mercredi 1 avril 2015

Pésah : notre sentiment d'être libre doit se voir, pas seulement être ressenti

בס״ד

Pésah : notre sentiment d'être libre doit se voir, pas seulement être ressenti


Vers la fin du Maggid de la Haggodoh de Pésah, nous disons : בכל דור ודור חייב אדם לראות את עצמו כאלו הוא יצא ממצרים « Dans chaque génération, un être humain a l'obligation de se considérer comme étant lui-même sorti d’Égypte ». L'obligation de סיפור יציאת מצרים « Sippour Yasi`ath Misrayim – raconter l'histoire de la sortie d’Égypte » consiste donc à ressentir d'une façon profonde comment les événements dont nous parlons lors du Sédar de Pésah affectent chacun d'entre nous aujourd'hui encore. Nous sommes tenus de ne pas simplement raconter les événements passés, mais également ressentir profondément que nous aussi nous les avons expérimentés directement. (Malheureusement, cette obligation s'est transformée en une énorme défi, étant donné que de nos jours, la majorité des gens ne racontent plus vraiment ces événements mais se contentent simplement de lire ou réciter la Haggodoh de Pésah, alors que la Haggodoh n'a pour but que de servir d'aide et de guide dans la structure et le déroulement du Sédar. C'est en fait chacun qui est tenu de raconter ces événements à sa façon, avec conviction. C'est la raison pour laquelle dans la Haggodoh elle-même il est écrit : « Et tout celui qui s'étend longuement dans la narration de la sortie d’Égypte est digne de louange ». Les gens ont oublié leur spontanéité et créativité dans la ´Avôdath HaShem, et ne sont plus capables de faire quoi que ce soit sans récitation de textes, ce qui rend difficile l'accomplissement de cette obligation de se considérer comme étant soi-même sorti d’Égypte.)

Dans un passage très connu du Mishnéh Tôroh, le Rambam זצ״ל rapporte cette Halokhoh, mais d'une façon légèrement différente. Il écrit :

Hilkhôth Homés Oumassoh 7:8
Dans chaque génération, un être humain a l'obligation de se montrer comme s'il était lui-même sorti maintenant de l'asservissement d’Égypte.
בכל דור ודור, חייב אדם להראות את עצמו כאילו הוא בעצמו יצא עתה משיעבוד מצריים

Comme l'ont relevé de nombreux commentateurs, le Rambam ne présente pas cette obligation comme nécessitant un sentiment introspectif. Plutôt que d'écrire que l'on doit « se considérer » comme si l'on avait soi-même personnellement expérimenté la sortie d’Égypte, le Rambam exige de להראות את עצמו « Lahar`ôth `Ath ´Asmô – se montrer », c'est-à-dire, agir, se comporter, d'une manière qui sied à quelqu'un qui vient juste de passer par le processus de la délivrance.

Il a été expliqué que le Rambam veut nous faire comprendre ici que l'expérience de la libération de l'asservissement égyptien ne doit pas être enterrée dans les secrets de son cœur ou son subconscient. Plutôt, c'est un sentiment qui doit être évoqué concrètement, c'est un sentiment et un éclat de joie qui doit être montré aux autres de façon à ce qu'eux aussi puissent s'identifier à lui.

En d'autres mots, en exigeant de « se montrer » comme si on venait de quitter l’Égypte, le Rambam demande que l'on fasse l'effort de partager cette expérience avec les autres, et contribuer au sentiment de jubilation collectif qui devrait s'emparer du peuple israélite chaque année à Pésah. Dans le fond, le Rambam transfert cette Halokhoh du domaine de l'expérience personnelle à celui du domaine de la responsabilité de chacun envers la génération suivante et la responsabilité individuelle de faire ce qu'il faut pour transmettre au reste du peuple la joie et le sens de Pésah.

L'obligation de « Sippour Yasi`ath Misrayim » requiert donc non seulement une transmission de connaissances et d'informations sur ce qui s'est passé lorsque nous sommes sortis d’Égypte, mais aussi et surtout le partage d'une expérience. Les parents sont enjoints à ne pas seulement enseigner des informations (et encore moins se contenter de simplement réciter ou lire un texte), mais aussi démontrer et montrer à leurs enfants l'allégresse que nous devrions ressentir suite à l'obtention de notre liberté, qui a eu également pour conséquence de nous faire mériter d'être les esclaves, non plus des hommes, mais d'HaShem י״ת. Les enfants au Sédar de Pésah doivent à la fois absorber les informations qu'on leur rapporte, ainsi que l'euphorie d'un sentiment de liberté retrouvée, et le privilège d'être devenus les serviteurs loyaux d'HaShem י״ת, qui nous a accordé l'opportunité de mener nos vies en accomplissant la volonté Divine.


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