lundi 4 janvier 2016

Exposer les fausses notions : Étudier la Tôroh Lishmoh

ב״ה

Exposer les fausses notions

Étudier la Tôroh Lishmoh


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Si vous demandez à la plupart des Juifs aujourd'hui ce que signifie le fait d'étudier la Tôroh לִשְׁמָה « Lishmoh » (littéralement, « pour son nom »), voici l'explication qui risque de vous être donnée : cela signifie étudier la Tôroh sans aucun motif ultérieur, mais uniquement afin d'accomplir la Miswoh du Limoudh Tôroh. Cela exclut donc le fait d'étudier pour gagner une réputation, une récompense Divine, ou pour la stimulation intellectuelle, ainsi que pour se rapprocher d'HaShem ית׳. Même cette dernière motivation contient en elle-même un élément égoïste, puisqu'on étudie pour obtenir quelque chose (se rapprocher d'HaShem). Ainsi, pour résumer, étudier la « Tôroh Lishmoh » signifie l'étudier pour elle-même ou, en d'autres mots, l'étudier afin que la volonté de Dieu que la Tôroh soit étudiée s'accomplisse.

Mais ce n'est pas du tout ce que cela signifie ! Nous sommes très loin de la définition que revêt l'expression « Tôroh Lishmoh » dans le Judaïsme traditionnel. N'importe qui pourra voir, qu'aussi bien de la bouche de HaZa''l que des Ri`shônim, que « Tôroh Lishmoh » a une définition fonctionnelle. C'est-à-dire qu'elle se réfère à l'étude de la Tôroh dans le but de la comprendre et mettre correctement en pratique les Miswôth. Même dans la Tôroh, chaque fois qu'HaShem nous exhorte à étudier Sa parole, nous retrouvons toujours la raison de cette étude : לְמַעַן תִּשְׁמֹר לַעֲשׂוֹת « afin de garder et mettre en pratique » tout ce qu'elle contient ! Pour citer la Gamoro`1 :

Le but de la sagesse est la repentance et les bonnes œuvres, afin que l'homme ne lise pas et n'étudie pas pour ensuite se rebeller contre son père et sa mère, son maître et celui qui est plus grand que lui en sagesse et en rang, car il est dit2 : « Le commencement de la sagesse est la crainte d'HaShem, une bonne récompense pour tous ceux qui les mettent en pratique ». Il n'est pas dit « pour ceux qui les étudient », mais plutôt « pour ceux qui les mettent en pratique ». [C'est la différence entre] ceux qui les mettent en pratique Lishmoh et ceux qui ne les mettent pas en pratique Lishmoh.
תכלית חכמה תשובה ומעשים טובים שלא יהא אדם קורא ושונה ובועט באביו ובאמו וברבו ובמי שהוא גדול ממנו בחכמה ובמנין שנאמר ראשית חכמה יראת ה' שכל טוב לכל עושיהם לעושים לא נאמר אלא לעושיהם לעושים לשמה ולא לעושים שלא לשמה

Et pour citer une œuvre plus tardive, qui résume excellemment bien la chose3 :

Si un homme souhaite étudier Lishmoh, que doit être son intention lorsqu'il étudie ? « Tout ce que j'étudierai je le mettrai en pratique ! ».

La notion selon laquelle étudier la « Tôroh Lishmoh » voudrait de manière désintéressée et purement pour le simple fait de l'étudier fut une innovation de Rabbi Hayim de Volozhin (1749-1821). Étant donné que c'est la définition qui est désormais adoptée dans la plupart des milieux religieux, c'est une explication supplémentaire à la médiocrité qui prévaut dans certains milieux. (Voir l'article intitulé « Pourquoi le Hassidisme engendre la médiocrité ? ».) La mise en pratique n'étant pas l'objectif final, ils ne peuvent se comporter que d'une manière contraire aux prescriptions de la Tôroh et aux exigences de la Halokhoh.

1Barokhôth 17a
2Tahillim 111:10

3Séfar Hasidhim 944
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