samedi 17 octobre 2015

Pourquoi le lait des non Juifs est permis ?

ב״ה

Pourquoi le lait des non Juifs est permis ?


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Il existe une notion fausse très répandue dans les milieux très « religieux » selon laquelle tout produit contenant du lait non surveillé par un Israélite est interdit à la consommation. Ce concept est communément appelé חלב עכו״ם « Holov ´akkou''m » ( עכו״ם est l’acronyme de עובדי כוכבים ומזלות « ´ôvdhé Khôkhovim Oumazzolôth », qui signifie littéralement « adorateurs des étoiles et des astres ») ou חלב נוכרי « Holov Nôkhri » (littéralement « lait d'un étranger »). Ce qui est ridicule avec ce concept, c'est que les produits d'une certaine marque estampillés חלב ישראל « Holov Yisro`él » (littéralement « lait d'un Israélite ») sont exactement les mêmes que ceux de la même marque qui sont estampillés « Holov ´akkou''m ». Il n'y a aucune différence dans la composition ou le mode de production d'un Kinder Bueno Holov Yisro`él par rapport à un Kinder Bueno Holov ´akkou''m. Mais ce qui est scandaleux, c'est que parce que le Kinder Bueno est estampillé « Holov Yisro`él », il peut coûter plus cher que le même Kinder Bueno estampillé « Holov ´akkou''m » ! En outre, les Juifs censés surveiller la production du produit non juif contenant du lait afin qu'il puisse être estampillé « Holov Yisro`él » ne surveillent pas toujours d'une manière sûre (beaucoup ne font que passer quelques minutes, puis s'en vont. D'autres encore, et cela m'a été personnellement raconté par un ami qui travaillait dans l'industrie du Koshér, que parfois le surveillant étiquetait les produits sans même n'avoir en fait rien vu du tout de la production). L'écrasante majorité des entreprises non juives ne peuvent pas se permettre d'avoir une ligne de production pour les produits destinés au public juif et une autre ligne de production pour les produits destinés au public non juif.

En réalité, les produits laitiers des non Juifs (dès lors que tous les autres ingrédients sont évidemment Koshér) sont parfaitement permis à la consommation des Israélites, même sans surveillance ou présence d'un Israélite, pour les raisons suivantes :

  1. Lorsque nos Sages ont interdit les produits laitiers des non Juifs, leur décret n'incluait que le fromage (et le lait, sous certaines circonstances seulement, comme cela sera mentionné plus bas), et rien d'autre. Voilà pourquoi le terme « Holov ´akkou''m » n'est jamais employé dans le Talmoudh, qui parle simplement de גבינת עכו״ם « Gavinath ´akkou''m », c'est-à-dire « fromage des adorateurs des étoiles et des astres » ou גבינת נוכרי « Gavinath Nôkhri », c'est-à-dire « fromage d'un étranger ».
  2. Le lait en poudre des non Juifs n'est pas interdit, car non seulement ce n'est pas du fromage, mais en outre parce que le lait n'est plus sous sa forme d'origine.
  3. Le Ramba''m ז״ל rapporte que certains Ga`ônim permirent le beurre produit par des non Juifs parce que le beurre ne fut jamais explicitement interdit par le décret de nos Sages, tandis que d'autres Ga`ônim s'opposèrent à cette opinion arguant que quelques gouttes de lait pourraient être restées sur ou dans le beurre (comme cela était fréquent en ces temps-là). Mais attention, cette dernière position ne concernait que le lait pour lequel il existait un doute quant à savoir s'il provenait d'un animal Koshér. Le Ramba''m poursuit donc en disant qu'il est parfaitement permis de consommer le beurre produit par des non Juifs, parce que tout lait qui pourrait être resté s'est soi évaporé, soit s'est mélangé dans le beurre même et a été annulé par la majorité du beurre.1 (Il est évident que quand bien même il pourrait être restées des gouttes de lait, elles sont largement inférieures à la proportion de 1/60ème par rapport au reste du beurre. De ce fait, cela ne pose aucun problème.) Ce qu'il est important de retenir ici est que même les Ga`ônim qui l'ont interdit l'ont fait, pas à cause du lait en lui-même, mais parce que des gouttes de lait aux origines douteuses auraient pu rester. Ce qui démontre clairement que s'il n'y a pas de doutes sur la provenance du lait utilisé dans le beurre, c'est-à-dire que l'on est certain qu'il provient d'un animal Koshér (vache, brebis, etc.), même ces Ga`ônim permettent que ce beurre produit par des non Juifs soit consommé, parce que tous sont d'accord sur le fait que le beurre des non Juifs ne fut jamais interdit par nos Sages.
  4. Le Talmoudh Yarousholmi2 et le Talmoudh Bavli3 donnent la raison pour laquelle nos Sages ont interdit la consommation de lait apporté par des non Juifs (vous comprendrez plus bas pourquoi j'insiste sur le mot « apporté ») : c'était par crainte que les non Juifs aient mélangé le lait d'un animal Koshér avec celui provenant d'un animal non Koshér. Mais la dernière Mishnoh du Chapitre 2 du traité `avôdhoh Zoroh4 tranche que si l'Israélite peut voir le Gôy en train de traire l'animal, ou même si le Gôy pense que l'Israélite pourrait refuser son lait parce qu'il le soupçonne d'avoir ajouté du lait d'un animal non Koshér, le lait est permis à la consommation de l'Israélite. Voir également le Ramba''m, qui rapporte cette Halokhoh dans son Mishnéh Tôroh.5 De là, nous voyons clairement que s'il y a de bonnes raisons de croire que le lait que l'on a devant soi provient d'un animal Koshér, ou que le Gôy qui nous a proposé ce lait n'aura pas le cran de nous arnaquer en le mélangeant à du lait d'un animal non Koshér, le lait du Gôy est permis. Dans les pays qui ont des lois très strictes sur la production et la transformation du lait en particulier et des produits laitiers en général (qui obligent à n'utiliser que du lait d'animaux Koshér), et qui prévoient des sanctions très lourdes en cas de transgression de ces lois (on ne parle donc pas des pays du tiers-monde), il n'existe aucune raison satisfaisante d'interdire la consommation de laits ou produits laitiers tels qu'un yaourt/yoghourt, de la crème fraîche, des boissons lactées, etc., lorsqu'ils sont produits par des non Juifs (dès lors que tous les autres ingrédients sont Koshér, évidemment). Les contrôles gouvernementaux et les poursuites pénales en cas d'arnaques, ainsi que la mauvaise publicité que cela causerait, font qu'il est fortement improbable qu'une firme laitière ose mélanger du lait de vache ou de brebis avec du lait de jument ou de truie. De ce fait, c'est comparable au cas stipulé dans le Talmoudh : si le Gôy craint de se faire attraper ou qu'on acceptera pas son produit car on le soupçonne d'avoir fait des manipulations interdites, nous pouvons supposer que le lait provient d'un animal Koshér. Il n'y a pas être strict ! Quant à ceux qui décideraient d'adopter la rigueur sous prétexte que l'on ne peut jamais faire confiance à un Gôy, je les invite à se pencher sur les milliers de scandales ayant eu lieu dans la filière de la Kashrouth, et ils verront qu'il y a plus à craindre la filière de la Kashrouth qui est relativement archaïque et où chacun fait selon ses règles, que les filières non juives soumises à des contrôles réels !
  5. Certains Pôsqim avancent comme argument que l'intention que nos Sages avaient en émettant ces décrets était afin de nous éloigner de l'assimilation et des mariages mixtes. Sauf que cela ne s'applique pas dans les cas où ces produits sont apportés et vendus dans un supermarché ou magasin, où il n'y a aucun contact personnel avec le manufacturier, et donc aucune inquiétude que l'Israélite devienne trop ami avec le Gôy. Mais ce n'était pas nécessairement le cas dans les temps talmudiques et anciens où ces produits étaient souvent apportés à la maison en provenance direct du fermier Gôy local, ce qui menait souvent à des rencontres et réunions entre les membres de la famille de l'Israélite et ceux du Gôy (par exemple, sa fille). Leur décret ne s'applique pas aux achats de produits faits dans des magasins ou des supermarchés.

Voilà pourquoi toute cette histoire de « Holov Yisro`él » et « Holov ´akkou''m » est un non sens, voire même de la pure supercherie. En outre, n'oubliez pas une chose : la Kashrouth est devenu un énorme business ! Et dès lors qu'une activité devient un business, nous savons ce que cela occasionne. Que les intelligents puissent comprendre ce que cela veut dire !

Il convient d'insister sur le fait que tout ce qui a été dit plus haut ne concernait que le lait, le lait en poudre et les autres produits laitiers, à l'exception du fromage. L'interdiction du fromage produit par les Gôyim est basée sur des raisons différentes de celles qui ont été énumérées ici et c'est un sujet qui mérite d'être traité séparément. Par conséquent, que personne ne prenne ce qui vient d'être dit comme une permission pour consommer le fromage des Gôyim, étant donné que le fromage est un tout autre sujet que le lait !

1Mishnéh Tôroh, Hilkôth Ma`akholôth `asourôth 3:13-14
2´avôdhoh Zoroh 2:9
3´avôdhoh Zoroh 35b
4Ibid., 39b

5Hilkôth Ma`akholôth `asourôth 3:15
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