ב״ה
Étymologie
des mots dans la Langue Sainte
Le
sens du mot « `afiqômon »
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Le
אַפִיקוֹמָן
« `afiqômon »
est sans aucun doute la partie la plus mécomprise de tout le Sédhar
de Pasah.
La Mishnoh déclare1 :
ואין
מפטירין אחר הפסח אפיקומן
« On
ne termine pas après le Pasah
(le sacrifice pascal) par un `afiqômon ».
Cette Mishnoh soulève deux questions évidentes :
- Qu'est-ce qu'un `afiqômon ?
- Si on ne peut terminer par un `afiqômon après le repas, comment se fait-il qu'à notre époque nous terminions justement le Sédhar par la consommation d'un `afiqômon ?
Tout
d'abord, découvrons ce qu'est un `afiqômon ! Bien qu'il existe
de nombreuses explications farfelues et légendaires autour de ce
mot, la vérité est qu'il provient du grec « épikomion »,
qui est la combinaison de deux mots : « épi »,
qui signifie « après »
(comme dans « épilogue »),
et « komos »,
qui signifie « banquet »
ou « réjouissances »
(komos est d'ailleurs la racine du mot « comédie »).
« Épikomion »
désigne donc les festivités qui suivent un repas.
Dans
la société gréco-romaine antique, les gens avaient l'habitude de
se rendre dans la maison de quelqu'un d'autre, qu'il y ait ou pas été
invité, pour prendre part à une autre fête. Ce que la Mishnoh nous
dit ici est qu'en dépit des similitudes apparentes existant entre le
Sédhar de Pasah
et un banquet païen, on ne doit pas s'y comporter avec légèreté
comme le faisaient les Grecs et les Romains lors de leurs festivités.
C'est ainsi qu'était comprise cette expression par les Sages vivant
en Palestine, sous domination gréco-romaine. Cela nous permet de
mieux comprendre la suite de cette Mishnoh, qui déclare que si
quelques-uns de ceux qui ont passé le Sédhar à un endroit s'en
vont ailleurs, ils pourront manger dans le nouveau lieu où ils se
trouvent. Mais si tous se rendent ailleurs après le Sédhar, ils ne
pourront pas manger. Le lien avec la pratique gréco-romaine
consistant à changer d'emplacement après un repas festif pour le
poursuivre ailleurs est plus qu'évident.
À
présent que nous avons élucidé la première question, nous pouvons
passer à la seconde.
Les
Sages de Babylone qui, eux, vivaient en-dehors de la société
gréco-romaine, ne connaissaient pas du tout le sens réel du terme
« `afiqômon »,
et ils en arrivèrent à l’interpréter comme voulant désigner un
« dessert »,
d'où l'erreur qui est communément faite par la majorité des Juifs
d'aujourd'hui, qui comprennent « `afiqômon »
comme voulant dire « dessert »,
alors que cela n'a rien à voir ! Ainsi, les Sages de Babylone
traduisirent la Mishnoh comme voulant dire : « On
ne doit rien manger après le `afiqômon de Pasah ».
En d'autres mots, une fois que l'on aura consommé son dessert de
Pasah,
plus rien d'autre ne pourra être consommé. Mais même là, il n'y
avait aucun rapport la pratique moderne du `afiqômon.
La
majorité des Pôsqim, qui suivent le Bavli au lieu du Yarousholmi
(ce qui n'est pas notre approche, puisque nous donnons toujours
priorité au Yarousholmi lorsqu'il y a contradiction avec le Bavli),
conclurent qu'afin de respecter la Mishnoh susmentionnée telle
qu'elle est comprise par le Bavli, la dernière chose à consommer à
la fin du Sédhar devait être une certaine quantité de Massoh.
Du temps des Ga`ônim, il n'existait aucune mention selon laquelle
cette Massoh
devait provenir de la deuxième moitié de la Massoh
que l'on avait coupée en deux et cachée pendant le Sédhar. Cette
coutume n'est née que plus tard et fut publiée par certains
Ri`shônim, tels que Rash''i, le Rashba''m et d'autres. C'est
l'origine de l'étape appelée צָפוּן
« Sofoun »,
qui signifie « caché ».
(Vous remarquerez d'ailleurs que dans notre Haggodhoh, qui est
téléchargeable ici,
nous n'avons repris aucun des noms des étapes du Sédhar tels que
nous les connaissons aujourd'hui, car ni ces noms ni ces étapes ne
sont mentionnés dans la littérature talmudique, et sont nés plus
tard.) C'est là que le `afiqômon commença à se référer au
morceau de Massoh
qui avait été caché.
La
conclusion est que le terme « `afiqômon »
a changé de sens. À l'origine, ils se référait en Palestine à la
pratique gréco-romaine consistant à se déplacer quelque part
d'autre après un repas pour poursuivre ailleurs les festivités.
Puis, à Babylone, il fut utilisé pour se référer au dessert que
l'on consommait généralement après un repas. Et enfin, depuis le
temps des Ri`shônim, il se réfère à un morceau de Massoh
consommé à la fin du repas.
1Pasohim
10:8