samedi 4 janvier 2020

`éllou Wa`éllou Divré `alôhim Hayyim


בס״ד

`éllou Wa`éllou Divré `alôhim Hayyim


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Certaines personnes s'interrogent sur les raisons pour lesquelles, dans bon nombre de mes articles, je rapporte diverses opinions sur un même sujet plutôt que de tout simplement rapporter celle que je considère être correcte. Cette question se rapporte en réalité à la pensée suivante : comment peut-il être possible que diverses opinions puissent toutes être correctes ? La Tôroh n'est-elle pas une ?

Le principe de pluralisme halakhique apparaît dans le contexte des désaccords entre Béth Hillél et Béth Shamma`y. La Gamoro` déclare1 :

Ribbi `abbo` a dit : « Shamou`él a dit : [Durant] trois années, Béth Shamma`y et Béth Hillél ont divergé. Ceux-ci disaient : ''La Halokhoh est comme nous !'', et ceux-là disaient : ''La Halokhoh est comme nous !''. Une Bath Qôl sortit et dit : ''Celles-ci et celles-là sont les paroles du `alôhim Vivant. Mais la Halokhoh est comme Béth Hillél !'' ».
א"ר אבא אמר שמואל שלש שנים נחלקו ב"ש וב"ה הללו אומרים הלכה כמותנו והללו אומרים הלכה כמותנו יצאה בת קול ואמרה אלו ואלו דברי אלהים חיים הן והלכה כב"ה

D'un point de vue moral, il est certainement vertueux de respecter toutes les opinions halakhiques divergentes et d'honorer tous les érudits de la Tôroh. Philosophiquement, cependant, ce concept est difficile à comprendre. Dans le domaine de Halokhoh, quand quelque chose est soit permis, soit interdit, il est difficile de comprendre comment les deux côtés de l'argument peuvent être corrects. Si quelque chose est permis, ce n'est certainement pas interdit, et si quelque chose est interdit, ce n'est certainement pas permis ! Comment peut-on donc affirmer que deux approches halakhiques diamétralement opposées peuvent toutes les deux être « les paroles du D.ieu Vivant » ?

  • Le Hyda''` : Pluralisme Instrumental

Une approche pour résoudre cette difficulté qui minimise l'étendue du véritable pluralisme halakhique est citée par le Hyda''` ז״ל.2 D'après cette approche, une seule opinion peut réellement être correcte. Par exemple, seule l'opinion de Béth Hillél est 100% correcte, tandis que l'opinion de Béth Shamma`y est en conséquence 100% incorrecte. En quoi donc les paroles de Béth Shamma`y sont-elles « les paroles du D.ieu Vivant » ? Le Hyda''` explique que, tout comme la lumière n'est reconnue et appréciée que par contraste avec l'obscurité, la véritable interprétation halakhique ne peut être correctement comprise et appréciée qu'en la contrastant avec une interprétation incorrecte. C'est pour cette raison, explique-t-il, que lorsque Môshah Rabbénou ע״ה est monté sur le mont Sinaï pour recevoir la Tôroh, Hashshém ית׳ lui a transmis tous les points de vue divergents concernant chaque sujet halakhique - afin d'expliquer à Môshah quelle opinion était correcte et de clarifier exactement comment et pourquoi elle était plus précise que l'opinion inverse. Par conséquent, il faut travailler dur pour comprendre même le point de vue rejeté, car on ne peut pas comprendre correctement le point de vue accepté si l'on ne considère pas les alternatives, comprendre les façons exactes dont l'opinion acceptée diverge des alternatives suggérées et connaître la raison logique pour laquelle l'opinion vraie est acceptée et les opinions erronées rejetées.

Selon cette compréhension, il n'y a pas de véritable pluralisme au sein du système halakhique. Le point de vue rejeté est appelé « les paroles du D.ieu Vivant » uniquement parce qu'il est instrumentalement utile dans l'effort intellectuel pour comprendre le seul point de vue correct.

  • Rov Môshah Feinstein : Pluralisme Pratique

Une deuxième interprétation est offerte par R. Môshah Feinstein ז״ל dans l'introduction de son magnum opus, Tashouvath `iggarôth Môshah. Il explique qu'une seule opinion peut correspondre à la volonté Divine authentique, et il est révélé au Ciel quelle opinion est correcte et quelle opinion est incorrecte. Néanmoins, à des fins pratiques halakhiques, les deux opinions sont également valables et légitimes. R. Môshah fait référence au principe de לא בשמים היא « Lô` Bashshomayim Hi` », selon lequel Hashshém ne s'attend pas à ce que nous suivions la Halokhoh céleste, qui correspond à la vérité absolue, mais plutôt à suivre la Halokhoh terrestre, telle quelle est tranchée par le processus halakhique qui est remis entre les mains humaines. Si un sage de la Tôroh qualifié, déployant un effort maximal et imprégné de la Yir`ath Shomayim, parvient à une conclusion halakhique, alors cette conclusion halakhique est d'application pour lui-même et pour tous ses Talmidhim, qu'elle corresponde ou non à la vérité ultime.

D'après cette théorie, il n'y a pas de place pour le pluralisme dans le domaine de la vérité théorique, mais sur le plan pratique, il y a amplement de place pour le pluralisme halakhique. Si la vérité est définie à des fins pratiques, en tant que conclusion qui a été atteinte en suivant le processus halakhique approprié, deux opinions mutuellement contradictoires peuvent alors à la fois être légitimes et valables à des fins pratiques halakhiques, tant qu'elles sont à la fois le produit du processus halakhique correctement appliqué.

  • Les Tôsophôth et le Ritva''` : Vrai Pluralisme, Aucune Vérité Objective

Une troisième approche est citée au nom des sages français, c'est-à-dire les Tôsophôth, par l'intermédiaire du Ritva''` ז״ל.3 Le Ritva''` explique que lorsque Môshah Rabbénou est allé dans les cieux pour recevoir la Tôroh, on lui a enseigné plusieurs interprétations possibles de chaque Halokhoh, conduisant à des décisions divergentes possibles sur des questions halakhiques pratiques. Quand il a demandé à Hashshém quelle interprétation était réellement correcte, Hashshém lui a répondu que ce serait aux Sages de chaque génération de voter et de décider ce que serait la Halokhoh.4

Le Ritva''` semble soutenir qu'il n'y a pas de vérité céleste objective. Hashshém n'a aucune opinion sur ce que devrait être la Halokhoh ; Il nous laisse entièrement le soin de déterminer le contenu de la Halokhoh. Si, en fait, il n'y a pas de vérité objective, alors il y a la place pour un véritable pluralisme, car chaque interprétation est valable de façon égale. Les deux opinions peuvent être les paroles du D.ieu Vivant, parce que Hashshém Lui-même ne penche vers aucune interprétation en particulier, mais révélait plutôt de nombreuses options pour interpréter la Tôroh et exigeait seulement que nous suivions l'une de ces options.5

Ce déni de vérité halakhique objective est quelque peu radical, comme l'a souligné Hovôth Ya`ir ז״ל.6 La philosophie juive dominante suppose que les Miswôth de la Tôroh n'ont pas été décrétées arbitrairement, mais plutôt commandées par Hashshém parce qu'Il, dans Son infinie sagesse, savait exactement quelles actions apportent un bénéfice spirituel à nos âmes et quelles actions sont spirituellement préjudiciables. Il est donc difficile de comprendre comment Hashshém Lui-même ne pouvait avoir aucune connaissance objective quant à l'interprétation de la Tôroh qui maximise le bénéfice spirituel pour notre âme et évite les dommages spirituels. De plus, le Hovôth Ya`ir (Rov Ya`ir Hayyim Bachrach, Allemagne, 1639-1702) exprime sa perplexité quant à la façon dont le vote majoritaire des Sages de chaque génération, qui sont uniquement humains et donc faillibles, peuvent réussir à éviter les effets néfastes de suivre une interprétation qui peut ne pas réellement correspondre à la réalité spirituelle sous-jacente du monde.

Nous pourrions défendre le Ritva''` en suggérant, comme le conclut le Hovôth Ya`ir à contrecœur, que les Miswôth sont arbitraires et que le bénéfice spirituel découle non pas de l'action particulière d'une Miswoh, mais plutôt de l'expérience d'obéir au commandement Divin ; nos âmes sont endommagées non pas par l'action particulière impliquée dans une transgression, mais plutôt par l'expérience de transgresser un commandement Divin. Par conséquent, il n'est pas nécessaire d'identifier l'interprétation correcte de toute Miswoh, tant qu'il existe une interprétation faisant autorité que nous pouvons accepter et à laquelle obéir.

Alternativement, nous pouvons affirmer que toutes les interprétations possibles de n'importe quelle Halokhoh sont connues par Hashshém pour être également bénéfiques pour nos âmes, et donc Il permet aux Sages de choisir entre elles. De plus, on pourrait suggérer, comme le fait le Hovôth Ya`ir lui-même entre parenthèses, que Hashshém adapte la réalité et remodèle le monde conformément à l'interprétation des Sages de chaque génération, et donc toute interprétation adoptée par la majorité des Sages correspond automatiquement à la réalité spirituelle. Dans le prochain article, cependant, nous suggérerons une compréhension différente du Ritva''` qui résout complètement ce problème.

  • Rash''i et le Mahara''l : Vrai Pluralisme, Vérité aux Multiples Facettes

Une quatrième approche pour comprendre la nature du pluralisme halakhique est exprimée par Rash''i ז״ל.7 Rashi souligne que si chaque côté d'un débat halakhique a une base logique pour sa position, alors aucun côté n'a complètement tort. S'il y a une raison logique de penser que quelque chose est permis et aussi une raison logique de penser que quelque chose est interdit, alors les deux côtés doivent être vrais. Par conséquent, dans certaines circonstances, la chose devrait être interdite et dans d'autres autorisées, car la Halokhoh dépend souvent de la subtile différence de circonstances entre un cas et l'autre.

Rash''i propose ici un nouveau modèle pour comprendre la nature du pluralisme halakhique. Nous n'avons pas besoin de choisir entre supposer qu'un côté est 100% correct et l'autre 100% incorrect, ou que les deux côtés sont 100% corrects. Au contraire, chaque côté du débat est partiellement correct, et la vérité halakhique ultime émerge d'une combinaison des deux positions.

Cette idée peut être comprise sur la base de la compréhension que le Mahara''l ז״ל a de la Gamoro` de Haghighoh 3b. Le Mahara''l explique8 que le phénomène des différends entre érudits de la Tôroh n'est pas un échec du système, mais plutôt une stratégie pour atteindre la vérité ultime. Hashshém a créé chaque individu avec une personnalité unique, et donc différentes personnes ont des perspectives et des façons de penser différentes. Le Mahara''l explique en outre que rien dans le monde n'est simple ; la complexité est présente dans tous les aspects de notre existence. Même les bonnes choses ont un aspect négatif, tout comme les mauvaises choses ont un aspect positif. Rien n'est purement bon ou mauvais dans le monde, et donc la vraie réponse objective à toute question halakhique n'est jamais un simple oui ou non. Il y a toujours différentes facettes à chaque problème qui reflètent la complexité du monde réel. Par conséquent, la perspective halakhique sur toute question doit également être complexe. La fonction de la Halokhoh n'est pas de simplifier à outrance la réalité et d'ignorer les complexités du monde réel, mais plutôt de refléter cette complexité et de nous enseigner la perspective Divine authentique à propos cette complexité.

Toutefois, aucun être humain n'est suffisamment large d'esprit et complexe pour discerner tout ce que la Tôroh a à dire sur la complexité du monde réel. Par conséquent, Hashshém a arrangé un système dans lequel une multitude d'érudits de la Tôroh analyseraient chaque nouvelle question halakhique qui se poserait. Puisque tout le monde est créé différemment, différents érudits se concentreraient sur différentes facettes de la vérité, et chacun plaiderait pour la vérité de sa perspective. Si la communauté d’érudition de la Tôroh, dans cette génération ou une génération future, réunit toutes les opinions disparates sur un problème particulier, nous pouvons ainsi nous rapprocher le plus possible de la vérité objective ultime, qui est la combinaison de toutes les différentes perspectives sur le problème.

Dans ce monde complexe, le seul moyen pour des êtres humains limités de trouver la vérité divine objective est à travers un tel système. Ce n'est que si les érudits de la Tôroh prennent des positions disparates et que chaque partie plaide pour l'exactitude de sa perspective que nous pouvons clarifier la force et la puissance de chaque position, et ainsi parvenir à une compréhension intégrée de toutes les différentes facettes de la vérité ultime.

Nous comprenons donc pourquoi, selon Rash''i, les deux opinions peuvent faire autorité halakhiquement, chacune dans des circonstances subtilement différentes. Si en fait la vérité est complexe et que chaque opinion représente un aspect de la vérité, alors il est logique que la décision halakhique pratique soit parfois déterminée par une facette de la vérité et dans d'autres circonstances par une autre. Selon cette théorie, le vrai sens du pluralisme halakhique n'est pas que chaque opinion a sa propre vérité parallèle, mais plutôt que toute opinion humaine ne peut, par définition, contenir qu'une partie de la vérité ultime. « Celles-ci et celles-là sont les paroles du D.ieu Vivant », car ce n'est qu'en additionnant toutes les vérités partielles représentées par les perspectives halakhiques disparates que nous pourrons nous rapprocher de la vérité ultime.9

Une parabole souvent citée illustrant cette idée parle de quatre aveugles et d'un élément qu'ils ont du mal à identifier. Un aveugle sent l'objet et déclare qu'il s'agit d'un mur. Un autre prétend qu'il s'agit d'un tronc d'arbre. Un troisième l'identifie comme un tuyau d'incendie, tandis que le quatrième prétend qu'il ressemble à une vigne. Il peut sembler qu'ils ne sont pas d'accord sur l'identité de l'élément en question, mais en fait, s'ils combinent leurs perspectives, ils pourraient se rendre compte qu'ils ont rencontré un éléphant - dont le corps est large et haut comme un mur, dont les jambes sont épaisses et rondes comme un arbre, dont le tronc ressemble à un tuyau d'incendie, et dont la queue est semblable à une vigne. Ce n'est qu'en combinant les vérités partielles représentées par chaque perspective que nous pourrons comprendre correctement la réalité.

Selon cette approche, nous comprenons pourquoi différentes écoles à travers l'histoire juive avaient constamment des perspectives différentes sur la Halokhoh. Par exemple, les Talmidhim de Béth Hillél étaient presque toujours indulgents par rapport à la rigueur omniprésente de ceux de Béth Shamma`y. Ce n'est pas parce que Béth Hillél avaient un programme de clémence et Béth Shamma`y un programme de rigueur. Au contraire, comme l'a souligné le Mahara''l, Hashshém a créé les gens pour penser différemment et a doté chacun de nous de sa propre personnalité, perspective et modes de pensée. Béth Hillél étaient des optimistes spirituels qui voyaient naturellement le bien en tout et appréciaient l'aspect de la licéité dans diverses questions douteuses sur le plan halakhique. Béth Shamma`y, d'autre part, étaient des pessimistes naturels, qui voyaient l'aspect authentique du danger spirituel dans diverses matières halakhiques. Toute personne ou école ne peut, par définition, voir qu'une partie de la vérité, et Hashshém a créé chacun de nous pour pouvoir reconnaître un aspect différent de la vérité ultime. Il n'est donc pas étonnant que, tout au long de l'histoire juive, nous trouvions que les décisionnaires halakhiques tranchent selon leurs perspectives particulières. Ce n'est pas la preuve d'un programme politique corrompant la vérité halakhique pure, mais plutôt le bon fonctionnement du processus halakhique. Chacun voit son aspect de la vérité, de son propre point de vue, puis, en combinant tous ces aspects, les générations ultérieures peuvent atteindre une perspective holistique qui approche de la vérité divine complète.

  • Comprendre l'histoire de la Halokhoh

Cette perspective sur le pluralisme halakhique conduit à une compréhension plus profonde de l'histoire de la Halokhoh. La majorité des questions halakhiques discutées dans le Mishnéh Tôroh et le Shoulhon ´oroukh sont sujettes à controverse, et il n'y a peut-être aucun chapitre de ces deux ouvrages majeurs de la Halokhoh basée sur le Talmoudh où les autorités ultérieures ne sont pas en désaccord sur la bonne interprétation de la Gamoro` ou l'application des principes talmudiques aux nouvelles circonstances. Souvent, la décision finale du Shoulhon ´oroukh ou des autorités ultérieures sera un compromis, comme la décision qu'une certaine chose est admissible mais que celui qui est sensible spirituellement doit être stricte, ou que nous interdisons quelque chose, mais en cas de perte financière, nous sommes indulgents, ou qu'il y a ceux dont la coutume est de permettre et d'autres dont la coutume est d'être stricte. On pourrait avoir une vision cynique de ce processus et voir toute l'histoire de la Halokhoh comme un exercice de confusion et d'ignorance. On pourrait conclure que nous ne connaissons pas la bonne réponse à aucune des questions halakhiques difficiles, et nous agissons hasardeusement dans la pratique parce que nous ne pouvons pas trouver la bonne réponse. Cependant, selon la dernière approche que nous avons élucidée, l'histoire de la Halokhoh n'est pas une accumulation d'ignorance et de confusion, mais plutôt un exercice de sophistication et un déploiement progressif d'une vérité aux multiples facettes. Si la réalité est complexe et que le monde n'est pas noir et blanc, la Halokhoh devrait également être complexe.

En conséquence, lorsque des commentaires se disputent sur la décision halakhique correcte, cela ne représente pas un manque de connaissances claires mais une connaissance plus profonde de la vérité multivalente sur cette question halakhique particulière. Les décisions complexes des derniers Pôsaqim sont les applications appropriées de cette vérité aux multiples facettes. Lorsque les aspects négatifs d'une certaine question l'emportent clairement sur les aspects positifs, nous décidons pour des raisons pratiques qu'elle est interdite. De même, lorsque les aspects positifs sont largement supérieurs aux aspects négatifs, nous décidons que cela est permis. Mais parfois, lorsque les deux facettes sont importantes, nous émergerons avec une décision sophistiquée qui reflète la complexité du problème, et nous serons clémentes dans certaines circonstances et rigoureux dans d'autres circonstances, selon l'équilibre exact et la force relative des aspects en conflit. Les décisions complexes qui émergent du processus halakhique sont donc le reflet d'une vérité authentique, nécessairement complexe et dépendante des circonstances.

De plus, nous pouvons faire ressortir une compréhension plus profonde de la relation entre différents érudits ou écoles de pensée de la Tôroh. Sur la base de l'approche que nous avons élucidée, la relation entre les opinions halakhiques contradictoires n'est pas une bataille entre la vérité et le mensonge, ni même une compétition entre différentes options valides, mais un partenariat entre des vérités complémentaires qui ont besoin les unes des autres pour leur réalisation. Il est donc clair pourquoi HaZa''l nous disent que les érudits de la Tôroh qui se battent férocement dans l'arène intellectuelle émergent de la rencontre comme des amis aimants, car chaque camp ne peut trouver l'achèvement ultime que dans la sagesse de son rival.

Cette idée est magnifiquement exprimée dans l'introduction du ´oroukh Hashshoulhon, un code halakhique qui met l'accent sur l'éventail des points de vue des autorités antérieures. Il explique que la Tôroh est métaphoriquement appelée un chant parce que la beauté de la musique émerge de l'harmonie des différentes voix dans le chœur. Si les membres du chœur chantaient tous exactement les mêmes notes, ils ne pourraient jamais produire une belle musique. De même, la vraie grandeur de la Tôroh n'est révélée que par l'interaction d'interprétations contradictoires, qui se combinent pour former un tout glorieux.10
1´érouvin 13b
2Pathah ´énayim, Bavo` Masi´a` 59b. Le Hyda''` cite cette interprétation au nom des « Ri`shônim ». Il cite également les interprétations de Rash''i et du Ritva''`, que nous mentionnerons dans la suite de cet article.
3Commentaire sur ´érouvin 13b. Cette explication apparaît explicitement dans le commentaire d'un des Tôsophôth, Ribbénou Shimshôn de Sens, sur ´édhiyôth 1:5.
4Cette idée a ses racines dans le Talmoudh Yaroushlami (Sanhédhrin 4: 2). R. Shimshôn de Sens conclut qu'un tribunal rabbinique peut statuer conformément à une opinion qui a été rejetée par la majorité des Sages d'une génération précédente, même si les premiers Sages étaient plus grands et plus experts, car Hashshém a expressément accordé aux Sages de chacun génération le droit de trancher comme bon leur semble pour leur génération.
5Cela ne signifie pas que Hashshém n'a littéralement aucune opinion sur la façon dont nous devrions agir dans ce monde. Il y a clairement des comportements qui sont complètement en dehors du domaine des interprétations possibles de la Tôroh et qui contreviennent absolument à la volonté de Hashshém. Cependant, dans le domaine circonscrit de toutes les interprétations possibles de la Tôroh, Hashshém Lui-même n'a aucune préférence quant à l'interprétation que nous devrions suivre.
6Tashouvath Hovôth Ya`ir 192
7Commentaire sur Kathoubbôth 57a.
8Ba`ér Haggôloh, Première Partie
9Le Mahara''l, cependant, soutient que l'expression « Celles-ci et celles-là sont les paroles du D.ieu vivant » se réfère uniquement à des différends comme ceux de Béth Hillél et Béth Shamma`y, où les deux facettes ont exactement la même force.
10´oroukh Hashshoulhon, Introduction au Hôshén Mishpot



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