בס״ד
Introduction à
1 et 2 Maqqabbim – 2ème Partie
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Après avoir parlé du premier
Livre des Maqqabbim, passons au deuxième.
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2 Maqqabbim
2 Maqqabbim n’est absolument pas une suite de 1
Maqqabbim, mais plutôt un récit parallèle de la lutte maccabéenne. Un pharisien
d’Alexandrie, ayant en sa possession une œuvre en cinq volumes sur le sujet
rédigée par un certain Yéshou´ (Jason) de Cyrène, et mécontent du caractère froid
et sadducéen de 1 Maqqabbim, entreprit de résumer l’ouvrage de Yéshou´ de
Cyrène et de raconter d’un point de vue pharisien ce qui causa le soulèvement
maccabéen et comment Hashshém ית׳ permit à Son peuple, sous
la direction de Yahoudhoh Maqqabbi, de triompher de ses ennemis. Nous
pouvons remarquer que le traducteur grec du Livre d’Esther ressentit la
nécessité de remédier à l’absence de la moindre mention au nom de Hashshém dans
ce livre, en insérant dedans de longs passages religieux, et il n’est donc pas
étrange qu’à une époque de grande tension entre pharisiens et sadducéens qu’un
récit si sadducéen que 1 Maqqabbim ait pu amener un pharisien à raconter à
nouveau l’histoire mais avec un vocabulaire pharisien.
Et le vocabulaire de 2 Maqqabbim est pharisien
sans l’ombre du moindre doute. Les
miracles, les anges, le martyr, la résurrection, les fêtes, la Halokhoh
et le Shabboth sont des sujets d’intérêt et d’emphase pour l’auteur pharisien. Dans
quelle mesure ceux-ci ont également marqué l'histoire de Yéshou´ de Cyrène
qu'il incarne, nous ne pouvons pas en être sûrs, mais notre auteur, tout en
résumant le récit de Yéshou´ de Cyrène le plus brusquement, s'attarde avec
tendresse sur ces derniers.
Le champ de son histoire est également
significatif ; il s’arrête à la victoire de Yahoudhoh sur
Nicanor et la Fête de Nicanor, instituée en la mémoire de cette victoire. Yahoudhoh
lui-même fut tué quelques mois plus tard, mais il ne le mentionne pas. Yahoudhoh
est la seule figure parmi les Maqqabbim qui l’intéresse ; sur les faits d’armes
de Yônothon et Shim´ôn, ses successeurs, il n’a rien à dire. La raison en est
très simple : c’est sous leur direction ainsi que sous la direction du
fils de Shim´ôn, Yôḥonon, que le rêve sadducéen d’indépendance politique fut réalisé, et
que les sadducéens prirent le pouvoir. Leurs œuvres n’auraient pas intéressées
un pharisien. Pour lui, Yahoudhoh était le seul véritable héros de
la grande lutte, et le résultat le plus significatif de cette lutte fut la
restauration du Béth Hammiqdosh et de la pratique religieuse, célébrée durant la
fête de Ḥanoukkoh, qui signifie « Dédicace ».
Le récit de 2 Maqqabbim est en effet organisé autour
de ces célébrations. Il commence par deux lettres écrites par les Juifs de Judée
à l’adresse des Juifs d’Egypte, les enjoignant à respecter la fête de la
Dédicace. L’auteur désire que les Juifs d’Egypte, comme ceux de Judée, la
respectent. Il déclare son intention d’écrire un sommaire de l’histoire de
Yéshou´ de Cyrène, une œuvre sur laquelle on ne sait absolument rien d’autre. Il
commence par la tentative sacrilège d’Héliodore, agissant au nom du roi de
Syrie, de s’emparer de tout l’argent contenu dans le Béth Hammiqdosh, où il fut
frappé et tué par des anges. Le Kôhén Godhôl est évincé et assassiné, et un autre
prend sa place grâce au versement d’un pot-de-vin. Antiochos Epiphane entre à
Jérusalem, tuant un nombre faramineux de gens. Il pille et souille le Béth
Hammiqdosh, et torture et tue ceux qui ne veulent pas renoncer à la foi juive ;
quelques martyrs pharisiens (par exemple, ˋal´ozor et les sept frères) sont rapportés avec
des détails horribles. Yahoudhoh Maqqabbi rallie à lui ses concitoyens[1] et
défait les généraux syriens ; le roi Antiochos qui était en déplacement en
Perse en entend parler et décide de faire demi-tour pour punir les Juifs, mais connait
une mort horrible sur le chemin du retour, se repentant de ses méfaits avant de
mourir. Yahoudhoh et ses hommes regagne Jérusalem et redédicace le
Béth Hammiqdosh, instituant la Fête de la Dédicace.[2]
Yahoudhoh poursuit ses victoires
militaires, quelques fois aidé par des cavaliers et présages célestes. Dans une
bataille finale avec Nicanor il le défait à nouveau, et Nicanor est tué. Yahoudhoh
lui coupe la tête et le bras et les expose devant le Béth Hammiqdosh que
Nicanor avait menacé de détruire. Les Juifs votent à l’unanimité pour célébrer le
jour même après, par la fête du Jour de Nicanor.[3]
Alors que la ville reste entre les mains des Juifs à partir de ce temps, il
semble ne plus rien avoir à dire, et l’auteur conclut son récit.[4]
Nous ne pouvons pas dire le pourcentage de ce que l’auteur
a tiré de l'histoire de Yéshou´ de Cyrène ; une partie est presque
certainement sa propre élaboration ou insertion. Mais le traitement complet de
certains événements côte à côte avec la simple énonciation d'autres[5] donne
l'impression d'un abréviateur non qualifiée et inconsistant. Le style de l’auteur
est élaboré et guindé, son attitude est amère et partisane, il se délecte des
horribles détails sur les maladies et les tortures. Il aime extravagamment le
surnaturel, et ses efforts pour bien écrire, ses observations homilétiques[6] et
son manque de retenue vont à l'encontre des objectifs de son livre. Ses martyrs
sont tous chèrement pharisiens, et il représente les Ḥasidhim, le parti puritain, comme les seuls vrais
partisans de Yahoudhoh.[7] En
effet, il revendique Yahoudhoh comme le chef des Ḥasidhim - les pharisiens - et désavoue ses
successeurs uniquement animés d’un esprit politique.
2 Maqqabbim 4 :7-15 :36 traite de la période couverte par 1 Maqqabbim 1 :10-7 :50
(175 à 160 avant l’Ere Courante). Le livre s’arrête avant la mort de Yahoudhoh,
et ne dit rien sur la suite assumée par Yônothon et Shim´ôn ; en fait, il mentionne
à peine leurs noms,[8]
nous disant ailleurs comment les hommes de Shim´ôn étaient cupides et prirent
des pots-de-vin des Iduméens dans un fort assiégé et laissèrent certains d’entre
eux s’échapper,[9]
ce qui est une insulte palpable envers le fondateur de la lignée hasmonéenne. Nous
voyons clairement que l’auteur ne considérait pas les successeurs de Yahoudhoh
comme des héros.
L'histoire de Yéshou´ de Cyrène sur laquelle l’auteur
fonde son livre est décrite dans 2 Maqqabbim 2 :19-23 comme couvrant
l'histoire de Yahoudhoh Maqqabbi et de ses frères, jusqu'à la
récupération du Béth Hammiqdosh, la libération de la ville et la restauration des
lois religieuses. Elle a probablement été écrite vers 100 avant notre ère, ou
peu de temps après cette date.
2 Maqqabbim lui-même repose évidemment sur 1
Maqqabbim ainsi que sur le livre de Yéshou´ de Cyrène, et sa forte couleur
pharisaïque rend tout à fait probable qu'il était en partie un contre-pied à I Maqqabbim,
avec son attitude sadducéenne prononcée. Si I Maqqabbim a été écrit au début du
premier siècle avant l’Ere Courante - l'époque de Jannée, 103-76 avant l’Ere
Courante - et dans quelques années a été amené à Alexandrie et traduit en grec,
il serait naturel qu'un pharisien cherche bientôt à compenser son image en
réécrivant l'histoire du point de vue pharisaïque, pour lequel l'histoire de Yéshou´
de Cyrène lui donnerait suffisamment de matière. Ce serait un produit naturel
de la résurgence des pharisiens dans les premières années de la régence
d'Alexandra, qui a commencé en 76 avant notre ère. D'un autre côté, si la prise
de Jérusalem par Pompée en 63 avant notre ère avait déjà eu lieu, même un
pharisien pouvait à peine citer ou inventer la lettre romaine amicale au peuple
juif qui apparaît dans 2 Maqqabbim 11: 34-38. 2 Maqqabbim a probablement
été écrit entre 76 et 63 avant notre ère, bien que sa date ne puisse être
déterminée avec certitude. Mais la déclaration finale selon laquelle la ville a
été détenue par les Hébreux à partir de cette époque (l'époque de Yahoudhoh
Maqqabbi) serait impossible après que Pompée en 63 avant notre ère ait assiégé
et capturé la ville et soit entré dans le Saint des Saints. 2 Maqqabbim a été
écrit à Alexandrie, et il était connu de Philo, qui est mort vers 45 de l’Ere
Courante. Flavie Josèphe peut aussi l'avoir connu et l'a utilisé dans ses
Antiquités Judaïques.