jeudi 11 février 2016

Les lois relatives à la prière : Onzième Partie

ב״ה

Les lois relatives à la prière

Onzième Partie


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Poursuivons notre exposition des lois relatives à la prière.

Lois relatives à la prière et à la bénédiction des Kôhanim – Chapitre 5
הִלְכּוֹת תְּפִלָּה וּבִרְכַת כּוֹהֲנִים פֵּרֶק ה׳

  1. Quels sont les autres points auxquels faire attention lorsqu'on prie ?

1. Celui qui prie doit veiller à huit choses, et les accomplir. Mais s'il était dans une situation de difficulté, ou dans un cas de force majeure, ou qu'il a transgressé et ne les a pas accomplies, cela n'empêche pas [la prière d'être valide]. Et les voici : 1) être debout, 2) la direction du Sanctuaire, 3) la préparation du corps, 4) la préparation de la tenue, 5) la préparation du lieu, 6) le contrôle de la voix, 7) l'inflexion, et 8) la prosternation.
א  שְׁמוֹנָה דְּבָרִים, צָרִיךְ הַמִּתְפַּלֵּל לְהִזָּהֵר בָּהֶן וְלַעֲשׂוֹתָן; וְאִם הָיָה דָּחוּק, אוֹ נֶאֱנָס, אוֹ שֶׁעָבַר וְלֹא עָשָׂה אוֹתָן--אֵינָן מְעַכְּבִין. וְאֵלּוּ הֶן--עֲמִידָה, וְנֹכַח הַמִּקְדָּשׁ, וְתִקּוּן הַגּוּף, וְתִקּוּן הַמַּלְבּוּשׁ, וְתִקּוּן הַמָּקוֹם, וְהַשְׁוָיַת הַקּוֹל, וְהַכְּרִיעָה, וְהַהִשְׁתַּחֲוָיָה
Celui qui prie doit veiller à huit choses, et les accomplir : Les huit points seront expliqués tout au long de ce Chapitre 5.

Mais s'il était dans une situation de difficulté : Et donc dans l'incapacité de respecter ces huit points.

ou dans un cas de force majeure : Comme par exemple, parce qu'il est malade, comme cela sera expliqué à la Halokhoh 2.

ou qu'il a transgressé : C'est-à-dire qu'il a volontairement négligé ces huit points.

et ne les a pas accomplies, cela n'empêche pas [la prière d'être valide] : Et il ne devra donc pas recommencer la prière depuis le début, ou compenser plus tard sa prière.

Dans le précédent chapitre (voir les parties 8, 9 et 10 de cette série d'articles), le Ramba''m ז״ל avait énuméré cinq conditions qui étaient d'une nécessité absolue pour que la prière soit valide, à tel point que l'on ne peut pas commencer à prier tant qu'elles ne sont pas remplies, autrement la prière n'est pas valable. Par contre, ici, il s'agit de huit points importants à respecter Lakhattahilloh, mais qui ne disqualifient pas la prière s'ils ne l'ont pas été, même volontairement.

Et les voici : 1) être debout : Voir Halokhoh 2.

2) la direction du Sanctuaire : Voir Halokhoh 3.

3) la préparation du corps : Voir Halokhoh 4.

4) la préparation de la tenue : Voir Halokhôth 5 et 6.

5) la préparation du lieu : Voir Halokhôth 7 à 9.

6) le contrôle de la voix : Voir Halokhoh 10.

7) l'inflexion : Voir Halokhôth 11 à 13.

et 8) la prosternation : Voir Halokhôth 14 à 16.

  1. Comment s'applique la condition demandant d'être debout ?

2. Être debout : Comment [cela s'applique-t-il] ? On ne prie qu'en étant debout. Si on était assis dans un bateau ou dans une charrette, si on peut se tenir debout, on se tient debout. Sinon, qu'on [reste] assis à sa place et prie. Un malade peut prier même couché sur son côté, et c'est à la condition qu'il soit capable de concentrer son esprit. De même, celui qui est assoiffé ou affamé est inclus dans la catégorie des malades ; s'il a la capacité de concentrer son esprit, qu'il prie. Sinon, il ne priera pas, jusqu'à ce qu'il ait mangé ou bu. Si on montait un animal, même si on a quelqu'un pour tenir son animal, on ne doit pas descendre. Plutôt, on [reste] assis à sa place et on prie, afin d'avoir l'esprit tranquille le concernant.
ב  עֲמִידָה כֵּיצַד: אֵין מִתְפַּלְּלִין אֵלָא מֵעוֹמֵד. הָיָה יוֹשֵׁב בִּסְפִינָה אוֹ בַּעֲגָלָה--אִם יָכוֹל לַעֲמֹד, יַעֲמֹד; וְאִם לָאו, יֵשֵׁב בִּמְקוֹמוֹ וְיִתְפַּלַּל. חוֹלֶה מִתְפַּלֵּל, אַפִלּוּ שׁוֹכֵב עַל צִדּוֹ--וְהוּא, שֶׁיָּכוֹל לְכַוַּן אֶת דַּעְתּוֹ. וְכֵן הַצָּמֵא וְהָרָעֵב, הֲרֵי הֶן בִּכְלַל חוֹלִים--אִם יֵשׁ בּוֹ יְכֹלֶת לְכַוַּן אֶת דַּעְתּוֹ, יִתְפַּלַּל; וְאִם לָאו, אַל יִתְפַּלַּל עַד שֶׁיֹּאכַל וְיִשְׁתֶּה. הָיָה רוֹכֵב עַל הַבְּהֵמָה--אַף עַל פִּי שֶׁיֵּשׁ לוֹ מִי שֶׁיֶּאֱחֹז בְּהֶמְתּוֹ, לֹא יֵרֵד, אֵלָא יֵשֵׁב בִּמְקוֹמוֹ וּמִתְפַּלֵּל, כְּדֵי שֶׁתְּהֶא דַּעְתּוֹ מְיֻשֶּׁבֶת עָלָיו
Être debout : Comment [cela s'applique-t-il] ? On ne prie qu'en étant debout : Comme cela avait été expliqué dans la première partie, la prière rabbinique a été calquée sur les Qorbonôth qui avaient lieu dans le Béth Hammiqdosh. L'une et l'autre sont appelées עֲבוֹדָה « ´avôdhoh » (service/culte), et les concernant la Tôroh déclare1 : לַעֲמֹד לִפְנֵי יְהוָה לְשָׁרְתוֹ « pour se tenir debout devant `adhônoy et Le servir ».2

En fait, c'est précisément pour nous rappeler cette condition que les Shamônah ´asréh sont également appelées עֲמִידָה « ´amidhoh », c'est-à-dire « être debout ».


Si on était assis dans un bateau ou dans une charrette, si on peut se tenir debout, on se tient debout : C'est-à-dire que s'il est possible de se tenir debout sans risquer de tomber ou se mettre en danger, on doit alors se lever pour prier.

Sinon, qu'on [reste] assis à sa place et prie : À parti de la discussion rapportée dans la Gamoro`3, quant à savoir si dans les cas mentionnés ici par le Ramba''m il est préférable de prier debout ou assis, on peut conclure qu'il est tout ç fait acceptable de rester assis et prier si cela contribuera à ce qu'on ait l'esprit plus tranquille et que l'on soit capable de se concentrer.

Un malade : Tellement faible qu'il ne peut se lever ou se tenir debout trop longtemps.

peut prier même couché sur son côté : Tout comme pour la récitation du Shama´.4 Par contre, ni le Shama´, ni la prière, ne peuvent être faits en étant couché sur son dos ou sur son ventre. Ce ne sont pas des positions dignes pour s'adresser en audience avec le Roi HaShem ית׳.

et c'est à la condition qu'il soit capable de concentrer son esprit : C'est-à-dire qu'un malade ne doit prier que s'il est capable de se concentrer, autrement il est exempt de la prière. De ce fait, s'il n'est pas capable de se concentrer, il ne doit pas du tout prier.

De même, celui qui est assoiffé ou affamé est inclus dans la catégorie des malades : Ce qui signifie, comme le Ramba''m le précise, que s'il peut, malgré sa soif ou sa faim, se concentrer pour prier, il doit alors prier. Mais si ce n'est pas le cas, il ne doit pas du tout prier dans cet état.

Si on montait un animal, même si on a quelqu'un pour tenir son animal, on ne doit pas descendre : Comme cela est rapporté dans la Gamoro`.5

Plutôt, on [reste] assis à sa place et on prie, afin d'avoir l'esprit tranquille le concernant : C'est-à-dire, concernant son animal.

En d'autres mots, même si quelqu'un se propose de tenir pour lui son animal, lui permettant ainsi de descendre et faire sa prière, la personne continuerait à se faire des inquiétudes pour son animal (et si on le volait ? Et si l'animal s'enfuyait de peur ?, etc.). À cause de cela, elle ne pourrait pas se concentrer pour prier. Par conséquent, pour lui éviter ces inquiétudes, il est préférable qu'il fasse la prière tout en restant sur le dos de son animal.

Nous voyons de tout cela que bien que Lakhattahilloh il soit préférable de faire la prière debout, ce n'est pas une exigence absolue, car nous n'apprenons cette exigence par une déduction et non un texte biblique claire stipulant qu'il faille prier ainsi. De même, si quelqu'un se concentre mieux en étant assis plutôt que debout, il est préférable qu'il prie assis.

  1. Comment s'applique la condition demandant d'être orienté vers le Sanctuaire ?

3. Être orienté vers le Sanctuaire : Comment [cela s'applique-t-il] ? Si on se trouvait en-dehors du Pays, on tourne son visage en direction de `aras Yisro`él et prie. Si on se trouvait dans le Pays, on oriente son visage face à Jérusalem. Si on se trouvait à Jérusalem, on oriente son visage face au Sanctuaire. Si on se trouvait dans le Sanctuaire, on oriente son visage face à la Maison du Saint des Saints. Un aveugle, ou celui qui est incapable de déterminer les directions, ou celui qui voyage sur un bateau, oriente son cœur face à la Présence Divine et prie.
ג  נֹכַח הַמִּקְדָּשׁ כֵּיצַד: הָיָה עוֹמֵד בְּחוּצָה לָאָרֶץ, מַחְזִיר פָּנָיו נֹכַח אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל וּמִתְפַּלֵּל; הָיָה עוֹמֵד בָּאָרֶץ, מְכַוֵּן פָּנָיו כְּנֶגֶד יְרוּשָׁלַיִם; הָיָה עוֹמֵד בִּירוּשָׁלַיִם, מְכַוֵּן פָּנָיו כְּנֶגֶד הַמִּקְדָּשׁ; הָיָה עוֹמֵד בַּמִּקְדָּשׁ, מְכַוֵּן פָּנָיו כְּנֶגֶד בֵּית קֹדֶשׁ הַקֳּדָשִׁים. סוֹמֶה, וּמִי שְׁאֵינוּ יָכוֹל לְכַוַּן אֶת הָרוּחוֹת, וְהַמְּהַלֵּךְ בִּסְפִינָה--יְכַוַּן אֶת לִבּוֹ כְּנֶגֶד הַשְּׁכִינָה, וְיִתְפַּלַּל
Être orienté vers le Sanctuaire : Comment [cela s'applique-t-il] ? Si on se trouvait en-dehors du Pays, on tourne son visage en direction de `aras Yisro`él et prie : La Gamoro`6 explique que l'on déduit cela de la prière que Shalômôh Hammalakh ע״ה fit à l'occasion de la dédicace du Béth Hammiqdosh, dans laquelle il dit notamment ceci7 : וְשָׁבוּ אֵלֶיךָ, בְּכָל-לְבָבָם וּבְכָל-נַפְשָׁם, בְּאֶרֶץ אֹיְבֵיהֶם, אֲשֶׁר-שָׁבוּ אֹתָם; וְהִתְפַּלְלוּ אֵלֶיךָ, דֶּרֶךְ אַרְצָם אֲשֶׁר נָתַתָּה לַאֲבוֹתָם, הָעִיר אֲשֶׁר בָּחַרְתָּ, וְהַבַּיִת אֲשֶׁר-בנית (בָּנִיתִי) לִשְׁמֶךָ « et s'ils reviennent vers Toi de tout leur cœur et de toute leur âme dans le pays de leurs ennemis qui les détiennent, et qu'ils prient vers Toi en direction de leur terre que Tu as accordé à leurs ancêtres, de la ville que Tu as choisie, et de la Maison que j'ai bâtie en Ton honneur ».

Si on se trouvait dans le Pays, on oriente son visage face à Jérusalem : Comme cela est déduit d'une autre partie de la prière de Shalômôh Hammalakh8 : כִּי-יֵצֵא עַמְּךָ לַמִּלְחָמָה עַל-אֹיְבוֹ, בַּדֶּרֶךְ אֲשֶׁר תִּשְׁלָחֵם; וְהִתְפַּלְלוּ אֶל-יְהוָה, דֶּרֶךְ הָעִיר אֲשֶׁר בָּחַרְתָּ בָּהּ, וְהַבַּיִת, אֲשֶׁר-בָּנִתִי לִשְׁמֶךָ « Quand Ton peuple sortira pour la guerre contre son ennemi, là où Tu l'enverras, et qu'ils prient vers `adhônoy, en direction de la ville que Tu as choisie et de la Maison que j'ai bâtie en Ton honneur ».

Si on se trouvait à Jérusalem, on oriente son visage face au Sanctuaire : Comme cela est déduit d'un verset dans l'autre version de la prière de Shalômôh Hammalakh9 : וְאִם-יִנָּגֵף עַמְּךָ יִשְׂרָאֵל, לִפְנֵי אוֹיֵב--כִּי יֶחֶטְאוּ-לָךְ; וְשָׁבוּ וְהוֹדוּ אֶת-שְׁמֶךָ, וְהִתְפַּלְלוּ וְהִתְחַנְּנוּ לְפָנֶיךָ בַּבַּיִת הַזֶּה « Et si Ton peuple Yisro`él est défait devant l'ennemi, car ils auront péché contre Toi, et qu'ils reviennent et reconnaissent Ton Nom, et prient et élèvent des supplications devant Toi dans cette Maison ».

Si on se trouvait dans le Sanctuaire, on oriente son visage face à la Maison du Saint des Saints : Comme cela est déduit d'un verset de la première version de la prière de Shalômôh Hammalakh10 : בְּהֵעָצֵר שָׁמַיִם וְלֹא-יִהְיֶה מָטָר, כִּי יֶחֶטְאוּ-לָךְ; וְהִתְפַּלְלוּ אֶל-הַמָּקוֹם הַזֶּה, וְהוֹדוּ אֶת-שְׁמֶךָ, וּמֵחַטָּאתָם יְשׁוּבוּן, כִּי תַעֲנֵם « À la fermeture des cieux et le refus de la pluie, car ils auront péché contre Toi, ils prieront vers ce lieu11 et reconnaîtront Ton Nom, et ils reviendront de leur péché, car Tu les auras châtiés ».

ou celui qui est incapable de déterminer les directions : C'est-à-dire qui n'a aucune idée où pourrait bien se trouver la Terre Sainte par rapport à là où il est.

ou celui qui voyage sur un bateau : Et qui ne peut s'orienter vers la bonne direction, par crainte de tomber, ou qui n'a aucune idée où pourrait bien se trouver la Terre Sainte par rapport à là où il est.

oriente son cœur face à la Présence Divine et prie : Comme cela est déduit des propos de Shalômôh Hammalakh12 : וְהִתְפַּלְלוּ אֶל-יְהוָה « et ils prieront vers `adhônoy ».

Là encore, comme pour la première condition précédemment expliquée, bien qu'il soit Lakhattahilloh une bonne chose de se tourner vers Jérusalem, ce n'est pas une condition indispensable de la prière, puisque c'est uniquement aux moyens de déductions, et non d'une obligation explicite, que nous l'apprenons. Par conséquent, il convient de signaler que si en priant dans la bonne direction on pourrait être dérangé par quelque chose (par exemple, un miroir se trouve devant nous, dans la direction de Jérusalem. Or, il est interdit de prier devant un miroir), ou qu'on aura plus de concentration en faisant face à une autre direction, on doit alors orienter son visage dans une autre direction.

  1. Comment s'applique la condition de la préparation du corps ?

4. La préparation du corps : Comment [cela s'applique-t-il] ? Lorsqu'on est occupé à prier, on doit tenir ses pieds l'un à côté de l'autre, diriger ses yeux vers le bas, comme si l'on regardait le sol, et son cœur orienté vers le haut, comme si on se trouvait dans les cieux. Et on doit poser ses mains serrées contre son cœur, la main droite sur la main gauche. On doit se tenir comme un esclave devant son maître dans la peur, la crainte et l'effroi. On ne doit pas poser ses mains sur ses hanches.
ד  תִּקּוּן הַגּוּף כֵּיצַד: כִּשְׁהוּא עוֹמֵד בַּתְּפִלָּה, צָרִיךְ לְכַוַּן אֶת רַגְלָיו זוֹ בְּצַד זוֹ; וְנוֹתֵן עֵינָיו לְמַטָּה, כְּאִלּוּ הוּא מַבִּיט לָאָרֶץ; וְיִהְיֶה לִבּוֹ פָּנוּי לְמַעְלָה, כְּאִלּוּ הוּא עוֹמֵד בַּשָּׁמַיִם; וּמַנִּיחַ יָדָיו עַל לִבּוֹ כְּפוּתִין, הַיְּמָנִית עַל הַשְּׂמָאלִית. וְעוֹמֵד כְּעֶבֶד לִפְנֵי רִבּוֹ, בְּאֵימָה וְיִרְאָה וּפַחַד. וְלֹא יַנִּיחַ יָדָיו, עַל חֲלָצָיו
La préparation du corps : Comment [cela s'applique-t-il] ? Lorsqu'on est occupé à prier, on doit tenir ses pieds l'un à côté de l'autre : La Gamoro`13 cite le verset suivant, qui décrit de cette manière la position des anges14 : וְרַגְלֵיהֶם, רֶגֶל יְשָׁרָה « Et leurs pieds sont un pied droit ». Par conséquent, lorsqu'on prie, nous plaçons nos pieds l'un contre l'autre afin d'imiter les anges, qui sont les experts de la louange d'HaShem.

Les pieds sont généralement joints de la manière suivante, donnant l'impression d'une seule jambe :


diriger ses yeux vers le bas, comme si l'on regardait le sol, et son cœur orienté vers le haut, comme si on se trouvait dans les cieux : Le Talmoudh15 que Rov Hiyo` ז״ל et Rabban Shim´ôn ז״ל (le fils de Rébbi Yahoudhoh Hannosi` ז״ל) débattaient ensemble. L'un ouvrit la conversation en disant qu'il fallait prier les yeux tournés vers le bas. Il cita pour preuve le verset suivant16, וְהָיוּ עֵינַי וְלִבִּי שָׁם, כָּל-הַיָּמִים « et mes yeux et mon cœur étaient là tous les jours », qu'il interpréta comme voulant dire que les yeux et le cœur étaient constamment tournés vers `aras Yisro`él, mais tournés vers le bas en raison de la Présence Divine. L'autre répliqua que les yeux doivent être tournés vers le haut lorsqu'on prie. Il cita pour preuve le verset suivant17 : נִשָּׂא לְבָבֵנוּ אֶל-כַּפָּיִם, אֶל-אֵל בַּשָּׁמָיִם « Élevons nos cœurs avec nos paumes vers Dieu, Qui est dans les cieux ! ». Rébbi Yishmo´`él ז״ל, le fils de Rébbi Yôsé ז״ל, vint et leur demanda ce qu'ils faisaient. Ils lui répondirent qu'ils discutaient des Shamônah ´asréh. Il leur dit alors : « Mon père a dit : Celui qui prie doit tourner ses yeux vers le bas et son cœur vers le haut, afin d'accomplir ces deux versets ».

Une fois encore, il convient de signaler que bien qu'il soit une excellente chose de prier en ayant ses pieds l'un contre l'autre, et avec les yeux tournés vers le bas, comme nous pouvons le voir, il ne s'agit là que de déductions basées sur des interprétations homilétiques de versets, ce que l'on appelle des `asmakhtôth. Il ne s'agit donc pas d'obligations halakhiques absolues. Voilà pourquoi, ne pas respecter ces points n'invalide pas la prière, et n'a aucune conséquence sur elle.

Et on doit poser ses mains serrées contre son cœur, la main droite sur la main gauche : le Talmoudh18 rapporte que c'est ainsi que se tenait Ravo` ז״ל pour prier, de façon à ressembler à un esclave qui se tient devant son maître.

La position des mains dont on parle est celle-ci :


Nous pouvons là encore voir qu'il ne s'agit pas d'une obligation halakhique en tant que telle, mais juste d'une bonne pratique. C'est pourquoi, ne pas tenir ses mains de cette manière contre son cœur n'invalide pas du tout la prière.

On doit se tenir comme un esclave devant son maître : Placer ses mains serrées ensemble contre le cœur et ses pieds joints est une déclaration de dépendance totale sur Dieu. Nous démontrons par-là que nous ne sommes ne capables de nous déplacer là où nous voudrions, ni d'agir comme nous le souhaitons. De cette façon, nous montrons que nous nous en remettons entièrement à Lui, tout comme un esclave n'a pas d'existence indépendante de lui-même.

dans la peur, la crainte et l'effroi : Le Talmoudh19 base cela sur le verset suivant20 : עִבְדוּ אֶת-יְהוָה בְּיִרְאָה; וְגִילוּ, בִּרְעָדָה « Servez `adhônoy avec crainte, et exultez avec tremblement ».

On ne doit pas poser ses mains sur ses hanches : Cette phrase semble être basée sur l'interprétation faite par le Ri''f ז״ל sur Barokhôth 24b, car elle n'apparaît pas explicitement dans le Talmoudh.

La raison pour laquelle cela ne doit pas être fait est que cette position donne une impression d'irrévérence. Pour la même raison, on ne doit pas prier tout en s'appuyant contre ou sur quelque chose.

  1. Comment s'applique la condition de la préparation de la tenue ?

5. La préparation de la tenue : Comment [cela s'applique-t-il] ? On doit arranger sa tenue au préalable, se [préparer] avec soin et se rendre présentable, car il est dit21 : « prosternez-vous pour HaShem dans un saint apparat ». On ne doit pas se lever pour la prière [uniquement] dans son tricot de corps, ni avec la tête découverte, ni avec les pieds découverts si l'habitude des habitants locaux est de ne se tenir devant des gens importants qu'avec des chaussettes. En tous lieux, on ne doit pas tenir en main des Tafillin ou un Rouleau de la Tôroh dans ses bras, car son cœur est troublé par eux. On ne doit pas tenir en main de l'argent, ni des objets. Mais on peut prier avec un Lôlov en main durant les jours de la Fête, parce qu'il s'agit de la Miswoh du jour.
ה  תִּקּוּן הַמַּלְבּוּשׁ כֵּיצַד: מְתַקֵּן מַלְבּוּשָׁיו תְּחִלָּה, וּמְצַיֵּן עַצְמוֹ וּמְהַדֵּר, שֶׁנֶּאֱמָר "הִשְׁתַּחֲווּ לַה', בְּהַדְרַת-קֹדֶשׁ". וְלֹא יַעֲמֹד לַתְּפִלָּה בַּאֲפֻנְדָּתוֹ, וְלֹא בְּרֹאשׁ מְגֻלֶּה. וְלֹא בְּרַגְלַיִם מְגֻלּוֹת, אִם דֶּרֶךְ אַנְשֵׁי הַמָּקוֹם שֶׁלֹּא יַעַמְדוּ לִפְנֵי גְּדוֹלִים אֵלָא בְּבֵית הָרַגְלַיִם. וּבְכָל מָקוֹם, לֹא יֶאֱחֹז תְּפִלִּין בְּיָדוֹ אוֹ סֵפֶר תּוֹרָה בִּזְרוֹעוֹ, מִפְּנֵי שֶׁלִּבּוֹ טָרוּד בָּהֶן; וְלֹא יֶאֱחֹז מָעוֹת וְכֵלִים בְּיָדוֹ. אֲבָל מִתְפַּלֵּל הוּא בְּלוֹלָב בְּיָדוֹ בִּימוֹת הֶחָג, מִפְּנֵי שְׁהִיא מִצְוַת הַיּוֹם
La préparation de la tenue : Comment [cela s'applique-t-il] ? On doit arranger sa tenue au préalable, se [préparer] avec soin et se rendre présentable, car il est dit : « prosternez-vous pour HaShem dans un saint apparat » : Le Talmoudh rapporte que c'est sur la base de ce verset que Rov Yahoudhoh se préparait à la prière en se revêtant de beaux vêtements.

Là encore, il s'agit donc d'une `asmakhto`, une pratique déduite d'un verset biblique, mais pas d'une obligation en tant que tel. En effet, nous avions vu dans la neuvième partie que du point de vue halakhique, le minimum requis consiste à couvrir au moins ses parties génitales et sa poitrine pour pouvoir prier.

On ne doit pas se lever pour la prière [uniquement] dans son tricot de corps : Dans son Commentaire sur la Mishnoh22, le Ramba''m explique le terme אֲפֻנְדָּתוֹ « `afoundothô » comme se référant à un vêtement porté sous sa tunique servant à garder la transpiration, de façon à ce que la tunique reste fraîche. D'autres l'expliquent comme se référant à la ceinture dans laquelle on rangeait sa bourse d'argent (mais cette définition n'est pas cohérente dans ce contexte-ci).

ni avec la tête découverte : Il n'est pas approprié de se tenir en audience avec le Roi HaShem la tête découverte. C'est le symbole du respect et de la crainte des Cieux.

ni avec les pieds découverts : Le Talmoudh23 rapporte qu'afin de se préparer à prier, Ravo` bar Houno` avait l'habitude de mettre des bas pour couvrir ses pieds. Il invoquait à cet effet le verset de ´omôs 4:12, que nous avons déjà cité à maintes reprises dans les parties précédentes.

Nous voyons donc là encore qu'il s'agit d'une bonne pratique, et non d'une obligation en tant que telle !

si l'habitude des habitants locaux est de ne se tenir devant des gens importants qu'avec des chaussettes : Qui empêchent donc de voir les pieds.

Le raisonnement ici est : si déjà on ne se tiendrait pas les pieds découverts face à un être humain important, à combien plus forte raison devant HaShem ! Mais s'il est normal de marcher pieds nus ou de ne pas couvrir ses pieds, comme c'est notamment le cas dans des pays au climat chaud, cela ne pose aucun problème.

Cela introduit donc un côté subjectif à cette règle. La définition de ce qu'est une tenue acceptable et appropriée dépend de la coutume des habitants locaux, c'est-à-dire de la façon dont les gens s'habillent lorsqu'ils veulent faire bonne impression devant des personnalités importantes. C'est ainsi que le Mishnoh Barouroh et le ´oroukh Hashoulhon mentionnent cette idée concernant le fait de porter un chapeau durant la prière. Ils écrivent que si la coutume des habitants locaux est de porter un chapeau en présence de personnalités importantes (comme c'était le cas dans l'Europe d'avant-guerre), il faudra également en porter un lorsqu'on prie.

Signalons que lorsqu'on parle des habitants locaux, il ne s'agit pas uniquement des habitants Israélites, mais de tous les habitants, même les Gôyim !

En tous lieux : C'est-à-dire que les règles qui vont être énoncées ici ne dépendent pas de la pratique locale, mais sont invariables, peu importe où l'on se trouve. En outre, ces règles ne sont pas non plus directement liées à la tenue en elle-même, et ne sont pas des « bonnes pratiques », mais des obligations halakhiques. Le Ramba''m fait donc une parenthèse. La raison pour laquelle il la fait ici est qu'avoir quelque chose en main est de loin lié à la tenue (les verbes « porter » et « s'habiller » sont proches, et peuvent même synonymes suivant le contexte. Il y a donc une connexion implicite).

on ne doit pas tenir en main des Tafillin ou un Rouleau de la Tôroh dans ses bras, car son cœur est troublé par eux : C'est-à-dire, parce qu'on aura constamment peur qu'ils ne tombent. C'est une Halokhoh rapportée dans le Talmoudh.24

On ne doit pas tenir en main de l'argent, ni des objets : Le Talmoudh25 déclare qu'un couteau, de l'argent, une miche de pain sont semblables au Séfar Tôroh et aux Tafillin. C'est-à-dire qu'il est interdit de les tenir en main tout en priant, car on aura constamment trop peur qu'ils ne tombent (et dans le cas d'un couteau, on pourrait se blesser). Sur cette base, nous pouvons déduire que si on tient en main un objet qui ne présente pas de danger ou qui ne causera aucune inquiétude s'il tombait, comme par exemple un cahier ou encore un Siddour, il sera permis de prier tout en le gardant en main. Néanmoins, le mieux est de ne rien tenir en main en priant, excepté ce qui est lié à l'accomplissement de la Miswoh du jour, comme secouer le Lôlov pendant Soukkôth.

Mais on peut prier avec un Lôlov en main durant les jours de la Fête, parce qu'il s'agit de la Miswoh du jour : De ce fait, cela ne le perturbera pas de le tenir en main tout en priant.

  1. Que fait-on si l'on portait une charge et qu'est arrivé le moment de la prière ? Et comment prient les Talmidhé Hakhomim ?

6. Si on avait une charge sur sa tête et qu'est arrivé le moment de la prière, si elle fait moins de quatre Qabbin, on la fait basculer derrière soi et on prie. Si elle faisait quatre Qabbin, on la dépose par terre et après cela on prie. L'habitude de tous les Sages et leurs disciples est qu'ils ne prient que lorsqu'ils se sont enveloppés.
ו  הָיָה מַשּׂאוּי עַל רֹאשׁוֹ, וְהִגִּיעַ זְמָן הַתְּפִלָּה--אִם הָיָה פָּחוּת מֵאַרְבַּעַת קַבִּין--מַפְשִׁילוֹ לַאֲחוֹרָיו, וּמִתְפַּלֵּל; הָיָה אַרְבַּעַת קַבִּין--מַנִּיחוֹ עַל גַּבֵּי קַרְקָע, וְאַחַר כָּךְ יִתְפַּלַּל. דֶּרֶךְ כָּל הַחֲכָמִים וְתַלְמִידֵיהֶם, שֶׁלֹּא יִתְפַּלְּלוּ אֵלָא כִּשְׁהֶן עֲטוּפִין
Si on avait une charge sur sa tête et qu'est arrivé le moment de la prière : Cette Halokhoh est une citation de la Gamoro` de Bavo` Masia´ 105b.

Le Ramba''m poursuit donc sa parenthèse sur le fait de porter quelque chose pendant qu'on prie.

si elle fait moins de quatre Qabbin : Ce qui correspond à approximativement à une capacité de 5 litres.

on la fait basculer derrière soi et on prie : Car tenir une telle charge tout en priant ne causera pas une perturbation ou distraction.

Si elle faisait quatre Qabbin : Ou plus.

on la dépose par terre et après cela on prie : Car un tel point ou une telle charge est une distraction et une source de perturbation.

C'est là que se termine la digression du Ramba''m. Il retourne à présent au sujet de la tenue appropriée pour la prière.

L'habitude de tous les Sages et leurs disciples est qu'ils ne prient que lorsqu'ils se sont enveloppés : Dans un Tallith.

Le Talmoudh fournit plusieurs exemples de Sages qui ne priaient qu'après s'être enveloppés de leur Tallith.26 Dans les Hilkôth Sisith 3:12, le Ramba''m écrit : גְּנָאי גָּדוֹל הוּא לְתַלְמִיד חֲכָמִים, שֶׁיִּתְפַּלַּל וְהוּא אֵינוּ עָטוּף « Il est un grand déshonneur pour un disciple des Sages de prier sans s'être enveloppé ».

Là encore, il s'agit d'une bonne pratique, mais pas d'une obligation en elle-même.

Nous analyserons les quatre autres conditions dans la prochaine partie.

1Davorim 10:8
2Talmoudh, Barokhôth 30a
3Ibid.
4Voir Mishnéh Tôroh, Hilkôth Qiryath Shama´ 2:2
5Barokhôth 30a
6Ibid.
71 Malokhim 8:48
8Ibid., verset 44
92 Divré Hayyomim 6:24
101 Malokhim 8:35
11Shalômôh Hammalakh se trouvait devant le Saint des Saints lorsqu'il fit cette prière
121 Malokhim 8:44
13Barokhôth 10b
14Yahazqé`l 1:7
15Yavomôth 105b
161 Malokhim 9:3
17`ékhoh 3:41
18Shabboth 10a
19Ibid., 30b
20Tahillim 2:11
211 Divré Hayyomim 16:29 ; Tahillim 29:2 ; Tahillim 96:9
22Barokhôth 9:5
23Shabboth 10a
24Barokhôth 23b
25Ibid.

26Voir, par exemple, Shabboth 10a ou encore Ta´anith 20a
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