בס״ד
Sur
la nature et le futur de la Halokhoh par rapport à l'autonomie
religieuse
Cinquième
et dernière partie
Le
rabbin Nothon Lopes Cardozo שליט״א
Pour
(re)lire :
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- Problèmes halakhiques
À
première vue, il semble que de nombreux principes halakhiques
pourraient interdire la possibilité de réintroduire le concept de
« `Éllou Wa`éllou ». Le Talmoud comprend des
opinions minoritaire en matière de Dinéi DaRabbonon - les
rabbiniques. C'est la catégorie qui nécessite urgemment que l'on
traite des questions de spiritualité et de Halokhoh établie. En
général, les opinions minoritaires ne sont pas destinées à être
suivies. La raison est évidente: permettre aux gens de reprendre ces
avis auraient un impact destructeur sur la communauté juive et son
besoin de comportement normatif uniforme, c'est-à-dire, « afin
de ne pas fragmenter la Tôroh dans de nombreuses Tôrohs »
(Sanhédrin 88b).
Mais
qu'en serait-il si suivre des opinions minoritaires ne ferait
qu'accroître l'amour et le respect des lois de la Tôroh
(Da`ôrayto`)) chez de nombreux coreligionnaires Juifs? Beaucoup de
lois rabbiniques sont des haies de protection érigées dans le but
distinct et précis d'empêcher des personnes de violer la loi de la
Tôroh, mais que faire si elles produisent le résultat inverse, à
savoir, le rejet absolu de loi de la Tôroh? Aujourd'hui, nombre de
ces lois rabbiniques garder les gens à l'extérieur au lieu de les
inviter à entrer. Elles ne sont pas propices à la spiritualité
désirée par tous les gens qui essaient de respecter les lois de la
Tôroh. Et si certaines des opinions minoritaires étaient plus
propice à l'observance des lois de la Tôroh? C'est particulièrement
vrai concernant les lois rabbiniques qui affectent l'individu. Ces
sujets exigent un grand investissement spirituelle à un niveau
individuel. Ne serait-il pas plus sage dans ces cas d'encourager la
mise en application des opinions minoritaires telles que rapportées
dans le Talmoud au lieu de les interdire et de normaliser les
opinions de la majorité?1
- Béith Shamma`y et Béith Hillél
Nous
nous demandons si une telle approche serait valable au niveau des
controverses rituelles entre Béith Shamma`y et Béith Hillél. La
Halokhoh suit sans équivoque Béith Hillél, et dans des
circonstances normales, il est interdit de se conformer aux avis de
Béith Shamma`y (´Éiouvin 13b). Cependant, la raison de
cette règle n'est pas du tout claire (Voir Yavomôth 14a). En
fait, il semble qu'il y avait des cas dans le passé où suivre des
décisions de Béith Shamma`y fut même encouragé (Barokhôth
53b). Quelle que soit la raison, serait-il permis de suivre les
avis de Béith Shamma`y lorsque certaines personnes se sentent plus
liées à ce point de vue? Après tout, beaucoup de ces divergences
d'opinion [entre Béith Shamma`y et Béith Hillél] ne portent pas
seulement sur des aspects juridiques ou des disputes académiques;
elles sont, avant tout, des différences d'approche sur la vie
religieuse. (Voir par exemple la question de savoir si l'on doit
allumer les huit bougies le premier jour de Hanoukkoh (Béith
Shamma`y) ou seulement le dernier jour (Béith Hillél ).) Ne
serait-il pas plus conforme à l'esprit de Béith Shamma`y et Béith
Hillél de permettre aux gens de décider par eux-mêmes [comment
allumer les bougies de Hanoukkoh], maintenant que l'engagement
religieux dans une société laïque est d'une nature entièrement
différente de ce qu'il était dans les premiers temps?
- Ignorer les opinions minoritaires
En
outre, le Talmoud nous permettrait-il non seulement d'ignorer
des opinions majoritaires, mais également des opinions rabbiniques
minoritaires si le résultat amènerait les gens à respecter les
lois de la Tôroh? Il est une évidence que de nombreuses lois
rabbiniques facilitent l'observance des lois de la Tôroh, mais qu'en
est-il si les gens se sentent confinés par ces lois au point de ne
plus comprendre l'esprit, disons, de cette prière ou du Shabboth ?
Dans de nombreux cas, il n'est même pas clair si une loi est
Da`ôrayto` ou DaRabbonon, et dans ces cas on ne peut pas prendre de
risques. Mais là où nous savons pertinemment bien qu'ils sont
DaRabbonon, cela serait-il autorisé? Après tout, les êtres humains
sont des plus complexes. La liberté dans un domaine conduit souvent
à un plus grand engagement dans un autre.
En
effet, dans les temps pré-mishnaïques et talmudiques, bon nombre de
ces lois rabbiniques n'existaient pas encore, et les gens prenaient
leurs propres décisions sur la façon de s'assurer qu'ils ne
violeraient pas la loi de la Tôroh ou sur la façon de donner un
sens à leur relation avec D.ieu par leurs propres prières ou
d'autres rituels.2
Il n'y avait pas de livres de prière et il semble qu'il était
strictement interdit de mettre par écrit des prières3
(Shabboth 115b). Est-il impossible d'adopter nous aussi une
approche semblable aujourd'hui?
- Bénédictions, prières et offices synagogaux personnalisés
Les
gens pourraient-ils adopter d'autres versions de bénédictions,
telles que celles décrites dans le Talmoud mais pas codifiées
dans la Halokhoh pratique? Le Talmoud objecterait-il vraiment contre
quelqu'un qui formule ses propres Barokhôth si elles ont une plus
grande importance pour lui? Quand les gens se plaignent de ne pouvoir
se connecter à certaines des Barokhôth et prières officielles;
que ces Barokhôth et prières sont d'une telle beauté qu'ils sont
incapables d'absorber leur signification profonde et donc se sentent
hypocrites en les disant; ou que la récitation constante des mêmes
Barokhôth et prières ne permet plus les dire avec ferveur
religieuse, n'y a-t-il pas une certaine vérité à leur affirmation?
Après tout, n'était-ce pas le but des Sages de formuler ces textes
religieux pour inciter les gens à louer et remercier sincèrement
D.ieu? N'est-il pas préférable pour nous de dire différentes
prières lorsque cet objectif serait mieux servi? Inutile de dire que
certaines exigences spirituelles et religieuses devraient être
préservées.4
Différents
types d'offices synagogaux pourraient-ils être créés dans lesquels
des prières et rituels alternatifs sont laissés à l'appréciation
de la communauté? Les Minhagim, rituels et d'autres traditions sont
d'une grande importance et ne devraient pas être pris à la légère.
Ils ont grandement contribué au judaïsme. Mais que faire si les
gens ont désespérément besoin d'exprimer leur dévotion religieuse
d'une manière différente? Tout comme il est possible pour un rabbin
de prendre une décision halakhique un jour et une différente le
lendemain, parce qu'il voit les choses différemment, pourquoi cela
ne pourrait-il pas s'appliquer également aux prières de l'être
humain? Qu'en serait-il si cela contribuerait à créer une
expérience religieuse plus authentique?
Ces
questions et d'autres sont de la plus haute importance si nous
voulons revitaliser le judaïsme dans le cœur de beaucoup de gens.
- Hôra`ath Sho´oh
Dans
cette veine, peut-être devrions-nous nous pencher sur les concepts
halakhiques qui traitent de cas où la suspension d'une loi
particulière « ramène les foules à la religion et les
sauve d'un laxisme religieux général » (Mishnéh
Tôroh, Hilkhôth Mamrim 2:4). Ces concepts pourraient inclure
les notions de Hôra`ath Sho´oh, la nécessité de la suspension
temporaire d'une loi; Lamigdar Milto`, l'amélioration d'un
sujet particulier; et ´Éth LaShem, un temps pour agir pour D.ieu.
Comme le grand sage talmudique Réish Laqqish l'a fait remarquer,
« Il y a des moments où la suspension de la Tôroh peut
être sa fondation »5
(Manohôth 99a-b). Ces concepts se
réfèrent généralement à des changements à court terme, et sont
généralement limités dans leur portée. Cependant, il y a eu des
cas dans l'histoire religieuse juive où des sujets ont été
modifiés sur une base à long terme, et dans certains cas n'ont
jamais été révoqués. En fait, ces principes ont même été
utilisés pour des besoins religieux totalement opposés, en fonction
des Hashqofôth des communautés qui étaient au bout du rouleau et
tentèrent activement de faire survivre le judaïsme dans les temps
modernes. Ces exemples peuvent être trouvés dans le concept de
« Tôroh ´Im Darakh `Aras » développé par Rabbi
Samson Raphaël Hirsch; dans l'opposition du Hothom Sôfèr à
la culture générale; dans la décision prise par le Hofés
Hayim d'autoriser les jeunes femmes à recevoir une éducation
toranique plus poussée; et dans l'interdiction rabbinique existant
dans certains milieux, concernant les groupes de prière
exclusivement composés de femmes.6
Toutes ces innovations furent une réponse à une crise aiguë,
qu'elles aillent laqouloh7
ou Lahumroh8.
Elles ne peuvent probablement pas être inclus dans la stricte
définition et les paramètres de Hôra`ath Sho´oh, mais elles
portent clairement son caractère et ont été acceptées comme
telles par les différentes communautés. Elles ressemblent toutes à
une Hôra`ath Sho´oh.
Pour
éviter tout malentendu, je répète qu'en aucune façon je ne
suggère que nous fassions disparaître des pièces du judaïsme, ou
que l'on nie la divinité de la Tôroh et l'importance de la loi
rabbinique. C'est plutôt l'inverse. Mes observations et suggestions
proviennent d'un amour profond et d'une grande appréciation pour ce
que représente la Halokhoh. C'est par amour pour la Parole de D.ieu
qui est descendue à nous au Sinaï, que cet article est né.
1En
fait, bon nombre d'opinions considérées minoritaires dans le
Talmoud pouvaient néanmoins être appliquées par ceux qui
le désiraient. Qu'une opinion soit minoritaire ne signifie pas
automatiquement qèue l'on doive obligatoirement suivre l'opinion
majoritaire sur la question. C'est ainsi que tout au long du
Talmoud, nous voyons de nombreux Sages qui se tenaient plutôt
du côté de l'opinion minoritaire et l'appliquaient, en dépit
qu'elle n'était pas majoritaire, car sur de nombreuses questions
que l'on suive telle ou telle opinion n'a en réalité aucune
incidence halakhique négative.
2Nous
avons apporté de nombreux exemples dans divers articles publiés
sur ce blog pour démontrer que dans les temps talmudiques, tout
n'était pas formalisé. On pouvait, par exemple, réciter ses
propres formules pour la Havdoloh et d'autres rituels.
3Justement
pour que la prière ne devienne jamais quelque chose de figé. C'est
ainsi que le Talmoud oblige en réalité à ajouter des
éléments nouveaux dans toutes nos prières, contrairement à ce
qui se fait de nos jours où les mêmes prières sont récitées
chaque jour. Même au Moyen-Âge, c'était le Shaliah Sibbour
qui improvisaient le déroulement de l'office en choissant lui-même
les chants qu'il désirait que l'assemblée chante avec lui. C'est
ainsi que de nombreux Piyyoutim se frayèrent un chemin dans le
Siddour. Le Talmoud rapporte également les versions
personnelles du « Môdim DaRabbonon » que
faisaient bon nombre de personnes pendant la ´Amidoh. Chacun
pouvait dire ce qu'il voulait pendant que le Shaliah Sibbour
récitait la bénédiction du « Môdim ».
4Le
Talmoud donne effectivement des règles à suivre lorsqu'on
récite ses propres Barokhôth. Nous ne devons donc pas les formuler
comme bon nous semble.
5C'est-à-dire,
ce qui permet de la préserver et la maintenir en vie.
6Tous
ces exemples sont des innovations causées par des situations
particulières. Nous voyons donc qu'il est totalement faux de
prétendre qu'il est interdit de changer quoi que ce soit dans la
pratique religieuse.
7Vers
l'indulgence
8Vers
la rigueur