בס״ד
Emission de semence en vain : Une approche
rationaliste
Les innovations de Ribbénou Ṭam
Cet article peut être téléchargé ici.
Pour (re)lire :
Dans notre dernier
article, nous avons établi une nouvelle idée, introduite dans les mots
de Rash’’i ז״ל, que le péché de la masturbation
est celui de « gaspiller de la semence » qui aurait pu être
utilisée pour produire un enfant, bien que Rash’’i n’ait pas véritablement
voulu dire cela. Le petit-fils de Rash’’i, Ribbénou Ṭam ז״ל, cité dans Tôsophôth
Kathoubbôth 39a, pose alors la question suivante :
Cela ne semble pas (correct) pour Ribbénou Ṭam, étant
donné qu’une jeune femme ou une `aylônith,[1]
un homme est autorisé à avoir des relations sexuelles avec elles et cela n'est
pas considéré comme un gaspillage de la semence, tant que cela se fait de la
manière normale des rapports sexuels.
Il poursuit :
Avant les rapports sexuels, on n'est certainement pas
autorisé à utiliser un Môkh[2]
car ce n'est pas dans la manière normale des rapports sexuels, et ce serait
(similaire au fait de) répandre du sperme sur du bois ou des pierres, exactement
comme sur un Môkh. Mais après un rapport sexuel, ce serait permis, étant donné
que c'est dans la voie normale des rapports, semblable au fait d’avoir des
rapports avec une jeune femme ou une `aylônith. Et la femme qui place le Môkh à
l'intérieur après un rapport sexuel n'est pas interdite de détruire la semence,
puisqu'elle n'est pas obligée dans le commandement de procréer ...
Par ces deux passages, Ribbénou Ṭam a à
présent introduit plusieurs concepts complètement nouveaux :
1.
Une fois que l'idée de « détruire la semence » a été
établie par Rash’’i, Ribbénou Ṭam a été forcé par sa compréhension des paroles
de Rash’’i à répondre à une nouvelle contradiction. Comment se fait-il que l'on
puisse avoir des relations sexuelles avec une femme qui ne peut pas concevoir ?
(Rappelez-vous que selon le Rambo’’m ז״ל, et tous
ceux qui l'ont précédé, ce n'est pas du tout un problème, car ils n'ont jamais
entendu parler de cette interdiction de « gaspiller de la semence »,
comme nous l'avons expliqué en détail dans nos précédents articles) Ribbénou Ṭam
est alors venu avec un nouveau concept pour expliquer cette
contradiction : Que toute éjaculation qui se produit « de la
manière normale des rapports sexuels » est considérée comme autorisée
même si elle ne peut pas entraîner de grossesse. Cependant, toute éjaculation
qui ne peut pas entraîner une grossesse qui ne se produit pas de la « manière
normale des rapports sexuels » serait interdite.
2. Ribbénou Ṭam introduit le concept
selon lequel il y a une interdiction de gaspiller la semence, et il fait
remonter son origine à la Miṣwoh de la procréation. D'une manière ou d'une
autre, la Miṣwoh de procréer implique également une interdiction de « détruire
la semence ».
3.
L'interdiction étant liée à la Miṣwoh de procréation, Ribbénou Ṭam peut
donc faire la différence entre les hommes et les femmes. Un homme ne peut pas
« détruire la semence » tandis qu'une femme le peut.
Analysons un peu plus profondément ces
idées de Ribbénou Ṭam, car elles sont à peu près devenues la base de tant de Halokhôth
dans le domaine des discussions halakhiques reproductives pour les environs 800
années qui ont suivi son époque.
·
La manière normale des relations sexuelles
Ce nouveau concept,
comme vous pouvez facilement l'imaginer, ouvre une gigantesque boîte de pandore.
Permettez-moi de vous rappeler à quel point la vie halakhique était facile à
l'époque pré-Ribbénou Ṭam. Comme nous l'avons vu avec le Rambo’’m, tant que
vous n'ignorez pas votre obligation de procréer, et tant que vous êtes dans une
relation sexuelle appropriée, il n'y a plus de règles concernant le « déversement
de la semence ». Citons à nouveau le Rambo’’m :[3]
L’épouse de
l’homme lui est permise. Par conséquent, tout ce que l’homme veut faire avec sa
femme, qu’il le fasse ! Il peut avoir des relations sexuelles avec elle
à tout moment qu'il désire, et il peut l'embrasser sur tout organe qu'il
désire, et il peut aller sur elle de manière normale[4] ou de manière anormale,[5] ou par la voie des
organes.[6] |
אִשְׁתּוֹ שֶׁלָּאָדָם, מֻתֶּרֶת הִיא לוֹ;
לְפִיכָּךְ כָּל מַה שֶׁאָדָם רוֹצֶה לַעֲשׂוֹת בְּאִשְׁתּוֹ, עוֹשֶׂה--בּוֹעֵל
בְּכָל עֵת שֶׁיִּרְצֶה, וּמְנַשֵּׁק בְּכָל אֵבֶר שֶׁיִּרְצֶה, וּבָא עָלֶיהָ
בֵּין כְּדַרְכָּהּ, בֵּין שֶׁלֹּא כְּדַרְכָּהּ, בֵּין דֶּרֶךְ אֵבָרִים |
Cependant, maintenant avec Ribbénou Ṭam,
nous avons soudainement quelque chose de nouveau. Si quelqu'un se livre à une
forme quelconque de relations sexuelles extra-vaginales et éjacule lors de ce
type d’activités sexuelles avec sa femme, il a maintenant transgressé cette
nouvelle loi ! En fait, cela régit même les dispositifs contraceptifs
qu'il peut utiliser. Alors que selon TOUS les Pôsaqim
pré-Ribbénou Ṭam, l'utilisation de la contraception de barrière était considérée
comme acceptable dans les cas où la grossesse était malsaine pour la femme,
soudainement l'utilisation de la contraception de barrière est maintenant
interdite pendant les rapports sexuels. Les ramifications halakhiques de cette
idée sont immenses. Cette loi est passée d'une Halokhoh qui
encourage la procréation et la moralité sexuelle à une Halokhoh qui
réglemente le type d’activité sexuelle acceptable entre un mari et une femme
(alors que la Halokhoh authentique a autorisé tout type d’activité sexuelle
dans un couple, sans restriction). C’est tout bonnement stupéfiant !
·
Gaspiller de la semence = transgression de la Miṣwoh de procréation
Cette idée de Ribbénou Ṭam est à peu
près aussi révolutionnaire que la première. Dans toutes les autres discussions
halakhiques à l'époque pré- Ribbénou Ṭam, il était bien entendu que se livrer à
des activités sexuelles conçues pour éviter d'accomplir la Miṣwoh de procréer
était découragé, et même comparé au meurtre. Cependant, il était également
entendu que tant que l'on n'ignorait pas son obligation de peupler la Terre,
les activités sexuelles dans des relations appropriées étaient parfaitement acceptables,
même si elles ne pouvaient pas provoquer de grossesse. C'est parce que personne
n'a jamais entendu parler de cette interdiction de « gaspiller la
semence ». Mais maintenant, Ribbénou Ṭam nous dit que la Miṣwoh de la Ṭôroh
de procréer comprend une interdiction de gaspiller la semence. On ne sait pas
exactement comment il tire cela des versets de la Ṭôroh, mais c'est ce qu'il
dit ! Maintenant, cette « interdiction » est élevée au rang d’une
loi de la Ṭôroh, une interdiction ayant une origine dans la Ṭôroh.
·
Seulement pour les hommes
Le troisième résultat logique de
l’opinion de Ribbénou Ṭam est que cette interdiction de gaspiller de la semence
ne s’applique qu’aux hommes, à qui il est ordonné de procréer, et non aux
femmes qui ne sont pas considérées comme obligées de procréer. (Les origines de
cette différenciation entre les sexes sortent du cadre de cet article.) Si tel
est le cas, nous sommes repartis avec une étrange dichotomie entre les deux
individus impliqués dans cette rencontre hétérosexuelle entre une femme et son
conjoint. Elle n'est pas interdite de tout acte, même de « gaspiller »
la semence de son mari, mais lui ne peut rien faire d'autre qu’avoir avec elle
des relations sexuelles qui se terminent obligatoirement par une éjaculation
intra-vaginale !
Cela n’a AUCUNE logique ! Un
homme aurait l’obligation de procréer, et à cause de cela il ne devrait
toujours éjaculer que dans le vagin…mais comme sa femme n’a pas l’obligation de
procréer elle pourrait s’arranger après l’éjaculation intra-vaginale pour
détruire la semence de son mari… Donc, finalement, le mari a-t-il
Procréé ? Et la Miṣwoh est-elle de procréer ou d’éjaculer dans le
vagin ? Et toute éjaculation ne cause pas nécessairement une grossesse,
loin de là ! Ce sont là les contradictions créées par les innovations de
Ribbénou Ṭam inexistantes dans les écrits des Ṭanno`im, `amôro`im, Ga`ônim
et Ri`shônim l’ayant précédé.
·
Les autres Ba´alé Ṭôsophôth répondent à Ribbénou Ṭam
L'un des principaux problèmes de
l'approche de Ribbénou Ṭam, est qu'elle soulève tant de contradictions et de
difficultés avec d'autres passages du Ṭalmoudh. Après tout, lorsque le Rambo’’m
autorisait les relations sexuelles anales et toutes sortes de pratiques
sexuelles (dans une relation appropriée), y compris l'utilisation de toutes les
parties du corps pour le plaisir, il citait le Ṭalmoudh lui-même ! Alors,
comment Ribbénou Ṭam pouvait-il prétendre qu’il y aurait une interdiction
biblique d’éjaculer à l’extérieur du vagin, même dans des relations sexuelles
avec sa propre femme ?
Ces questions ont bien sûr été soulevées
par plusieurs Ba´alé Ṭôsophôth (talmudistes, principalement de France et
d'Allemagne, essentiellement des disciples, gendres, et descendants de Rash’’i,
qui se sont succédés sur une période d’environs 200 ans à partir du milieu du 12ème
siècle) qui ont suivi Ribbénou Ṭam. Ces talmudistes ont tous contribué aux
« Ṭôsophôth », qui sont des ajouts aux arguments de
va-et-vient dans le texte du Ṭalmoudh lui-même. Les deux plus connus pour
traiter cette question sont Ribbénou Yiṣḥoq ban Shamou`él ז״ל de Dampierre (France, 1115-1184), également connu sous le nom
de « R’’i Hazzoqén », et Ribbénou Yasha´yohou di
Trani ז״ל de Venise (Italie, 1180-1250), également connu
sous le nom de « Ṭôsophôth Ri’’d ».
Ces deux Ba´alé Ṭôsophôth avaient un
problème avec Ribbénou Ṭam. Au début, ils comprenaient les paroles de Rash’’i
de la même manière que Ribbénou Ṭam, c'est-à-dire qu'il y a un problème
inhérent au « gaspillage de la semence ». Cependant, ils
devaient concilier cela avec le fait que dans de nombreux cas, le Ṭalmoudh
autorise explicitement l'éjaculation même lorsque la grossesse ne va pas se
produire. Au bout du compte, ils ne pouvaient pas accepter l'interprétation de Ribbénou
Ṭam. Ce qu'ils ont fait essentiellement, c'était d'expliquer Rash’’i exactement
comme je l'ai fait dans le dernier
article : Ce gaspillage de sperme n'est un problème que lorsque
l'on le fait régulièrement et explicitement pour
tenter d'éviter d'accomplir la Miṣwoh de la procréation. Cependant, lorsque
cela est fait dans le cours habituel de l'activité sexuelle normale autorisée, il
n'y a pas d'interdiction de « gaspiller la semence ». Voici
précisément leurs propres mots :[7]
... En outre, Ribbénou Yiṣḥoq[8]
dit que cela n'est pas considéré comme l’acte de ´ér et `ônon à moins qu'une
personne n'ait l'intention de gaspiller la semence et le fasse de manière systématique.[9]
Cependant, si par hasard, lorsqu'une personne peut désirer avoir des relations
atypiques avec sa femme d'une manière différente,[10]
cela serait alors autorisé, comme l'enseigne le Ṭalmoudh[11] :
« Tout ce qu'un homme désire faire (sexuellement) avec sa femme, il
peut le faire » ...
Ici, Ribbénou Yiṣḥoq autorise
explicitement la masturbation et d'autres pratiques sexuelles et ne voit aucun
problème avec une supposée interdiction de « répandre la semence »
à moins que cela ne soit fait sur une base systématique avec l'intention de ne
pas accomplir la Miṣwoh de procréation. Tant que cela se fait dans le cadre
d'une relation sexuelle acceptable et que ce n'est pas systématique, il n’y a
aucun problème. Ribbénou Yasha´yohou di Trani le dit plus clairement
(discutant de la décision talmudique permettant d'éviter une grossesse par la
méthode du retrait - éjaculation externe - dans les cas où la grossesse peut
être nocive pour la femme) :[12]
... et si tu demandes « Comment se fait-il que
les rabbins aient permis d'éjaculer du sperme et de faire exactement les
actions de ´ér et de `ônon ? ».[13]
La réponse : Quels sont les actions de ´ér et `ônon interdites par la Ṭôroh ?
Toute personne dont l'intention est que sa femme ne
tombe pas enceinte afin que sa beauté ne soit pas diminuée, et il ne désire pas
remplir son obligation de procréer avec elle. Mais si son intention
est qu’elle ne soit pas mise dans (une situation de) danger, c’est permis. Et si son intention est (simplement de) satisfaire les désirs
de son cœur et que son intention n'est pas d'empêcher une grossesse, c’est
également permis ... Quelqu'un dont l'intention est d'accomplir ses
désirs sexuels n'est pas en train de commettre (le péché de `ônon) parce que tout ce qu'une personne veut faire (avec) sa femme,
il peut le faire, et cela n'est pas considéré comme « détruire la
semence » car (si cela était considéré ainsi) on ne pourrait jamais
avoir de rapports sexuels avec une femme plus jeune ou une `aylônith ou une
femme stérile.
Ici, Ribbénou Yasha´yohou di
Trani autorise à nouveau explicitement la masturbation et le déversement de semence,
tant que cela se situe dans le contexte d'une relation autorisée. Il rejette
clairement la possibilité que Rash’’i ait voulu dire que gaspiller la semence
en soi serait une sorte d'interdiction. Ceci est bien sûr cohérent avec tous les
passages talmudiques que nous avons étudiés jusqu'à présent.
Encore une fois, ces deux grands
savants, même après les commentaires de Rash’’i pris hors contextes, ont néanmoins
encore compris que la Halokhoh était exactement en adéquation avec l’approche
du Rambo’’m que nous avions décrite en détails dans la septième
partie, avant bien sûr qu’une phrase sournoise n’ait été ajoutée
frauduleusement dans le texte du Mishgnéh Ṭôroh au 13ème siècle -
dont nous avons discuté à la fin de la septième
partie. Malgré l’honnêteté intellectuelle de ces deux Ba´alé Ṭôsophôth
et leurs tentatives de restaurer la vérité de la Halokhoh sur ce
sujet, les paroles de Ribbénou Ṭam allaient néanmoins avoir plus d'influence
sur le développement futur de la Halokhoh. Dans le prochain article,
je vais commencer à retracer comment cela s'est passé.
[1] Une femme incapable de concevoir.
[2] Une sorte d’éponge contraceptive que
la femme insère dans son vagin pour bloquer le sperme.
[3] Mishnéh Ṭôroh, Hilkôth `issouré
Bi`oh 21 :10
[4] C’est-à-dire, par une relation
vaginale.
[5] C’est-à-dire, par une relation
anale.
[6] C’est-à-dire, tirer du plaisir
sexuel de n’importe quel organe ou membre du corps de son épouse, sans aucune
restriction.
[7] Ṭôsophôth Yavomôth 34b
[8] Ribbénou Yiṣḥoq ban Shamou`él de
Dampierre
[9] Ce qui est l’indicateur que son
intention est clairement que son conjoint ne tombe pas enceinte, et que lui ne
veut pas accomplir sa Miṣwoh de procréation.
[10] Par exemple, une relation anale,
buccale, etc.
[11] Nadhorim 20b
[12] Ṭôsophôth Ri’’d, Yavomôth
12a
[13] Puisque le texte biblique dit
explicitement qu’ils ont utilisé la méthode du retrait (« coït interrompu »).