dimanche 29 mars 2020

La Mazouzoh & le Coronavirus


ב״ה

La Mazouzoh & le Coronavirus : Superstition, quand tu nous tiens !


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L'un des aspects fascinants du coronavirus et de son impact sur notre société est l'impact qu'il a sur la vie religieuse des gens à travers le monde. En Israël, le Grand Rabbin ashkénaze a demandé aux Juifs d'arrêter d'embrasser les Mazouzôth à cause du coronavirus, avouant ce que peu d'orthodoxes ne voulaient admettre jusqu'à présent, à savoir qu'aucune source traditionnelle ne demande d'embrasser les Mazouzôth.1 D'autres rabbins prodiguent à leurs fidèles des méthodes magiques et superstitieuses pour se prémunir du coronavirus.2 En tous les cas, les Juifs sont appelé les Juifs à ne pas toucher la Mazouzoh ou un Séphar Tôroh avec leurs mains.

Un Rov en Israël a raconté comment quelqu'un lui avait demandé de prêter un Séphar Tôroh à son fils ayant une Bar Miswoh. Compte tenu des circonstances, la Bar Miswoh n'avait pas pu avoir lieu à la synagogue. Le Rov lui a dit qu'il rattraperait les portions de la Tôroh qui n'ont pas pu être lues et que son fils lirait et célébrerait avec lui - mais pas pour le moment. De plus, il lui a dit qu'il ne devrait même pas s'entraîner à lire la Tôroh pour le moment. En l'absence d'un Séphar Tôroh, il suffit qu'une personne lise la portion de la Tôroh dans un Houmosh (texte imprimé), une opinion que de nombreux Ri`shônim ont approuvée.

Ce genre de réponses est ce qu'un leader rabbinique responsable devrait promouvoir. Cependant, certains rabbins HaBa''D-Loubavitch et Aish HaTora exhortent leurs disciples à faire vérifier leurs Mazouzôth pour voir si elles sont Kashérôth ou non. Ils soutiennent que l'absence d'une Mazouzoh « Kashéroh » rend physiquement vulnérable à toutes sortes de maladies possibles, comme le coronavirus. Plusieurs de leurs articles sur internet omettent volontairement de mentionner que personne ne devrait même toucher ses Mazouzôth ou un Séphar Tôroh en ce moment- de pandémie, d'autant plus qu'embrasser la Mazouzoh sur la porte est un moyen de propager le coronavirus.

Malgré le bon travail que font HaBa''D et Aish, ce ne sont pas les seuls groupes de Juifs Harédhim qui croient en l'efficacité inhérente de la Mazouzoh pour prévenir la pandémie actuelle, mais ils sont probablement les plus virulents concernant le pouvoir protecteur supposé de la Mazouzoh. Et pour certains, la création de talismans tels que le fameux « bracelet rouge » du Centre de la Kabbale s’est avérée être une entreprise lucrative. Leur bracelet de « kabbale » est fabriqué à partir de ficelle rouge tressée pour protéger ceux qui le portent « du mauvais œil ». Au centre de la Kabbale, le bracelet rouge se vend pour un dérisoire prix de 26$ !

Il est difficile d'imaginer comment de telles croyances rétrogrades restent encore ancrées dans le psyché humain, d'autant que toutes ces mesures de protection magique se sont avérées inefficaces, puisque les Harédhim font partie des plus touchés par ce virus dans la communauté juive mondiale.

Dans le judaïsme, il y a quelque chose de grave quand la Mazouzoh est transformée en amulette ou en talisman destiné à conjurer les effets du « mauvais œil ». La Mazouzoh n'est pas une amulette conçue pour nous protéger du mal. Le Rambo''m, le plus grand philosophe médiéval du judaïsme, fut aux prises avec des gens de son temps qui croyaient que la Mazouzoh avait des propriétés curatives. Il nous avertit de ne pas dégrader ces traditions religieuses en une pratique superstitieuse :3

Celui qui prononce une incantation sur une plaie ou récite des versets de la Tôroh, de même, celui qui récite [un verset] sur un enfant pour le préserver de la peur, et celui qui pose un rouleau de la Tôroh ou des Taphillin sur un enfant pour qu’il s’endorme, ne font pas seulement partie des augures et des charmeurs, mais [plus encore,] font partie de ceux qui nient la Tôroh, car ils considèrent les paroles de la Tôroh une guérison pour le corps, alors qu’elles sont une guérison pour l’âme, comme il est dit4 : « Elles seront la vie pour ton âme ». En revanche, une personne en bonne santé qui a lu des versets et un Mizmôr parmi les Tillim afin d’être protégé par le mérite de leur lecture, et d’être sauvé des malheurs et des dommages, voici, ceci est autorisé.
הַלּוֹחֵשׁ עַל הַמַּכָּה וְקוֹרֶא פָּסוּק מִן הַתּוֹרָה, וְכֵן הַקּוֹרֶא עַל הַתִּינוֹק שֶׁלֹּא יִבָּעֵת, הַמַּנִּיחַ סֵפֶר תּוֹרָה אוֹ תְּפִלִּין עַל הַקָּטָן בִּשְׁבִיל שֶׁיִּישַׁן--לֹא דַּי לָהֶן שְׁהֶן בִּכְלַל חוֹבְרִים וּמְנַחֲשִׁים: אֵלָא שְׁהֶן בִּכְלַל הַכּוֹפְרִים בַּתּוֹרָה, שְׁהֶן עוֹשִׂין דִּבְרֵי תּוֹרָה רִפְאוּת גּוּף, וְאֵינָן אֵלָא רִפְאוּת נְפָשׁוֹת, שֶׁנֶּאֱמָר "וְיִהְיוּ חַיִּים, לְנַפְשֶׁךָ". אֲבָל הַבָּרִיא שֶׁקָּרָא פְּסוּקִין אוֹ מִזְמוֹר מִתִּלִּים, כְּדֵי שֶׁתָּגֵן עָלָיו זְכוּת קְרִיאָתָן, וְיִנָּצֵל מִצָּרוֹת וּנְזָקִים--הֲרֵי זֶה מֻתָּר.

Quand nous ne comprenons pas quelque chose, comme des enfants qui ont peur du noir, nous remplissons nos chambres obscures de toutes sortes de créatures imaginaires qui veulent absolument nous faire du mal, ainsi que de méthodes insensées pour s'en prémunir. Malgré les siècles d’évolution scientifique de notre espèce, à un certain niveau primitif, nous conservons encore des superstitions archaïques qui auraient dû être rejetées il y a des millénaires.

Gardez à l'esprit que même lorsqu'un fléau est d'origine Divine, il y a TOUJOURS des causes naturelles, car Hashshém passe toujours par la nature que Lui-même a créée. Ainsi, recourir à de la magie n'a aucun sens ; il suffit juste de comprendre la nature et se protéger donc de façon naturelle. Par exemple, il est connu depuis Hippocrate et Claude Galien qu'une mauvaise qualité de l'air contribue amplement à l'expansion d'une contagion. Ainsi, plus un endroit est pollué, plus facilement et rapidement une contagion se répandra. Le fait de recourir à des superstitions ou de la magie pour combattre une maladie indique que ceux qui ont recourt à de tels procédés ignorent totalement l'étiologie de la maladie.

Qu'aucun d'entre vous ne fasse vérifier ses Mazouzôth ou Siphré Tôroh en ce moment ! Et si vous insistez néanmoins pour le faire, prenez soin de le faire en portant des gants de protection en plastique.

Certains rabbins seraient avisés de commencer à accepter une vision plus scientifique du monde quant à la propagation des maladies ; cela permettrait de mieux protéger les Harédhim de certains virus et maladies, beaucoup trop nombreux dans leur communauté. La connaissance de la science est une bougie destinée à dissiper l'obscurité de l'ignorance humaine. La religion est dévoyée lorsque nous retenons les cendres du passé et non ses braises !

Vous pouvez (re)lire les articles suivants :
3Mishnéh Tôroh, Hilkôth ´avôdhoh Zoroh Wahouqqôth Haggôyim 11:13
4Mishlé 3:22

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