בס״ד
Consommer
de la soupe réchauffée à Shabboth
Il
est arrivé qu'un invité s'est vu servir par ses hôtes de la soupe
chaude un Shabboth après-midi. L'invité fut surpris de voir que de
la soupe chaude était servie à Shabboth, puisque, d'après ce qui
lui avait été enseigné, la Halokhoh interdirait de réchauffer un
liquide froid sur un Blèkh ou une plaque chauffante à Shabboth, une
règle connue sous le nom de יש
בישול אחר בישול בלח « Yésh
Bîshoul `Ahar Bîshoul Balah
– Il y a une cuisson après une cuisson au niveau des liquides ».
Cela signifie que si un aliment liquide avait été cuit avant
l'entrée du Shabboth ((ou que l'on a mis sur le feu avant l'entrée
de Shabboth et a cuit durant le Shabboth), s'il s'est refroidi
pendant Shabboth il est interdit de le réchauffer.
Il
s'est avéré que la maîtresse de maison s'était par contre faite
enseigner qu'il était tout à fait permis par la Halokhoh de
réchauffer de la soupe à Shabboth, d'où le fait qu'elle s'est
permise de le faire. La question suivante s'est alors posée :
était-il permis de consommer cette soupe ?
En
règle générale, la Halokhoh interdit de tirer profit d'actes
interdits accomplis à Shabboth. À première vue, il serait donc
interdit de consommer cette soupe, étant donné qu'on tirerait alors
profit d'une transgression du Shabboth. Mais il n'en est pas ainsi !
En
effet, le Hofés
Hayim זצ״ל,
dans son Mishnoh Barouroh, rappelle une règle que beaucoup
aujourd'hui ont souvent tendance à oublier : lorsqu'il existe
une opinion rabbinique qui va vers l'indulgence, l'acte est alors
permis. Il tranche donc que Lakhatahilloh, il ne faut pas
réchauffer des liquides à Shabboth, mais Badi´avad, si cela
a été fait, la nourriture est permise à la consommation durant le
Shabboth, parce que le Rambam זצ״ל
a
tranché qu'il est tout à fait permis de réchauffer des liquides à
Shabboth. C'est pourquoi les Dôr Da´im (Juifs Yéménites qui
suivent à la lettre des décisions du Mishnéh Tôroh) et les
Talmidéi HaRambam ont la coutume de retirer du réfrigérateur
à Shabboth de la soupe froide préparée avant Shabboth et de la
réchauffer afin de la consommer chaude.
C'est
également ce qu'ont tranché plusieurs décisionnaires du temps des
Ri`shônim. Bien qu'un aliment qui est entaché d'une transgression
du Shabboth est interdit à la consommation, cela ne s'applique
qu'aux actes qui sont interdits d'après toutes les autorités.
Mais lorsque la permissivité de l'acte est sujet à un débat parmi
les Pôsqim, l'aliment n'est alors pas du tout interdit. Nous
appliquons dans ce cas-là le principe de ספק
דרבנן לקולא « Saféq
DaRabbonon Laqoulo` », c'est-à-dire, lorsqu'il existe un
doute quant à une interdiction d'origine rabbinique, on doit aller
vers la souplesse. Étant donné que tirer profit d'un aliment
préparé à Shabboth n'est interdit qu'en vertu d'un décret
rabbinique, l'aliment est permis à la consommation s'il existe un
doute concernant l'acte qui a été réalisé. Ce principe important,
que l'on a tendance à négliger (ou que l'on ne connaît tout
simplement pas), s'applique dans le cas d'un liquide qui a été
réchauffé à Shabboth.
En
effet, bien que Rabbi Yôséf Karo זצ״ל
ait
tranché dans son Shoulhon ´Oroukh qu'il était interdit de
réchauffer des aliments liquides à Shabboth, et que c'est la
Halokhoh acceptée majoritairement aujourd'hui, le Talmoud ne
l'interdit pas du tout. C'est pourquoi, de nombreux Ri`shônim, dont
le Rambam, permettent de réchauffer un aliment liquide à Shabboth
qui était déjà cuit avant Shabboth (ou dont la cuisson s'est
termine pendant Shabboth), parce qu'à leurs yeux, l'aliment ayant
déjà été cuit avant Shabboth, le réchauffer n'est pas considéré
une cuisson en vertu de la règle de אין
בישול אחר בישול « `Éin
Bîshoul `Ahar Bîshoul – Il n'y a pas de
cuisson après une cuisson », et ce même si le liquide
s'est complètement refroidi.
Ainsi,
bien que la position du Rambam et ces autres Ri`shônim ne soit pas
acceptée par la majorité des Juifs d'aujourd'hui, puisque ce sujet
fait l'objet d'un débat de la soupe réchauffée à Shabboth ne
devient pas interdite à la consommation.