vendredi 19 février 2016

Clarifications sur les Birakhôth Hashahar

ב״ה

Clarifications sur les Birakhôth Hashahar


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Beaucoup ont demandé des clarifications sur les moments précis où nous devons faire les Birakhôth Hashahar (bénédictions du matin). Répondons donc à quelques-unes des nombreuses questions soumises par rapport à ces bénédictions.

  1. Quand doit-on dire les Birakhôth Hashahar ?

Comme nous l'avons déjà rapporté à maintes reprises, notre pratique, ainsi que celle des Dôr Da´im, des Juifs de rite hispano-portugais, et de certains Safaradhim, consiste à ne réciter que les bénédictions des actes que nous avons réellement accomplis, et au moment même où nous les avons accomplis, contrairement à la pratique majoritaire qui veut que les Birakhôth Hashahar soient faites les unes après les autres dans une liste, même lorsque les actes pour lesquels on bénit n'ont pas été réalisés, ce qui est une pratique anti-talmudique. Ainsi, nous ne faisons מַלְבִּישׁ עֲרוּמִּים « Malbish ´aroummim » qu'après s'être habillé, הַמַּעֲבִיר חֶבְלֵי שִׁינָה מֵעֵינַי « Hamma´avir Havlé Shinoh Mé´énay » qu'après s'être lavé le visage, etc.1

Toutefois, si quelqu'un n'a pas fait les Birakhôth Hashahar au moment où il a accompli l'acte pour lequel il doit bénir, il doit les réciter même plus tard. Nous avons en effet toute la journée pour pouvoir le faire. Mais là encore, on ne pourra faire que les bénédictions des actes que l'on avait réellement accomplis plus tôt dans la journée. Ainsi, par exemple, si quelqu'un avait porté son turban le matin et a oublié de faire la bénédiction relative au port du turban (עוֹטֵר יִשְׂרָאֵל בְּתִפְאָרָה « ´ôtér Yisro`él Bathif`oroh »), ou n'en avait tout simplement pas le temps, lorsqu'il le pourra, ou s'en souviendra, il devra faire la bénédiction plus tard, tant que le soleil ne s'est pas encore couché. Mais nous ne faisons pas, même plus tard, les bénédictions d'actes que nous n'avions pas accomplis. Même le Shoulhon ´oroukh déclare que ceux qui agissent de la sorte font des bénédictions en vain. C'est pourquoi il stipule que si quelqu'un récite les Birakhôth Hashahar les unes après les autres, comme dans une liste, il ne doit pas réciter le Shém Oumalakhouth dans les bénédictions d'actes qu'il n'avait pas accomplis. Ainsi, s'il n'avait, par exemple, pas porté de ceinture, il devrait simplement dire בָּרוּךְ אוֹזֵר יִשְׂרָאֵל בִּגְבוּרָה « Boroukh `ôzér Yisro`él Bighavouroh » ; s'il n'avait pas entendu le coq, il devrait simplement dire בָּרוּךְ אֲשֶׁר נָתַן לַשֶּׂכְוִי בִּינָה לְהַבְחִין בֵּין יום וּבֵין לָיְלָה « Boroukh `ashar Nothan Lassakhwi Binoh Lahavhin Bén Yôm Ouvén Loyloh ».2 Combien de gens sont au courant de cela ? Quiconque fait des bénédictions pour des actes qu'il n'avait pas accomplis fait des bénédictions en vain, ce qui est une grave faute !

  1. À quel moment fait-on précisément la bénédiction de « `alôhay Nashomoh » ?

Comme le rapporte le Ramba''m3 ז״ל :

Lorsqu'on se réveille à la fin de son sommeil, on bénit ainsi tandis que l'on se trouve encore dans son lit : « Mon Dieu ! L'âme que Tu as placée en moi est pure. Tu l'as créée, Tu l'as façonnée, Tu l'as insufflée en moi, Tu l'as préservée en mon sein ; Tu me la reprendras et me la retourneras pour les temps à venir. Mais tant que l'âme est en mon sein, je fais preuve de reconnaissance devant Toi, HaShem mon Dieu, Maître de toutes les œuvres. Béni Tu es HaShem, Qui ramène les âmes vers les corps morts ».
בְּשָׁעָה שֶׁיִּיקַץ בְּסוֹף שִׁינָתוֹ, מְבָרֵךְ וְהוּא עַל מִטָּתוֹ כָּךְ: אֱלֹהַי, הַנְּשָׁמָה שֶׁנָּתַתָּ בִּי טְהוֹרָה--אַתָּה בְרָאתָהּ, וְאַתָּה יְצַרְתָּהּ, וְאַתָּה נְפַחְתָּהּ בִּי, וְאַתָּה מְשַׁמְּרָהּ בְּקִרְבִּי, וְאַתָּה עֲתִיד לִטְּלָהּ מִמֶּנִּי, וְאַתָּה עֲתִיד לְהַחְזִירָהּ לִי לָעֲתִיד לָבוֹא; וְכָל זְמָן שֶׁהַנְּשָׁמָה בְקִרְבִּי, מוֹדֶה אֲנִי לְפָנֶיךָ ה' אֱלֹהַי, רִבּוֹן כָּל הַמַּעֲשִׂים; בָּרוּךְ אַתָּה ה', הַמַּחְזִיר נְשָׁמוֹת לִפְגָרִים מֵתִים

Cette bénédiction est faite aussitôt que l'on se réveille et ne compte plus se rendormir, et que l'on est encore couché dans son lit. C'est exactement ce que nous dit également le Talmoudh lui-même. Notre Nousoh pour cette bénédiction est légèrement différent de celui rapporté ici par le Ramba''m, puisque nous utilisons mort pour mot la version du Talmoudh.

Rappelons à nouveau que la pratique consistant à dire מוֹדֶה אֲנִי « Môdhah `ani » au réveil n'est ni halakhique, ni talmudique, mais une innovation.

  1. À quel moment fait-on précisément la bénédiction de « Hammékhin Mis´adhé Ghovar » ?

Le Talmoudh dit simplement כי מסגי לימא « Lorsqu'il commence à s'en aller, il doit dire... ».4 Très justement, le Ramba''m interprète cela comme voulant dire que c'est au moment où l'on s'apprête à aller s'occuper de ses affaires (et non pas lorsqu'on fait ses premiers pas de la journée), comme par exemple en sortant de chez soi pour se rendre au travail, chez le boulanger, à la synagogue, etc., que l'on doit faire cette bénédiction.5

Il s'en suit donc qu'elle doit être faite lorsqu'on sort de chez soi pour la première fois de la journée, dès lors, évidemment, que le soleil ne s'est pas encore couché. Mais si on ne compte pas sortir de chez soi de toute cette journée (ou qu'on ne le fera qu'après le coucher du soleil), ou que l'on est malade, ou encore que l'on compte travailler à domicile, cette bénédiction devra alors être faite au matin, car on s'occupe alors de ses affaires chez soi.

Cette bénédiction a pour but de nous rappeler la Hashghohoh d'HaShem alors que l'on va s'occuper de nos affaires tout au long de la journée, afin qu'Il nous apporte la réussite aux œuvres de nos mains. Cela s'applique autant à la maison qu'à l'extérieur.

  1. Fait-on une ou deux bénédictions en mettant les Tafillin ?

Nous avions expliqué dans l'article intitulé « Les bénédictions sur les Tafillin » que si l'on comptait mettre les deux Tafillin, une seule bénédiction devait être faite, à savoir, celle de לְהָנִיחַ תְּפִילִּין « Lahoniah Tafillin ». Et c'est à la condition de ne pas avoir parlé entre les deux de choses n'étant pas liées aux Tafillin, auquel cas il faudra alors ajouter la bénédiction de עַל מִצְוַת תְּפִילִּין « ´al Miswath Tafillin » avant de mettre les Tafillin Shal Rô`sh.

Par contre, lorsqu'on ne compte mettre que les Tafillin Shal Yodh, mais pas les Shal Rô`sh, on ne fera alors que la bénédiction de « Lahoniah Tafillin », tandis que lorsqu'on ne compte mettre que les Tafillin Shal Rô`sh, mais pas les Shal Yodh, on ne fera que la bénédiction de « ´al Miswath Tafillin », étant donné qu'il s'agit de deux Miswôth indépendantes, qui ne sont pas liées l'une à l'autre. De ce fait, on peut tout à fait ne porter qu'une seule des deux Tafillin. C'est notamment pratique lorsqu'on doit faire un travail qui salit les mains. On mettra uniquement ses Tafillin Shal Rô`sh, et pas les Shal Yodh. (Plus tard, après avoir terminé de se salir les mains, on pourra mettre alors ses Shal Yodh également, en faisant au préalable la bénédiction de « Lahoniah Tafillin ».)

  1. Y a-t-il une bénédiction à faire en retirant les Tafillin ?

Il y a effectivement une bénédiction à faire lorsqu'on retire ses Tafillin. Le Talmoudh Yarousholmi tranche ceci6 :

Lorsqu'il les retire, que dit-il ? « Béni Tu es HaShem notre Dieu, Roi de l'Univers, Qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné de garder Son décret ».
כְּשֶׁהוּא חוֹלְצָן, מָהוּ אוֹמֵר? בָּרוּךְ אַתָּה ה׳ אֱלהֵינוּ מֶלֶךְ הָעולָם, אֲשֶׁר קִדְּשָׁנוּ בְּמִצְווֹתָיו וְצִוָּנוּ לִשְׁמֹר חֻקָּיו

Comme nous l'avons déjà expliqué, les Tafillin ne sont pas liées à la prière. En fait, la Miswoh consiste à les porter tout au long de la journée, autant de temps qu'il est possible de les avoir sur soi. Par contre, il existe également une Miswoh de les retirer en son temps, c'est-à-dire au coucher du soleil, car nous ne devons pas les porter la nuit (il y a néanmoins des cas où il est permis de les garder même durant la nuit, mais c'est encore un autre sujet). Puisque c'est une Miswoh, nos Sages instituèrent une bénédiction à faire lorsqu'on les retirait le soir.

Le Ramba''n ז״ל rapporte également, dans son commentaire sur Niddoh 51b, cette bénédiction méconnue, et explique en détails qu'elle ne doit se faire qu'une seule fois par jour lorsqu'on retire les Tafillin le soir. Il semble également qu'elle doit être faite si on les retire en journée et que l'on ne compte plus du tout les remettre par la suite ce jour-là.

Il convient d'ajouter que le Ramba''n cite Horov Hay Go`ôn ז״ל (qui vivait à Babylone) comme ayant dit que bien que réciter la bénédiction de לִשְׁמֹר חֻקָּיו « Lishmôr Houqqow » n'était pas la pratique babylonienne normative, néanmoins, ceux qui souhaitent la réciter comme le font ceux en `aras Yisro`él peuvent le faire.

Cela démontre clairement que l'approche que l'on entend souvent, selon laquelle on devrait s'abstenir de faire quelque chose si ce n'est pas le Minhogh majoritaire ou normatif est complément faux ! Et nous avons déjà réfuté à de nombreuses reprises cet argument. Ce n'est en aucun cas un argument halakhique, mais plutôt une position hashqafique déguisée en opinion halakhique.

De la même manière, il n'y a aucune obligation de se tenir au rite babylonien et délaisser celui de `aras Yisro`él. En fait, de nombreuses communautés jusqu'à relativement récemment suivaient le rite palestinien plutôt que babylonien. C'était notamment le cas en Égypte, dans certaines communautés du Maghreb et d'autres endroits encore. Il n'y a aucun problème à adopter la Birakhath Hammozôn, les Shamônah ´asréh, la Birakhath Hallavonoh, etc., du Nousah `aras Yisro`él.

Précisons que même si on ne les retire qu'après le coucher du soleil, cette bénédiction devra être faite, tant que la nuit n'est pas encore tombée.

  1. Dans quelles circonstances précises fait-on la bénédiction de « Malbish ´aroummim » ?

HaZa''l n'ont institué cette bénédiction que lorsqu'on a dormi nu, ce qui était la norme durant de longs siècles parmi les Juifs, ou lorsqu'on avait dormi dans sa sous-tunique. En fait, si quelqu'un a dormi habillé dans ses vêtements extérieurs (c'est-à-dire, les vêtements qu'il porterait s'il était en public, comme par exemple sa tunique), il ne doit pas du tout faire cette bénédiction au matin. C'est ainsi que conformément aux instructions données dans le Talmoudh, le Ramba''m rapporte ceci7 : כֵּיצַד: לָן בִּכְסוּתוֹ, אֵינוּ מְבָרֵךְ כְּשֶׁעוֹמֵד מַלְבִּישׁ עֲרֻמִּים « Comment cela ? Si on a dormi dans son vêtement de dessus, on ne bénit pas ''Malbish ´aroummim'' lorsqu'on se lève ».

Ainsi, cette bénédiction n'est faite qu'au moment où l'on se revêt d'un vêtement de dessus ou d'un vêtement d'extérieur, comme par exemple un pull, une chemise, un pantalon, un Qamis, etc., si on avait dormi en sous-tunique, robe de nuit, pyjama, ou encore tout nu.

  1. Combien de fois faut-il verser de l'eau sur ses mains avec un Kali avant de manger du pain ou de faire la prière ?

On verse une fois de l'eau sur chaque main, jusqu'au poignet. La quantité minimale d'eau est d'une Ravi ith sur chaque main. Une Ravi´ith équivaut à 143,5 millilitres.

Voir les Hilkôth Barokhôth 6:5.

  1. Doit-on se laver les mains avant chacune des prières ?

Ce n'est obligatoire que pour la prière du matin, et seulement recommandé pour les autres prières.

Voir l'article intitulé « Doit-on se laver le visage, les mains et les pieds avant chaque prière ? » pour de plus amples détails.

Ajoutons que si on récite le Shama´ à part des Shamônah ´asréh (car, contrairement au mythe répandu, il n'y a aucune obligation de faire les Shamônah ´asréh directement après le Shama´), on devra également se laver les mains avant. Voir les Hilkôth Qiryath Shama´ 3:1.
1Voir le Talmoudh, Barokhôth 60b ; Mishnéh Tôroh, Hilkôth Tafilloh Ouvirakhath Kôhanim 7:7-8 ; le Ro`''sh, Barokhôth 9:23 ; le Tour et le Shoulhon ´oroukh, `ôrah Hayim 46
2Shoulhon ´oroukh, `ôrah Hayim 46:8
3Mishnéh Tôroh, Hilkôth Tafilloh Ouvirakhath Kôhanim 7:3
4Barokhôth 60b
5Mishnéh Tôroh, Hilkôth Tafilloh Ouvirakhath Kôhanim 7:6
6Barokhôth 2:3

7Ibid., 7:8
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