mardi 8 décembre 2020

Introduction à 1 et 2 Maqqabbim – 1ère Partie

 

בס״ד

 

Introduction à 1 et 2 Maqqabbim – 1ère Partie

 


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Comme nous l’avions mentionné dans l’article intitulé « Les Saphorim Haiônim », anoukkoh est la fête parfaite pour nous pencher davantage sur les « Livres Apocryphes » de la littérature juives, dont les « Siphré Hammaqqabbim » (les Livres des Maccabées) font partie. Nous allons introduire ici les livres de 1 et 2 Maqqabbim qui revêtent une certaine importance historique nous permettant de mieux comprendre les événements ayant mené à l’institution de la fête de anoukkoh.

 

·        1 Maqqabbim

 

Moins d’une centaine d’années avant l’an 0 de l’Ere Courante un admirateur sadducéen des Maqqabbim rédigea à Jérusalem, en hébreu, l’histoire des trois vaillants frères (Yahoudhoh, Yônothon et Shim´ôn) qui avaient libéré la Judée de ses oppresseurs syriens et restauré la ´avôdhoh du Béth Hammiqdosh. Il n’était un pharisien, mais appartenait à l’autre branche des soutiens des Maqqabbim, les ashmounnoˋim, le parti patriotique qui se battait pour bien plus que la liberté religieuse ; ils aspiraient à l’autodétermination politique. Et c’est ce qu’obtinrent les frères maccabéens, au coût de leurs propres vies, puisque Yahoudhoh et ˋal´ozor moururent au combat, tandis que Yônothon et Shim´ôn furent lâchement assassinés.

 

Il écrivit aux jours de la domination sadducéenne sous Alexandre Jannée (103-76 avant l’Ere Courante), le petit-fils de Shim´ôn, après que l’indépendance politique avait été sécurisée, lorsque les sadducéens seraient naturellement désireux de consigner les faits d’arme de leurs trois illustres frères à qui ils devaient énormément.

 

Bien que le livre s’ouvre par un paragraphe général sur les conquêtes d’Alexandre le Grand, son récit commence réellement par l’accession d’Antiochos Epiphane au trône de Syrie en 175 avant l’Ere Courante et l’émergence d’un parti hellénisant à Jérusalem, qui accueillit et adopta des pratiques païennes. Antiochos se lança dans une politique consistant à contraindre les Juifs à accepter la civilisation grecque, et une série de clashs avec les Juifs fidèles en résultat, atteignant un point culminant après la profanation du Béth Hammiqdosh lors du déclenchement de la révolte menée par Maṭṭithyohou et ses fils dans la ville de Môdhi´in, où ils tuèrent l’officier du roi et s’enfuirent pour se réfugier dans les montagnes de Judée.

 

Yahoudhoh est le héro de la période qui suit ;[1] avec un petit groupe d’hommes il vainquit chaque commandant syrien l’un après l’autre, et poursuivit une campagne si fougueuse contre les forces syriennes envoyées contre lui qu’à peine trois années après sa profanation le Béth Hammiqdosh avait été repris, le Mizbéa avait été redédicacé, et la ´avôdhath Hashshém avait repris d’ordinaire. Yahoudhoh punit les ennemis périphériques des Juifs mais devait lutter aussi bien contre les forces hellénisantes au sein des Juifs que contre ses adversaires syriens. Il envoya des ambassadeurs à Rome, pour se lier d’amitié avec les romains. Cela ainsi que ses objectifs politiques devant de plus en plus évidents mena les asidhim, les précurseurs des Paroushim (pharisiens) qui n’aspiraient qu’à la liberté religieuse, à déserter sa cause. Il affronta le commandant syrien, Bacchidès, avec une force inférieure et fut vaincu et tué en l’an 160 avant l’Ere Courante.

 

Son frère Yônothon lui succéda en tant que chef de la cause judéenne de 160 à 142 avant l’Ere Courante.[2] Sa stratégie et diplomatie étendirent les frontières de son pays. Un nouveau roi syrien le nomma Kôhén Godhôl. Mais il finit par être piégé à Ptolémaïs par ses ennemis syriens et exécuté.

 

Il fut succédé par son frère Shim´ôn, le troisième des illustres frères maccabéens (142 à 135 de l’Ere Courante), qui poursuivit la résistance juive contre la Syrie jusqu’à ce que l’indépendance politique pratique fût atteinte. Il délogea la garnison syrienne de la citadelle de Jérusalem, contracta des alliances à l’étranger, et fit presque du rêve sadducéen d’une indépendance politique une réalité. Mais comme Yônothon, il perdit la vie à la suite d’une trahison, étant assassiné à un banquet tenu en son honneur près de Yariô (Jéricho). Son fils Yôonon Hyrcan lui succéda à la haute prêtrise, qui combinait à présent l’autorité civile, militaire et religieuse sur le peuple juif.

 

Une histoire si héroïque pourrait bien attirer un sadducéen vivant aux temps de la domination sadducéenne à l’époque d’Alexandre Jannée, petit-fils de Shim´ôn, et il la racontera avec beaucoup d’enthousiasme, mais sans trop d’exagérations. Il sentait que le Ciel était du côté des trois frères, ou qu’eux étaient du côté du Ciel, mais il n’y avait rien de miraculeux dans le récit. Il n’y a aucune apparition angélique dans le livre. La ôroh est sacrée, mais il n’était pas sage de respecter l’observance du Shabboth au point de ne pas résister aux forces armées ennemies ce jour-là. Yahoudhoh et ses hommes firent preuve d’une plus grande sagesse pour l’auteur du livre lorsqu’ils dirent :[3] אם הילחם ילחמו אויבינו בנו ביום השבת, ויצאנו לקראתם ועמדנו על נפשנו, ולא נמות כמות אחינו במערות « Si guerroyer nos ennemis guerroieront contre nous au jour du Shabboth, nous sortirons alors à leur rencontre et nous lèverons pour nos âmes ; mais nous ne mourrons pas comme nos frères dans les lieux secrets ». Ce passage se réfère aux Juifs pieux qui refusèrent de faire la guerre le jour du Shabboth et moururent dans les grottes.

 

La date de la rédaction de 1 Maqqabbim est assez bien fixée par sa phrase de conclusion, selon quoi le reste des actes de Yôonon et ses guerres et exploits, ainsi que la construction des murailles qu’il supervisa, et ses œuvres, sont consignés dans les Chroniques de sa haute prêtrise. Cela sonne comme si le règne de Yôonon état terminé et que l’auteur écrivait au début du règne de son fils, Alexandre Jannée, qui devint roi en 103 avant l’Ere Courante. Le livre fut probablement rédigé dans les premières années du 1er siècle avant l’Ere Courante, et se fraya rapidement un chemin vers Alexandrie où il fut traduit en grec, traduction qui lui fit subir quelques modifications et ajouts.

 

Le nom de Hashshém est régulièrement mentionné par l’auteur de 1 Maqqabbim. A l’évidence, il n’est en aucun cas irréligieux ; le lecteur sent aisément qu’il croit en Hashshém et Son implication dans la délivrance de Son peuple. En fait, Yahoudhoh dit à ses hommes lors d’une des crises étant survenues durant la bataille :[4] לכן אל תיראון ואל תעצרון מפניהם, כי השמד ישמידם ה׳ לעינינו « C’est pourquoi, n’ayez pas peur et ne vous arrêtez pas à cause d’eux ! Car détruire Hashshém les détruira devant nos yeux ». A d’autres occasions, lorsque des prières sont mentionnées dans le livre, on y retrouve fréquemment une mention au nom de Hashshém, comme lorsque Yahoudhoh dit :[5] קומו נא ונצעק אל ה׳ אלוהינו לתת לנו חסד ורחמים, ויזכור את בריתו אשר כרת את אבותינו, וישמיד את כל החיל הזה לעינינו « Levez-vous, de grâce, et crions vers Hashshém notre ˋalôhim, pour nous donner de la grâce et des miséricordes, et qu’Il Se souvienne de Son alliance qu’Il a contractée avec nos pères, et qu’Il détruise devant nos yeux toute cette armée ». Plus tard, lorsqu’il est à nouveau confronté à l’armée syrienne, il prie :[6] ברוך אתה הּ אלוהי ישראל וגואלו, אתה הכית את בן הענק ביד דוד עבדך, ונתת את חיל הגויים ביד יונתן בן שאול ונושא כליו « Béni Tu es Hashshém, le ˋalôhim de Yisroˋél et Son rédempteur ! Tu as abattu le fils du ´anoq par la main de Dowidh Ton serviteur, et a livré l’armée des Gôyim en la main de Yônothon ban Shoˋoul, ainsi que les porteurs de ses armes ». Même les Kôhanim prièrent vers Hashshém pour la victoire en mentionnant Son nom.[7] Yônothon exhorta également ses hommes en leur disant :[8] ועתה הרימו קולכם אל הּ להושיעכם מיד אויביכם « Et à présent, élevez votre voix vers Hashshém pour que vous soyez sauvés de la main de vos ennemis ». Nous pouvons aisément voir que dans l’esprit de l’auteur, ce ne fut pas seulement par leur force physique que les Judéens purent vaincre leurs ennemis, mais aussi et surtout par l’assistance Divine.

 

Néanmoins, ses positions religieuses sadducéennes se reflètent dans le texte notamment par le fait qu’il évite soigneusement la moindre référence à des miracles ou merveilles, par son souci sincère pour la ôroh tout en évitant les interprétations pharisiennes de la ôroh, et par son intérêt pour le Béth Hammiqdosh et la prêtrise. L’étendue de son récit révèle également la gamme de ses itérêts, car il ne s’arrête pas lorsque la liberté religieuse a été atteinte sous la direction de Yahoudhoh,[9] mais poursuit l’histoire jusqu’à ce que, sous la direction de Shim´ôn, la Judée fut également politiquement libérée.

 

Sur la douzaine ou plus de documents d’état préservés dans le livre (lettres, décrets, et proclamations), certaines lettres à Rome et à Sparte, si elles sont même authentiques, appartiennent à des dates plus tardives que celles données dans le texte, alors que les décrets des rois syriens pourraient avoir été insérés dans le livre par la plume du traducteur grec à partir de l’histoire de Jason de Cyrène (en hébreu, Yéshou´ de Cyrène) mentionnée dans 2 Maqqabbim 2 :25, car l’histoire de Jason en cinq volumes fut rédigée en grec. Ce sont là quelques exemples de passages qui ne faisaient pas partie d’origine, mais furent ajoutés et/ou modifiés par les traducteurs grecs. Le but de leur inclusion par des mains étrangères à celles de l’auteur originel était évidemment de davantage exagérer l’importance de la missin maccabéenne aux yeux du lecteur.

 

Bien que Jérôme, l’un des Pères de l’Eglise, ait prétendu dans son Prologus Galeatus avoir vu une copie hébraïque du livre de 1 Maqqabbim (les Pères de l’Eglise sont connus pour avoir inventé de nombreux mensonges et commis des distorsions historiques, qui finirent par être considérés comme des vérités. Méfions-nous donc de leurs témoignages), seule la traduction a survécu ou a eu la moindre influence littéraire. C’est probablement dans sa forme grecque qu’il était utilisé par Flavie Josèphe,[10] et c’était dans cette traduction qu’il fut inclus dans la Bible Grecque de l’Eglise primitive. Des affirmations faites par Clément d’Alexandrie, Hippolyte de Rome, Origène et Eusèbe, nous savons que 1 Maqqabbim faisait partie intégrante de la Bible chrétienne. Il est inclus dans l’écrasante majorité des manuscrits faisant autorité de la Bible Grecque : les manuscrits alexandrins, sinaïtiques et vénitiens, mais pas dans le Codex Vaticanus. Avec 2 Maqqabbim, il est inclus dans la liste que Clermont fit des livres du canon chrétien, liste qui représente la pratique des chrétiens d’Egypte (les coptes) aux environs de l’an 300 de l’Ere Courante. Les deux livres furent introduits dans la Bible Latine, et furent utilisés par l’Eglise au Moyen-âge, et dans toutes les premières bibles chrétiennes allemandes et anglaises, aussi bien catholiques que protestantes.



[1] 1 Maqqabbim 3 :1 ; 9 :22

[2] Ibid ;, 9 :23-12 :53

[3] Ibid., 2 :44

[4] Ibid., 3 :22

[5] Ibid., 4 :9

[6] Ibid., 4 :29

[7] Ibid., 7 :34-36

[8] Ibid., 9 :47

[9] Ibid., 9 :22

[10] Antiquités Judaïques 12 et 13

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