ב״ה
Ban
Yômô & les ustensiles des Gôyim
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Questions :
- Les couverts des goys sont-il utilisables? Présumons-nous dans le doute qu'ils ne sont pas ben yomo? S'ils ne sont pas ben yomo, pouvons-nous les utiliser ou bien y a-t-il un interdit miderabbanan de les utiliser? Le lave-vaisselle les casherisent-ils (en les soumettant à une sorte de hagala et en détruisant avec les détergents le goût des restes d'aliments présents dans le lave-vaisselle et en empêchant ainsi une éventuellement contamination)?
- Qu'en est-il des assiettes et autres couverts en porcelaine qui sont beaucoup plus vernis de nos jours qu'aux temps de Hazal ?
- Si de tels couverts sont autorisés, devons-vous en conclure que les produits industriels sont cashers si leurs ingrédients le sont? La contamination croisée étant impossible de nos jour et il y aurait dans tous les cas une annulation par 60. De plus, les ustensiles industriels sont tous en inox et lavé avec des détergents très forts entre chaque utilisation: est-ce que cela revient à une cashérisation?
Réponses :
Ce
sont là des questions très intéressantes que vous posez et dont
les réponses serviront certainement au plus grand nombre.
Tout
d'abord, qu'est-ce que la notion de בֶּן
יוֹמוֹ
« Ban
Yômô »
(ou בַּת
יוֹמָהּ « Bath
Yômoh »,
pour la contrepartie féminine) que vous abordez dans votre première
question ? Le Ramba''m ז״ל
l'introduit
de la façon suivante dans son Mishnéh Tôroh1 :
[Concernant]
une marmite en argile dans laquelle fut cuite la viande d'une
Navéloh ou la viande d'animaux abominables et rampants : On
ne doit pas y faire cuire de la viande [d'un animal] égorgé
rituellement ce jour-là. Si on y a fait cuire une sorte de
viande, le met est interdit. [Si] on y a fait cuire une autre
sorte [d'aliment], [le met est interdit s'il] donne du goût. La
Tôroh n'a interdit uniquement que la marmite Bath Yômoh, étant
donné que le goût de la graisse absorbée dans la marmite n'a
pas encore été altéré. Mais Middivré Sôfrim, on ne devra
jamais y cuire. C'est pourquoi on n'achète jamais auprès des
Gôyim d'anciens ustensiles d'argile ayant déjà servi à chaud
comme par exemple les marmites ou les assiettes, même s'ils sont
recouverts de plomb. Et si on en a acheté et cuit à l'intérieur
d'eux à partir du deuxième jour, la cuisson est permise.
|
קְדֵרָה
שֶׁלְּחֶרֶס שֶׁנִּתְבַּשַּׁל בָּהּ
בְּשַׂר נְבֵלָה,
אוֹ
בְּשַׂר שְׁקָצִים וּרְמָשִׂים--לֹא
יְבַשַּׁל בָּהּ בְּשַׂר שְׁחוּטָה
בְּאוֹתוֹ הַיּוֹם.
וְאִם
בִּשַּׁל בָּהּ מִין בָּשָׂר,
הַתַּבְשִׁיל
אָסוּר;
בִּשַּׁל
בָּהּ מִין אַחֵר,
בְּנוֹתֵן
טַעַם.
וְלֹא
אָסְרָה תּוֹרָה אֵלָא קְדֵרָה בַּת
יוֹמָהּ בִּלְבָד,
הוֹאִיל
וַעֲדַיִן לֹא נִפְגַם הַשּׁוּמָן
שֶׁנִּבְלַע בַּקְּדֵרָה;
וּמִדִּבְרֵי
סוֹפְרִים,
לֹא
יְבַשַּׁל בָּהּ לְעוֹלָם.
לְפִיכָּךְ
אֵין לוֹקְחִין כְּלֵי חֶרֶס יְשָׁנִים
מִן הַגּוֹיִים שֶׁנִּשְׁתַּמְּשׁוּ
בָּהֶן בְּחַמִּין,
כְּגוֹן
קְדֵרוֹת וּקְעָרוֹת,
לְעוֹלָם,
וְאַפִלּוּ
הָיוּ שְׁווּעִין בַּאֲבָר;
וְאִם
לָקַח,
וּבִשַּׁל
בָּהֶן מִיּוֹם שֵׁנִי וָהָלְאָה--הַתַּבְשִׁיל
מֻתָּר
|
Il
y a de nombreuses informations à travers cette Halokhoh, qui répond
à toutes les interrogations que vous soulevez. Tout d'abord, le
principe de Ban Yômô/Bath Yômoh ne s'applique que dans le cas
d'ustensiles poreux, ce qui était le cas de la majorité des
ustensiles de ces temps-là.
Deuxièmement,
le goût d'aliments non Koshér qui a été absorbé dans un
ustensile poreux peut être soit frais soit stable. S'il est frais,
c'est-à-dire « Ban
Yômô/Bath Yômoh »
(un produit de ce jour-là), il peut rendre non Koshér d'autres
aliments qu'il contamine. S'il est stable, c'est-à-dire אֵינוֹ
בֶן יוֹמוֹ/אֵינוֹ
בַת יוֹמָהּ
« `énô
Van Yômô/`énô Vath Yômoh »
(un produit qui date de plus d'un jour), il ne le peut pas (et ce qui
aura été cuit dedans reste Koshér). Un goût fade n'est pas
qualifié de non Koshér. En effet, seul compte un goût agréable ou
qui améliore le met (comme nous le mentionnerons plus bas).
Troisièmement,
comme le mentionne le Ramba''m, HaZa''l
ont néanmoins interdit de cuire des aliments Koshér dans des
ustensiles poreux Gôyim qui étaient `énô Van Yômô/`énô Vath
Yômoh, non pas parce que l'aliment Koshér deviendra non Koshér,
mais tout simplement afin qu'on n'en arrive pas à cuire dans des
ustensiles poreux Ban Yômô/Bath Yômoh.2
Quatrièmement,
l'interdiction rabbinique susmentionnée ne s'applique que
Lakhattahilloh !
En effet, n'étant que rabbinique de nature, HaZa''l
n'ont pas fait appliquer leur décret Badhi´avodh, de sorte que si
quelqu'un, malgré l'interdiction, a quand même acheté des
ustensiles poreux `énô Van Yômô/`énô Vath Yômoh ayant servi la
dernière fois il y a plus d'un jour et qu'il y a fait cuire des
aliments Koshér, son met reste Koshér et il peut le consommer !
Enfin,
signalons qu'il n'est pas nécessaire de « Kashériser »
de tels ustensiles avant de cuire dedans. Cela est évident du
Talmoudh lui-même qui nous permet de consommer l'huile cuite par les
Gôyim dans leurs propres marmites ou ustensiles non Koshér, sur la
base du fait que nous devons supposer qu'ils sont `énô Van
Yômô/`énô Vath Yômoh !3
Cela démontre clairement que des aliments cuits dans des ustensiles
non Koshér (poreux) peuvent être Koshér si les ustensiles dans
lesquels ils ont été cuits sont `énô Van Yômô/`énô Vath
Yômoh.
Quant
aux ustensiles Ban Yômô/Bath Yômoh, il est seulement interdit d'y
cuire de la viande. Mais si on y a cuit quelque chose d'autre
(par exemple du poisson, des légumes, etc.), tout dépendra si le
goût de l'aliment non Koshér qui avait précédemment été cuit
s'est transféré sur l'aliment Koshér que l'on a cuit par la suite
dans le même ustensile poreux. Comme le Ramba''m le mentionne dans
les Hilkôth Ma`akholôth `assourôth Chapitre 15, Halokhoh 25, dans
ce genre de cas on fera goûter le met par un Gôy et s'il nous
affirme que « Il n'y a pas le goût de l'aliment interdit »
ou « Il y a le goût de l'aliment interdit, mais ce goût est
mauvais et abîme celui de l’aliment permis », le met est
autorisé à la consommation. Et s'il n'y a pas de Gôy disponible
pour goûter, le Ramba''m explique que l'on appliquera alors la règle
de בָּטֵל
בְּשִׁשִּׁים
« Botél
Bashishim », de
sorte que si l'aliment interdit constitue moins d'un soixantième de
l'ensemble du mélange le met sera autorisé.
Pour
répondre à toutes les sous-questions de votre première question :
« Les
couverts des goys sont-il utilisables? »
- Oui ! La Halokhoh ne visait que les ustensiles poreux des
Gôyim ! Or, à notre époque, l'écrasante majorité des
ustensiles ne sont plus du tout poreux, et quand bien même il
pourrait y avoir une absorption dans les parois le degré
d'absorption est si infime qu'il n'a aucune conséquence halakhique.
« Présumons-nous
dans le doute qu'ils ne sont pas ben yomo? »
- Comme nous l'avons mentionné plus haut, HaZa''l
ont autorisé de consommer des aliments cuits dans des ustensiles
poreux des Gôyim sur la base de la supposition qu'ils n'étaient pas
Ban Yômô. Nous pouvons donc également nous appuyer sur cela. En
outre, puisque la majorité des ustensiles d'aujourd'hui n'absorbent
pas, c'est une raison supplémentaire de permettre la consommation
d'aliments cuits dans les ustensiles des Gôyim, puisque nous
supposons qu'ils les auront lavés au préalable.
« S'ils
ne sont pas ben yomo, pouvons-nous les utiliser ou bien y a-t-il un
interdit miderabbanan de les utiliser? »
- Comme nous l'avons expliqué, l'interdiction de consommer des
aliments Koshér cuits dans des ustensiles qui n'étaient pas Ban
Yômô est uniquement rabbinique, et HaZa''l
ne l'ont fait appliquer que Lakhattahilloh
mais pas Badhi´avodh, afin que l'on n'en arrive pas à cuire
également dans des ustensiles poreux Ban Yômô. Par conséquent, si
on a néanmoins cuit dans des ustensiles qui n'étaient pas Ban Yômô,
il n'y a aucun problème. (Mais là encore, cela ne concerne que des
ustensiles poreux. Pour des ustensiles non poreux, il n'y a même pas
de problème Lakhattahilloh.)
« Le
lave-vaisselle les casherisent-ils (en les soumettant à une sorte de
hagala et en détruisant avec les détergents le goût des restes
d'aliments présents dans le lave-vaisselle et en empêchant ainsi
une éventuellement contamination)? »
- Même le simple nettoyage à l'eau chaude et au savon suffit !
À
noter que bien que les détergents et dégraissants n'existaient pas
du temps de HaZa''l,
nous pouvons supposer que lorsqu'ils ont permis de manger dans des
ustensiles Gôyim qui n'étaient pas Ban Yômô, c'est parce que les
marmites étaient propres ou du moins suffisamment propres que pour
ne pas contaminer les aliments que l'on avait cuits à l'intérieur.
Concernant
votre deuxième question, les assiettes d'aujourd'hui ne sont pas,
pour la majorité d'entre elles, poreuses. Quant à la porcelaine,
bien que l'écrasante majorité des Pôsqim la traitent comme
l'argile, c'est une grave erreur basée sur un manque de connaissance
flagrant. Les tessons sont classés en deux catégories : d'un
côté nous avons les tessons poreux, comme l'argile (terre cuite) et
la faïence, et de l'autre côté nous avons les tessons non poreux
comme la porcelaine, le grès et le vitreux. La porcelaine a un taux
de porosité inférieur à 0,6% et un taux d'absorption inférieur à
0,3%, ce qui est plus que dérisoire. Il est donc complètement faux
de l'assimiler à l'argile ! En outre, les ustensiles en
porcelaine ne sont jamais placés sur le feu (la Halokhoh parle avant
tout d'ustensiles que l'on peut placer sur le feu pour cuire des
aliments), ce qui fait qu'elle n'absorbe pratiquement pas d'aliments,
n'étant pas utilisés à chaud.
Quant
à votre dernière question, la réponse est tout simplement
« Oui ! », pour toutes les raisons que vous
soulevez ! Nous pouvons ajouter à cela que le Talmoudh stipule
que dès lors que le Gôy craint que les Israélites n'achèteront
pas ses produits car on le soupçonne de mélanger des ingrédients
prohibés dans ses produits, quand bien même il n'y a pas
d'Israélites présents pour le surveiller, ses produits sont
Koshér ! Nous pouvons nous appuyer, par conséquent, sur les
règles très strictes des agences responsables de la sécurité et
de la qualité alimentaire des pays occidentaux dans lesquels nous
vivons. Et si quelqu'un argue que nous ne devons pas faire confiance
aux inspections et au sérieux de ces agences, je répondrai que les
produits estampillés « Koshér » n'offrent aucune
garantie. Les scandales dans le business de la Kashrouth sont très
nombreux, et il s'est déjà trouvé des bouchers religieux qui
vendaient de la viande treif présentée comme Koshér. Jusqu'à
aujourd'hui, de telles affaires se produisent dans le monde de la
Kashrouth ! La Tôroh nous a ordonné de ne juger qu'à partir
de ce que l’œil voit ; nous ne sommes pas dans le secret des
usines, de telle sorte que tant qu'une entreprise (Gôyoh ou
Israélite) n'a pas été démontrée comme transgressant les règles
et ne respectant pas les mesures de sécurité et d'hygiène, nous
devons lui accorder le bénéfice du doute.
1Hilkôth
Ma`akholôth `assourôth 17:1
2Voir
Talmoudh, ´avôdhoh Zoroh 75b
3Ibid.,
38b