mercredi 4 novembre 2020

Emission de semence en vain - L’opinion du Rambo’’m

 

בס״ד

 

Emission de semence en vain : Une approche rationaliste

 


L’opinion du Rambo’’m

 

Cet article peut être téléchargé ici.

 

Pour (re)lire :

·        La première partie

·        La deuxième partie

·        La troisième partie

·        La quatrième partie

·        La cinquième partie

·        La sixième partie

 

J'ai déjà décrit l'opinion du Rambo’’m ז״ל dans la quatrième partie. Cependant, c'était bref et il y aurait davantage à dire. La grande surprise de cet article est à la fin, donc ce sera une récompense pour ceux qui seront assez patients pour lire l'intégralité de l’article ! Attention : vous ne comprendrez pas la surprise si vous passez à la fin sans lire la préface.

 

Comprendre correctement le Rambo’’m est une étape cruciale avant de commencer à décrire les opinions des Ri`shônim standards (la littérature rabbinique du 11ème siècle au 16ème siècle), car le Rambo’’m est très différent de ce que nous trouvons dans les autres Ri`shônim.

 

L'opinion du Rambo’’m sur cette question peut être mieux comprise en divisant ses idées concernant la masturbation en trois catégories. 1) Des raisons de santé, 2) l'éjaculation pour éviter de remplir l'obligation d'avoir des enfants, 3) une stimulation délibérée du désir sexuel dans des contextes inappropriés, ce qui inclut souvent la masturbation, peut conduire à l'immoralité sexuelle.

 

·        Des raisons de santé

 

Le Rambo’’m déclare ce qui suit :[1]

 

26. La matière séminale est la force du corps et sa vie, et la lumière des yeux. Chaque fois qu'il en extrait excessivement, le corps se gâte, sa force diminue, et ses années se perdent. C'est ce qu'a dit Shalômôh dans sa sagesse :[2] « Ne donne pas ta vigueur aux femmes, et tes voies à celles qui perdent les rois ».

כו  שִׁכְבַת זֶרַע, הִיא כּוֹחַ הַגּוּף וְחַיָּיו וּמְאוֹר הָעֵינַיִם; וְכָל זְמָן שֶׁתֵּצֵא בְּיוֹתֵר, הַגּוּף בּוֹלֶה וְכוֹחוֹ כּוֹלֶה וְחַיָּיו אוֹבְדִים. הוּא שֶׁאָמַר שְׁלֹמֹה בְּחָכְמָתוֹ, אַל-תִּתֵּן לַנָּשִׁים חֵילֶךָ; וּדְרָכֶיךָ, לַמְחוֹת מְלָכִין.

27. Quiconque se livre abondamment aux rapports sexuels, la vieillesse se précipite sur lui, sa force diminue, ses yeux faiblissent, et une mauvaise odeur se dégage de sa bouche et de ses aisselles. Les cheveux de sa tête, ses sourcils et ses cils tombent. Quant aux poils de sa barbe et de ses aisselles, ainsi que ceux de ses jambes, ils poussent en abondance. Ses dents tombent, et il souffre de bien d'autres maux en plus de ceux-ci.

כז  כָּל הַשָּׁטוּף בִּבְעִילָה--זִקְנָה קוֹפֶצֶת עָלָיו, וְכוֹחוֹ תָּשֵׁשׁ וְעֵינָיו כֵּהוֹת וְרֵיחַ רָע נוֹדֵף מִפִּיו וּמִשְּׁחָיָיו; וּשְׂעַר רֹאשׁוֹ וְגַבּוֹת עֵינָיו וְרִיסֵי עֵינָיו נוֹשֵׁר, וּשְׂעַר זְקָנוֹ וּשְׁחָיָיו וּשְׂעַר רַגְלָיו רוֹבֶה; וְשִׁנָּיו נוֹפְלוֹת. וְהַרְבֵּה כְּאֵבִים חוּץ מֵאֵלּוּ בָּאִין עָלָיו.

28. Les sages parmi les médecins ont dit : « Un sur mille meurt d'autres maladies, et mille meurent d'un excès de rapports sexuels ». C'est pourquoi l'être humain doit prêter attention à cela s'il désire être en bonne santé. Il ne doit avoir de rapports sexuels que lorsque son corps est sain et très vigoureux. Celui qui a de nombreuses érections involontaires, [au point que même lorsqu']il fait l'effort de penser à autre chose son érection persiste, il ressent une lourdeur au niveau des reins et en-dessous, les tendons de ses testicules semblent s'étirer, et son corps est chaud, celui-ci a besoin d'avoir des rapports sexuels, et en avoir sera pour lui un remède.

כח  אָמְרוּ חַכְמֵי הָרוֹפְאִים, אֶחָד מֵאֶלֶף מֵת בִּשְׁאָר חֳלָאִים; וְהָאֶלֶף, מֵרֹב הַתַּשְׁמִישׁ. לְפִיכָּךְ צָרִיךְ אָדָם לְהִזָּהֵר בְּדָבָר זֶה, אִם רָצָה לִהְיוֹת בְּטוֹבָה. וְלֹא יִבְעֹל אֵלָא כְּשֶׁיִּמְצָא גּוּפוֹ בָּרִיא וְחָזָק בְּיוֹתֵר, וְהוּא מִתְקַשֶּׁה הַרְבֵּה שֶׁלֹּא לְדַעְתּוֹ, וּמַסִּיחַ עַצְמוֹ לְדָבָר אַחֵר, וְהַקִּשּׁוּי כְּשֶׁהָיָה; וְיִמְצָא כֹּבֶד מִמָּתְנָיו וּלְמַטָּה וּכְאִלּוּ חוּטֵי הַבֵּיצִים נִמְשָׁכִים, וּבְשָׂרוֹ חַם. זֶה צָרִיךְ לִבְעֹל, וּרְפוּאָה לוֹ שֶׁיִּבְעֹל.

29. Un être humain ne doit pas avoir de rapports sexuels lorsqu'il est plein, ni lorsqu'il a faim, mais plutôt après que la nourriture ait été digérée dans ses intestins. Il doit vérifier s'il doit faire ses besoins avant les rapports sexuels et après les rapports sexuels. Il ne doit pas avoir de rapports sexuels debout, ni assis, ni dans un établissement de bains, ni le jour où l'on se rend aux bains, ni le jour d'une saignée, ni un jour de départ ou de retour d'un voyage, ni avant, ni après.

כט  לֹא יִבְעֹל אָדָם וְהוּא שָׂבֵעַ, וְלֹא רָעֵב--אֵלָא אַחַר שֶׁיִּתְאַכַּל הַמָּזוֹן בְּמֵעָיו. וְיִבְדֹק נְקָבָיו קֹדֶם בְּעִילָה, וְאַחַר בְּעִילָה. וְלֹא יִבְעֹל מֵעוֹמֵד וְלֹא מִיּוֹשֵׁב, וְלֹא בְּבֵית הַמֶּרְחֵץ וְלֹא בְּיוֹם שֶׁיִּכָּנֵס לַמֶּרְחֵץ, וְלֹא בְּיוֹם הַקָּזָה, וְלֹא בְּיוֹם יְצִיאָה לַדֶּרֶךְ אוֹ בִּיאָה מִן הַדֶּרֶךְ; לֹא לִפְנֵיהֶם, וְלֹא לְאַחֲרֵיהֶם.

 

Dans ce passage, le Rambo’’m cite ses connaissances médicales. C'était la vision acceptée de l'époque dans le monde médical, principalement influencée par Platon, Aristote, Galen et d'autres, qu’une éjaculation excessive privait le corps de sa force et provoquait des maladies, mais que contenir trop de sperme dans les testicules sans éjaculation était également malsain. La croyance en une relation entre la vue et la « semence mâle » était également répandue dans le monde antique. Ainsi, une des raisons avancées par les rabbins d'aujourd’hui pour éviter la masturbation est qu’il y aurait un lien avec la santé d’après le Rambo’’m. Mais notez que le Rambo’’m ne parle nulle part dans ce passage de « masturbation », mais de rapports sexuels fréquents. C’est une nuance essentielle à mentionner ! Par conséquent, cet extrait du Mishnéh Ṭôroh ne peut en aucun cas être employé pour interdire la masturbation.

 

Il est intéressant de noter, en outre, que le souci de santé du Rambo’’m peut justement exiger qu’un homme éjacule. Comme il le déclare dans le chapitre précédent :

 

De même, lorsqu'il a des rapports sexuels il n'en aura que pour la santé de son corps et afin de préserver la race [humaine]. C'est pourquoi, il n'aura pas de rapports sexuels chaque fois qu'il le désire, [mais] plutôt chaque instant où il sait qu'il a besoin d'émettre de la semence, par exemple en guise de remède, ou pour la préservation de la race [humaine].

וְכֵן כְּשֶׁיִּבְעֹל, לֹא יִבְעֹל אֵלָא כְּדֵי לְהַבְרוֹת גּוּפוֹ וּכְדֵי לְקַיַּם אֶת הַזֶּרַע; לְפִיכָּךְ אֵינוּ בּוֹעֵל כָּל זְמָן שֶׁיִּתְאַוֶּה, אֵלָא בְּכָל עֵת שֶׁיֵּדַע שְׁהוּא צָרִיךְ לְהוֹצִיא שִׁכְבַת זֶרַע כְּמוֹ דֶּרֶךְ הָרִפְאוּת, אוֹ לְקַיַּם אֶת הַזֶּרַע.

 

Dans les écrits médicaux du Rambo’’m, il décrit comment le sperme conservé trop longtemps dans les testicules peut être dangereux, et doit parfois être éjaculé pour des raisons de santé, en cela il fait écho aux paroles de Galen et d'autres.

 

Ainsi, nous pouvons déduire que la masturbation en elle-même n’est pas le problème que soulève ici le Rambo’’m, mais l’éjaculation trop fréquente, qui serait mauvaise pour la santé. Mais de l’autre côté, conserver trop de sperme est extrêmement mauvais, et il peut être bénéfique d’en extraire en se provoquant une éjaculation.

 

·        Eviter la procréation

 

La deuxième raison pour laquelle le Rambo’’m pourrait soutenir que la masturbation est problématique est lorsqu'elle est pratiquée dans le but d'empêcher le respect de l'obligation d'avoir des enfants. L'origine de ceci est évidemment l'histoire de `ônon dans la Ṭôroh. Voir la deuxième partie concernant les détails du récit biblique.

 

Lorsque le Rambo’’m introduit l’interdiction de la masturbation à proprement parler, c’est précisément dans le contexte des relations sexuelles quand elles ont lieu avec l’intention d’éviter d’avoir des enfants et contourner ainsi la Miṣwoh de Parou Ourvou (« fructifiez et multipliez »). C'est clairement parce que l'origine biblique de l'idée provient de l'histoire de `ônon, comme nous l'avions décrit. Voici comment le Rambo’’m lui-même introduit le sujet :[3]

 

Il est interdit d’émettre de la matière séminale pour rien. Par conséquent, un homme ne battra à l’intérieur pour répandre à l’extérieur,[4] et il n’épousera pas une mineure, qui n’est pas apte à enfanter. En revanche, ceux qui adultèrent par la main et émettent de la matière séminale, non seulement il s’agit d’un interdit majeur, mais celui qui fait cela est mis au ban.[5] Et c’est les concernant qu’il a été dit :[6] « Vos mains sont remplies de sangs », et ils sont comme ceux qui ont tué une âme.

אָסוּר לְהוֹצִיא שִׁכְבַת זֶרַע לְבַטָּלָה; לְפִיכָּךְ לֹא יִהְיֶה אָדָם דָּשׁ מִבִּפְנִים וְזוֹרֶה מִבַּחוּץ, וְלֹא יִשָּׂא קְטַנָּה שְׁאֵינָהּ רְאוּיָה לְוֶלֶד.  אֲבָל אֵלּוּ שֶׁמְּנָאֲפִין בַּיָּד, וּמוֹצִיאִין שִׁכְבַת זֶרַע--לֹא דַּי שְׁהוּא אִסּוּר גָּדוֹל, אֵלָא שֶׁעוֹשֶׂה זֶה בְּנִדּוּי הוּא יוֹשֵׁב; וַעֲלֵיהֶם נֶאֱמָר "יְדֵיכֶם, דָּמִים מָלֵאוּ" (ישעיהו א,טו), וּכְאִלּוּ הָרְגוּ נֶפֶשׁ.

 

De même, un peu plus tôt dans son Mishnéh Ṭôroh, dans le contexte des lois du mariage et de la Miṣwoh de procréation, il nous dit :[7]

 

Un homme n’épousera pas une stérile, une vieille, une veuve ou une mineure, qui n’est pas apte à enfanter, à moins qu’il ait accompli la Miṣwoh de fructification et multiplication, ou s’il avait une autre épouse pour fructifier et multiplier par elle.

לֹא יִשָּׂא אָדָם עֲקָרָה, וּזְקֵנָה, וְאַיְלוֹנִית, וּקְטַנָּה שְׁאֵינָהּ רְאוּיָה לְוֶלֶד--אֵלָא אִם כֵּן קִיַּם מִצְוַת פִּרְיָה וְרִבְיָה, אוֹ שֶׁהָיְתָה לוֹ אִשָּׁה אַחֶרֶת לִפְרוֹת וְלִרְבּוֹת מִמֶּנָּה.

 

Beaucoup ont interprété que lorsque le Rambo’’m écrit « ceux qui adultèrent par la main », il voulait parler de la masturbation. Or, il ne fait que reprendre l’expression employée dans le Ṭalmoudh de נִאוּף בְּיָד וּבְרֶגֶל « Ni`ouph Bayodh Ouvraghal ». Bien que d'autres ont compris que c'était de la masturbation, le Rambo’’m l’a comprise comme désignant toute autre chose ; il a compris que cela désignait des pratiques sexuelles qui provoquaient l'éjaculation par contact avec d'autres parties du corps de la femme, comme le fait de se frotter aux mains et aux jambes d'une autre femme pour en tirer du plaisir (comme le font bon nombre d’hommes pervers dans les transports en commun bondés). Ce serait une autre pratique sexuelle que le Rambo’’m désapprouverait si elle était effectuée dans le cadre d'une tentative de prévention d'une grossesse, lorsque quelqu'un n'a pas encore accompli la Miṣwoh d'avoir des enfants. Le Rambo’’m énonce clairement cette définition lorsqu'il énumère les actes sexuels interdits :[8]

 

Quelqu’un qui a des relations sexuelles avec l'une des ´aroyôth, ou qui l'embrasse, ou même touche une partie de son corps afin d'en tirer du plaisir, quelle que soit la partie de son corps, comme quand (les gens se frottent) à leurs mains ou jambes, et c'est le type d'abomination que les Sages appellent ceux qui commettent l'adultère avec leur main ou leur pied

 

J'ai volontairement cité successivement ces trois passages pour que vous compreniez pleinement le raisonnement du Rambo’’m. La progression de son raisonnement est la suivante :

 

1.     L'origine de l'interdiction est l'histoire biblique de `ônon

2.     Dans cette histoire, l'interdiction était que `ônon se livrait à une activité sexuelle avec sa femme en éjaculant après le retrait et refusait ainsi d'accomplir la Miṣwoh d'avoir des enfants.

3.     Par conséquent, tout type de rapport sexuel, y compris un mariage avec une femme trop jeune ou trop vieille pour avoir des enfants, qui vise à permettre des relations sexuelles tout en évitant l'obligation de procréer est interdit.

4.     Cela inclut les pratiques sexuelles telles que la masturbation mutuelle et le fait de provoquer une éjaculation avec la main, lorsqu'elles sont faites expressément pour empêcher l'accomplissement de la Miṣwoh de procréation. C’est cela qui s'apparente à un meurtre

5.     Il devrait être évident que la comparaison avec le meurtre tient au fait que la personne est coupable de ne pas peupler le monde comme D.ieu l'a voulu.

6.     cependant, si l'on a déjà eu des enfants, cette interdiction ne s'applique pas.

 

Ainsi, nous comprenons parfaitement bien que ce n’est pas la masturbation en elle-même qui est condamnée par le Ṭalmoudh et le Rambo’’m, mais le fait d’utiliser cette pratique dans le but de jouir d’un certain plaisir charnel sans conséquence d’une grossesse potentielle. Et il existe effectivement des hommes qui préfèrent la masturbation ou des relations orales à des relations sexuelles normales, car cela n’amènera pas à une grossesse. La masturbation ou sexe oral devient ainsi pour eux comme un moyen de contraception. Ce sont de telles personnes qui ont été durement condamnées par nos Sages !

 

·        Mener à de l’immoralité sexuelle

 

Le point numéro 6 de la liste précédente nous amène à la troisième raison pour laquelle le Rambo’’m pourrait avoir un problème avec la pratique de la masturbation. Le Rambo’’m est préoccupé par le fait que lorsque l'on s’excite intentionnellement et se résout ainsi à satisfaire ses pulsions sexuelles et qu’on n'éjacule pas dans le contexte de relations sexuelles, cela peut mener à de la débauche et des péchés graves. Dans les discussions du Rambo’’m sur ces sujets, la masturbation est presque toujours citée dans le contexte d'autres péchés qui ne sont pas nécessairement des interdictions mais qui sont très découragés par le Rambo’’m en raison du souci d'immoralité générale et de la finalité où mènent ces pratiques. Après avoir discuté des lois mentionnées ci-dessus, le Rambo’’m en profite pour passer le reste du chapitre à expliquer cette idée.

 

Il poursuit en discutant du fait de ne pas s’adonner à des pratiques destinées à s’exciter, mais plutôt de passer son temps à des activités plus saintes. Il parle de flirter inutilement avec le sexe opposé, de regarder les femmes lorsqu'elles sont engagées dans des activités privées, voire de regarder les vêtements des femmes de manière à ce que cela excite. Il parle de ne pas marcher derrière les femmes au marché ou de ne pas traîner près de lieux de mauvaise réputation. Le Rambo’’m décrit ensuite que pour une personne célibataire et en-dehors d’une relation appropriée, ces activités peuvent conduire à un comportement illicite. Je ne le cite pas directement car c’est long, mais vous pouvez le lire vous-même dans le Mishnéh Ṭôroh, Hilkôth `issouré Bi`oh 21 :19-29. À cet égard, le Rambo’’m regroupe la masturbation avec les activités auxquelles on s’adonne et qui peuvent conduire sur une mauvaise voie. Au lieu de cela, il recommande que nous passions notre temps à des activités appropriées.

 

Nulle part dans aucun des écrits du Rambo’’m nous ne trouvons la moindre référence au « gaspillage de semence » comme s'il y avait un problème inhérent à l'éjaculation en dehors du corps d'une femme. JAMAIS ! Pour le Rambo’’m, c'est toujours un problème uniquement parce que cela fait partie d'une pratique qui peut induire quelqu'un en erreur, ou parce que l'on n'est pas dans une relation sexuelle saine et appropriée de sorte qu’on pourrait emprunter une mauvaise voie, ou parce qu’on refuse délibérément d’accomplir la Miṣwoh de procréation.

 

Cela conduit à une dernière déclaration fascinante du Rambo’’m. C'est que quand on EST dans une relation saine et appropriée et qu'on a accompli la Miṣwoh d'avoir des enfants, il déclare ce qui suit :[9]

 

L’épouse de l’homme lui est permise. Par conséquent, tout ce que l’homme veut faire avec sa femme, qu’il le fasse ! Il peut avoir des relations sexuelles avec elle à tout moment qu'il désire, et il peut l'embrasser sur tout organe qu'il désire, et il peut aller sur elle de manière normale[10] ou de manière anormale,[11] ou par la voie des organes.[12]

אִשְׁתּוֹ שֶׁלָּאָדָם, מֻתֶּרֶת הִיא לוֹ; לְפִיכָּךְ כָּל מַה שֶׁאָדָם רוֹצֶה לַעֲשׂוֹת בְּאִשְׁתּוֹ, עוֹשֶׂה--בּוֹעֵל בְּכָל עֵת שֶׁיִּרְצֶה, וּמְנַשֵּׁק בְּכָל אֵבֶר שֶׁיִּרְצֶה, וּבָא עָלֶיהָ בֵּין כְּדַרְכָּהּ, בֵּין שֶׁלֹּא כְּדַרְכָּהּ, בֵּין דֶּרֶךְ אֵבָרִים

 

Si vous me suiviez jusqu'à présent, vous verriez clairement que le Rambo’’m a explicitement autorisé toute activité sexuelle, y compris non seulement les relations anales, mais même l'utilisation d'autres membres (comme par exemple même le cunnilingus), même si de telles pratiques entraînent une éjaculation en dehors du corps de sa femme ! C'est ce que le Rambo’’m interdit lorsque ces pratiques ont lieu dans le but d'éviter la Miṣwoh de procréation, ou dans un contexte hors mariage lorsque cela conduit à la promiscuité. Mais dans le contexte du mariage, c'est tout à fait permis, et sans limite !

 

Durant environs les 150 premières années qui ont suivi la publication du Mishnéh Ṭôroh, c'est exactement cela que l’on retrouvait dans TOUS les manuscrits du Mishnéh Ṭôroh. Cependant, soudainement, à un moment donné au cours du 13ème siècle, une phrase a été ajoutée à la fin du paragraphe que je viens de citer qui dit ceci : « ou par la voix des organes, tant qu'il ne répand pas de semence en vain ! ».

 

Les deux versions les plus fiables du Mishnéh Ṭôroh disponibles aujourd'hui, l'édition Frankel et l'édition du Rov Qa`phiḥ (un Ṭalmidh HaRambo’’m yéménite ; c’est son édition que j’utilise constamment sur ce blog), soulignent que cette phrase est un ajout ultérieur. Cette phrase chamboule complètement les propos du Rambo’’m et les rendent contradictoires. Cet ajout a également été utilisé par les textes halakhiques à partir du 13ème siècle pour soutenir l'idée BEAUCOUP plus tard que l'interdiction de la masturbation était un problème de « répandre de la semence en vain » et de « gaspiller la semence ». Pour soutenir leur approche stricte, les Rabbonim postérieurs opposés à la masturbation, aux relations anales, et aux relations orales ont presque tous renvoyés à ce texte maïmonidien, qui n'a en réalité jamais été écrit par le Rambo’’m, et qui était en fait contraire à ce qu'il essayait d'enseigner.

 

Même si ce texte était authentique, ce qui n'est évidemment pas le cas, la seule façon de le comprendre, au vue de tout ce que nous avons dit jusqu’à présent sur l’approche du Rambo’’m, serait de dire que le Rambo’’m voulait dire « tant qu'il ne répand pas la semence en vain… comme `ônon l'a fait, afin d’éviter une grossesse quand on n’a pas encore accompli le devoir d'avoir des enfants ». Mais si vous n'aimez pas mon explication potentielle sur cet ajout, cela n'a pas d'importance, car nous n'avons pas besoin d'expliquer l'intention de cet ajout, puisque le Rambo’’m ne l'a pas écrit !

 

Alors pourquoi ce texte a-t-il atterri au milieu du Mishnéh Ṭôroh ? Pour le comprendre, il faut se rendre compte que ce n'est certainement pas par hasard que toute la vague du discours halakhique sur ce sujet a radicalement changé au cours des années qui ont suivi l’époque du Rambo’’m. Dans mon prochain article, je vais commencer par les opinions de Rash’’i et Ribbénou Ṭam et continuer à partir de là. Après cela, je prévois de vous faire découvrir l'influence très lourde de la Qabboloh sur cette question (qui a émergé, comme par hasard, au 13ème siècle, même période où les manuscrits du Rambo’’m ont commencé à être falsifiés pour adhérer à l’opinion Qabbalistique), et l'influence de la science de l'époque et du christianisme.



[1] Mishnéh Ṭôroh, Hilkôth Dé´ôth 4 :26-29

[2] Mishlé 31 :3

[3] Mishnéh Ṭôroh, Hilkôth `issouré Bi`oh 21 :18

[4] Une expression imagée pour parler d’un homme qui introduit son pénis dans le vagin, mais se retire pour éjaculer à l’extérieur.

[5] Une forme d’excommunication.

[6] Yasha´yohou 1 :15

[7] Mishnéh Ṭôroh, Hilkôth `ishouth 15 :7

[8] Commentaire du Rambo’’m sur la Mishnoh, Sanhédhrin 7 :4

[9] Mishnéh Ṭôroh, Hilkôth `issouré Bi`oh 21 :10

[10] C’est-à-dire, par une relation vaginale.

[11] C’est-à-dire, par une relation anale.

[12] C’est-à-dire, tirer du plaisir sexuel de n’importe quel organe ou membre du corps de son épouse, sans aucune restriction.

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