בס״ד
Emission de semence en vain : Une approche
rationaliste
La véritable raison pour laquelle le Ṭalmoudh « interdit »
la masturbation
Cet article peut être téléchargé ici.
Pour (re)lire :
Dans le dernier
article, il a été démontré que le « péché » de Hôṣo`ath Zara´
Labbattoloh n'a rien à voir avec le meurtre. Nous avions terminé par la
question de savoir pourquoi les Ḥakhomim du Ṭalmoudh l'ont comparé à
un meurtre et avions promis d'y répondre dans de futurs articles. Plus important
encore, nous nous devons de décrire exactement ce qu'est le « péché »
et ce qu'est l’ « interdiction » et ses véritables origines.
Puisqu'il est clair que nulle part dans la Ṭôroh (voir la deuxième
partie de cette série d’articles) il n'y a une interdiction claire de
la masturbation, les origines du péché doivent donc être définies.
Pour ce faire, une
analyse des sources talmudiques est nécessaire. Veuillez revenir en arrière et relire
la quatrième
partie concernant la Gamoro` de Niddoh 13a-b. Je
crois que nous pouvons commencer à comprendre ce que la Gamoro` de
Niddoh interdisait, si nous revenons au sens des mots « Hôṣo`ath Zara´
Labbattoloh ». Le terme est généralement traduit par « émettre
de la semence pour rien / en vain ». Il est important de noter que le
seul endroit dans la littérature talmudique et mishnique où ce terme apparaît
est dans la Gamoro` de Niddoh que nous avions analysée. Dans la
littérature halakhique médiévale (l’époque des Ri`shônim), ce terme a été
compris comme signifiant que « gaspiller » le sperme est un
péché, c'est-à-dire toute émission de sperme à des fins autres que la
procréation, et s'apparente donc en quelque sorte au meurtre. Nous avons déjà
mentionné trois exemples dans la cinquième
partie qui prouvent que le Ṭalmoudh n'a clairement pas compris le terme
de cette manière. Ces preuves étaient a) l'autorisation explicite du Ṭalmoudh
permettant des relations sexuelles anales avec son conjoint, b) L’autorisation
du Ṭalmoudh de l'éjaculation dans le cadre d'un examen visant à déterminer le
statut médical de l’homme c) La compréhension du Ṭalmoudh que les émissions
séminales non intentionnelles pourraient être une chose positive. J'ajouterai
quelques preuves supplémentaires ici, car je pense qu’il est important pour les
lecteurs de ce blog de les garder à l’esprit.
·
Dans Yavomôth 34a (et dans d'autres endroits), le Ṭalmoudh
affirme qu'une épouse ne tombe jamais enceinte dès le premier rapport sexuel.
Laissant de côté l'exactitude scientifique discutable de cette déclaration, les
Ḥakhomim croyaient que c'était le cas. De toute évidence, ils n'étaient
pas préoccupés par le « gaspillage de semence » lorsqu'un
nouveau marié a des relations sexuelles avec son épouse pour la première fois.
·
Dans Yavomôth 34b, la Gamoro` apporte une Barrayṭo`
de Niddoh dans laquelle Ribbi `ali´azar ז״ל recommande
que pendant les 24 mois après qu'une femme a eu un enfant (pendant lesquels
elle allaitait l'enfant), on devrait pratiquer ce que l'on appelle maintenant
la « méthode de retrait » (avoir des rapports sexuels et se
retirer et éjaculer à l'extérieur). Ribbi `ali´azar craignait que si
elle tombait enceinte pendant cette période, elle ne puisse pas allaiter son
enfant tout en supportant une autre grossesse en même temps. Notez que c'est le
même Ribbi `ali´azar qui a dit dans Niddoh : « quiconque
tient son pénis et urine, on considère qu'il est en train de causer un déluge sur
le monde. (...) Il est préférable que les gens soupçonnent que ses enfants soient
des Mamzérim, plutôt qu’il ne se rende mauvais même un instant devant
l'Omniprésent ». De toute évidence, même les opinions rabbiniques les
plus strictes citées par la Gamoro` ne croyaient pas que
l'interdiction avait quoi que ce soit à voir avec le « gaspillage de
semence ».
·
Yavomôth 12b (et
d'autres endroits) permet des rapports sexuels normaux et l'utilisation de la
contraception avec un conjoint pour qui il est dangereux de tomber enceinte
·
les rapports sexuels normaux avec son conjoint qui ne peut pas avoir
d'enfants sont autorisés
·
les rapports sexuels normaux avec une femme ménopausée sont autorisés
Une fois que nous
avons établi que l’ « interdiction » n'a rien à voir avec le « gaspillage
de semence », nous pouvons maintenant comprendre la vraie
signification de la Gamoro` et pourquoi l'acte de masturbation était
considéré comme un péché. La Gamoro` a commencé par l'interdiction
de toucher inutilement ses organes génitaux. La Gamoro` a discuté
avec dédain de la pratique de s’exciter volontairement. La Gamoro` a
déclaré clairement que ces interdictions ne s'appliquaient pas au fait de toucher
ses parties génitales lorsqu'il n'y avait pas de crainte d’auto-excitation, et
elle a également clairement déclaré que l'excitation de soi n'était pas un
problème quand c'est dans le contexte du mariage, quand il n'y aurait pas de
péché impliqué dans l'accomplissement du plaisir sexuel avec son conjoint. Il
est donc évident de comprendre qu'il ne s'agit pas ici de « gaspillage
de la semence », mais plutôt que les Ḥakhomim nous
apprennent que s’exciter dans un contexte qui peut conduire à un comportement
sexuel inapproprié (adultère, débauche sexuelle avec différents partenaires
féminins, pédophilie, etc.) est mal.
Le terme לַבַּטָּלָה « Labbattoloh »
ne signifie pas gaspillage dans le sens où l'on craint que du sperme ne soit
renversé, ce qui n'entraînera pas de grossesse. Cela signifie plutôt que la personne
qui se livre délibérément à ce comportement prend ses pulsions sexuelles
normales, qui peuvent et devraient être utilisées dans le contexte approprié
d'une relation sexuelle saine, et qu'elle la gaspille à des fins qui peuvent
l'égarer. Finalement, cela peut conduire à des choses terribles si l'on prend
l'habitude de satisfaire ses pulsions sexuelles de manière malsaine.
Les différentes
déclarations suivent alors logiquement. Le Ṭalmoudh poursuit en comparant la
masturbation aux trois péchés cardinaux, l'adoration des idoles, le meurtre et
l'adultère. Bien que cela semble assez grave, aucune personne raisonnable
n'imaginerait que cela est censé être pris à la lettre. Le Ṭalmoudh fait
tellement de déclarations de ce genre, par exemple :
·
Bavo` Maṣi´a` 58b :
le Ṭanno` a enseigné une Barrayṭo` devant Rov Naḥmon bar Yiṣḥoq :
Quiconque humilie un autre en public, c'est comme s'il versait du sang.
·
Sôtoh 46b : Ribbi Yôḥonon
dit au nom de Ribbi Mé`ir : Quiconque n'accompagne pas un invité lorsqu'il
quitte son domicile ou ne se laisse pas accompagner est comme un déverseur de
sang.
·
Shabboth 105b : Ribbi
Shim´ôn ban `al´ozor dit au nom de Ḥilpho` bar ´aghro`, qui a dit au nom de Ribbi
Yôḥonon ban Nouri : Celui qui déchire ses vêtements dans sa colère, ou qui
brise ses vases dans sa colère, ou qui disperse son argent dans sa colère,
devrait être comme un adorateur d'idoles à tes yeux, car c'est la ruse du
mauvais penchant. Aujourd'hui, il lui dit de faire cela, et demain il lui dit
de faire cela, jusqu'à ce que finalement, quand il ne se contrôle plus, il lui
dise d'adorer les idoles et il va adorer les idoles.
La liste de ces
déclarations peut durer indéfiniment, je viens donc d'apporter quelques
exemples célèbres de déclarations similaires. La troisième citation, tirée de Shabboth
105b cependant, je pense qu'elle est particulièrement pertinente pour notre
discussion. Ribbi Yôḥonon ban Nouri nous enseigne une leçon très similaire à
celle enseignée dans Niddoh concernant la masturbation délibérée dans un
contexte qui peut nous conduire sur un chemin destructeur. Tout comme briser
des récipients dans la colère n'est pas techniquement parlant une interdiction
en soi, un tel comportement, s'il devient habituel, peut conduire quelqu'un sur
un chemin destructeur. De même, la masturbation, lorsqu'elle est effectuée dans
un contexte inapproprié, peut entraîner une personne sur une voie dangereuse.
L'expression
correcte de la sexualité du point de vue des Ḥakhomim se situe dans
le contexte du mariage (ou du moins, dans le contexte d'une relation adulte,
consentante et engagée si l'on admet certaines circonstances historiques et halakhiques,
comme une relation de Pilaghshouth). C'est pourquoi les Ḥakhomim ont
encouragé le mariage à un jeune âge, de sorte que le comportement sexuel
souvent promiscuité qui est susceptible de se produire lorsque les jeunes
restent célibataires ne les conduirait pas sur un chemin destructeur. Je vous
invite à (re)lire l’article intitulé « L’âge
approprié pour se marier ».
Il est extrêmement courant pour un jeune homme en bonne santé d'avoir une envie
sexuelle normale et, en raison de cette stimulation, de se masturber. Si un
jeune homme avec une pulsion sexuelle normale et saine apprend ce que sont
censées être des interactions sexuelles sûres, saines et appropriées, il n'y a
aucune raison pour que cet acte mène dans une direction inappropriée. En fait,
lorsqu'elle est correctement dirigée, elle lui donnera, espérons-le, l'occasion
de réfléchir à ce qu'est une relation sexuelle saine. Un jour, il trouvera le
bon partenaire et s'engagera dans ce qui est censé être l'un des aspects les
plus gratifiants d'une vraie relation adulte.
Au lieu de cela,
trop souvent, ce que nous enseignons à ce jeune homme est la culpabilité et la
honte. Aucune tentative n'est faite pour lui apprendre que les pulsions
sexuelles font partie intégrante de l'être humain. Aucune tentative n'est faite
pour lui apprendre que rechercher une satisfaction saine de ces pulsions est
non seulement acceptable mais encouragé par Hashshém ית׳. Que les
pulsions qu’il ressent sont l’indication que l’être humain n’a pas été créé pour
être seul mais en couple, avec un partenaire, et qu’il devrait ainsi penser
dans le long terme à se trouver quelqu’un avec qui vivre une relation sérieuse
et Koshér plutôt que de rester célibataire. Lui dire cela le rend-il plus
susceptible de prendre le mauvais chemin et de rechercher la satisfaction de
ses désirs sexuels de manière inappropriée ? Absolument pas ! Cela le
conduira-t-il à être plus susceptible de commettre de vrais péchés ? Absolument
pas !
Nous avons la
responsabilité d’enseigner à nos jeunes que la masturbation, dans certains
contextes et à une fréquence raisonnable, est un comportement sain normal. Par
conséquent, si un jeune homme orthodoxe se sentait coupable de se masturber et
qu'il allait parler à un responsable bien formé, il lui dirait que c'est normal
et ne pas s'en inquiéter. Le responsable saisirait alors l’opportunité de lui
enseigné le comportement sexuel normal, l’influence des hormones et lui
permettrait ainsi de bien gérer sa culpabilité. Si au contraire on lui apprend
que ce qu'il a fait est un péché terrible semblable à un meurtre, il sera alors
coincé dans une terrible spirale de sentiments de honte, de haine de soi, de faiblesse
et peut-être même de colère. Dans beaucoup de cas, ces sentiments peuvent conduire
à des actes graves, à quitter le chemin de la Ṭôroh, à l’hypocrisie, à la
promiscuité, à la débauche ou pire. Il y a de nombreux récits et témoignages de
ce genre.
Une de ces histoires
que je vous conseille de lire (si vous comprenez l’anglais) se trouve ici.
Dans ce cas, la culpabilité à l'égard de la masturbation a conduit à agir par
colère et à adopter un mauvais comportement social. Heureusement, ce jeune
homme a pu obtenir par la suite une aide appropriée. Ce qui m'a le plus frappé,
c'est comment, après avoir reçu un enseignement approprié, il a appris à
respecter les femmes de manière appropriée. Cet
autre article-ci (en anglais, sur l’importance de mettre en place une
éducation sexuelle saine pour les garçons Juifs orthodoxes) peut également vous
conduire à plus d'informations sur ce sujet.
Maintenant que nous
avons traité de ce sujet d’un point de vue biblique et talmudique, nous allons
passer à la période des Ri`shônim dans le prochain article.