dimanche 25 septembre 2016

Quelques Halokhôth méconnues sur la façon de se conduire en `aras Yisro`él

ב״ה

Quelques Halokhôth méconnues sur la façon de se conduire en `aras Yisro`él


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Les Sages de la génération du Hourban Béth Hammiqdosh ont institué quelques règles à suivre lorsqu'on se rend en `aras Yisro`él pour visiter Yarousholayim ´ir Haqqôdhash, alors que la ville est en ruine et que le Sanctuaire d'HaShem ית׳ n'est toujours pas rebâti. Ces décrets sont repris par le Ramba''m ז״ל dans son Mishnéh Tôroh, et bien qu'il n'y ait pas de divergence d'opinion parmi les Pôsqim quant au fait que ces décrets soient encore d'actualité, très peu de Juifs les connaissent et les appliquent. Nous allons donc les apporter à votre connaissance et nous mentionnerons chaque Halokhoh avant de les commenter, comme à l'accoutumé.

Le Ramba''m rapporte ceci1 :

Celui qui voit les villes de Yahoudhoh dans leur [état de] destruction doit dire [le verset qui commence par]2 « Tes saintes villes sont devenues un désert » et déchire [ses vêtements]. [S']il a vu Yarousholayim dans son [état de] destruction, il doit dire [le verset qui commence par]3 « Notre sainte maison et notre beauté, etc. » et déchire [ses vêtements]. À partir d'où a-t-on l'obligation de déchirer [les vêtements] ? À partir des Sôphim. Et lorsqu'on atteint [l'endroit où se trouvait] le Sanctuaire, on procède à une autre déchirure. Si on tombe d'abord sur [l'endroit où se trouvait] le Sanctuaire car on est venu par la voie du désert, on déchire [ses vêtements] pour le Sanctuaire, et on prolonge [la déchirure] pour Yarousholayim.
מִי שֶׁרָאָה עָרֵי יְהוּדָה בְּחָרְבָּנָם--אוֹמֵר "עָרֵי קָדְשְׁךָ, הָיוּ מִדְבָּר", וְקוֹרֵעַ. רָאָה יְרוּשָׁלַיִם בְּחָרְבָּנָהּ--אוֹמֵר "בֵּית קָדְשֵׁנוּ וְתִפְאַרְתֵּנוּ ...", וְקוֹרֵעַ. וּמֵהֵיכָן חַיָּב לִקְרֹעַ, מִן הַצּוֹפִים; וּכְשֶׁיַּגִּיעַ לַמִּקְדָּשׁ, קוֹרֵעַ קְרָע אַחֵר. וְאִם פָּגַע בַּמִּקְדָּשׁ תְּחִלָּה, כְּשֶׁיָּבוֹא מִדֶּרֶךְ הַמִּדְבָּר--קוֹרֵעַ עַל הַמִּקְדָּשׁ, וּמוֹסִיף עַל יְרוּשָׁלַיִם

Commentons cette Halokhoh :

Celui qui voit les villes de Yahoudhoh dans leur [état de] destruction doit dire [le verset qui commence par] « Tes saintes villes sont devenues un désert » : L'un des débats les plus sensibles dans le monde religieux en `aras Yisro`él tourne autour de ce décret de nos Sages. Le Béth Yôséph4 ז״ל déclare que l'obligation de déchirer ses vêtements ne s'applique que lorsque `aras Yisro`él est sous autorité non juive.

La question qui divise le monde religieux en `aras Yisro`él actuellement consiste donc à savoir si l'État d'Israël peut/doit être considéré comme un État juif ou pas, en raison de la nature et de organisation laïque de l'État. Si on considère que malgré que ce soit un État laïc c'est un État pouvant être néanmoins être considéré comme « juif », ce décret ne s'applique alors pas à l'État d'Israël et il ne sera alors pas obligé de réciter ce verset et déchirer son vêtement en arrivant dans la région de Yahoudhoh (Judée). Mais si on considère que ce n'est pas un État juif, parce que laïc, quand bien même la majorité de la population se décrirait comme juive, cet État a le statut d'un État non juif, et il sera alors obligatoire de prononcer ce verset et de déchirer ses vêtements en arrivant dans la région de Yahoudhoh.

et déchire [ses vêtements] : Déchirer ses vêtements est mentionné à plusieurs reprises dans le TaNa''Kh comme étant un signe de deuil et une façon d'exprimer sa douleur face à une situation ou expérience difficile.

Cette pratique est mentionnée à nouveau par le Ramba''m dans son exposition sur les lois relatives au deuil.5

[S']il a vu Yarousholayim dans son [état de] destruction, il doit dire [le verset qui commence par] « Notre sainte maison et notre beauté, etc. » et déchire [ses vêtements] : Même si quelqu'un voit les villes de Yahoudhoh, Yarousholayim et le lieu du Sanctuaire lors de la même visite ou du même voyage, il a l'obligation de déchirer ses vêtements à trois reprises ; une fois pour les villes de Yahoudhoh, une seconde fois pour Yarousholayim, et une troisième fois pour l'endroit où se tenait le Sanctuaire.

Par contre, le Moghidh Mishnéh ז״ל insiste sur le fait que la règle est différente si on a vu Yarousholayim en premier, avant n'importe quelle autre ville. Dans ce cas-là, on déchirera ses vêtements en voyant la Ville Sainte, et il ne sera pas nécessaire d'ensuite déchirer une seconde fois ses vêtements quand on verra une autre des villes de Yahoudhoh. Le raisonnement du Moghidh Mishnéh est celui-ci : Puisque la tristesse pour Yarousholayim doit être plus intense que la tristesse que l'on pourrait avoir en voyant une autre ville, la déchirure faite lorsqu'on voit Yarousholayim en premier exempte la déchirure que l'on aurait dû faire en voyant les autres villes.6

À partir d'où a-t-on l'obligation de déchirer [les vêtements] ? À partir des Sôphim : Sôphim est un sommet à partir duquel on pouvait voir Yarousholayim dans les temps bibliques et talmudiques. Ce lieu n'est pas à confondre avec la ville moderne de Sôphim, qui est une colonie israélienne en Cisjordanie. Il ne faut pas non plus confondre Sôphim avec l'actuel Mont Scopus.

Et lorsqu'on atteint [l'endroit où se trouvait] le Sanctuaire, on procède à une autre déchirure : Le Hofés Hayim7 ז״ל insiste sur le fait que lorsqu'on parle d' « atteindre » l'endroit où se trouvait le Sanctuaire, on parle d'atteindre cet endroit du regard, et non physiquement, puisqu'il est strictement défendu de pénétrer sur le Har Habbayith en lui-même, parce que nous sommes tous rituellement impurs et risquerions d'arriver au-dessus de l'endroit où se trouvait le Saint des Saints. Or, la sainteté de ce lieu saint reste intacte, en dépit de la destruction du Béth Hammiqdosh.8

Le Bayith Hodhosh9 ז״ל insiste aussi sur le fait que lorsqu'on aperçoit ce lieu saint en ruine, après avoir déchiré ses vêtements, on doit également procéder à une prosternation face contre terre en signe de deuil. Cette sorte de prosternation est appelée קִדָּה « Qiddoh. » (Voir l'article intitulé « La prosternation israélite. »)

Le Ramba''m parle de faire encore « une autre déchirure. » Le Sanctuaire se trouvait dans la ville de Yarousholayim. Si on a déjà déchiré ses vêtements en voyant la Ville Sainte, pourquoi devrions-nous à nouveau les déchirer en voyant de loin le lieu où se tenait le Sanctuaire ? La réponse se trouve dans les Halokhôth relatives au deuil : Si un parent meurt après qu'on ait déjà déchiré ses vêtements pour le décès d'un autre proche, il n'est pas suffisant de simplement prolonger la déchirure déjà faite. On doit plutôt déchirer le vêtement une seconde fois à un autre endroit du vêtement, pour indiquer ainsi que l'on monte en niveau dans son deuil.10 De même en est-il ici ; bien que le Sanctuaire se trouvait effectivement dans la ville de Yarousholayim, deux drames différents se sont produits : le Sanctuaire a d'abord été détruit, puis la Ville Sainte a été intégralement rasée et labourée par les romains. Par conséquent, chacun mérite une déchirure indépendante.

Mais ce n'est le cas que si on a vu la Ville Sainte d'abord et seulement ensuite le lieu où se tenait le Sanctuaire, comme nous le verrons dans le commentaire sur la phrase suivante.

Si on tombe d'abord sur [l'endroit où se trouvait] le Sanctuaire car on est venu par la voie du désert, on déchire [ses vêtements] pour le Sanctuaire, et on prolonge [la déchirure] pour Yarousholayim : Le Sanctuaire était situé à cheval sur deux territoires, celui de Yahoudhoh et celui de Binyomin. Par conséquent, il est tout à fait possible d'apercevoir en premier le lieu où se tenait le Sanctuaire et seulement ensuite Yarousholayim. Dans un tel cas, puisque la destruction du Sanctuaire était d'une plus grande gravité spirituelle (car si le Sanctuaire avait continué à exister mais que la Ville Sainte avait été détruite, nous aurions toujours le Sanctuaire et l'accomplissement de nombreuses Miswôth aurait continué à être possible), lorsqu'on aperçoit le lieu du Sanctuaire en premier on fait une déchirure pour le Sanctuaire, et si ensuite on voit Yarousholayim on ne fera pas de nouvelle déchirure, mais on prolongera plutôt la déchirure qui a déjà été faite.

Le Ramba''m poursuit11 :

L'intégralité de toutes ces déchirures se fait à la main et en position debout ; [l'individu] déchire tous les vêtements qu'il porte jusqu'à ce qu'il ait dévoilé son cœur. Et il ne raccommodera jamais ces déchirures. Mais il lui est permis de les faire recoudre, de les faire ourler, de les faire rassembler, et de les faire coudre en espèce d'échelles.
כָּל הַקְּרָעִים הָאֵלּוּ כֻּלָּם, בְּיָדוֹ וּמֵעוֹמֵד; וְקוֹרֵעַ כָּל כְּסוּת שֶׁעָלָיו, עַד שֶׁיְּגַלֶּה אֶת לִבּוֹ. וְאֵינוּ מְאַחֶה קְרָעִים אֵלּוּ, לְעוֹלָם; אֲבָל רַשָּׁאי הוּא לְשָׁלְלָן לְמָלְלָן לְלַקְּטָן וּלְתָפְרָן, כְּמִין סֻלָּמוֹת

Commentons cette Halokhoh :

L'intégralité de toutes ces déchirures se fait à la main : Et non au moyen d'un ustensile, comme par exemple des ciseaux.

Comme cela est mentionné dans les Hilkôth `éval 9:2, le Ramba''m fait un parallèle entre l'obligation de déchirer ses vêtements en signe de deuil pour les villes de Yahoudhoh, Yarousholayim et le Béth Hammiqdosh, et déchirer ses vêtements en signe de deuil pour le décès de ses parents. Lorsqu'on prend le deuil pour d'autres personnes, on peut déchirer ses vêtements avec un ustensile. Mais pour ses parents, les villes de Yahoudhoh, Yarousholayim et le Béth Hammiqdosh, la déchirure doit se faire avec ses propres mains.

Le Ra`ava''d ז״ל rejette l'opinion du Ramba''m et écrit qu'il n'y a aucune obligation de déchirer ses vêtements avec ses propres mains lorsqu'on voit les villes de Yahoudhoh, Yarousholayim et le Béth Hammiqdosh. Mais les `aharônim n'acceptent pas l'opinion du Ra`ava''d.

et en position debout : Dans les Hilkôth `éval 8:1, le Ramba''m rapporte que chaque fois que l'on doit déchirer ses vêtements (pour un deuil, ou parce qu'on a entendu un blasphème, etc., cela doit obligatoirement se faire debout.

[l'individu] déchire tous les vêtements qu'il porte jusqu'à ce qu'il ait dévoilé son cœur : C'est-à-dire qu'il déchire tous ses vêtements jusqu'à ce que l'emplacement du cœur (la poitrine) soit dévoilé, tout comme cela doit se faire lorsqu'on apprend le décès d'un de ses parents.12

Par contre, lorsqu'on prend le deuil pour d'autres personnes, tout ce qui est requis consiste à déchirer les vêtements dans une mesure d'au moins un Taphoh (8 centimètres).13

Et il ne raccommodera jamais ces déchirures : On parle ici d'un raccommodage ou d'une réparation du vêtement qui ne rend pas évident le fait que le vêtement fut précédemment déchiré. Mais si on raccommode le vêtement au moyen d'une méthode de couture moins parfaite, et qui ne fait pas disparaître le fait que c'est un vêtement qui a été déchiré, c'est permis, comme expliqué dans la suite de cette Halokhoh.

Là encore, cette Halokhoh est la même que lorsqu'on déchire ses vêtements pour ses parents. Par contre, lorsqu'on déchire ses vêtements pour d'autres personnes, il est permis de les raccommoder ensuite d'une manière parfaite, qui fait complètement disparaître la déchirure.14

de les faire rassembler : C'est-à-dire, faire tenir ensemble ces déchirures avec une épingle.

et de les faire coudre en espèce d'échelles : C'est-à-dire, avec un motif représentant une échelle, ou quoi que ce soit d'autre, mais qui rend évident le fait que ce motif ne fait pas partie à l'origine du vêtement, mais qu'il a bien été rajouté pour couvrir une déchirure ou un trou.

Terminons par la Halokhoh suivante15 :

[Les règles suivantes s'appliquent lorsque quelqu'un] fait des va et vient fréquent en direction [ou en partance] de Yarousholayim : S'il s'y rend dans les trente jours, il ne procédera pas à une autre déchirure. Et si c'est après trente jours, il déchirera à nouveau.
הָיָה הוֹלֵךְ וּבָא לִירוּשָׁלַיִם, הוֹלֵךְ וּבָא--אִם תּוֹךְ שְׁלוֹשִׁים יוֹם, אֵינוּ קוֹרֵעַ קְרָע אַחֵר; וְאִם לְאַחַר שְׁלוֹשִׁים יוֹם, חוֹזֵר וְקוֹרֵעַ

Commentons cette courte Halokhoh, qui clôt les lois relatives aux décrets institués par HaZa''l pour marquer notre deuil jusqu'à la reconstruction du Béth Hammiqdosh :

[Les règles suivantes s'appliquent lorsque quelqu'un] fait des va et vient fréquent en direction [ou en partance] de Yarousholayim : S'il s'y rend dans les trente jours : C'est-à-dire, dans les trente jours depuis sa dernière visite.

il ne procédera pas à une autre déchirure : Car revenir après moins de trente jours n'est pas considéré comme une absence suffisamment significative que pour exiger qu'il déchire à nouveau ses vêtements, tout comme on ne récite pas la bénédiction de « Shahahayonou » si on revoit un ami moins de trente jours depuis la dernière fois qu'on l'avait vu.

Et si c'est après trente jours, il déchirera à nouveau : Le Ramba''m rapporte dans les Hilkôth `éval 8:7 qu'à nos époques, plutôt que de déchirer à chaque fois ses vêtements lorsqu'on se rendait à Yarousholayim, une parade avait été imaginée : la personne qui se rendait à Yarousholayim vendait ses vêtements à quelqu'un d'autre, puis les empruntait à celui à qui elle les avait vendus. Les vêtements qu'elle portait ne lui appartenant plus, elle avait ainsi l'interdiction de les déchirer.

Ce sont là les décrets qui s'appliquent lorsqu'on se rend en visite en Terre Sainte, depuis que le Béth Hammiqdosh a été détruit.

Puissions-nous mériter prochainement et de nos jours la révélation de Moshiah Sidhqénou, pour une rédemption complète et véritable, avec la reconstruction du Béth Hammiqdosh éternel dans lequel nous servirons HaShem comme aux jours d'autrefois, dans la joie, le contentement de cœur, la pureté et la sainteté. `omén, Kén Yahi Rosôn !

1Hilkôth Ta´niyôth 5:16
2Yasha´yohou 64:9
3Ibid., 64:10
4`ôrah Hayim 561
5Mishnéh Tôroh, Hilkôth `éval 9:10
6Shoulhon ´oroukh, `ôrah Hayim 561:3
7Mishnoh Barouroh 561:5
8Voir aussi le Mishnéh Tôroh, Hilkôth Béth Habbahiroh 6:16
9`ôrah Hayim 561
10Mishnéh Tôroh, Hilkôth `éval 8:10
11Hilkôth Ta´niyôth 5:17
12Voir Mishnéh Tôroh, Hilkôth `éval 8:3 et 9:3
13Voir Ibid., 8:2
14Voir Ibid., 9:1

15Hilkôth Ta´niyôth 5:18
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