jeudi 15 septembre 2016

Ribbi Mé`ir et ses voisins

ב״ה

Élucider les `aggodhôth et les Midhroshim

Ribbi Mé`ir et ses voisins


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Dans le Talmoudh1, on nous raconte que Ribbi Mé`ir ז״ל, le Sage le plus cité dans la Mishnoh, avait comme voisins des hommes particulièrement mauvais au comportement inapproprié et dérangeant, qui lui faisaient subir les pires misères, au point qu'un jour Ribbi Mé`ir décida de prier HaShem ית׳ pour que ces hommes puissent mourir.

Son épouse, Barouriyoh ז״ל, était une érudite, chose très rare à cette époque-là pour une femme, et était connue pour ne pas garder sa langue dans sa poche. Lorsqu'elle entendit que son mari priait pour que leurs voisins meurent, elle en fut affligée. Elle lui demanda la raison pour laquelle il éleva une telle prière, et si HaShem désire la mort des impies ou qu'ils cessent de faire le mal pour mener une vie droite et meilleure. Elle conclut en lui disant que s'il avait le pouvoir de prier pour qu'ils meurent, pourquoi ne pas plutôt prier pour qu'ils changent leurs voies ?

Acceptant la logique de son épouse, Ribbi Mé`ir pria pour qu'ils s'améliorent et changent leurs voies. Sa prière fut exaucée et ses mauvais voisins devinrent des hommes droits et intègres.

Pour comprendre ce passage `aggadique, à première vue très simple, nous devons d'abord établir la différence entre une bénédiction et une prière. Bien que les gens emploient généralement ces deux termes comme des synonymes, en hébreu il existe une différence fondamentale entre eux. Une bénédiction (en hébreu, ְרָכָה « Barokhoh ») est comparée à un réservoir (en hébreu, בְּרֵכָה « Barékhoh ») de bonnes choses qui attendent dans les cieux de descendre ici-bas à travers les canaux spirituels (un canal se dit en hébreu צִנוֹר « Sinôr », un mot formé des mêmes lettres que רָצוֹן « Rosôn », qui signifie « volonté » ou « désir »). Les contenus de la bénédiction peuvent parvenir jusqu'à nous par nos bonnes actions. Par contre, on peut également, par nos mauvaises actions, boucher ces « canaux » spirituels et amener la bénédiction à ne pas se matérialiser.

Une prière est différente. C'est un véhicule par lequel on crée la bénédiction, le « canal » céleste que nous désirons avoir. En d'autres mots, une prière est une requête qu'HaShem ait le désir (« Rosôn ») de créer quelque chose qui n'existe pas ou de changer une volonté existante de la part d'HaShem. S'il n'y a pas de pluie, par exemple, nous prions HaShem d'en donner, c'est-à-dire que nous Lui demandons d'avoir le désir de créer de la pluie.

Deuxièmement, il est toujours plus facile de forcer quelqu'un à être d'accord avec vous plutôt que de le convaincre d'être d'accord avec vous. C'est pourquoi les hommes se battent avec tant de vigueur, mais que les processus pacifiques n'amènent généralement pas la paix. Prier pour que ses voisins meurent était plus facile que de les convaincre de changer leur comportement.

Sur base de ces quelques informations, nous pouvons à présent mieux comprendre notre `aggodhoh talmudique. HaShem ne désire pas que les impies meurent ; Son désir est plutôt qu'ils se repentent. Ainsi, lorsque Ribbi Mé`ir pria pour que ses voisins meurent, il tentait de créer un désir nouveau en HaShem, ce qui est une tâche impossible ! C'est la raison pour laquelle il ne fut pas exaucé quand il éleva cette prière.

Quand son épouse lui expliqua qu'il était préférable de prier pour qu'ils se repentent et deviennent des hommes bons, Ribbi Mé`ir se rendit compte de son erreur. Lui aussi désira se repentir pour son mauvais jugement et son acte lorsqu'il demanda leur mort.

La leçon principale, que nous avons mentionnée plus haut, est que HaShem désire que les gens se repentent. Si un homme désire réellement le pardon d'HaShem pour un acte inapproprié qu'il a pu commettre et qu'il regrette sincèrement, HaShem le lui accordera certainement.

Puisque tel est le désir d'HaShem, en priant cette fois pour que ses voisins changent leurs voies, Ribbi Mé`ir fit descendre des cieux la capacité pour ces hommes de se repentir.

De là nous apprenons l'importance de toujours rechercher le bien de tout le monde et qu'HaShem accepte toujours notre décision de réparer le mal de nos propres actions.

Par contre, tout ce que nous venons de dire ne concerne qu'un ennemi personnel. S'il s'agit plutôt d'un ennemi de l'ensemble du peuple d'Israël ou de quelqu'un qui livre une guerre spirituelle contre HaShem et Sa Tôroh, il est alors permis de prier pour la mort de tels individus, qui sont une nuisance pour l'ensemble de notre peuple. C'est pour cela que nous retrouvons dans le TaNa''Kh, notamment dans les Tahillim de Dowidh Hammalakh ע״ה, des prières dans lesquelles on demande la mort de nos ennemis, ou encore des exhortations à éliminer les nations ennemies du peuple d'Israël, comme par exemple ´amoléq, les sept nations cananéennes, les Philistins, etc. Et c'est aussi pour cela que les Shamônah ´asréh incluent une prière dans laquelle nous demandons qu'HaShem nous débarrasse des apostats, des informateurs et des hérétiques, car ces gens nuisent à la Tôroh et sont une menace pour l'ensemble du peuple d'Israël.

Ainsi, lorsqu'il s'agit d'un ennemi personnel, mieux vaut prier pour qu'il change ses voies plutôt que de demander à ce qu'il meurt. Mais lorsqu'il s'agit d'un ennemi d'HaShem, de la Tôroh ou du peuple d'Israël, prier pour sa mort est permis (et dans certains cas, même une obligation).


1Barokhôth 10a
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