ב״ה
La
prière communautaire comme du temps de HaZa''l
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Les
offices de prière communautaire actuels suivent généralement
l'ordre suivant :
- Bénédictions du matin
- Qorbonôth
- Pasouqé Dazimro`
- Qiryath Shama´
- Shamônah ´asréh/´amidhoh
- Tahanoun
- Qiryath Hattôroh (si c'est Lundi, Jeudi, Shabboth, Rô`sh Hôdhash, Yôm Tôv, Hôl Hammô´édh)
- Qiryath Hohaftoroh (après la Qiryath Hattôroh, si c'est Shabboth, Rô`sh Hôdhash, Yôm Tôv)
- `ashré
- Ouvo` LaSiyôn
- Shirath Hayyôm
- `én Ké`lôhénou
- Des Mishnoyôth
- ´olénou
Et
ajoutez à cela le nombre exorbitant de Qaddishin à réciter et
auxquels répondre durant les offices.
Non
seulement beaucoup des points susmentionnés ne sont pas nécessaires
aux offices, ne faisaient pas partie des offices anciens et ne font
que les rallonger inutilement, mais en plus l'ordre tel qu'il est
communément suivi n'est pas celui prescrit par HaZa''l.
Tout
d'abord, les bénédictions du matin sont censées être faites chez
soi, au moment où l'on accomplit les actes pour lesquels elles
furent instituées. Nous en avons déjà abondamment parlé.
Concernant les Qorbonôth, il s'agissait de les étudier et non de
les réciter machinalement dans le cadre des offices. Elles étaient
censés être des études personnelles, donc à la maison ou au Béth
Midhrosh. Quant aux Pasouqé Dazimro`, ils n'étaient pas
obligatoires mais recommandés. Tout ce qui est mentionné plus haut
après la Qiryath Hohaftoroh ne sont que des Minhoghim. Ayant éliminé
tout cela, il nous reste donc ceci :
- Qiryath Shama´
- Shamônah ´asréh/´amidhoh
- Tahanoun
- Qiryath Hattôroh (si c'est Lundi, Jeudi, Shabboth, Rô`sh Hôdhash, Yôm Tôv, Hôl Hammô´édh)
- Qiryath Hohaftoroh (après la Qiryath Hattôroh, si c'est Shabboth, Rô`sh Hôdhash, Yôm Tôv)
Or,
ce n'était pas dans cet ordre-là que se déroulaient les offices
dans les temps talmudiques. Le Talmoudh Yarousholmi1
nous rapporte comment le déroulement des offices dans le Béth
Hammiqdosh :
Nos
enseignants ont enseigné2 :
« L'officiant [s'adressant aux Kôhanim] leur disait :
''Faîtes une bénédiction !'', et ils bénissaient ».3
Que faisaient-ils comme bénédiction ? Rav Mattono` a dit au
nom de Shamou`él : « [Ils faisaient] la bénédiction
de la Tôroh ! ». « Et ils récitaient
[ensuite] les Dix Commandements, Shama´, Wahoyoh `im Shomôa´ et
Wayô`mar »4.
|
תַּמָּן
תְּנֵינַן:
"אָמַר
לָהֶם הַמְּמֻנֶּה:
"בָּרְכוּ
בְּרָכָה אַחַת!"
וְהֵן
בֵּרְכוּ.
מַה
בֵּרְכוּ?
רַב
מַתָּנָא אָמַר בְּשֵׁם שְׁמוּאֵל:
זוֹ
בִּרְכַּת תּוֹרָה.
"וְקָרְאוּ
עֲשֶׂרֶת הַדְּבָרִים,
שְׁמַע,
וְהָיָה
אִם שָׁמֹעַ,
וְיֹאמֶר
|
Nous
apprenons de ce passage du Yarousholmi que l'office du matin, dans le
Béth Hammiqdosh, commençait toujours par la bénédiction de la
Tôroh, suivie de la récitation des Dix Commandements, puis du
Shama´ avec ses trois paragraphes. La suite de ce passage
susmentionné nous apprend également que les trois paragraphes du
Shama´ étaient suivis de la bénédiction de « `amath
Wayassiv », puis d'une version abrégée des Shamônah
´asréh (les Kôhanim devant commencer très tôt le matin leur
travail dans le Béth Hammiqdosh, ils ne pouvaient se permettre de
faire l'intégralité des Shamônah ´asréh le matin), et enfin de
la Birakhath Kôhanim.
Ce
schéma était presque identique aux offices synagoguaux, comme nous
le confirme les Mishnoyôth suivantes5 :
Celui
qui lit dans la Tôroh ne peut pas lire moins de trois versets. Il
ne doit pas lire pour l'interprète plus d'un verset à la fois,
et dans le Prophète [plus de] trois [versets à la fois]. Si ces
trois [versets] constituent trois paragraphes distincts, ils
doivent être lus un à un. On peut sauter dans le Prophète mais
on ne peut pas sauter dans la Tôroh. Et jusqu'où peut-on sauter
[dans le Prophète] ? [On peut le faire] tant que
l'interprète ne s'est pas interrompu.
|
הַקּוֹרֵא
בַתּוֹרָה לֹא יִפְחֹת מִשְּׁלֹשָׁה
פְסוּקִים.
לֹא
יִקְרֵא לַתָּרְגְּמָן יוֹתֵר מִפָּסוּק
אֶחָד,
וּבַנָּבִיא
שְׁלֹשָׁה.אִם
הָיוּ שְׁלָשְׁתָּם שָׁלוֹשׁ
פָּרָשִׁיּוֹת,
קוֹרִים
אֶחָד אֶחָד.
מְדַלְּגִים
בַּנָּבִיא וְאֵין מְדַלְּגִים
בַּתּוֹרָה.
וְעַד
כַּמָּה הוּא מְדַלֵּג?
עַד
כְּדֵי שֶׁלֹּא יַפְסִיק הַתָּרְגְּמָן
|
Celui
qui conclut dans le Prophète est celui qui morcelle le Shama´,
qui descend devant l'arche et qui élève ses paumes. Mais s'il
s'agissait d'un mineur, c'est son père ou son maître qui
descendent à sa place.
|
הַמַּפְטִיר
בַּנָּבִיא,
הוּא
פּוֹרֵס אֶת שְׁמַע,
וְהוּא
עוֹבֵר לִפְנֵי הַתֵּבָה,
וְהוּא
נוֹשֵׂא אֶת כַּפָּיו.
וְאִם
הָיָה קָטָן,
אָבִיו
אוֹ רַבּוֹ עוֹבְרִים עַל יָדָיו
|
Ce
passage de la Mishnoh est plus qu'intéressant, et ce à plusieurs
égards. Citons juste quelques points :
- La Mishnoh 5 confirme ce qu'on a appris du Yarousholmi. Dans le Béth Hammiqdosh, puisque l'office commençait par la récitation de la bénédiction de la Tôroh, de même, dans les synagogues, on commençait d'abord les offices par la lecture de la Tôroh. Et le dernier lecteur de la Tôroh, qui est également celui qui fait la lecture de la Haftoroh, reçoit l'honneur de servir de Ba´al Tafilloh (dirigeant de la prière), et dirige donc la communauté dans la récitation du Shama´, de la ´amidhoh (descendre devant l'Arche) et de la Birakhath Kôhanim (élever les paumes). Cela indique donc clairement que la première partie de l'office était la lecture de la Tôroh, et le schéma suivait pratiquement celui des offices dans le Béth Hammiqdosh.
- Cette même Mishnoh 5 nous apprend qu'un mineur peut faire la lecture publique de la Tôroh et de la Haftoroh, mais qu'il ne peut pas diriger la prière ni bénir la communauté par la Birakhath Kôhanim (si ce mineur était un Kôhén). Dans ce genre de cas, ce sera alors son père ou son maître recevra le privilège de diriger la prière. En fait, cela est confirmé dans la Mishnoh 6, celle qui vient juste après, et qui nous dit : קָטָן קוֹרֵא בַתּוֹרָה וּמְתַרְגֵּם, אֲבָל אֵינוּ פוֹרֵס אֶת שְׁמַע, וְאֵינוּ עוֹבֵר לִפְנֵי הַתֵּבָה, וְאֵינוּ נוֹשֵׂא אֶת כַּפָּיו « Un mineur peut lire la Tôroh et traduire, mais il ne peut pas morceler le Shama´, ni descendre devant l'arche, ni élever ses paumes ». Bien que la pratique majoritaire d'aujourd'hui soit qu'un mineur ne peut pas lire la Tôroh en public, ce n'est pas la Halokhoh, et jusqu'à aujourd'hui les Témonim et Talmidhé HaRamba''m permettent d'appeler à la Tôroh des mineurs qui savent lire la Tôroh avec ses cantillations.
Ainsi,
les Lundis, Jeudis, Shabboth, Rô`sh Hôdhash, Yôm Tôv et
Hôl Hammô´édh, qui sont les jours où nous lisons la Tôroh
en public, la lecture de la Tôroh était la première étape de
l'office du matin.
À
l'origine, il n'y avait qu'une seule bénédiction à faire avant de
commencer la lecture de la Tôroh et une deuxième une fois que
l'intégralité de la portion à lire était terminée. En d'autres
mots, contrairement à la pratique qui se développa plus tard à
Babylone, où chaque appelé à la Tôroh récitait une bénédiction
avant et après lecture de sa portion, seule la première et dernière
personnes appelées à la Tôroh faisaient une bénédiction. Cela
nous est attesté par le passage suivant, du Yarousholmi6 :
רֵבִּי
זְעֵירָא קָם מִקְרֵי כֹּהֵן בִּמְקוֹם
לֵוִי,
וּבֵרַךְ
לְפָנֶיהָ וּלְאַחֲרֶיהָ,
וּבְעוֹן
מִשְּתּוּקִנֵּיהּ.
אָמַר
לוֹן רֵבִּי חִיָּא בַּר אַבָּא:
אַרְפּוּנֵיהּ,
דְּכֵן
אִנּוּן נְהִיגִין גַּבֵּיהוֹן
|
La
lecture de la Tôroh étant, à proprement parler, le début du
rassemblement communautaire, la première personne appelée à la
Tôroh faisait au préalable un appel à la prière connue sous le
nom de בָּֽרְכוּ
« Borakhou ».
Il convient d'en dire quelques mots.
La Tôroh ne
pouvant être lue en public qu'en présence de dix hommes au moins,
le « Borakhou » fait partie également des rites qui
nécessitent obligatoirement la présence d'un Minyon.
Celui qui faisait
le « Borakhou » se prosternait face contre terre, puis se
mettait sur ses genoux avant de prononcer le Nom Divin, et restait
dans cette position jusqu'à la réponse de l'assemblée. Celle-ci
répondait à son appel en faisant une prosternation face contre
terre au mot « Boroukh », puis se mettait sur les genoux
avant la prononciation du Nom Divin. Celui qui a fait l'appel
répétait alors la réponse donnée par la communauté, en faisant
lui aussi une autre prosternation face contre terre au mot
« Boroukh », puis une se mettait à genou avant la
prononciation du Nom Divin. Après quoi, tout le monde se relevait.
Cette pratique de
se prosterner lorsqu'on entend l'appel à la prière était aussi
ancienne que l'époque de Dowidh Hammalakh ע״ה,
comme l'atteste le passage suivant9 :
Et
Dowidh dit à toute l’assemblée: « Bénissez, je vous
prie, `adhônoy, votre Dieu ! ». Et tous les
membres de l’assemblée bénirent `adhônoy, le Dieu de leurs
ancêtres; ils s’inclinèrent et se prosternèrent devant
`adhônoy et devant le roi.
|
וַיֹּאמֶר
דָּוִיד לְכָל-הַקָּהָל,
בָּרְכוּ-נָא
אֶת-יְהוָה
אֱלֹהֵיכֶם;
וַיְבָרְכוּ
כָל-הַקָּהָל,
לַיהוָה
אֱלֹהֵי אֲבֹתֵיהֶם,
וַיִּקְּדוּ
וַיִּשְׁתַּחֲווּ לַיהוָה,
וְלַמֶּלֶךְ
|
Que les gens se
trouvaient d'abord en position assise et devaient ensuite se lever
pour l'appel à la prière, nous est attesté par le passage
suivant10 :
Levez-vous,
bénissez `adhônoy, votre Dieu, [qui existe] d'éternité en
éternité!
|
קוּמוּ
בָּרְכוּ אֶת-יְהוָה
אֱלֹהֵיכֶם,
מִן-הָעוֹלָם
עַד-הָעוֹלָם
|
L'appel à la
prière est donc une pratique très ancienne de notre peuple.
Les
jours où la Tôroh était lue en public, le « Borakhou »
était fait avant la lecture de la Tôroh, alors que les jours où
elle n'était pas lue en public, le « Borakhou » était
fait avant les Dix Commandements ou le Shama´, qui devenaient alors
les premières parties de l'office. Vous comprenez à présent
pourquoi, dans les Siddourim actuels, le « Borakhou » est
récité avant le Shama´ et la lecture de la Tôroh. Mais à
l'origine, c'est avant l'un ou l'autre, selon qu'on lisait ou pas la
Tôroh ce jour-là.
La
lecture de la Tôroh était le moment pour les rabbins d'instruire
toute l'assemblée et de faire des sermons. Lorsque la lecture de la
Tôroh était achevée un rabbin donnait alors un sermon ou une
homélie, qui était suivi par le Qaddish Darabbonon (le Qaddish des
Rabbins), qui était fait après chaque cours de Tôroh donnés par
les rabbins.
En
résumé, l'ordre approprié des offices du matin, comme cela se
faisait du temps de HaZa''l, doit être celui-ci :
- Borakhou (l'appel à la prière)
- Lecture de la Tôroh (et de la Haftoroh, si nécessaire), un jour où la Tôroh est lue en public. La lecture sera suivie d'un sermon
- Récitation des deux bénédictions qui précèdent le Shama´
- Récitation des Dix Commandements
- Récitation du Shama´ et ses trois paragraphes
- Récitation de la bénédiction de « `amath Wayassiv »
- Les Shamônah ´asréh/´amidhoh
- La Birakhath Kôhanim
- Un moment pour les Tahanoun
C'est
le schéma qui sera suivi dans le Siddour « Shômré
`amounoh », pour les prières communautaires.
1Barokhôth
1:4
2Une
expression qui veut dire « Il a été enseigné dans la
Mishnoh »
3Mishnoh,
Tomidh 5:1
4Suite
de la Mishnoh, Ibid.
5Maghilloh
4:4-5
6Barokhôth
7:3
7Qui
avait quitté la Babylonie pour s'installer en Palestine
8Les
membres de l'assemblée
91
Divré Hayyomim 29:20
10Nahamyoh
9:5