lundi 25 janvier 2016

Exposer les fausses notions : Les bénédictions sur les Tafillin

ב״ה

Exposer les fausses notions

Les bénédictions sur les Tafillin


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Il existe principalement deux Minhoghim concernant les bénédictions à faire lorsqu'on met les Tafillin.

  1. Les Pôsqim Safaradhim et Hasidhim estiment que l'on ne doit faire qu'une seule bénédiction au moment où l'on attache la Tafilloh du bras, et qu'il ne sera donc pas nécessaire d'en faire une autre en mettant la Tafilloh de la tête.1 Mais si quelqu'un a parlé de quelque chose n'étant pas lié aux Tafillin entre la mise de la Tafilloh du bras et celle de la tête, il doit réciter une seconde bénédiction avant de mettre la Tafilloh de la tête.2 Telle est également l'approche des Témonim et des Talmidhé HaRamba''m.
  2. Les Pôsqim `ashkanazim font deux bénédictions différentes, une pour chaque Tafilloh, mais après avoir fait celle sur la Tafilloh de la tête ils disent בָּרוּךְ שֵׁם כְּבוֹד מַלְכוּתוֹ לְעוֹלָם וָעֶד « Boroukh Shém Kavôdh Malakhouthô La´ôlom Wo´adh – Béni soit le nom de Son glorieux royaume pour l’éternité et à jamais »3, à cause de leur doute quant à la nécessité de la deuxième bénédiction.4

Comme pour toute question, l'étape fondamentale pour savoir quelle est la Halokhoh finale, indépendamment des différences entre Safaradhim, `ashkanazim, etc., et indépendamment de ce que tel ou tel Pôséq a pu dire, consiste à simplement aller voir ce que nos Sages de mémoire bénie ont dit et tranché sur le sujet.

Parmi les bénédictions que nous faisons chaque matin, la Gamoro`5 rapporte ceci :

  • Lorsqu'on place les Tafillin sur son bras, on doit dire :

Béni Tu es `adhônoy notre Dieu, Roi de l'univers, Qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné de mettre les Tafillin.
בָּרוּךְ אַתָּה יְהֹוָהאֱלהֵינוּ מֶלֶךְ הָעולָם, אֲשֶׁר קִדְּשָׁנוּ בְּמִצְוֹתָיו וְצִוָּנוּ לְהָנִיחַ תְּפִילִּין

  • Lorsqu'on place les Tafillin sur sa tête, on doit dire :

Béni Tu es `adhônoy notre Dieu, Roi de l'univers, Qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné la prescription des Tafillin.
בָּרוּךְ אַתָּה יְהֹוָהאֱלהֵינוּ מֶלֶךְ הָעולָם, אֲשֶׁר קִדְּשָׁנוּ בְּמִצְוֹתָיו וְצִוָּנוּ עַל מִצְוַת תְּפִילִּין

Il y a donc deux bénédictions différentes, et la raison à cela est assez simple : il y a deux Miswôth indépendantes des Tafillin ; une qui concerne celle du bras et une autre qui concerne celle de la tête. Les deux Miswôth étant indépendantes l'une de l'autre, elles ont chacune leur propre bénédiction à faire avant de les mettre, et on peut également tout simplement mettre une Tafilloh sans même mettre l'autre ! C'est ainsi que le Ramba''m ז״ל et le Séfar Hahinoukh comptent tous les deux les Tafillin comme constituant deux Miswôth dans la somme totale des 613 Miswôth de la Tôroh. Dans le Séfar Hammiswôth, mettre la Tafilloh de la tête est la douzième Miswath ´aséh (commandement positif) de la Tôroh, tandis que mettre celle du bras est la treizième.

À première vue, la Halokhoh serait donc plus proche de l'approche ashkénaze.

Mais une autre Gamoro` semble contredire tout cela. En effet, voici ce que nous pouvons lire dans Manohôth 36a :

Rov Hisdo` a dit : « Si on a parlé entre une Tafilloh et l'autre, on bénit à nouveau. [Ce n'est que] si on a parlé. Si on n'a pas parlé ce n'est pas nécessaire ! ». Mais Rov Hiyo`, le fils de Rov Houno`, a fait envoyer6 [la réponse suivante] au nom de Rébbi Yôhonon : « Sur la Tafilloh de la main on dit ''Béni...Qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné de mettre les Tafillin'' ; sur les Tafillin de la tête on dit ''Béni...Qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné la prescription des Tafillin'' ». `abbayé et Ravo` ont dit que « Cela signifie que si on n'a pas parlé, on doit faire une seule [bénédiction] ; si on a parlé, on doit en faire deux ! »
אמר רב חסדא סח בין תפילה לתפילה חוזר ומברך סח אין לא סח לא והא שלח רב חייא בריה דרב הונא משמיה דר' יוחנן על תפילה של יד אומר ברוך אשר קדשנו במצותיו וצונו להניח תפילין על תפילין. של ראש אומר ברוך אשר קדשנו במצותיו וצונו על מצות תפילין אביי ורבא דאמרי תרוייהו לא סח מברך אחת סח מברך שתים

Il n'y a aucune contradiction entre ces deux Gamorôth. En fait, celle-ci vient éclaircir la précédente. On s'en rendra davantage compte en lisant ce que le Ramba''m tranche dans son Mishnéh Tôroh7 :

4. [L'absence des] Tafillin de la tête n'empêche pas [de mettre] celle de la main, et [l'absence] de celle la main n'empêche pas [de mettre] celle de la tête, parce qu'il s'agit de deux Miswôth indépendantes l'une de l'autre. Comment bénit-on sur elles ? Sur celle de la tête on bénit « Qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné la prescription des Tafillin », et sur celle de la main on bénit « Qui nous s sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné de mettre les Tafillin ».
ד  תְּפִלִּין שֶׁלָּרֹאשׁ, אֵינָהּ מְעַכֶּבֶת שֶׁלַּיָּד, וְשֶׁלַּיָּד, אֵינָהּ מְעַכֶּבֶת שֶׁלָּרֹאשׁ--מִפְּנֵי שְׁהֶן שְׁתֵּי מִצְווֹת, זוֹ לְעַצְמָהּ וְזוֹ לְעַצְמָהּ. וְכֵיצַד מְבָרֵךְ עֲלֵיהֶן--עַל שֶׁלָּרֹאשׁ, מְבָרֵךְ אֲשֶׁר קִדְּשָׁנוּ בְּמִצְווֹתָיו וְצִוָּנוּ עַל מִצְוַת תְּפִלִּין; וְעַל שֶׁלַּיָּד, מְבָרֵךְ אֲשֶׁר קִדְּשָׁנוּ בְּמִצְווֹתָיו וְצִוָּנוּ לְהַנִּיחַ תְּפִלִּין
5. Dans quel cas les paroles susmentionnées s'appliquent-elles ? Lorsqu'on ne met qu'une seules d'elles. Mais si on met les deux, on ne fait qu'une seule bénédiction, « de mettre les Tafillin ». On sert d'abord celle de la main, et ensuite on met celle de la tête. Et lorsqu'on les retire, on retire d'abord celle de la tête, et ensuite on retire celle de la main.8
ה  בַּמֶּה דְּבָרִים אֲמוּרִים, בְּשֶׁהִנִּיחַ אַחַת מֵהֶן; אֲבָל אִם הִנִּיחַ שְׁתֵּיהֶן--מְבָרֵךְ בְּרָכָה אַחַת, לְהַנִּיחַ תְּפִלִּין, וְקוֹשֵׁר שֶׁלַּיָּד תְּחִלָּה, וְאַחַר כָּךְ מַנִּיחַ שֶׁלָּרֹאשׁ. וְכִשְׁהוּא חוֹלֵץ, חוֹלֵץ שֶׁלָּרֹאשׁ תְּחִלָּה, וְאַחַר כָּךְ חוֹלֵץ שֶׁלַּיָּד
6. Celui qui a béni « de mettre les Tafillin » et a serré les Tafillin de la main, il lui est interdit de parler, même pour retourner la salutation à son maître, jusqu'à ce qu'il ait mis celle de la tête. Et s'il a parlé, c'est une faute.9 Il devra faire la deuxième bénédiction, « la prescription des Tafillin », et ensuite mettre celle de la tête.
ו  מִי שֶׁבֵּרַךְ לְהַנִּיחַ תְּפִלִּין וְקָשַׁר תְּפִלִּין שֶׁלַּיָּד--אָסוּר לוֹ לְסַפַּר, וְאַפִלּוּ לְהָשִׁיב שָׁלוֹם לְרִבּוֹ, עַד שֶׁיַּנִּיחַ שֶׁלָּרֹאשׁ; וְאִם שָׂח, הֲרֵי זוֹ עֲבֵרָה, וְצָרִיךְ לְבָרַךְ בְּרָכָה שְׁנִיָּה עַל מִצְוַת תְּפִלִּין, וְאַחַר כָּךְ מַנִּיחַ שֶׁלָּרֹאשׁ

En d'autres mots, puisque les deux Tafillin constituent deux Miswôth indépendantes, et que l'absence de l'une n'empêche pas de mettre l'autre, nos deux Gamorôth ne font que se compléter. Celle de Barokhôth 60b nous parle d'un cas où l'on met UNE TAFILLOH mais pas l'autre. Dans un tel cas, chaque Tafilloh était distincte, chacune possède sa propre bénédiction. Cela signifie que si quelqu'un décide de mettre la Tafilloh de la main, mais ne compte pas mettre également celle de la tête, il devra dire בָּרוּךְ אַתָּה יְהֹוָהאֱלהֵינוּ מֶלֶךְ הָעולָם, אֲשֶׁר קִדְּשָׁנוּ בְּמִצְוֹתָיו וְצִוָּנוּ לְהָנִיחַ תְּפִילִּין « Béni Tu es `adhônoy notre Dieu, Roi de l'univers, Qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné de mettre les Tafillin ». Et s'il décide plutôt de mettre la Tafilloh de la tête, mais ne compte pas également mettre celle de la main, il devra alors dire בָּרוּךְ אַתָּה יְהֹוָהאֱלהֵינוּ מֶלֶךְ הָעולָם, אֲשֶׁר קִדְּשָׁנוּ בְּמִצְוֹתָיו וְצִוָּנוּ עַל מִצְוַת תְּפִילִּין « Béni Tu es `adhônoy notre Dieu, Roi de l'univers, Qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné la prescription des Tafillin ». Mais à partir de la Gamoro` de Manohôth 36a, nous pouvons comprendre que si l'on compte mettre LES DEUX TAFILLIN, on devra alors ne faire qu'UNE SEULE BÉNÉDICTION pour les deux Tafillin, à savoir, בָּרוּךְ אַתָּה יְהֹוָהאֱלהֵינוּ מֶלֶךְ הָעולָם, אֲשֶׁר קִדְּשָׁנוּ בְּמִצְוֹתָיו וְצִוָּנוּ לְהָנִיחַ תְּפִילִּין « Béni Tu es `adhônoy notre Dieu, Roi de l'univers, Qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné de mettre les Tafillin », et c'est uniquement à la condition de ne pas s'être interrompu entre la mise des deux Tafillin par des paroles n'étant pas liées à la Miswoh en elle-même, auquel cas il faudra alors également faire la bénédiction relative à la Tafilloh de la tête.

La conclusion est que la Halokhoh est conforme à la pratique des Safaradhim, Témonim, Talmidhé HaRamba''m et Hasidhim, lorsqu'on met les deux Tafillin. Mais si on n'en met qu'une seule, et ne compte pas mettre l'autre, on doit alors faire la bénédiction qui correspond à la Tafilloh que l'on met, car chaque paire possède sa propre bénédiction.

1Shoulhon ´oroukh, `ôrah Hayim 25:5
2Ibid., 25:9
3Cette phrase est dite chaque fois que l'on a fait une bénédiction en vain ou qu'on pense qu'il est possible que la bénédiction que l'on vient de faire pourrait ne pas être nécessaire
4Ramo''`, `ôrah Hayim 25:5
5Barokhôth 60b
6Il avait quitté Babylone pour se rendre en Palestine afin de soumettre la question et savoir quelle était la décision finale. Ayant reçu la réponse des Sages de Palestine, il la fit envoyer par courrier à Babylone
7Hilkôth Tafillin Oumazouzoh Waséfar Tôroh 4:4-6
8C'est également tranché dans Manohôth 36a

9Ibid.
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