vendredi 20 mai 2016

La Paroshoh avec le Ramba''m : `amôr

ב״ה

La Paroshoh avec le Ramba''m

`amôr


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La Parashath `amôr commence par le Din de la טֻמְאַת כֹּהַנִים « Toum`ath Kôhanim » (impureté des prêtres), qui interdit aux membres de la caste sacerdotale d'entrer en contact avec un cadavre humain. Comme nous aurions pu nous y attendre, la Tôroh permet cependant aux Kôhanim de devenir Tomé` (rituellement impur) pour enterrer des membres de leurs familles. C'est en accord total avec les valeurs toraniques fondamentales sur la famille et le respect dû aux morts, de sorte qu'en dépit de leur haute stature spirituelle les Kôhanim se doivent de s'occuper de l'enterrement de leurs proches, alors qu'en temps normal ils se doivent d'éviter toutes les sources de Toum`oh (impureté rituelle).

Mais il est surprenant de constater qu'une telle exception n'est pas accordée au Kôhén Godhôl, qui doit adhérer aux règles très strictes du code sacerdotal même face à des tragédies personnelles. Voici ce qui est dit dans la Tôroh1 :

Quant au Kôhén supérieur à ses frères, sur la tête duquel aura coulé l'huile d'onction, et qu'on aura investi du droit de revêtir les insignes, il ne doit point découvrir sa tête ni déchirer ses vêtements; il n'approchera d'aucun corps mort; pour son père même et pour sa mère il ne se rendra point impur; et il ne quittera point le sanctuaire, pour ne pas profaner le sanctuaire de son Dieu, car il porte le sacre de l'huile d'onction de son Dieu: Je suis `adhônoy.
וְהַכֹּהֵן הַגָּדוֹל מֵאֶחָיו אֲשֶׁר-יוּצַק עַל-רֹאשׁוֹ שֶׁמֶן הַמִּשְׁחָה, וּמִלֵּא אֶת-יָדוֹ, לִלְבֹּשׁ, אֶת-הַבְּגָדִים--אֶת-רֹאשׁוֹ לֹא יִפְרָע, וּבְגָדָיו לֹא יִפְרֹם. וְעַל כָּל-נַפְשֹׁת מֵת, לֹא יָבֹא: לְאָבִיו וּלְאִמּוֹ, לֹא יִטַּמָּא. וּמִן-הַמִּקְדָּשׁ, לֹא יֵצֵא, וְלֹא יְחַלֵּל, אֵת מִקְדַּשׁ אֱלֹהָיו: כִּי נֵזֶר שֶׁמֶן מִשְׁחַת אֱלֹהָיו, עָלָיו--אֲנִי יהוה

Même au décès d'un proche parent, le Kôhén Godhôl doit rester dans le sanctuaire et s'abstenir d'assister aux funérailles. Il lui est même interdit d'assumer la moindre pratique de deuil !

Il ressort clairement que le Din strict du Kôhén Godhôl (qui ne s'applique évidemment qu'à lui) a pour but d'établir un modèle de l'état d'esprit qui devrait animer même les membres les plus simples du peuple d'Israël. Le statut privilégié du Kôhén Godhôl en tant que serviteur en chef de Dieu dans le sanctuaire l'immunise contre les peines et les douleurs que les gens expérimentent normalement lorsqu'ils souffrent d'une perte personnelle. En restant dans le sanctuaire pour servir Dieu, le Kôhén Godhôl démontre que la joie et le privilège de la ´avôdhath HaShem éclipse même les tragédies les plus dures, de sorte qu'il puisse rester focalisé et ne pas se détourner de son rôle même face à des épreuves personnelles.

Ce principe s'applique bien à tous les Israélites. La Tôroh permet et exige même de tous les Israélites, excepté le Kôhén Godhôl, d'observer une période de deuil lors du décès d'un membre de la famille, mais dans le même temps elle nous demande de ne pas perdre de vue le privilège sans pareil que représente le fait de servir Dieu. Tout en reconnaissant l'importance du deuil pour ceux qu'on aime, la Tôroh nous invite à suivre l'exemple du Kôhén Godhôl dans la façon de concevoir les difficultés et épreuves de la vie. L'énorme privilège que nous avons de mener des vies au service de Dieu doit nous faire relativiser toutes les difficultés et nous permettre de les affronter avec force, courage et détermination.

Le Ramba''m ז״ל exprime cette notion dans le cadre de son exposé sur le livre de `iyôv. Au début, `iyôv ע״ה répond à ses souffrances en reniant complètement la Divine Providence, et le Ramba''m suggère que `iyôv parvint à cette conclusion erronée en raison de sa compréhension imparfaite ou biaisée de Dieu. Il écrit2 :

Ce n'était là qu'une opinion qui surgit de prime abord, surtout chez un homme frappé de malheurs et intimement convaincu de son innocence, et c'est ce que personne ne contestera ; c'est pourquoi cette opinion est attribuée à `iyôv. Cependant celui-ci ne proférait tous ces discours que tant qu'il était dans l'ignorance et qu'il ne connaissait Dieu que par tradition, comme Le connait la foule des hommes religieux ; mais dès qu'il eut de Dieu une connaissance certaine, il reconnut que la vraie félicité, qui consiste dans la connaissance de Dieu, est réservée à tous ceux qui Le connaissent, et qu'aucune de toutes ces calamités ne saurait la troubler chez l'homme. Ces félicités imaginaires, comme la santé, la richesse, les enfants, `iyôv les avait considérées comme but, tant qu'il ne connaissait Dieu que par tradition et non par la réflexion ; c'est pourquoi il tomba dans tous ces égarements et proféra ces discours [blâmables].

Le Ramba''m déclare que celui qui atteint une connaissance parfaite de Dieu et Sa Providence obtient une telle « félicité » qu' « aucune de toutes ces calamités ne saurait la troubler chez l'homme » ; il n'est pas affecté même par les épreuves et et difficultés les plus dures, même celles qui assaillirent `iyôv. La joie et la vivification causée par cette connaissance lui permet de ne tenir compte d'aucun tourment et souffrance amère.

Évidemment, très peu de personnes peuvent se targuer d'avoir atteint un tel niveau idéal. Le Ramba''m lui-même, dans une lettre fameuse, décrit l'angoisse et la douleur qu'il a ressenties en apprenant le décès tragique de son frère. Néanmoins, nous pouvons tous apprendre du modèle du Kôhén Godhôl à reconnaître le privilège qui nous a été accordé de servir le Tout-Puissant, qui doit nous permettre de relativiser les nombreuses épreuves et difficultés mineures auxquelles nous sommes confrontés chaque jour.

1Wayyiqro` 21:10-12

2Môréh Navoukhim Volume 3 Chapitre 23
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