun d'eux, il existe des centaines, voire des milliers, de pratiques divergentes avec le Shoulhon ´oroukh ! Si leurs auteurs avaient considéré qu'il fallait suivre le Shoulhon ´oroukh, jamais ils n'auraient rédigé des ouvrages qui contestent des milliers de règles mentionnées dans le Shoulhon ´oroukh !

Les objections au Shoulhon ´oroukh furent immédiates et intenses, dès le moment de sa publication. Rabbi Mordokhay ban `avrohom Yoffe (1530-1612), plus connu sous son surnom du Lévoush, a décrit le Shoulhon ´oroukh comme étant « une table bien dressée de toutes sortes de rafraîchissements, mais les plats sont insipides et manquent le sel du raisonnement qui est capable de causer une ébullition et chauffer l'individu ». En d'autres mots, c'est un ouvrage bien structuré, mais dont les décisions ne sont pas sourcées.

Rabbi Yôséf Qa`rô fut abondamment critiqué pour sa grande indépendance dans les décisions légales qu'il rendait (c'est-à-dire qu'il ne s'appuyait pas toujours sur le Talmoudh et les Ri`shônim) et le fait qu'il incluait fréquemment des décisions sans prendre en considération les opinions divergentes de nombreux Ri`shônim. Même Rabbi Môshah `issarlès ז״ל, plus connu sous l'acronyme du « Ramo''` »), et qui rédigea « Hammappoh » (la nappe), qui est le commentaire le plus connu sur le Shoulhon ´oroukh, dit de Rabbi Yôséf Qa`rô qu'il n'est pas toujours fidèle aux propres règles que lui-même a énoncées pour expliquer sa méthode de prise de décision halakhique. L'exemple classique est le fait que Rabbi Yôséf Qa`rô lui-même écrit qu'il basera ses décisions halakhiques sur le consensus entre les trois plus grands Ri`shônim, à savoir, le Ri''f ז״ל, le Ramba''m ז״ל et le Ro`''sh ז״ל, mais à plusieurs reprises il s'écarte de cette règle et adopte des positions contraires à celles de ces trois Ri`shônim !

À peine quelques années après la publication du Shoulhon ´oroukh, le Rov Shamou`él `ali´azar Halléwi `éidels ז״ל, plus connu sous son acronyme du « Maharsha''` », écrivit1 qu'il était interdit de trancher sur une question halakhique en regardant simplement dans le Shoulhon ´oroukh :

En ces générations-ci, ceux qui tranchent à partir du Shoulhon ´oroukh ne peuvent connaître la raison de chaque règle, à moins d'avoir au préalable étudié le sujet à partir du Talmoudh lui-même. Une erreur s'introduit dans leurs décisions et ils font partie de ceux qui détruisent le monde. Il convient de les réprimander !

En d'autres mots, le Maharsha''` considérait le Shoulhon ´oroukh comme un livre pour les tricheurs, qui ne connaissent pas vraiment la Halokhoh. Au lieu d'aller voir (ou s'informer) dans le Talmoudh, qui est la compilation des décisions halakhiques de HaZa''l, et qui est la seule autorité halakhique du Juif, ils se détournent de leur obligation d'étudier en prenant le Shoulhon ´oroukh comme référence. Si vous consultez le Shoulhon ´oroukh pour appliquer la Halokhoh, vous n'avez absolument pas toutes les informations nécessaires pour savoir s'il s'agit réellement de la Halokhoh, qu'ont dit nos Sages, etc. C'est de la pure folie ! Tout ce qui se trouve dans le Shoulhon ´oroukh ne constitue pas la Halokhoh de HaZa''l et la façon de réellement pratiquer le Judaïsme. Si quelqu'un veut savoir quelle est la Halokhoh, il doit étudier le TaNa''Kh et le Talmoudh, ou consulter un Talmidh Hokhom bien versé dans le TaNa''Kh et le Talmoudh. Autrement, il perd son temps et commet des erreurs de jugement !

Le Rov Yô`él Sirqis ז״ל, plus connu sous son acronyme du « Ba''h », qui tenait en grande estime le Béth Yôséf de Rabbi Yôséf Qa`rô, émit pourtant de nombreuses critiques et objections sur son Shoulhon ´oroukh. Il le considérait comme un ouvrage trop bref et clairsemé, et s'opposa à d'innombrables règles rapportées dedans. Il fut l'un des plus grands adversaires du Shoulhon ´oroukh. Personne n'a employé des termes aussi durs que les siens pour vilipender cet ouvrage et ceux qui le suivaient ! En lisant le contenu de ce livre, il s'exclame à plusieurs reprises de la manière suivante : « Une erreur a échappé à la plume du Béth Yôséf », « sa décision me dépasse ! », « Que Dieu lui pardonne d'avoir écrit cela », etc. Lisez le Ba''h par vous-mêmes !

Le critique centrale du Ba''h vis-à-vis du Shoulhon ´oroukh était que tout ouvrage halakhique, en-dehors du Talmoudh, est par définition déficient ! Un prérequis pour rendre n'importe quelle décision consiste à d'abord s'appuyer sur le Talmoudh et avoir une connaissance sérieuses des sources de base. Il n'existe pas de raccourci dans la détermination des Halokhôth. Pour reprendre ses propos :

Dans la majorité des cas, il est impossible de prendre des décisions halakhiques à partir du Shoulhon ´oroukh. Celui qui n'est pas bien versé dans l'étude du Talmoudh est incapable de correctement juger des cas qui se présentent à lui.

Dans un langage encore plus dur, il déclare :

Ceux qui déterminent les Halokhôth en suivant le Shoulhon ´oroukh n'enseignent pas en accord avec la Halokhoh !

En d'autres mots, toutes leurs décisions sont contraires à la Halokhoh !

Du vivant du Ba''h s'était développé autour du Shoulhon ´oroukh un culte d'admirateurs dont l’enthousiasme pour cet ouvrage fut une source d'inquiétude pour de nombreux rabbins, puisque cela détournait les gens de s'appuyer sur le Talmoudh comme source première de la Halokhoh. Le Ba''h critiqua abondamment ceux qui, en son temps, allaient jusqu'à déclarer « Il est interdit de changer la moindre chose dans le Shoulhon ´oroukh, car il est comme la Tôroh de Môshah ! ». Quelle hérésie de la pire espèce !

Le Rov Shalômôh Louria ז״ל, connu sous l'acronyme du « Maharsha''l » (1510-1573), s’opposa également très vigoureusement au Shoulhon ´oroukh, qu'il décrit comme un ouvrage anti-talmudique et anti-halakhique. Il poursuit en affirmant que l'entreprise même du Shoulhon ´oroukh est dangereuse. Ceux qui l'étudient en viendront à croire que ce que Rabbi Yôséf Qa`rô écrit est l'autorité finale, et même « si un être vivant se tenait devant eux et écrivait que la Halokhoh est différente, en citant d'excellents arguments ou même une tradition reçue faisant autorité, ils ne prêteraient pas attention à ses paroles ... ».2 Il ne pouvait avoir plus raison que cela, puisque c'est précisément ce qui se passe aujourd'hui, au point que de nombreux ignorants veulent nous faire croire qu'il faudrait suivre le Shoulhon ´oroukh en tous points, même quand il contredit le Talmoudh, et même lorsqu'on leur démontre que Rabbi Yôséf Qa rô est dans l'erreur. (Voir notamment l'article intitulé « Renverser la hiérarchie ».)

Le Rov Hayim ban Basal`él ז״ל ajouta aux propos du Maharsha''l que les gens ne réalisent pas que Rabbi Yôséf Qa`rô n'est « qu'une personne parmi d'autres ».3 En outre, le Shoulhon ´oroukh conduit à la paresse intellectuelle. Les gens n'étudieront plus le Talmoudh car ils s'appuient dessus. Nous pouvons comparer cette situation à un pauvre qui recueille des aumônes auprès de gens riches et aime afficher ses marques de richesse. À première vue, il donne l'impression d'effectivement être riche. Après tout, il a de la nourriture et des vêtements. Mais en vérité, c'est une illusion, car tout ce qu'il a vient des aumônes qu'il a recueillies.4 De même, celui qui étudie seulement le Shoulhon ´oroukh ne connait pas du tout les tenants et les aboutissants des débats talmudiques qui ont précédé sa rédaction, et donne l'impression qu'il connait alors qu'il ne connait rien !

Et enfin, le Rov Yahoudhoh Low ban Basal`él, connu sous le nom du Mahara''l de Prague (1520-1609), et frère du Rov Hayim ban Basal`él, qui fut, comme son frère, un farouche opposant au Shoulhon ´oroukh, écrit que chaque rabbin et Talmidh Hokhom ne doit compter sur sa propre intelligence et analyse du Talmoudh, et rien d'autre5 :

Et même quand sa sagesse le conduit à se tromper, il est néanmoins bien-aimé par Dieu tant qu'il a fait de son mieux pour raisonner. Et cette personne est de loin préférable à celle qui détermine la Halokhoh à partir d'un seul ouvrage, sans en connaître la raison, marchant comme un aveugle le long du chemin.

Et c'est ce que font aujourd'hui la majorité des Juifs, suivant des tonnes de règles et de lois, sans même savoir si elles sont conformes au Talmoudh, et sans même se soucier des raisons de ces règles et lois, qu'ils suivent juste parce qu'elles sont rapportées dans tel ou tel ouvrage, ou parce que telle est la pratique dans leur communauté ! Dans le même temps, ceux qui rejettent ce diktat insensé et s'attellent à revenir à la Halokhoh authentique du Talmoudh ou à juger toute loi et règle à la lumière de sa conformité ou pas avec le Talmoudh, ceux-là sont insultés ou méprisés, voire taxés de « rebelles ». Mais rebelles contre qui ? Contre les ignorants ou contre la Loi Orale (dans laquelle tout Juif affirme croire) ?

Poursuivant sa critique du Shoulhon ´oroukh, le Mahara''l de Prague écrit :

Si les auteurs (Rabbi Yôséf Qa`rô et Rabbi Môshah `issarlès) avaient su que ces ouvrages (le Shoulhon ´oroukh et Hammappoh) amèneraient certains à se détourner entièrement de l'étude du Talmoudh et rendre des décisions exclusivement sur bases de ces ouvrages, ils ne les auraient jamais composés ! Il est meilleur et préférable de rendre une décision à partir du Talmoudh, et cela même si on craint avoir rendu une décision erronée, plutôt que de rendre une décision sur base d'un tel ouvrage sans vraiment comprendre le cas que l'on traite.

Ces autorités savaient et défendaient le fait que seul le Talmoudh devrait être la source de la prise de décision halakhique. Et c'est ce que nous défendons en tant que Talmidhé HaRamba''m, tout comme le font d'autres Juifs, comme par exemple les hispano-portugais, les Dôr Da´im et d'autres.

Lorsque les gens affirment qu'il faudrait suivre le Shoulhon ´oroukh, ils démontrent à quel point ils ne savent pas de quoi ils parlent, mais ne font que répéter comme des perroquets ce qu'ils ont entendu dire depuis des années. En outre, l'écrasante majorité de ceux qui affirment cela n'ont même jamais réellement lu le Shoulhon ´oroukh, et ne suivent en réalité pas même ce qui s'y trouvent. Ils ne savent du Shoulhon ´oroukh que ce qu'on leur en a dit, ou à travers des commentaires sur le Shoulhon ´oroukh, ou prétendus commentaire sur le Shoulhon ´oroukh. Même le Qisour Shoulhon ´oroukh n'est en réalité pas même basé sur le Shoulhon ´oroukh, mais sur des décisions d'autorités ashkénazes, comme le Mishnoh Barouroh. En outre, ils ignorent totalement que le Shoulhon ´oroukh fut catégoriquement rejeté et vilipendé par d'illustres rabbins qu'ils prétendent admirer, ce qui illustre davantage la vanité de l'argument selon lequel il y aurait une obligation d'accepter et de suivre le Shoulhon ´oroukh, affirmation qu'eux-mêmes sont incapables de justifier.

Ce livre est anti-talmudique et anti-halakhique dans son essence. Et c'est à HaShem et à HaZa''l que nous devons notre allégience et soumission, pas à Rabbi Yôséf Qa`rô, ni à quelque autre rabbin d'ailleurs !

(Re)voir l'article intitulé « Aucun code halakhique n'est supérieur au Talmoud »

1Sur Sôtoh 22a
2Yam Shal Shalômôh, Introduction à Houllin
3Vikouah Mayim Hayim 7
4Ibid.

5Nativôth ´ôlom 16, vers la fin
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