jeudi 29 janvier 2015

Sur la nature et le futur de la Halokhoh par rapport à l'autonomie religieuse : Quatrième partie

בס״ד

Sur la nature et le futur de la Halokhoh par rapport à l'autonomie religieuse

Quatrième partie

Le rabbin Nothon Lopes Cardozo שליט״א

Pour (re)lire :

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  • Le judaïsme est un mode de vie autonome

La question que nous devons à présent poser est de savoir comment ramener le judaïsme à son « soi » originel et authentique dans lequel la tradition halakhique du « `Éllou Wa`éllou »1 est une fois de plus reconnue et appliquée. Peut-on réactiver ce concept pour apporter une nouvelle vie dans la circulation sanguine du judaïsme pour ces jeunes qui sont dans le besoin? Certes, le principe de « `Éllou Wa`éllou » n'est pas un chèque en blanc qui permet tout. Ce principe ne doit être mis en œuvre que s'il va stimuler un plus grand engagement à la vie religieuse juive tout en répondant simultanément aux nombreux changements drastiques qui ont eu lieu dans notre monde moderne. La nécessité de l'autonomie humaine ainsi que la spiritualité et la soif de sens qui sont recherchées par tant de jeunes devra être traitée.

Nous devons réaliser que le judaïsme est un mode de vie autonome. Bien que le besoin de conformité au sein de la communauté doit être constamment pris en considération, en fin de compte on est censé répondre en tant qu'individus aux exigences de la Tôroh. Chaque être humain est un monde entier, et il n'y a pas deux êtres humains qui soient identiques dans leur constitution psychologique, dans leurs besoins religieux ou expériences de D.ieu. On ne peut rencontrer D.ieu qu'en tant qu'individu. Qu'est-ce, après tout, le but de mon existence si ce n'est de me rapporter à D.ieu différemment de mon voisin? Imiter ce que font les autres dans leur service de D.ieu démontre qu'il n'y a aucune raison pour que je sois venu au monde. Le besoin criant de distinction humaine est démontrée par le fait qu'aucun Juif n'a reçu la Tôroh ou entendu la voix de D.ieu au Sinaï de la même manière, comme l'a fait remarquer le Maharshal. La nécessité d'une plus grande autonomie halakhique n'est pas dans le simple but d'adapter le judaïsme à l'esprit des temps modernes, mais aussi de rendre le judaïsme plus authentique et fidèle à son propre esprit. Bien que la nécessité de la conformité communautaire a souvent rendu difficile pour le judaïsme d'insister sur la nécessité de l'autonomie personnelle, la difficulté vécue par tant de jeunes gens aujourd'hui peut propulser cette question à l'avant-garde de notre préoccupation.

  • Questions difficiles

À la lumière des observations mentionnées ci-dessus, je me demande si nous pouvons présenter à nouveau les grands débats talmudiques d'une manière qui va remodeler le judaïsme dans son soi originale à multiples facettes et coloré, de sorte que les jeunes Juifs d'aujourd'hui, qui s'interrogent, tombent amoureux de lui. Devrions-nous permettre, et même encourager, des personnes ou des communautés à décider elles-mêmes laquelle des nombreuses opinions dans le Talmoud aimeraient-ils suivre?

Pour répondre à cette question nous devons sans doute aller au-delà de la façon classique avec laquelle la Halokhoh a été appliquée à travers les générations ultérieures. À bien des égards la question n'est pas seulement d'ordre halakhique; c'est aussi une question d'ordre hashkafique. Nous devons trouver de nouvelles voies à la spiritualité juive. Même s'il n'est pas tout à fait clair où commencent les questions de Halokhoh, les questions de Hashqofoh, la `aggodoh et les besoins spirituels qui influencent la pensée halakhique, il est nécessaire d'entrer dans une nouvelle façon halakhique de penser; une qui a rarement été utilisée, mais fait clairement partie du monde du Talmoud. C'est le concept de plusieurs vérités dans la Tôroh de D.ieu. Dans notre monde moderne, l'esprit de la Halokhoh comme une tradition vivante à multiples facettes devient extrêmement pertinente. Les règles conventionnelles sur la façon de parvenir à une décision halakhique peuvent avoir à intégrer des exigences plus spirituelles. Toutefois, cela ne peut se faire que si elles sont enracinées dans le Talmoud et ne violent pas les principes sous-jacents du débat halakhique comme décrit par « `Éllou Wa`éllou ». Le débat quant à savoir si les individus peuvent décider de leur propre chef quelle opinion dans le Talmoud ils aimeraient suivre est d'une importance capitale.

  • Les savants halakhiques et la crise religieuse

Les grands savants halakhiques d'aujourd'hui et de demain devront décider si nous sommes autorisés à mettre en œuvre cette idée. Seront-ils prêts à sincèrement considérer ces questions? Sont-ils équipés de suffisamment de connaissances sur notre monde - la crise morale, spirituelle et religieuse dans laquelle tant de jeunes se retrouvent - pour traiter de cette question? Comprennent-ils pleinement la place centrale que l'autonomie humaine occupe dans la société d'aujourd'hui et dans le judaïsme authentique? Est-ce qu'ils se connectent assez avec la mélodie religieuse de la Halokhoh pour même voir la nécessité de ces questions? Ils peuvent facilement rejeter ces questions comme hors de propos, inacceptables, non-Koshér ou même hérétique; mais cela ne va pas. Trop de choses sont en jeu. La situation difficile de l'humanité en général et des Juifs en particulier, est si grande, que le refus de traiter ces problèmes éloigneront finalement de nombreux bons Juifs de la tradition juive et de la pratique religieuse. Ignorer le besoin grandissant de tant de jeunes, des personnes intelligentes, pour une approche autonome d'un mode de vie halakhique personnel n'est plus possible. Un grand courage est même nécessaire pour ne serait-ce que soulever ces questions, et encore plus pour donner des réponses. Ce qui est nécessaire est la volonté sincère de penser hors de la boîte.

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