mercredi 9 décembre 2020

Introduction à 1 et 2 Maqqabbim – 2ème Partie

 

בס״ד

 

Introduction à 1 et 2 Maqqabbim – 2ème Partie

 

 

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Après avoir parlé du premier Livre des Maqqabbim, passons au deuxième.

 

·        2 Maqqabbim

 

2 Maqqabbim n’est absolument pas une suite de 1 Maqqabbim, mais plutôt un récit parallèle de la lutte maccabéenne. Un pharisien d’Alexandrie, ayant en sa possession une œuvre en cinq volumes sur le sujet rédigée par un certain Yéshou´ (Jason) de Cyrène, et mécontent du caractère froid et sadducéen de 1 Maqqabbim, entreprit de résumer l’ouvrage de Yéshou´ de Cyrène et de raconter d’un point de vue pharisien ce qui causa le soulèvement maccabéen et comment Hashshém ית׳ permit à Son peuple, sous la direction de Yahoudhoh Maqqabbi, de triompher de ses ennemis. Nous pouvons remarquer que le traducteur grec du Livre d’Esther ressentit la nécessité de remédier à l’absence de la moindre mention au nom de Hashshém dans ce livre, en insérant dedans de longs passages religieux, et il n’est donc pas étrange qu’à une époque de grande tension entre pharisiens et sadducéens qu’un récit si sadducéen que 1 Maqqabbim ait pu amener un pharisien à raconter à nouveau l’histoire mais avec un vocabulaire pharisien.

 

Et le vocabulaire de 2 Maqqabbim est pharisien sans l’ombre du moindre doute.  Les miracles, les anges, le martyr, la résurrection, les fêtes, la Halokhoh et le Shabboth sont des sujets d’intérêt et d’emphase pour l’auteur pharisien. Dans quelle mesure ceux-ci ont également marqué l'histoire de Yéshou´ de Cyrène qu'il incarne, nous ne pouvons pas en être sûrs, mais notre auteur, tout en résumant le récit de Yéshou´ de Cyrène le plus brusquement, s'attarde avec tendresse sur ces derniers.

 

Le champ de son histoire est également significatif ; il s’arrête à la victoire de Yahoudhoh sur Nicanor et la Fête de Nicanor, instituée en la mémoire de cette victoire. Yahoudhoh lui-même fut tué quelques mois plus tard, mais il ne le mentionne pas. Yahoudhoh est la seule figure parmi les Maqqabbim qui l’intéresse ; sur les faits d’armes de Yônothon et Shim´ôn, ses successeurs, il n’a rien à dire. La raison en est très simple : c’est sous leur direction ainsi que sous la direction du fils de Shim´ôn, Yôonon, que le rêve sadducéen d’indépendance politique fut réalisé, et que les sadducéens prirent le pouvoir. Leurs œuvres n’auraient pas intéressées un pharisien. Pour lui, Yahoudhoh était le seul véritable héros de la grande lutte, et le résultat le plus significatif de cette lutte fut la restauration du Béth Hammiqdosh et de la pratique religieuse, célébrée durant la fête de anoukkoh, qui signifie « Dédicace ».

 

Le récit de 2 Maqqabbim est en effet organisé autour de ces célébrations. Il commence par deux lettres écrites par les Juifs de Judée à l’adresse des Juifs d’Egypte, les enjoignant à respecter la fête de la Dédicace. L’auteur désire que les Juifs d’Egypte, comme ceux de Judée, la respectent. Il déclare son intention d’écrire un sommaire de l’histoire de Yéshou´ de Cyrène, une œuvre sur laquelle on ne sait absolument rien d’autre. Il commence par la tentative sacrilège d’Héliodore, agissant au nom du roi de Syrie, de s’emparer de tout l’argent contenu dans le Béth Hammiqdosh, où il fut frappé et tué par des anges. Le Kôhén Godhôl est évincé et assassiné, et un autre prend sa place grâce au versement d’un pot-de-vin. Antiochos Epiphane entre à Jérusalem, tuant un nombre faramineux de gens. Il pille et souille le Béth Hammiqdosh, et torture et tue ceux qui ne veulent pas renoncer à la foi juive ; quelques martyrs pharisiens (par exemple, ˋal´ozor et les sept frères) sont rapportés avec des détails horribles. Yahoudhoh Maqqabbi rallie à lui ses concitoyens[1] et défait les généraux syriens ; le roi Antiochos qui était en déplacement en Perse en entend parler et décide de faire demi-tour pour punir les Juifs, mais connait une mort horrible sur le chemin du retour, se repentant de ses méfaits avant de mourir. Yahoudhoh et ses hommes regagne Jérusalem et redédicace le Béth Hammiqdosh, instituant la Fête de la Dédicace.[2]

 

Yahoudhoh poursuit ses victoires militaires, quelques fois aidé par des cavaliers et présages célestes. Dans une bataille finale avec Nicanor il le défait à nouveau, et Nicanor est tué. Yahoudhoh lui coupe la tête et le bras et les expose devant le Béth Hammiqdosh que Nicanor avait menacé de détruire. Les Juifs votent à l’unanimité pour célébrer le jour même après, par la fête du Jour de Nicanor.[3] Alors que la ville reste entre les mains des Juifs à partir de ce temps, il semble ne plus rien avoir à dire, et l’auteur conclut son récit.[4]

 

Nous ne pouvons pas dire le pourcentage de ce que l’auteur a tiré de l'histoire de Yéshou´ de Cyrène ; une partie est presque certainement sa propre élaboration ou insertion. Mais le traitement complet de certains événements côte à côte avec la simple énonciation d'autres[5] donne l'impression d'un abréviateur non qualifiée et inconsistant. Le style de l’auteur est élaboré et guindé, son attitude est amère et partisane, il se délecte des horribles détails sur les maladies et les tortures. Il aime extravagamment le surnaturel, et ses efforts pour bien écrire, ses observations homilétiques[6] et son manque de retenue vont à l'encontre des objectifs de son livre. Ses martyrs sont tous chèrement pharisiens, et il représente les asidhim, le parti puritain, comme les seuls vrais partisans de Yahoudhoh.[7] En effet, il revendique Yahoudhoh comme le chef des asidhim - les pharisiens - et désavoue ses successeurs uniquement animés d’un esprit politique.

 

2 Maqqabbim 4 :7-15 :36 traite de la période couverte par 1 Maqqabbim 1 :10-7 :50 (175 à 160 avant l’Ere Courante). Le livre s’arrête avant la mort de Yahoudhoh, et ne dit rien sur la suite assumée par Yônothon et Shim´ôn ; en fait, il mentionne à peine leurs noms,[8] nous disant ailleurs comment les hommes de Shim´ôn étaient cupides et prirent des pots-de-vin des Iduméens dans un fort assiégé et laissèrent certains d’entre eux s’échapper,[9] ce qui est une insulte palpable envers le fondateur de la lignée hasmonéenne. Nous voyons clairement que l’auteur ne considérait pas les successeurs de Yahoudhoh comme des héros.

 

L'histoire de Yéshou´ de Cyrène sur laquelle l’auteur fonde son livre est décrite dans 2 Maqqabbim 2 :19-23 comme couvrant l'histoire de Yahoudhoh Maqqabbi et de ses frères, jusqu'à la récupération du Béth Hammiqdosh, la libération de la ville et la restauration des lois religieuses. Elle a probablement été écrite vers 100 avant notre ère, ou peu de temps après cette date.

 

2 Maqqabbim lui-même repose évidemment sur 1 Maqqabbim ainsi que sur le livre de Yéshou´ de Cyrène, et sa forte couleur pharisaïque rend tout à fait probable qu'il était en partie un contre-pied à I Maqqabbim, avec son attitude sadducéenne prononcée. Si I Maqqabbim a été écrit au début du premier siècle avant l’Ere Courante - l'époque de Jannée, 103-76 avant l’Ere Courante - et dans quelques années a été amené à Alexandrie et traduit en grec, il serait naturel qu'un pharisien cherche bientôt à compenser son image en réécrivant l'histoire du point de vue pharisaïque, pour lequel l'histoire de Yéshou´ de Cyrène lui donnerait suffisamment de matière. Ce serait un produit naturel de la résurgence des pharisiens dans les premières années de la régence d'Alexandra, qui a commencé en 76 avant notre ère. D'un autre côté, si la prise de Jérusalem par Pompée en 63 avant notre ère avait déjà eu lieu, même un pharisien pouvait à peine citer ou inventer la lettre romaine amicale au peuple juif qui apparaît dans 2 Maqqabbim 11: 34-38. 2 Maqqabbim a probablement été écrit entre 76 et 63 avant notre ère, bien que sa date ne puisse être déterminée avec certitude. Mais la déclaration finale selon laquelle la ville a été détenue par les Hébreux à partir de cette époque (l'époque de Yahoudhoh Maqqabbi) serait impossible après que Pompée en 63 avant notre ère ait assiégé et capturé la ville et soit entré dans le Saint des Saints. 2 Maqqabbim a été écrit à Alexandrie, et il était connu de Philo, qui est mort vers 45 de l’Ere Courante. Flavie Josèphe peut aussi l'avoir connu et l'a utilisé dans ses Antiquités Judaïques.



[1] 2 Maqqabbim 8 :1

[2] Ibid., 10 :1-8

[3] Ibid., 15 :36

[4] Ibid., 15 :37-39

[5] Ibid., 14 :25

[6] Telles que dans Ibid., 6 :12-17

[7] Ibid., 14 :6

[8] Ibid., 8 :22

[9] Ibid., 10 :19-20

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