mercredi 27 avril 2016

La division de la Mer Rouge & notre foi en Môshah Rabbénou

ב״ה

Shavi´i Shal Pasah

La division de la Mer Rouge & notre foi en Môshah Rabbénou


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Le septième et dernier jour de Pasah (ְבִיעִי שֶׁל פֶּסַח « Shavi´i Shal Pasah »), nous lisons le passage du Séfar Shamôth qui relate le miracle de la קְרִיעַת יַם סוּף « Qari´ath Yam Souf – division de la Mer Rouge ».1 Ce choix de lecture est basé sur la tradition midrashique qui rapporte que ce fut le 21 Nison, le septième jour après le départ des Israélites du pays d’Égypte, que cet événement eut lieu.2 Les deux derniers versets du récit biblique qui s'y rapporte nous parlent de l'effet spirituel puissant que cet événement eut sur les Israélites3 :

`adhônoy sauva en ce jour Yisro`él de la main de l’Égypte ; Yisro`él vit l’Égyptien mourant sur le rivage de la mer. Yisro`él reconnut alors la main imposante que `adhônoy avait déployée sur l’Égypte et le peuple révéra `adhônoy ; et ils crurent en `adhônoy et en Môshah, Son serviteur.
וַיּוֹשַׁע יהוה בַּיּוֹם הַהוּא, אֶת-יִשְׂרָאֵל--מִיַּד מִצְרָיִם; וַיַּרְא יִשְׂרָאֵל אֶת-מִצְרַיִם, מֵת עַל-שְׂפַת הַיָּם. וַיַּרְא יִשְׂרָאֵל אֶת-הַיָּד הַגְּדֹלָה, אֲשֶׁר עָשָׂה יהוה בְּמִצְרַיִם, וַיִּירְאוּ הָעָם, אֶת-יהוה; וַיַּאֲמִינוּ, בַּיהוה, וּבְמֹשֶׁה, עַבְדּוֹ

À première vue, cette description indique qu'à ce moment précis Môshah Rabbénou ע״ה gagna la pleine confiance et foi du peuple en tant que prophète d'HaShem ית׳. Le spectacle sans précédent de la Qari´ath Yam Souf, que Môshah réalisa en levant son bâton4, sembla démontrer sans l'ombre du moindre doute son rôle et sa stature de prophète de Dieu et messager d'Israël. Le texte voudrait apparemment nous faire comprendre que ce phénomène extraordinaire élimina toute trace de doute que le peuple aurait pu nourrir quant à sa qualité prophétique.

Mais le Ramba''m ז״ל n'approuve clairement pas cette analyse. En discutant de la prophétie dans son Mishnéh Tôroh, le Ramba''m déclare sans équivoque que ce ne fut pas la réalisation de ce miracle qui confirma la foi des Israélites envers Môshah Rabbénou. Il écrit5 :

Môshah Rabbénou : les Israélites n'ont pas cru en lui en raison des signes qu'il a accomplis, car celui qui croit sur la base de signes a un doute dans son cœur, puisqu'il est possible que le signe ait été accompli par la magie ou la sorcellerie. Plutôt, tous les signes qu'il a accomplis dans le désert le furent pour des nécessités particulières, [et] non pour servir de preuve à [sa qualité] prophétique : il était nécessaire de noyer les Égyptiens, il a divisé la Mer et les a fait couler dedans ; nous avions besoin de nourriture, il fit descendre pour nous la manne ; ils étaient assoiffés, il fendit pour eux le rocher ; [les membres de] l'assemblée de Qôrah mécrurent en lui, la terre les engloutit. Il en est de même pour le reste des signes.
מֹשֶׁה רַבֵּנוּ--לֹא הֶאֱמִינוּ בּוֹ יִשְׂרָאֵל, מִפְּנֵי הָאוֹתוֹת שֶׁעָשָׂה: שֶׁהַמַּאֲמִין עַל פִּי הָאוֹתוֹת--יֵשׁ בְּלִבּוֹ דֹּפִי, שֶׁאִפְשָׁר שֶׁיֵּעָשֶׂה הָאוֹת בְּלָאט וְכִשּׁוּף. אֵלָא כָּל הָאוֹתוֹת שֶׁעָשָׂה בַּמִּדְבָּר, לְפִי הַצֹּרֶךְ עֲשָׂאָן--לֹא לְהָבִיא רְאָיָה עַל הַנְּבוּאָה: צָרַךְ לְהַשְׁקִיעַ אֶת הַמִּצְרִיִּים, קָרַע אֶת הַיָּם וְהִצְלִילָם בּוֹ. צָרַכְנוּ לְמָזוֹן, הוֹרִיד לָנוּ אֶת הַמָּן. צָמְאוּ, בָּקַע לָהֶם אֶת הָאֶבֶן. כָּפְרוּ בּוֹ עֲדַת קֹרַח, בָּלְעָה אוֹתָם הָאָרֶץ. וְכֵן, שְׁאָר כָּל הָאוֹתוֹת

D'après le Ramba''m, un miracle, peu importe à quel point il pourrait être spectaculaire, ne peut servir de preuve irréfutable de l’authenticité d'un prophète שֶׁאִפְשָׁר שֶׁיֵּעָשֶׂה הָאוֹת בְּלָאט וְכִשּׁוּף « puisqu'il est possible que le signe ait été accompli par la magie ou la sorcellerie ». Même les changements les plus frappants dans la nature peuvent être considérés comme de la tromperie ; des raisons de toutes sortes peuvent toujours être avancées pour réfuter de prétendues preuves d'un quelconque pouvoir prophétique. Par conséquent, le Ramba''m affirme que nous ne devons absolument pas prendre les miracles accomplis par Môshah Rabbénou comme étant une tentative de démontrer aux Israélites qu'il était un vrai prophète de Dieu. Il n'aurait jamais attendu du peuple qu'il place sa confiance en lui sur base de prodiges, signes et miracles. Au contraire, ces choses ne furent réalisées par son intermédiaire qu'à des fins pratiques, selon la situation du moment. Pour le cas qui nous intéresse, il ne divisa la mer qu'afin d'y noyer les Égyptiens qui poursuivaient les Israélites.

À quel moment, donc, et par quel moyen, les Israélites parvinrent-ils finalement à une foi complète et inébranlable en la prophétie de Môshah Rabbénou ? Le Ramba''m explique6 :

Quelle est [alors] la source de notre foi en lui ? [La source de notre foi en lui se trouve] dans le stationnement au Mont Sinaï, car ce sont nos yeux qui ont vu, et non ceux d'un étranger, et ce sont nos oreilles qui ont entendu, et non celles d'un autre, le feu, les tonnerres et les foudres. Il pénétra vers le nuage épais, la Voix lui parla et nous avons entendu : « Môshah ! Môshah ! Dis-leur ceci et cela ». C'est ainsi qu'il est dit7 : « face à face, HaShem parla avec vous ». Et il est dit8 : « HaShem n'a pas conclu cette alliance avec nos ancêtres, etc. »
וּבְמַה הֶאֱמִינוּ בּוֹ, בְּמַעְמַד הַר סִינַי: שֶׁעֵינֵינוּ רָאוּ, וְלֹא זָר, וְאָזְנֵינוּ שָׁמְעוּ, וְלֹא אַחֵר--הָאֵשׁ וְהַקּוֹלוֹת וְהַלַּפִּידִים. וְהוּא נִגָּשׁ אֶל הָעֲרָפֶל, וְהַקּוֹל מְדַבֵּר אֵלָיו; וְאָנוּ שׁוֹמְעִים: מֹשֶׁה, מֹשֶׁה--לֵךְ אֱמֹר לָהֶם כָּךְ וְכָּךְ. וְכֵן הוּא אוֹמֵר "פָּנִים בְּפָנִים, דִּבֶּר ה' עִמָּכֶם", וְנֶאֱמָר: לֹא אֶת-אֲבֹתֵינוּ, כָּרַת ה' אֶת-הַבְּרִית הַזֹּאת

Seule la Révélation au Mont Sinaï démontra la qualité prophétique de Môshah Rabbénou au-delà du moindre doute, parce que là les Israélites furent eux-mêmes témoins de l'élection de Môshah Rabbénou par Dieu. Au Sinaï, il n'accomplit aucun miracle ; c'est plutôt Dieu Lui-même qui Se révéla en présence de l'intégralité du peuple et convoqua explicitement Môshah Rabbénou au sommet de la montagne pour recevoir la Tôroh. Ainsi, comme le Ramba''m l'explique dans la Halokhoh 4, les Israélites crurent en la prophétie de Môshah Rabbénou en vertu du fait qu'ils furent des témoins de première main de ce choix de Dieu de faire de Môshah le prophète et législateur d'Israël. Et seul ce degré de foi, qui provient d'un témoignage de première main, transcende la suspicion et le doute.

Le Ramba''m fait ressortir l'importance essentielle de ce principe dans les Halokhôth 7 et 8, où il écrit ceci :

7. C'est pourquoi, s'il se lève un prophète et qu'il accomplit des signes et de grands prodiges, mais qu'il cherche à contester la prophétie de Môshah Rabbénou, nous ne l'écoutons pas9, et nous savons [alors] avec certitude que ces signes sont de la magie ou de la sorcellerie. En effet, [la foi en] la prophétie de Môshah Rabbénou n'est pas basée sur des signes, comme si nous devions comparer ces signes-ci avec ces signes-là.10 Plutôt, ce sont nos yeux qui ont vu et nos oreilles qui ont entendu ce que lui a entendu.
ז  לְפִיכָּךְ אִם עָמַד נָבִיא וְעָשָׂה אוֹתוֹת וּמוֹפְתִים גְּדוֹלִים, וּבִקַּשׁ לְהַכְחִישׁ נְבוּאָתוֹ שֶׁלְּמֹשֶׁה רַבֵּנוּ--אֵין שׁוֹמְעִין לוֹ; וְאָנוּ יוֹדְעִין בַּיֵּחוּד שֶׁאוֹתָן הָאוֹתוֹת בְּלָאט וְכִשּׁוּף הֶן, לְפִי שֶׁנְּבוּאַת מֹשֶׁה רַבֵּנוּ אֵינָהּ עַל פִּי הָאוֹתוֹת כְּדֵי שֶׁנַּעֲרֹךְ אוֹתוֹת זֶה לְאוֹתוֹת זֶה, אֵלָא בְּעֵינֵינוּ רְאִינוּהָ וּבְאָזְנֵינוּ שְׁמַעְנוּהָ, כְּמוֹ שֶׁשָּׁמַע הוּא
8. À quoi pouvons-nous comparer cette chose ? À des témoins, qui, concernant un fait qu’un homme a vu de ses propres yeux, attestent devant lui que ce fait n’est pas tel qu’il l’a vu. [Il est évident] qu'il ne les écoutera pas. Plutôt, il sait avec certitude que ce sont des témoins mensongers.
ח  הַא לְמַה הַדָּבָר דּוֹמֶה: לְעֵדִים שֶׁהֵעִידוּ לְאָדָם עַל דָּבָר שֶׁרָאָה בְּעֵינָיו, שְׁאֵינוּ כְּמוֹ שֶׁרָאָה--שְׁאֵינוּ שׁוֹמֵעַ לָהֶן, אֵלָא יוֹדֵעַ בַּוַּדַּאי שְׁהֶן עֵדֵי שֶׁקֶר

La nature « première main » de notre foi en la prophétie de Môshah Rabbénou empêche la possibilité de son abrogation sur la base d'une preuve secondaire. Tout comme on accorde aucune crédibilité à un prétendu témoignage qui est contraire à ce que l'on sait être exact sur la base d'un témoignage de première main, de même nous devons rejeter catégoriquement toute affirmation cherchant à diminuer, compromettre ou annuler l'autorité prophétique de Môshah Rabbénou. Par conséquent, même un prétendu prophète capable d'accomplir des miracles similaires à ceux de Môshah Rabbénou (diviser la mer, faire tomber du pain du ciel et faire jaillir de l'eau d'un rocher) ne peut jamais être accepté s'il s'oppose aux lois transmises par Môshah Rabbénou. Aucun miracle au monde ne peut surpasser le fait que nous tous avons été des témoins de première main de la désignation de Môshah Rabbénou par Dieu, qui en a fait notre prophète, guide et législateur.

Le Ramba''m n'a évidemment pas inventé cette approche ! Il tire de la Tôroh elle-même des preuves irréfutables, comme par exemple la description faite par Dieu Lui-même du but pour lequel Il comptait Se révéler sur le Mont Sinaï11 :

Voici, Moi-même Je viens à toi dans l'épais nuage, afin que le peuple entende lorsque Je converse avec toi. Et ils croiront aussi en toi pour l'éternité
הִנֵּה אָנֹכִי בָּא אֵלֶיךָ בְּעַב הֶעָנָן, בַּעֲבוּר יִשְׁמַע הָעָם בְּדַבְּרִי עִמָּךְ, וְגַם-בְּךָ יַאֲמִינוּ לְעוֹלָם

Ce ne fut qu'à travers l'expérience de cet événement, la Révélation au Sinaï, que les Israélites גַם-בְּךָ יַאֲמִינוּ לְעוֹלָם « croiront aussi en toi pour l'éternité ». Avant cela, la foi du peuple en Môshah Rabbénou était emprunte de scepticisme, puisqu'elle était basée uniquement sur les miracles qu'il avait accomplis. Mais dès lors qu'ils entendirent eux-mêmes Dieu le désigner au Mont Sinaï, ils crurent en sa qualité prophétique לְעוֹלָם « pour l'éternité », car plus aucune place au doute et au scepticisme ne pouvait subsister.

Le Ramba''m élucide un autre passage rapportant un dialogue ambigu entre Môshah Rabbénou et le Tout-Puissant lors de la célèbre scène du buisson ardent au Sinaï, lorsque Dieu parla à Môshah Rabbénou pour la toute première fois et le chargea de la mission de libérer les esclaves Hébreux. La Tôroh rapporte qu'il demanda12 : מִי אָנֹכִי, כִּי אֵלֵךְ אֶל-פַּרְעֹה; וְכִי אוֹצִיא אֶת-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, מִמִּצְרָיִם « Qui suis-je pour aller vers Pharaon et faire sortir les Enfants d'Israël d’Égypte ? », ce à quoi Dieu a répondu13 : וְזֶה-לְּךָ הָאוֹת, כִּי אָנֹכִי שְׁלַחְתִּיךָ: בְּהוֹצִיאֲךָ אֶת-הָעָם, מִמִּצְרַיִם, תַּעַבְדוּן אֶת-הָאֱלֹהִים, עַל הָהָר הַזֶּה « ceci te servira de signe pour prouver que c’est Moi qui t’envoie : quand tu auras fait sortir ce peuple d’Égypte, vous adorerez le Dieu [Unique] sur cette montagne même ». La réponse faite par Dieu semble être en décalage totale avec la question posée par Môshah Rabbénou. Le Ramba''m explique que Môshah Rabbénou sous-entendait dans sa question que les Israélites ne l'accepteront pas nécessairement comme leur guide, même s'il accomplissait des miracles pour confirmer sa stature prophétique. C'est pourquoi Dieu lui donna la garantie que בְּהוֹצִיאֲךָ אֶת-הָעָם, מִמִּצְרַיִם, תַּעַבְדוּן אֶת-הָאֱלֹהִים, עַל הָהָר הַזֶּה « quand tu auras fait sortir ce peuple d’Égypte, vous adorerez le Dieu [Unique] sur cette montagne même ». C'est-à-dire que le Tout-Puissant Se révélera publiquement et désignera Môshah Rabbénou comme Son prophète, assurant par-là la foi ferme du peuple en Môshah Rabbénou.

Une dernière question se pose : si le peuple a dû attendre la Révélation au Mont Sinaï pour définitivement croire en Môshah Rabbénou, pourquoi la Tôroh déclare-t-elle qu'au moment de la division de la mer le peuple crut en lui ?

Concernant cette foi acquise au moment de la division de la mer, le Rashba''m ז״ל commente ceci : « Ils crurent que même dans le désert ils ne mourront pas de faim ».

Pour correctement comprendre l'implication des propos du Rashba''m, nous devons avoir une image plus large de la situation dans laquelle se trouvaient les Israélites lorsqu'ils se trouvèrent coincés entre les Égyptiens derrière eux et la mer devant eux. En voyant les Égyptiens se rapprocher de plus en plus, les Israélites eurent évidemment peur, la panique se propagea au sein du peuple et de lourdes accusations furent émises contre leur guide, Môshah Rabbénou14 :

N'est-ce pas ainsi que nous te parlions en Égypte, disant: « Laisse-nous servir les Égyptiens, car il est préférable d'être esclaves des Égyptiens que de périr dans le désert » ?
הֲלֹא-זֶה הַדָּבָר, אֲשֶׁר דִּבַּרְנוּ אֵלֶיךָ בְמִצְרַיִם לֵאמֹר, חֲדַל מִמֶּנּוּ, וְנַעַבְדָה אֶת-מִצְרָיִם: כִּי טוֹב לָנוּ עֲבֹד אֶת-מִצְרַיִם, מִמֻּתֵנוּ בַּמִּדְבָּר

Ce verset nous informe du fait que déjà en Égypte les Israélites hésitaient à accepter l'autorité de Môshah Rabbénou et soutenir sa campagne ayant pour but de les libérer de l'esclavage et les faire sortir d’Égypte. Après tout, c'était le seul mode de vie qu'ils avaient connu durant des siècles, c'était le pays auquel ils s'étaient habitués et où ils jouissaient au moins d'un minimum de sécurité et de stabilité. Mais aussi rude que leur asservissement avait pu être, l'incertitude qu'implique une vie nouvelle d'indépendance les découragea à soutenir leur droit à l'émigration. De toute façon, où iraient-ils ? Comment est-ce que deux millions de personnes de la classe des esclaves pourraient-elles se relocaliser en masse dans un autre pays ? Où trouveraient-ils des vivres pour le voyage vers Canaan ? Et comment s'installeraient-ils en Canaan au milieu d'une population indigène hostile ? C'est ainsi que HaZa''l nous disent qu'un nombre significatif d'esclaves Hébreux n'étaient pas intéressés par un départ d’Égypte, et Dieu les fit mourir durant la plaie de l'obscurité.15

La crise qui se jouait devant la Mer Rouge remit en question toute la campagne de l'Exode. Les Israélites se révoltèrent contre l'initiative de Môshah Rabbénou, qui défia un puissant empire dans une tentative ambitieuse de gagner la liberté, l'indépendance et le droit d'émigrer. Comment avaient-ils pu croire, se dirent-ils, qu'ils pourraient vaincre Pharaon ? Pourquoi avaient-ils été aussi fous de placer leur confiance en Môshah Rabbénou et de faire preuve de loyauté envers lui, plutôt que de s'en remettre à leurs tyrans qu'ils avaient appris à connaître ?

Le miracle de la Qari´ath Yam Souf mit fin une bonne fois pour toute à ces doutes récurrents :

`adhônoy sauva en ce jour Yisro`él de la main de l’Égypte ; Yisro`él vit l’Égyptien mourant sur le rivage de la mer. Yisro`él reconnut alors la main imposante que `adhônoy avait déployée sur l’Égypte et le peuple révéra `adhônoy ; et ils crurent en `adhônoy et en Môshah, Son serviteur.
וַיּוֹשַׁע יהוה בַּיּוֹם הַהוּא, אֶת-יִשְׂרָאֵל--מִיַּד מִצְרָיִם; וַיַּרְא יִשְׂרָאֵל אֶת-מִצְרַיִם, מֵת עַל-שְׂפַת הַיָּם. וַיַּרְא יִשְׂרָאֵל אֶת-הַיָּד הַגְּדֹלָה, אֲשֶׁר עָשָׂה יהוה בְּמִצְרַיִם, וַיִּירְאוּ הָעָם, אֶת-יהוה; וַיַּאֲמִינוּ, בַּיהוה , וּבְמֹשֶׁה, עַבְדּוֹ

Voyant le sort tragique de leurs tyrans, les Israélites comprirent pour toujours que Môshah Rabbénou avait raison sur toute la ligne depuis le début, qu'il avait effectivement été envoyé par Dieu pour délivrer le peuple et les amener vers la terre de leurs ancêtres. La Qari´ath Yam Souf confirma donc, pour ainsi dire, la validité de l'Exode. Comme l'a commenté le Rashba''m, à ce moment précis les Israélites ne nourrirent plus de doutes sur la mission rédemptrice de Môshah Rabbénou et le fait que tout irait donc pour le mieux quand ils auront à traverser le désert pour conquérir et s'installer dans le pays de Canaan.

À la lumière de tout cela, nous pouvons répondre à notre question : Nous devons faire une distinction entre la foi en Môshah Rabbénou en tant que rédempteur d'Israël et la foi en lui en tant que prophète et législateur d'Israël. Comme l'a démontré le Ramba''m, l'acceptation de Môshah Rabbénou par le peuple en tant qu'autorité unique et finale concernant la volonté Divine, en tant que transmetteur de la Tôroh, ne fut établie qu'au moyen de la Révélation au Sinaï. Ce rôle ne pouvait être conformé que par un témoignage collectif et national de première main, afin de couper court à toute tentative d'abrogation de la Tôroh par un autre prophète qui pourrait prétendre être supérieur. À l'inverse, la division de la Mer Rouge confirma le statut de Môshah Rabbénou en tant que rédempteur du peuple, quand il se trouvait en Égypte. Elle prouva aux Israélites que leur destiné nationale devait être réalisée non pas dans les bourbiers d’Égypte, mais dans le pays où ruissellent le lait et le miel, la terre promise à `avrohom ע״ה, Yishoq ע״ה et Ya´aqôv ע״ה comme possession éternelle de leur progéniture. À présent que Dieu, par l'intermédiaire de Môshah Rabbénou, avait défait l’Égypte, les Israélites reconnurent qu'ils n'avaient personne sur qui se reposer si ce n'est Dieu et Son messager ; ils n'avaient à présent nulle part d'autre où se rendre si ce n'est là où Dieu et Môshah Rabbénou les guideraient, même si cela impliquait de passer par le désert. Ils étaient désormais assurés de ne pas être seuls. וַיַּאֲמִינוּ, בַּיהוה , וּבְמֹשֶׁה, עַבְדּוֹ « et ils crurent en `adhônoy et en Môshah, Son serviteur » signifie qu'ils crurent dans le futur que Môshah Rabbénou leur avait promis eurent foi dans le fait que lui, en tant que rédempteur désigné par Dieu, les mènera vers une vie nouvelle et meilleure !

1Shamôth Chapitre 14
2Voir notamment Rash''i ז״ל sur Shamôth 14:5
3Shamôth 14:30-31
4Ibid., versets 21, 27
5Hilkôth Yasôdhé Hattôroh 8:1
6Ibid., Halokhoh 2
7Davorim 5:4
8Ibid., 5:3. La suite du verset déclare : « mais avec nous, qui sommes tous vivants ici, aujourd'hui ». Ainsi, nous croyons en Môshah Rabbénou parce que nous avons vu ces événements de nos propres yeux et avons entendu la Voix d'HaShem de nos propres oreilles, et non pas simplement en raison du fait que Môshah Rabbénou ait affirmé être un prophète ou ait accompli des miracles
9Car s'il était véritablement un prophète d'HaShem, il est impossible qu'il ait pu dire une parole contraire au plus grand, meilleur et père de tous les prophètes, à savoir, Môshah Rabbénou. Le fait qu'il conteste la Tôroh ou contredit Môshah Rabbénou est la preuve ultime qu'il n'est pas un véritable prophète
10Certaines personnes se basent sur le fait que leur prophète a accompli plus de miracles que Môshah Rabbénou ou des miracles plus nombreux que ceux de Môshah Rabbénou, et prennent cela comme preuve de la mission prophétique de leur prophète, voire même de sa supériorité sur Môshah Rabbénou. Or, puisque notre foi en Môshah Rabbénou n'est pas basée sur les miracles qu'il a accomplis, nous nous fichons de savoir qu'un autre prophète a accompli les mêmes miracles ou des miracles plus nombreux que les siens. Ce n'est en rien la preuve de la qualité prophétique de cette personne
11Shamôth 19:9
12Ibid., 3:11
13Ibid., verset 12
14Ibid., 14:12

15Rapporté également par Rash''i, dans son commentaire sur Ibid., 10:22
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