jeudi 8 septembre 2016

Les problèmes des ´érouvin modernes

ב״ה

Les problèmes des ´érouvin modernes


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Dans la plupart des villes comptant une importante population juive orthodoxes il n'est pas rare de voir un câble entourer les quartiers juifs. Ce câble est faussement communément appelé עֵירוּב « ´érouv », et les gens croient qu'ils auraient le droit de porter dans le domaine public à Shabboth si leur quartier est entouré d'un tel câble. C'est l'une des erreurs les plus communément faites à notre époque.

Le Ramba''m ז״ל (et en fait, l'écrasante majorité des Ri`shônim, et le Talmoudh lui-même) déclare qu'une rue qui fait seize `ammôth de large est une רְשׁוּת הָרַבִּים מִן הַתּוֹרָה « Rashouth Horabbim Min Hattôroh » (domaine public d'après la Tôroh). Et cela est explicitement dit dans le Talmoudh.1 D'après la loi de la Tôroh et la loi rabbinique, il est défendu de porter dans une Rashouth Horabbim. Et il n'est pas possible de faire un « ´érouv » qui inclurait une Rashouth Horabbim, puisque le concept même d'un « ´érouv » est un décret rabbinique permettant de porter entre des domaines dans lesquels il est rabbiniquement défendu de porter quelque chose.2 Par conséquent, un ´érouv ne peut pas convertir un « domaine public » en un « domaine privé. »

De ce fait, porter quelque chose d'une maison dans n'importe quelle rue faisant au moins seize `ammôth de large dans une ville moderne est en réalité une transgression biblique, pour laquelle le « ´érouv » n'est d'aucune utilité.

Quant à la fausse croyance selon laquelle la présence d'au moins 600 000 personnes à l'intérieur d'une certaine zone peut annuler ce concept, elle a été popularisée par Rash''i ז״ל, mais n'est ni un concept original ni accepté, bien que de nombreux `ashkanazim s'appuient dessus. Le Talmoudh ne fait jamais mention de ce chiffre de 600 000 personnes, par lequel on transforme un domaine public en une Karmélith. Rash''i a tenté de faire cette équation reliant les Gamorôth de ´érouvin 6b et de Barokhôth 58a au concept du domaine public. Mais dans ces textes-là, une telle corrélation n'existe pas. Par conséquent, il ne s'agit pas là d'un concept original du Sanhédhrin. Du point de vue halakhique, la définition d'un domaine public dépend uniquement de ses mesures et non pas de la foule qui le traverse.

Voici ce que rapporte le Ramba''m dans son Mishnéh Tôroh3 :

Qu'est-ce qu'un domaine public ? Les déserts, les forêts, les champs, et les chemins qui y conduisent si la largeur du chemin est de seize `ammôth et n'est pas couverte par un toit. Qu'est-ce qu'un domaine privé ? Un monticule qui a au moins dix Tafohim de hauteur, et quatre Tafohim sur quatre de largeur ou plus. De même, une fosse qui a une profondeur d'au moins dix `ammôth et une largeur de quatre Tafohim sur quatre ou plus. De même, un lieu qui est entouré de quatre murs hauts de dix [Tafohim], et qui a une surface de quatre [Tafohim] sur quatre ou plus. Même s'il mesure plusieurs Milin, s'il a été entouré en vue d'une habitation, comme une ville entourée d'une muraille dont les portes sont fermées la nuit, et les cours qui ont trois murs et un poteau sur le quatrième côté. De même, une cour, un corral et une écurie qui ont été entourés en vue d'une habitation. Tous ceux-ci sont des véritables domaines privés.
אֵיזוֹ הִיא רְשׁוּת הָרַבִּים--מִדְבָּרוֹת וִיעָרִים וְשָׂדוֹת, וּדְרָכִים הַמְּפֻלָּשִׁין לָהֶן: וּבִלְבָד שֶׁיִּהְיֶה רֹחַב הַדֶּרֶךְ שֵׁשׁ עֶשְׂרֵה אַמָּה, וְלֹא תִהְיֶה עָלָיו תַּקְרָה. וְאֵי זוֹ הִיא רְשׁוּת הַיָּחִיד--תֵּל שֶׁגָּבוֹהַּ עֲשָׂרָה טְפָחִים, וְרָחֵב אַרְבָּעָה טְפָחִים עַל אַרְבָּעָה טְפָחִים אוֹ יָתֵר עַל כֵּן; וְכֵן חָרִיץ שְׁהוּא עָמוֹק עֲשָׂרָה, וְרָחֵב אַרְבָּעָה עַל אַרְבָּעָה אוֹ יָתֵר עַל כֵּן; וְכֵן מְקוֹם שְׁהוּא מֻקָּף אַרְבַּע מְחִצּוֹת, גָּבְהָן עֲשָׂרָה וּבֵינֵיהֶן אַרְבָּעָה עַל אַרְבָּעָה אוֹ יָתֵר עַל כֵּן, אַפִלּוּ יֵשׁ בָּהּ כַּמָּה מִילִין, אִם הֻקַּף לְדִירָה כְּגוֹן מְדִינָה הַמֻּקֶּפֶת חוֹמָה שֶׁדַּלְתוֹתֶיהָ נִנְעָלוֹת בַּלַּיְלָה; וּמְבוֹאוֹת שֶׁיֵּשׁ לָהֶן שְׁלוֹשָׁה כּוֹתָלִים, וְלֶחִי בְּרוּחַ רְבִיעִית; וְכֵן חָצֵר וְדִיר וְסַהַר, שֶׁהֻקְּפוּ לְדִירָה: כֻּלָּן, רְשׁוּת הַיָּחִיד גְּמוּרָה הֶן

Nous voyons qu'il mentionne l'obligation halakhique d'avoir un ´érouv verrouillable doté de vrais murs. Des câbles ne sont pas des murs, tout comme ils ne peuvent annuler l’exigence des seize `ammôth (même s'ils étaient des murs valides). Le Ramba''m l'explique à nouveau concrètement dans le passage suivant de son Mishnéh Tôroh4 :

Comment est-il possible de rendre permis le déplacement [d'objets] entre deux cloisons qui se trouvent dans le domaine public où passent les gens ? On fait des portes de part et d'autre, qui font de l'espace entre elles un domaine privé. Il n'est pas nécessaire de fermer les portes la nuit, mais elles doivent pouvoir être fermées. [Si] elles sont enfoncées dans la terre, on les déplace, et on les ajuste de sorte qu'on puisse les fermer. Par contre, la forme d'une porte, un poteau ou une poutre ne sont pas suffisants pour permettre [de porter dans] un domaine public.
שְׁנֵי כּוֹתָלִים בִּרְשׁוּת הָרַבִּים, וְהָעָם עוֹבְרִים בֵּינֵיהֶם--כֵּיצַד מַכְשִׁיר בֵּינֵיהֶם: עוֹשֶׂה דְּלָתוֹת מִכָּאן וּדְלָתוֹת מִכָּאן, וְאַחַר כָּךְ יֵעָשֶׂה בֵּינֵיהֶם רְשׁוּת הַיָּחִיד. וְאֵינוּ צָרִיךְ לִנְעֹל הַדְּלָתוֹת, אֲבָל צָרִיךְ שֶׁיִּהְיוּ רְאוּיוֹת לְהִנָּעֵל; הָיוּ מֻשְׁקָעוֹת בֶּעָפָר, מְפַנֶּה אוֹתָן וּמְתַקְּנָן לְהִנָּעֵל. אֲבָל צוּרַת פֶּתַח, אוֹ לֶחִי וְקוֹרָה--אֵינָן מוֹעִילִין בְּהֶכְשֵׁר רְשׁוּת הָרַבִּים

Voir également les Hilkôth ´érouvin, au Chapitre 1.

Ceux qui défendent et font la promotion d'un « ´érouv » avec des câbles, et les considèrent comme des « murs », accepteraient-ils d'utiliser des câbles comme Mahisoh dans leurs synagogues pour séparer les hommes et les femmes ? J'en doute fortement ! De la même manière que cela ne serait pas valable pour opérer une séparation entre les sexes à l'intérieur d'une synagogue, car il ne s'agit pas d'une réelle séparation, de même des câbles ne sont pas valables pour établir un ´érouv, d'autant plus qu'un domaine public ne peut jamais devenir un domaine privé, même avec un ´érouv, comme nous l'avons mentionné plus haut, car l'institution du ´érouv ne sert qu'à porter dans des domaines où il est rabbiniquement, et non bibliquement, interdit de porter !

1Shabboth 99a
2Ces domaines furent interdits au niveau rabbinique afin d'empêcher les gens d'être confus quant à ce qui est réellement autorisé ou défendu de porter dans les domaines
3Hilkôth Shabboth 14:1

4Ibid., 17:10
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