vendredi 2 janvier 2015

Les règles des Shémôth

בס״ד

Les règles des Shémôth


  1. Introduction

Après nous avoir instruit de détruire les idoles (et objets ayant servi à l’idolâtrie), les lieux de 'Avôdoh Zoroh et les autels païens, la Tôroh déclare ceci1 :

Vous n'en ferez point de même à l'égard d'HaShem, votre D.ieu !
לֹא-תַעֲשׂוּן כֵּן, לַה׳ אֱלֹהֵיכֶם

Cela signifie qu'il est bibliquement interdit de détruire quelque artefact sacré qui soit associé à HaShem. Cela inclut le Béith Hammiqdosh (et ses ustensiles), les livres saints et n'importe lequel des saints noms d'HaShem2. Dans les temps anciens, celui qui effaçait l'un des noms d'HaShem devait recevoir trente-neuf coups de fouet. En traitant le nom d'HaShem et les artefacts saints avec respect, nous imprégnons nos cœurs d'une crainte et d'une admiration pour HaShem.3

Dans cet article, nous essayerons d'expliquer quels sont les objets qui sont halakhiquement considérés être saints, et quelle est la façon la plus appropriée de s'en débarrasser s'ils ne sont plus utilisables, étant donné que très peu de Juifs connaissent en réalité ces Halokhôth et pensent faussement que tout livre qui parle d'HaShem ou de la Tôroh est saint (par conséquent, ils enterrent systématiquement tous les livres religieux et même les brochures religieuses distribuées dans les synagogues).

Les artefacts saints sont ce qu'on appelle שמות « Shémôth », qui signifie en Hébreu « noms », une référence aux noms saints d'HaShem que contiennent ces livres ou ces objets, et qu'il est interdit de détruire ou jeter. Traditionnellement, ces livres et objets sont enterrés ou stockés dans un endroit spécialement aménagé à cet effet et que l'on appelle גניזה « Génîzoh », qui signifie littéralement « caché », mais est employé dans le sens d' « archive religieuse ».

  1. Qu'est-ce qui est halakhiquement considéré comme « saint » ?

Nous lisons dans le Talmoud4 :

Nos Rabbins ont enseigné : les objets d'une Miswoh peuvent être jetés, tandis que les objets de sainteté doivent être enterrés. Voici ce qu'on appelle « objets d'une Miswoh » : une Soukkoh, un Loulov, un Shôfor et des Sîsîth. Et voici ce qu'on appelle « objets de sainteté » : les sacs des rouleaux5, les Téfîllîn, la Mézouzoh, le manteau d'un Séfèr Tôroh, les boites des Téfîllîn, ainsi que leurs lanières. Ravo` a dit : « Au début, je croyais que le pupitre6 était un objet [de Miswoh] d'un objet [de sainteté], et qu'il était donc permis [de jeter]7. Mais une fois, j'ai vu qu'ils plaçaient un Séfèr Tôroh [directement] dessus. Je crois à présent que c'est un article de sainteté, et il est interdit [de le jeter] ».
ת"ר תשמישי מצוה נזרקין תשמישי קדושה נגנזין ואלו הן תשמישי מצוה סוכה לולב שופר ציצית ואלו הן תשמישי קדושה דלוסקמי ספרים תפילין ומזוזות ותיק של ס"ת ונרתיק של תפילין ורצועותיהן אמר רבא מריש הוה אמינא האי כורסיא תשמיש דתשמיש הוא ושרי כיון דחזינא דמותבי עלויה ס"ת אמינא תשמיש קדושה הוא ואסור

Un Séfèr Tôroh, des Téfîllîn et une Mézouzoh sont considérés comme étant intrinsèquement saints parce qu'ils contiennent les noms d'HaShem et sont rédigés d'une manière particulière dictée par la Halokhoh. Les choses dans lesquelles ils sont rangés ou stockés sont elles aussi considérées saintes. C'est ce que l'on appelle תשמישי קדושה « Tashmîshéi Qédoushoh – objets de sainteté ». Par contre, les choses dans lesquelles sont rangés ou stockés les choses contenant les Tashmîshéi Qédoushoh (par exemple, un sac dans lequel on range les housses des Téfîllîn) ne sont pas considérées saintes et peuvent être jetées. C'est ce qu'on appelle תשמיש דתשמיש « Tahsmîsh Déttashémîsh – objet [d'une Miswoh] d'un objet [de sainteté] ».

Un objet qui est actuellement utilisé pour une Miswoh ne peut pas être utilisé à des fins profanes. Par contre, un objet qui était autrefois utilisé pour une Miswoh, mais qui ne peut plus actuellement être utilisé pour une autre Miswoh, n'a plus de sainteté et peut être jeté, comme c'est le cas de Sîsîth qui ne sont plus valables. C'est ce que l'on appelle תשמישי מצוה « Tashmîshéi Miswoh – objets d'une Miswoh ». Néanmoins, il convient de s'en débarrasser d'une manière respectueuse et non pas de les jeter directement à la poubelle. Une façon respectueuse de s'en débarrasser consiste à les envelopper dans un sac plastique et ensuite de les jeter. On peut également les déposer dans un lieu où des non Juifs les prendront et les jetteront. Cependant, certains sont Mahmîrîm et les placent quand même dans une Génîzoh. D'autres encore réutilisent, par exemple, les Sîsîth qui ne sont plus valables comme marque-pages dans un Houmosh.

Nous basant sur ces règles, les objets suivants sont vus comme ayant un certain degré de sainteté. Si l'un d'entre eux n'est plus utilisable, il faudra l'enterrer ou le placer dans une Génîzoh :

  • Un Séfèr Tôroh
  • Le manteau d'un Séfèr Tôroh
  • Le tissu sur lequel est déposé le Séfèr Tôroh lorsqu'on le lit à la synagogue
  • La `Arôn Qôdèsh
  • Les Téfîllîn (y compris les lanières)
  • Les Mézouzôth (c'est-à-dire, les parchemins)
  • Les boites des Mézouzôth
  • Les Séforîm, c'est-à-dire, un Houmosh, un TaNaKh, une Mishnoh et un Talmoud. Le Taz8 זצ״ל ajoute tout livre qui reprend des passages entiers ou même partiels de la Tôroh, que ces livres soient manuscrits ou imprimés.
  • Tout papier sur lequel le nom d'HaShem est écrit en Loshôn Haqqôdèsh. D'après le Rambam9 זצ״ל, les sept noms d'HaShem qu'il est interdit d'effacer, de jeter, etc., sont : le Tétragramme, `Él, `Èlôhîm, `Èlôah, `Èlôhaï, `Él Shaddaï, et Sévo`ôth.

Par contre, les objets suivants ne sont pas considérés « saints ». Néanmoins, on ne doit pas s'en débarrasser d'une manière irrespectueuse :

  • Le Parôkhéth (rideau de la `Arôn Qôdèsh)
  • La Bîmoh sur laquelle on lit le Séfèr Tôroh. (Le Séfèr Tôroh n'est jamais déposé directement sur la Bîmoh, mais sur un tissu qui recouvre la Bîmoh.)
  • Une `Arôn Qôdèsh qui est construite dans le mur n'est pas considérée « saint »
  • Un Loulov et un `Èthrôg une fois qu'est passée la fête de Soukkôth
  • Un Tallîth Qotton et un Tallîth Godôl une fois qu'ils ne sont plus utilisables
  • Les housses des Téfîllîn. Tout comme le terme « Mézouzoh » ne fait référence qu'au parchemin et non à la boite, le terme « Téfîllîn » ne fait référence qu'aux parchemins contenus dans les boites, ainsi qu'aux lanières. Étant donné que les Téfîllîn sont rangées dans des boites, les housses ont le statut de « Tashmîsh Déttashémîsh », et peuvent être jetées d'une façon respectueuse.10 D'autres sont Mahmîrîm et préconisent de les considérer comme des objets saints, et donc de les placer dans une Génîzoh lorsqu'elles ne sont plus utilisables.11

Les objets suivants peuvent être jetés, même d'une manière irrespectueuse :

  • Une étagère de bibliothèque sur laquelle des livres saints ont été rangés12
  • Une housse de Tallîth
  • La boite dans laquelle fut vendu ou rangé un Loulov ou un `Èthrôg
  • Une Kîppoh. (La Kîppoh n'est l'accomplissement d'aucune Miswoh, ni biblique, ni rabbinique, mais simplement l'expression de notre crainte du ciel.)

  1. Des journaux sacrés ?

Concernant les Divréi Tôroh qui sont imprimées dans des publications hebdomadaires souvent distribuées dans les synagogues à Shabboth, certains disent qu'on devrait les placer dans une Génîzoh si on souhaite s'en débarrasser.13 D'autres disent qu'étant donné qu'ils n'ont été imprimées que pour un usage temporaire, ces Divréi Tôroh n'ont pas pleinement une mesure de sainteté et qu'on peut donc les envelopper dans un sac plastique avant de les jeter, si la publication n'était pas en Loshôn Haqqôdèsh.14

La même règle s'appliquera pour les notes que l'on prend pour soi-même et que l'on prévoit de jeter par la suite, tout comme des interrogations écrites, des devoirs, des cahiers d'exercice, etc. Ainsi, les exercice de la Loshôn Haqqôdèsh n'ont aucune sainteté, même s'ils contiennent des versets de la Tôroh, car dès le départ il est clair que ces versets ont été reproduits à des fins d'exercice de lecture. Et cela est le cas même lorsque le nom d'HaShem est reproduit dans ces exercices.

  1. Des billets saints ?

La question suivante a été posée : étant donné que le nom d'HaShem a un certain degré de sainteté dans n'importe quelle langue15, et que sur chaque billet et pièce de dollar américain sont imprimés les mots « In God we trust » (en D.ieu, nous avons confiance), peut-on faire entrer un billet de dollar américain dans les toilettes ou le traiter d'une manière irrespectueuse ?

HaRov Shélômôh Zalman Auerbach זצ״ל a tranché que c'était permis. Il base son Pésaq sur le Shah זצ״ל, qui a écrit16 que l'on peut effacer le nom d'HaShem s'il a été écrit dans une autre langue que le Loshôn Haqqôdèsh. Bien que certains autres ne soient pas d'accord avec l'opinion du Shah17, on peut s'appuyer dessus au moins quant au fait de les faire entrer dans les toilettes, puisque dans ce cas-là on n'est pas en train d'effacer le nom.

  1. Transfert de sainteté

Des objets qui furent utilisés pour des artefacts saints, comme par exemple une `Arôn Qôdèsh, peuvent être vendus. La sainteté de ces objets est alors transférée sur l'argent de la vente, qui doit alors être utilisé pour l'acquisition d'un objet d'une plus grande sainteté que celui qui a été vendu.18

  1. Comment enterrer ?

Un Séfèr Tôroh, des Téfîllîn et des Mézouzôth qui ne sont plus valables ni réparables doivent être scellés dans de l'argile ou un récipient en plastique dur avant d'être enterrés, afin de s'assurer qu'ils ne se décomposent pas immédiatement.19

Quant aux autres livres et objets saints, on peut les enterrer dans un cimetière ou tout autre lieu, après les avoir placés dans des sacs ou des boites. Par contre, on doit veiller à ne pas les enterrer là où on est certain que des travaux de construction et de réaménagement de la zone auront lieu, ce qui désacraliserait ces objets.

Espérons qu'en traitant les artefacts saints avec respect, nous parviendrons à développer une crainte et une admiration appropriée pour HaShem !
1Dévorîm 12:4
3Séfèr HaHînoukh, Miswoh n°437
4gîlloh 26a
5Contrairement à aujourd'hui, toutes les synagogues n'étaient pas dotées d'une `Arôn Qôdèsh dans laquelle on rangeait les rouleaux de la Tôroh. On les plaçait soit dans des caisses en bois, soit dans des sacs particuliers.
6Sur lequel on lit le Séfèr Tôroh a la synagogue.
7Rashî זצ״ל explique que c'est parce qu'on plaçait un tissu pour couvrir le pupitre, et seulement après on plaçait dessus le Séfèr Tôroh. Il n'y avait donc pas de contact direct entre le Séfèr Tôroh et le pupitre en lui-même.
8Yôréh Dé'oh 271:8
10Bî`our Halokhoh Sîmon 21
11Minhath `Èl'ozor, Volume 1, Sîmon 27. Son raisonnement est qu'étant donné que les lanières des Téfîllîn sont saintes et sont en contact direct avec les housses, il faut donc accorder une sainteté aux housses.
12Mishnoh Bérouroh 154:9. Étant donné que les livres saints sont attachés à une reliure, l'étagère a le statut de Tashmîsh Déttashémîsh. Certains disent qu'il faut être Mahmîr étant donné que tous les livres n'ont pas nécessairement une reliure (Pisqéi Téshouvoh 154:7).
13Minhath Yishoq 1:17
14HaRov Môshèh Feinstein זצ״ל permet de les jeter à partir du moment où le nom d'HaShem n'est pas écrit dans ces textes (Iggérôth Môshèh, `Ô.H. 4:39).
15Voir le Shoulhon 'Oroukh HaRov 85:3
16Yôréh Dé'oh 179:11
17Le Bah זצ״ל n'est pas d'accord avec ce Pésaq, ainsi que le Hovôth Yo`îr זצ״ל. Mais Rabbî Shnéour Zalman de Lyiadi זצ״ל (Shoulhon 'Oroukh HaRov 85:3) et le Hofés Hayîm זצ״ל (Mishnoh Bérouroh 85:10) sont d'accord avec le Pésaq du Shah.
18Shoulhon 'Oroukh, O.H. 153

19Ibid., 154:5
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