lundi 29 février 2016

Arguments Karaïtes

ב״ה

Arguments Karaïtes


Cet article peut être téléchargé ici.

Kvod Harav,

Je me promenais sur internet quand je suis tombé sur plusieurs messages d'un certain Yoaqim sur un forum dédié au judaïsme.
Ce dernier est un karaïte qui avait quelques arguments contre le judaïsme rabbinique. Je vous les résume rapidement.
  1. Rosh Hashana serait une fête païenne babylonienne
  2. Souccot serait un rituel cananéen dédié à Baal
  3. l'alphabet hébreu "carré" que l'on connait aujourd'hui serait inspiré d'une nation étrangère dominante (je ne vois même pas où est le problème mais bon...)
  4. le Talmud autorise l'utilisation de sources de feu le Shabbat si on l'a allumé avant Shabbat alors que le Tanakh l'interdit expressément
  5. la Torah ne réclamerait pas de séparer lait et viande ni d'attendre entre la consommation de l'un et de l'autre, les premiers israélites n'auraient jamais pu se permettre d'utiliser deux services de couverts
  6. les rabbins auraient volé le pouvoir aux prêtres sadducéens à qui le pouvoir reviendrait de droit par la Torah, Moshe a institué une assemblée de Sages non-constituée de rabbins
  7. le judaïsme se transmettrait par le père selon la Torah puisque de très nombreux personnages du Tanakh avaient une mère non-juive
Que pensez-vous de ces arguments? J'imagine que Hazal ont répondu à la plupart...
J'avoue que le point qui me trouble le plus est l'avant-dernier. En effet, la Torah fait mention des prêtres mais non des rabbins. Quelle est la légitimité biblique du statut de rabbin et quelle est la légitimité halakhique (de législateur) des rabbins par rapport aux prêtres (qui possèdent eux ce droit en vertu de la Torah)?

Eliyahou

Concernant les points 1 et 2, il convient de comprendre le contexte historique de ces fêtes. Pour la plupart des Juifs, Rô`sh Hashonoh et Soukkôth sont respectivement le Nouvel An juif et la fête des cabanes. Mais il y a beaucoup plus que cela.

Pour les peuples antiques, les saisons des moissons étaient des moments de grandes activités, et la fin de la moisson était en-elle même un temps de célébration. Les fêtes d'automne que sont Rô`sh Hashonoh, Yôm Hakkippourim et Soukkôth, tirent leurs origines avant tout de la récolte d'automne. Le TaNa''Kh lui-même mentionne une fête célébrée par les Cananéens, qui respectaient une fête joyeuse en automne à la fin de la récolte des raisins :1

Et ils sortirent aux champs, firent les vendanges et le pressurage, et se livrèrent à des réjouissances ; puis ils vinrent à la maison de leur dieu, mangèrent et burent.
וַיֵּצְאוּ הַשָּׂדֶה וַיִּבְצְרוּ אֶת-כַּרְמֵיהֶם, וַיִּדְרְכוּ, וַיַּעֲשׂוּ, הִלּוּלִים; וַיָּבֹאוּ, בֵּית אֱלֹהֵיהֶם, וַיֹּאכְלוּ וַיִּשְׁתּוּ

Durant la récolte du raisin, les Cananéens restaient dans les champs jusqu'à ce que toutes les récoltes aient été placées dans des granges, et vivaient dans des abris temporaires très similaires aux Soukkôth que les Juifs construisent pour la fête de Soukkôth.

Que Soukkôth était à l'origine une fête de la moisson n'est en rien un « secret » qu'a tenté de cacher la Tôroh. En réalité, la Tôroh le révèle très clairement à travers l'un des noms par lesquels elle désigne cette fête, à savoir, חַג הָאָסִף « Hagh Ho`osif – La fête de la récolte ».2 Et cela est également clair de la description-même qu'en fait la Tôroh3 :

Et la fête de la récolte, à la fin de l'année, lorsque tu récolteras tes produits des champs
וְחַג הָאָסִף בְּצֵאת הַשָּׁנָה, בְּאָסְפְּךָ אֶת-מַעֲשֶׂיךָ מִן-הַשָּׂדֶה

Et4 :

Tu feras pour toi une fête des Soukkôth pendant sept jours, quand tu récolteras [les produits] de ton aire et de ton pressoir.
חַג הַסֻּכֹּת תַּעֲשֶׂה לְךָ, שִׁבְעַת יָמִים: בְּאָסְפְּךָ--מִגָּרְנְךָ, וּמִיִּקְבֶךָ

Le Prophète mentionne également que les Israélites qui récoltaient leurs produits (raisins, melons, etc.) vivaient dans des cabanes construites dans leurs vignes ou melonnières durant la récolte5 :

Et elle est restée, la fille de Sion, comme une Soukkoh dans un vignoble, comme une hutte dans une melonnière, pareille à une ville assiégée.
וְנוֹתְרָה בַת-צִיּוֹן, כְּסֻכָּה בְכָרֶם; כִּמְלוּנָה בְמִקְשָׁה, כְּעִיר נְצוּרָה

Les pèlerins qui montaient à Jérusalem durant les fêtes de la moisson vivaient également dans des cabanes tout le temps de leur séjour pour la fête, ce qui est l'ancienne version des parcs de maisons mobiles.

Les fêtes de la moisson avaient une place prépondérante dans les cultures antiques, plus encore dans les sociétés païennes, où ces fêtes servaient à célébrer la fertilité de leurs dieux. Il n'y a donc rien de surprenant à ce qu'il puisse y avoir des fêtes aux origines communes avec celles des païens antiques, puisqu'elles tombaient aux mêmes dates et et que la communauté israélite était autant agricole que les sociétés païennes. Ce n'est donc pas que Soukkôth tirent ses origines d'une fête cananéenne, mais tout simplement que les saisons des récoltes (et Soukkôth est liée, comme nous l'avons démontré, aux récoltes de nos produits, chose que la Tôroh n'a pas cherché à cacher) étaient des occasions de fête dans toutes les sociétés antiques. Mais la Tôroh prit soin, afin de nous éloigner des idolâtres, de ne pas faire de Soukkôth une fête exclusivement agricole, mais également une commémoration des quarante années d'errance que nous avons passées dans le désert, et les bontés Divines dont nous avons jouis durant cette période. C'est ainsi que la Tôroh nous donne l'instruction suivante6 :

Dans des Soukkôth vous résiderez durant sept jours ; tout indigène en Yisro`él résidera dans des Soukkôth, afin que vos générations sachent que J'ai fait résider les Enfants de Yisro`él dans des Soukkôth lorsque Je les ai fait sortir du pays d’Égypte, Moi, `adhônoy, votre Dieu.
בַּסֻּכֹּת תֵּשְׁבוּ, שִׁבְעַת יָמִים; כָּל-הָאֶזְרָח, בְּיִשְׂרָאֵל, יֵשְׁבוּ, בַּסֻּכֹּת. לְמַעַן, יֵדְעוּ דֹרֹתֵיכֶם, כִּי בַסֻּכּוֹת הוֹשַׁבְתִּי אֶת-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, בְּהוֹצִיאִי אוֹתָם מֵאֶרֶץ מִצְרָיִם: אֲנִי, יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם

Soukkôth est donc réellement deux fêtes en une seule, puisque d'un côté, comme pour les nations païennes, c'est une célébration pour la moisson, et de l'autre côté, c'est pour commémorer le fait que Dieu nous a protégés, abrités et a pourvu à tous nos besoins durant les quarante ans de notre séjour dans le désert, et nous a protégés, dans des tentes et par des nuées, des éléments extérieurs. Que cette fête fut placée en automne n'est donc pas un hasard, et il n'y a pas à être troublé par les parallèles avec la fête des cananéens d'antan ; toutes les sociétés antiques avaient des fêtes pour la saison des moissons. C'est pourquoi la Tôroh a ajouté une autre dimension à cette fête, en plus de son aspect agricole.

Concernant le point 3, les lettres carrées que nous utilisons aujourd'hui ne sont évidemment pas les lettres d'origine de la langue hébraïque, et cela ne constitue en rien un problème. Mais là encore, ce Karaïte croit rapporter un scoop, alors que nos Sages eux-mêmes n'ont pas eu honte de nous informer que les lettres carrées sont calquées sur l'écriture d'un autre peuple. En effet, tout au long du Talmoudh, les lettres carrées sont appelées « `ashourith », c'est-à-dire « l'Assyrien », car nous les avons reprises de la nation assyrienne.7 De la même manière, nous avons repris des mots de la langue grecque (comme Parnosoh, Sanhédhrin, `afiqômon, etc.), de la langue araméenne, de langues africaines (le Talmoudh8 déclare explicitement que le terme « Tôtofôth », employé dans la Tôroh pour désigner les Tafillin, dérive de « Tôt », un mot copte, et « Fôth », un mot en langue `afriqi), etc. Tout cela ne pose absolument aucun problème, tout comme le fait d'avoir repris les noms des mois du calendrier babylonien. Que cherche à prouver ce Karaïte par cet argument vide ?

Concernant le point 4, nos Sages ont déduit cette permission du verset suivant9 :

Vous n'allumerez point de feu dans toutes vos demeures au jour du Shabboth.
לֹא-תְבַעֲרוּ אֵשׁ, בְּכֹל מֹשְׁבֹתֵיכֶם, בְּיוֹם, הַשַּׁבָּת

L’explication de nos Sages est plus que simple à comprendre : la Tôroh n'a interdit que le fait d'allumer un feu « au jour du Shabboth ». La particule ב signifie « dans », « pendant ». C'est donc pendant le Shabboth que cette activité (comme les autres Malo`khôth) est interdite. Mais si le feu a été allumée avant Shabboth (ce qui n'est donc pas « pendant »), le fait qu'il continue à brûler de lui-même pendant Shabboth ne constitue en rien un problème. (Tout comme on peut laisser son Hamin continuer à cuire pendant Shabboth, dès lors qu'on l'avait laissé sur le feu avant l'entrée de Shabboth.)

À la conclusion du Chapitre 2 des Hilkôth Shabboth (téléchargeable sur le blog), le Ramba''m ז״ל applique d'ailleurs aux Karaïtes le verset suivant10 :

Et Je leur donnerai aussi des décrets qui ne sont pas bons et des jugements par lesquels ils ne vivront pas.
וְגַם-אֲנִי נָתַתִּי לָהֶם, חֻקִּים לֹא טוֹבִים; וּמִשְׁפָּטִים--לֹא יִחְיוּ, בָּהֶם
Le sens donné à ce verset par le Ramba''m est celui-ci : étant donné que ces gens ont fait le choix de mal interpréter la Tôroh, Dieu amène leurs interprétations à être cruelles et difficiles à supporter, au point que leurs vies et pratiques religieuses seront insupportables. Par exemple, les Karaïtes passent l'intégralité du Shabboth dans le noir, car pour eux il est interdit qu'un feu brûle pendant le Shabboth, même s'il a été allumé avant le Shabboth. C'est tellement difficile à respecter que certains Karaïtes font des entorses avec cette règle de leur religion hérétique, puisqu'il n'y a rien de commode à rester dans le noir. (Certaines communautés Karaïtes font un compromis en interdisant de s'éclairer avec du feu, mais permettent de le faire avec l'électricité.)

Concernant le point 5, le temps d'attente entre la consommation de la viande et du lait n'est rien d'autre qu'un Minhogh. La Halokhoh est simplement qu'il faut marquer une interruption entre les deux, mais l'étendue de cette interruption est une question de Minhogh, et c'est la raison pour laquelle il existe diverses pratiques. Même consommer du fromage directement après un repas carné est permis, sans attendre, dès lors que l'on aura récité la Barokhoh `aharônoh après le repas carné. Quant au fromage, il peut être consommé sans attendre après un repas carné. (Pour de plus amples détails, voir l'article intitulé « Temps d'attente entre la consommation de la viande et du lait ».) Concernant la deuxième partie du point 5, c'est exact ; les Israélites d'antan ne possédaient pas deux sets de couverts, et ne séparaient donc pas la vaisselle « viande » de la vaisselle « lait ». Cette pratique est né au Moyen-Âge. D'ailleurs, même cuire de la viande dans un four dans lequel on a cuit du lait est parfaitement autorisé. (Voir l'article intitulé « Lorsqu'on utilise le même four ».) Le seul problème qui existait se situait au niveau des ustensiles poreux, c'est-à-dire qui absorbent le goût des aliments dans lesquels on les cuit, ou avec lesquels on les consomme. Lorsque les ustensiles n'étaient pas poreux, on se contentait de simplement les laver soigneusement, et on pouvait ainsi les utiliser autant pour la viande que pour le lait. Or, de nos jours, la quasi totalité des ustensiles ne sont pas poreux et n’adsorbent pas le goût, ce qui est reconnu par certains rabbins (principalement en privé). De ce fait, même aujourd'hui, avoir de la double vaisselle ne sert à rien. Et de toute façon, ce n'était pas pratique pour les Israélites d'antan, dont la plupart n'avaient tout simplement pas les moyens de se permettre d'avoir autant de couverts que les Juifs d'aujourd'hui, deux fours, deux lave-vaisselles, etc.

Concernant le point 6, l'argument est totalement absurde et même contradictoire. Comment peut-on dire d'un côté que l'autorité fut donnée aux Kôhanim, et ensuite affirmer que Môshah Rabbénou ע״ה a institué une assemblée de Sages. L'autorité a-t-elle été donnée aux Kôhanim ou aux Sages ? La vérité est qu'elle a été octroyée aux deux ! Le Sanhédhrin était constitué à la fois de Sages et de Kôhanim. Quant à l'affirmation selon quoi ces Sages nommés par Môshah Rabbénou n'étaient pas des rabbins, c'est vrai et faux. C'est vrai, dans le sens où le titre de « rabbin » n'existait pas dans les temps bibliques. Mais c'est faux, dans le sens où ces 70 Sages nommés par le Prophète étaient les Anciens de leurs tribus, des hommes dotés donc d'une grande érudition, et qui possédaient d'ailleurs les qualités que la Halokhoh impose aux rabbins. Ils étaient donc les prototypes des futurs rabbins. En outre, comment devenait-on rabbin ? Une assemblée était réunie et le maître qui nous ordonnait rabbin et nous accordait ainsi l'autorité de trancher la Halokhoh, nous imposait les mains. D'ailleurs, c'est le sens même du terme « Samikhoh », qui est communément traduit par « ordination rabbinique », mais qui signifie en fait « imposition des mains ». Lorsque Môshah Rabbénou intronisa les 70 Anciens, il ne leur imposa pas les mains, car cette fois-là, ce fut Dieu Lui-même qui leur conféra l'autorité de Môshah Rabbénou en prenant une partie de son esprit et en le plaçant sur les Anciens (cela sous-entend qu'autrement, Môshah Rabbénou aurait dû leur imposer les mains pour indiquer le transfert d'autorité).11 Mais par la suite, quand il transmit son autorité à Yahôshoua´ bin Noun, Môshah Rabbénou pu cette fois-là lui imposer les mains.12 Et tous les rabbins des temps talmudiques se faisaient ordonner par cette même imposition des mains. Le fait que Môshah Rabbénou n'imposa pas ses mains sur les 70 Sages qui constituèrent le tout premier Sanhédhrin de l'histoire israélite, mais qu'HaShem Lui-même s'occupa d'accorder l'autorité « rabbinique » à ces Sages indique que leur autorité est purement Divine, et non humaine.

Et la dernière preuve démontrant que l'autorité de conduire le peuple et le guider dans les prescriptions de la Tôroh ne fut pas donnée qu'aux Kôhanim, mais également aux Sages ayant une Samikhoh, provient des versets suivants13 :

Si une affaire de droit te dépasse, entre le sang et le sang, entre un jugement et un jugement, entre une plaie et une plaie, et des affaires de disputes dans tes portes, tu te lèveras et monteras vers le lieu que `adhônoy, ton Dieu, aura élu. Et tu te rendras vers les Kôhanim, les Lawiyim, et vers le juge qui sera en place en ces jours-là. Tu les consulteras et ils t'exposeront la parole du droit. Tu agiras selon la chose qu'ils t'auront exposée de ce lieu-là qu'élira `adhônoy, et tu la garderas pour l'accomplir conformément à tout ce qu'ils t'auront instruit. Selon la Tôroh qu'ils t'auront instruite, et selon le droit qu'ils t'auront dit, tu feras. Ne t'écarte pas de la chose qu'ils t'auront exposée [ni à] droite, [ni à] gauche. Quant à l'homme qui agira par rébellion, refusant d'écouter le Kôhén établi pour y servir `adhônoy, ton Dieu, ou le juge, que cet homme meurt, et tu extirperas le mal de Yisro`él. Tout le peuple entendra et craindra, et ils ne se rebelleront plus.
כִּי יִפָּלֵא מִמְּךָ דָבָר לַמִּשְׁפָּט, בֵּין-דָּם לְדָם בֵּין-דִּין לְדִין וּבֵין נֶגַע לָנֶגַע--דִּבְרֵי רִיבֹת, בִּשְׁעָרֶיךָ: וְקַמְתָּ וְעָלִיתָ--אֶל-הַמָּקוֹם, אֲשֶׁר יִבְחַר יהוה אֱלֹהֶיךָ בּוֹ. וּבָאתָ, אֶל-הַכֹּהֲנִים הַלְוִיִּם, וְאֶל-הַשֹּׁפֵט, אֲשֶׁר יִהְיֶה בַּיָּמִים הָהֵם; וְדָרַשְׁתָּ וְהִגִּידוּ לְךָ, אֵת דְּבַר הַמִּשְׁפָּט. וְעָשִׂיתָ, עַל-פִּי הַדָּבָר אֲשֶׁר יַגִּידוּ לְךָ, מִן-הַמָּקוֹם הַהוּא, אֲשֶׁר יִבְחַר יהוה; וְשָׁמַרְתָּ לַעֲשׂוֹת, כְּכֹל אֲשֶׁר יוֹרוּךָ. עַל-פִּי הַתּוֹרָה אֲשֶׁר יוֹרוּךָ, וְעַל-הַמִּשְׁפָּט אֲשֶׁר-יֹאמְרוּ לְךָ--תַּעֲשֶׂה: לֹא תָסוּר, מִן-הַדָּבָר אֲשֶׁר-יַגִּידוּ לְךָ--יָמִין וּשְׂמֹאל. וְהָאִישׁ אֲשֶׁר-יַעֲשֶׂה בְזָדוֹן, לְבִלְתִּי שְׁמֹעַ אֶל-הַכֹּהֵן הָעֹמֵד לְשָׁרֶת שָׁם אֶת-יהוה אֱלֹהֶיךָ, אוֹ, אֶל-הַשֹּׁפֵט--וּמֵת הָאִישׁ הַהוּא, וּבִעַרְתָּ הָרָע מִיִּשְׂרָאֵל. וְכָל-הָעָם, יִשְׁמְעוּ וְיִרָאוּ; וְלֹא יְזִידוּן, עוֹד

Ces versets constituent l'obligation biblique de nous soumettre à toutes les décisions prises par le Sanhédhrin qui siégeait à Jérusalem, comme l'explique très bien le Ramba''m et d'autres. Or, vous voyez qu'il est question des Kôhanim, des Lawiyim et du juge qui sera en place à ces époques-là (c'est-à-dire, aux époques où le Béth Hammiqdosh et le Sanhédhrin existent). Le juge en chef est ce que l'on appelle le « Nosi` », qui était à la tête du Sanhédhrin. Et nous voyons que les Kôhanim faisaient également partie du Sanhédhrin.

La seule raison pour laquelle l'autorité halakhique fut totalement transférée aux rabbins est que, à l'époque du deuxième Béth Hammiqdosh, bon nombre des Kôhanim étaient corrompus, et certains même n'étaient pas légitimes, puisqu'ils achetaient leur fonction auprès des Romains, qui accordaient la position de Kôhén et Kôhén Godhôl au plus offrant et le plus soumis à Rome. C'est la raison pour laquelle de nombreux Kôhanim Gadhôlim se sont succédés à cette époque-là, car HaShem les faisait tous mourir un à un, parce qu'ils n'étaient pas légitimes. Nos Sages n'ont pas honte de l'écrire dans le Talmoudh ! Les Sadducéens étant corrompus et illégitimes, et parce qu'ils ne croyaient pas en la Tôroh Orale et l'autorité de nos Sages, le peuple s'en détourna tout logiquement pour se tourner plutôt vers nos Sages de mémoire bénie. (Il est à noter que même d'un point de vue halakhique, un Kôhén ignorant n'est pas digne d'honneur.) L'argument de cet hérétique Karaïte est sans fondement, puisque la Samikhoh de nos Sages remontait jusqu'à Môshah Rabbénou dans une ligne de transmission ininterrompue. (En outre, avant que le Sanhédhrin ne soit réinstitué au moment du retour d'exil de Babylone du temps des prophètes ´azro` ע״ה et Nahamyoh ע״ה, le rôle des rabbins et Sages fut rempli par les Juges, puis les Prophètes, démontrant là encore que la Tôroh n'a jamais dit que l'autorité halakhique ne revenait qu'aux Kôhanim. En outre, même le Roi d'Israël faisait partie du Sanhédhrin, comme nous le voyons de manière flagrante avec Dowidh Hammalakh ע״ה et son fils Shalômôh ע״ה, qui prenaient des décisions halakhiques en concertation avec le Béth Din de leurs époques respectives.) Les Karaïtes, sur ce point, partagent la même hérésie que les Sadducéens, qui rejetaient l'autorité de nos Sages sur bases d'arguments farfelues.

Et enfin, concernant le dernier point, il n'est pas totalement faux, mais n'est pas non plus exact. Cette question délicate a été longuement traitée dans l'article intitulé « Est-on vraiment Juif par la mère ? ». Il n'y a jamais eu de règle
absolue sur la question, et le principe selon lequel on serait Juif par la mère ne constitue en réalité pas de manière sûre la Halokhoh, comme cela a été développé dans l'article susmentionné.

1Shôftim 9:27
2Shamôth 23:16
3Ibid.
4Davorim 16:13
5Yasha´yohou 1:8
6Wayyiqro` 23:42-43
7Voir Talmoudh Bavli, Sanhédhrin 21b-22a ; Talmoudh Yarousholmi, Maghilloh 2:1 (10a) ; Mishnoh, Maghilloh 1:8
8Sanhédhrin 4b
9Shamôth 35:3
10Yahazqé`l 20:25
11Bamidhbor 11:16-29
12Ibid., 27:18-23

13Davorim 17:8-13
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