samedi 30 avril 2016

Ban Yômô & les ustensiles des Gôyim

ב״ה

Ban Yômô & les ustensiles des Gôyim


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Questions :

  1. Les couverts des goys sont-il utilisables? Présumons-nous dans le doute qu'ils ne sont pas ben yomo? S'ils ne sont pas ben yomo, pouvons-nous les utiliser ou bien y a-t-il un interdit miderabbanan de les utiliser? Le lave-vaisselle les casherisent-ils (en les soumettant à une sorte de hagala et en détruisant avec les  détergents le goût des restes d'aliments présents dans le lave-vaisselle et en empêchant ainsi une éventuellement contamination)?
  2. Qu'en est-il des assiettes et autres couverts en porcelaine qui sont beaucoup plus vernis de nos jours qu'aux temps de Hazal ?
  3. Si de tels couverts sont autorisés, devons-vous en conclure que les produits industriels sont cashers si leurs ingrédients le sont? La contamination croisée étant impossible de nos jour et il y aurait dans tous les cas une annulation par 60. De plus, les ustensiles industriels sont tous en inox et lavé avec des détergents très forts entre chaque utilisation: est-ce que cela revient à une cashérisation?

Réponses :

Ce sont là des questions très intéressantes que vous posez et dont les réponses serviront certainement au plus grand nombre.

Tout d'abord, qu'est-ce que la notion de ֶן יוֹמוֹ « Ban Yômô » (ou בַּת יוֹמָהּ « Bath Yômoh », pour la contrepartie féminine) que vous abordez dans votre première question ? Le Ramba''m ז״ל l'introduit de la façon suivante dans son Mishnéh Tôroh1 :

[Concernant] une marmite en argile dans laquelle fut cuite la viande d'une Navéloh ou la viande d'animaux abominables et rampants : On ne doit pas y faire cuire de la viande [d'un animal] égorgé rituellement ce jour-là. Si on y a fait cuire une sorte de viande, le met est interdit. [Si] on y a fait cuire une autre sorte [d'aliment], [le met est interdit s'il] donne du goût. La Tôroh n'a interdit uniquement que la marmite Bath Yômoh, étant donné que le goût de la graisse absorbée dans la marmite n'a pas encore été altéré. Mais Middivré Sôfrim, on ne devra jamais y cuire. C'est pourquoi on n'achète jamais auprès des Gôyim d'anciens ustensiles d'argile ayant déjà servi à chaud comme par exemple les marmites ou les assiettes, même s'ils sont recouverts de plomb. Et si on en a acheté et cuit à l'intérieur d'eux à partir du deuxième jour, la cuisson est permise.
קְדֵרָה שֶׁלְּחֶרֶס שֶׁנִּתְבַּשַּׁל בָּהּ בְּשַׂר נְבֵלָה, אוֹ בְּשַׂר שְׁקָצִים וּרְמָשִׂים--לֹא יְבַשַּׁל בָּהּ בְּשַׂר שְׁחוּטָה בְּאוֹתוֹ הַיּוֹם. וְאִם בִּשַּׁל בָּהּ מִין בָּשָׂר, הַתַּבְשִׁיל אָסוּר; בִּשַּׁל בָּהּ מִין אַחֵר, בְּנוֹתֵן טַעַם. וְלֹא אָסְרָה תּוֹרָה אֵלָא קְדֵרָה בַּת יוֹמָהּ בִּלְבָד, הוֹאִיל וַעֲדַיִן לֹא נִפְגַם הַשּׁוּמָן שֶׁנִּבְלַע בַּקְּדֵרָה; וּמִדִּבְרֵי סוֹפְרִים, לֹא יְבַשַּׁל בָּהּ לְעוֹלָם. לְפִיכָּךְ אֵין לוֹקְחִין כְּלֵי חֶרֶס יְשָׁנִים מִן הַגּוֹיִים שֶׁנִּשְׁתַּמְּשׁוּ בָּהֶן בְּחַמִּין, כְּגוֹן קְדֵרוֹת וּקְעָרוֹת, לְעוֹלָם, וְאַפִלּוּ הָיוּ שְׁווּעִין בַּאֲבָר; וְאִם לָקַח, וּבִשַּׁל בָּהֶן מִיּוֹם שֵׁנִי וָהָלְאָה--הַתַּבְשִׁיל מֻתָּר

Il y a de nombreuses informations à travers cette Halokhoh, qui répond à toutes les interrogations que vous soulevez. Tout d'abord, le principe de Ban Yômô/Bath Yômoh ne s'applique que dans le cas d'ustensiles poreux, ce qui était le cas de la majorité des ustensiles de ces temps-là.

Deuxièmement, le goût d'aliments non Koshér qui a été absorbé dans un ustensile poreux peut être soit frais soit stable. S'il est frais, c'est-à-dire « Ban Yômô/Bath Yômoh » (un produit de ce jour-là), il peut rendre non Koshér d'autres aliments qu'il contamine. S'il est stable, c'est-à-dire אֵינוֹ בֶן יוֹמוֹ/אֵינוֹ בַת יוֹמָהּ « `énô Van Yômô/`énô Vath Yômoh » (un produit qui date de plus d'un jour), il ne le peut pas (et ce qui aura été cuit dedans reste Koshér). Un goût fade n'est pas qualifié de non Koshér. En effet, seul compte un goût agréable ou qui améliore le met (comme nous le mentionnerons plus bas).

Troisièmement, comme le mentionne le Ramba''m, HaZa''l ont néanmoins interdit de cuire des aliments Koshér dans des ustensiles poreux Gôyim qui étaient `énô Van Yômô/`énô Vath Yômoh, non pas parce que l'aliment Koshér deviendra non Koshér, mais tout simplement afin qu'on n'en arrive pas à cuire dans des ustensiles poreux Ban Yômô/Bath Yômoh.2

Quatrièmement, l'interdiction rabbinique susmentionnée ne s'applique que Lakhattahilloh ! En effet, n'étant que rabbinique de nature, HaZa''l n'ont pas fait appliquer leur décret Badhi´avodh, de sorte que si quelqu'un, malgré l'interdiction, a quand même acheté des ustensiles poreux `énô Van Yômô/`énô Vath Yômoh ayant servi la dernière fois il y a plus d'un jour et qu'il y a fait cuire des aliments Koshér, son met reste Koshér et il peut le consommer !

Enfin, signalons qu'il n'est pas nécessaire de « Kashériser » de tels ustensiles avant de cuire dedans. Cela est évident du Talmoudh lui-même qui nous permet de consommer l'huile cuite par les Gôyim dans leurs propres marmites ou ustensiles non Koshér, sur la base du fait que nous devons supposer qu'ils sont `énô Van Yômô/`énô Vath Yômoh !3 Cela démontre clairement que des aliments cuits dans des ustensiles non Koshér (poreux) peuvent être Koshér si les ustensiles dans lesquels ils ont été cuits sont `énô Van Yômô/`énô Vath Yômoh.

Quant aux ustensiles Ban Yômô/Bath Yômoh, il est seulement interdit d'y cuire de la viande. Mais si on y a cuit quelque chose d'autre (par exemple du poisson, des légumes, etc.), tout dépendra si le goût de l'aliment non Koshér qui avait précédemment été cuit s'est transféré sur l'aliment Koshér que l'on a cuit par la suite dans le même ustensile poreux. Comme le Ramba''m le mentionne dans les Hilkôth Ma`akholôth `assourôth Chapitre 15, Halokhoh 25, dans ce genre de cas on fera goûter le met par un Gôy et s'il nous affirme que « Il n'y a pas le goût de l'aliment interdit » ou « Il y a le goût de l'aliment interdit, mais ce goût est mauvais et abîme celui de l’aliment permis », le met est autorisé à la consommation. Et s'il n'y a pas de Gôy disponible pour goûter, le Ramba''m explique que l'on appliquera alors la règle de ָטֵל בְּשִׁשִּׁים « Botél Bashishim », de sorte que si l'aliment interdit constitue moins d'un soixantième de l'ensemble du mélange le met sera autorisé.

Pour répondre à toutes les sous-questions de votre première question :

« Les couverts des goys sont-il utilisables? » - Oui ! La Halokhoh ne visait que les ustensiles poreux des Gôyim ! Or, à notre époque, l'écrasante majorité des ustensiles ne sont plus du tout poreux, et quand bien même il pourrait y avoir une absorption dans les parois le degré d'absorption est si infime qu'il n'a aucune conséquence halakhique.

« Présumons-nous dans le doute qu'ils ne sont pas ben yomo? » - Comme nous l'avons mentionné plus haut, HaZa''l ont autorisé de consommer des aliments cuits dans des ustensiles poreux des Gôyim sur la base de la supposition qu'ils n'étaient pas Ban Yômô. Nous pouvons donc également nous appuyer sur cela. En outre, puisque la majorité des ustensiles d'aujourd'hui n'absorbent pas, c'est une raison supplémentaire de permettre la consommation d'aliments cuits dans les ustensiles des Gôyim, puisque nous supposons qu'ils les auront lavés au préalable.

« S'ils ne sont pas ben yomo, pouvons-nous les utiliser ou bien y a-t-il un interdit miderabbanan de les utiliser? » - Comme nous l'avons expliqué, l'interdiction de consommer des aliments Koshér cuits dans des ustensiles qui n'étaient pas Ban Yômô est uniquement rabbinique, et HaZa''l ne l'ont fait appliquer que Lakhattahilloh mais pas Badhi´avodh, afin que l'on n'en arrive pas à cuire également dans des ustensiles poreux Ban Yômô. Par conséquent, si on a néanmoins cuit dans des ustensiles qui n'étaient pas Ban Yômô, il n'y a aucun problème. (Mais là encore, cela ne concerne que des ustensiles poreux. Pour des ustensiles non poreux, il n'y a même pas de problème Lakhattahilloh.)

« Le lave-vaisselle les casherisent-ils (en les soumettant à une sorte de hagala et en détruisant avec les détergents le goût des restes d'aliments présents dans le lave-vaisselle et en empêchant ainsi une éventuellement contamination)? » - Même le simple nettoyage à l'eau chaude et au savon suffit !

À noter que bien que les détergents et dégraissants n'existaient pas du temps de HaZa''l, nous pouvons supposer que lorsqu'ils ont permis de manger dans des ustensiles Gôyim qui n'étaient pas Ban Yômô, c'est parce que les marmites étaient propres ou du moins suffisamment propres que pour ne pas contaminer les aliments que l'on avait cuits à l'intérieur.

Concernant votre deuxième question, les assiettes d'aujourd'hui ne sont pas, pour la majorité d'entre elles, poreuses. Quant à la porcelaine, bien que l'écrasante majorité des Pôsqim la traitent comme l'argile, c'est une grave erreur basée sur un manque de connaissance flagrant. Les tessons sont classés en deux catégories : d'un côté nous avons les tessons poreux, comme l'argile (terre cuite) et la faïence, et de l'autre côté nous avons les tessons non poreux comme la porcelaine, le grès et le vitreux. La porcelaine a un taux de porosité inférieur à 0,6% et un taux d'absorption inférieur à 0,3%, ce qui est plus que dérisoire. Il est donc complètement faux de l'assimiler à l'argile ! En outre, les ustensiles en porcelaine ne sont jamais placés sur le feu (la Halokhoh parle avant tout d'ustensiles que l'on peut placer sur le feu pour cuire des aliments), ce qui fait qu'elle n'absorbe pratiquement pas d'aliments, n'étant pas utilisés à chaud.

Quant à votre dernière question, la réponse est tout simplement « Oui ! », pour toutes les raisons que vous soulevez ! Nous pouvons ajouter à cela que le Talmoudh stipule que dès lors que le Gôy craint que les Israélites n'achèteront pas ses produits car on le soupçonne de mélanger des ingrédients prohibés dans ses produits, quand bien même il n'y a pas d'Israélites présents pour le surveiller, ses produits sont Koshér ! Nous pouvons nous appuyer, par conséquent, sur les règles très strictes des agences responsables de la sécurité et de la qualité alimentaire des pays occidentaux dans lesquels nous vivons. Et si quelqu'un argue que nous ne devons pas faire confiance aux inspections et au sérieux de ces agences, je répondrai que les produits estampillés « Koshér » n'offrent aucune garantie. Les scandales dans le business de la Kashrouth sont très nombreux, et il s'est déjà trouvé des bouchers religieux qui vendaient de la viande treif présentée comme Koshér. Jusqu'à aujourd'hui, de telles affaires se produisent dans le monde de la Kashrouth ! La Tôroh nous a ordonné de ne juger qu'à partir de ce que l’œil voit ; nous ne sommes pas dans le secret des usines, de telle sorte que tant qu'une entreprise (Gôyoh ou Israélite) n'a pas été démontrée comme transgressant les règles et ne respectant pas les mesures de sécurité et d'hygiène, nous devons lui accorder le bénéfice du doute.

1Hilkôth Ma`akholôth `assourôth 17:1

2Voir Talmoudh, ´avôdhoh Zoroh 75b

3Ibid., 38b
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