בס״ד
Le
cannabis dans la tradition juive
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article peut être téléchargé ici.
La
lecture de l'article
suivant, faisant état de la possibilité d'utiliser du
cannabis pour traiter en Israël les patients atteints du COVID-19,
m'a aspiré à rédiger un article sur l'usage traditionnel du
cannabis dans le judaïsme. Car, cela pourrait étonner certaines
personnes, mais il existe une longue tradition dans le judaïsme de
faire usage de cette plante.
Tout
d'abord, il convient de signaler qu'avant d'être une « drogue »,
le cannabis est avant tout une plante comestible. Et en tant que tel,
sa consommation a été autorisée depuis l'histoire de l'humanité
par Hashshém Lui-même ית׳ :1
Et
`alôhim dit : « Voici, Je vous ai donné toute herbe
encemensant de la semence, qui est sur les faces de toute la
terre, et tout arbre, dans lequel se trouve le fruit d'un arbre
encemensant de la semence—pour vous ce sera en nourriture.
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וַיֹּאמֶר
אֱלֹהִים,
הִנֵּה
נָתַתִּי לָכֶם אֶת-כָּל-עֵשֶׂב
זֹרֵעַ זֶרַע אֲשֶׁר עַל-פְּנֵי
כָל-הָאָרֶץ,
וְאֶת-כָּל-הָעֵץ
אֲשֶׁר-בּוֹ
פְרִי-עֵץ,
זֹרֵעַ
זָרַע:
לָכֶם
יִהְיֶה,
לְאָכְלָה.
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En
tant que plante verte, le cannabis est doté de très nombreuses
vertus curatives et est très riche en fibres. Si vous mangez
quelques-unes de ses feuilles, cela améliore et entretient la flore
microbienne du système digestif. Tout comme la salade verte et les
épinards, les feuilles de cannabis sont excellentes pour le transit.
Sont
également présentes dans les feuilles de cannabis de la vitamine K
(connue
pour traiter l’ostéoporose
et
prévenir les troubles
cardiovasculaires),
de la Vitamine C (qui améliore
les fonctions immunitaires),
de la vitamine B9 (aussi
appelée acide folique, est un nutriment très important dans la
réparation
de l’ADN),
ainsi que du calcium (qui renforce
les os)
et du fer (qui augmente
le taux d’oxygène
dans
le sang).
Ce ne sont là qu'un bref aperçu des vertus dont le Créateur
Lui-même a doté cette plante comestible.
Deuxièmement,
et cela en étonnera également beaucoup, du cannabis était utilisé
dans la ´avôdhoh du Mishkon et du Béth Hammiqdosh. En effet, dans
la liste des ingrédients à mélanger pour confectionner l'huile
d'onction2
qui servait à oindre le `ôhal Mô´édh, le `arôn
Ho´édhouth, le Shoulhon
et ses ustensiles, la Manôroh
et ses ustensiles, le Mizbéah
à Qatôrath,
et le Mizbéah
à ´ôloh et tous ses ustensiles, nous retrouvons une plante appelée
קְנֵה-בֹשֶׂם
« Qanéh
Vôsam ».3
Tu
ne M'as pas acheté du Qonah
avec de l'argent. Et tu ne M'as pas saturé par la graisse de tes
victimes. Cependant, tu M'as importuné par tes fautes, tu M'as
excédé par tes iniquités.
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לֹא-קָנִיתָ
לִּי בַכֶּסֶף קָנֶה,
וְחֵלֶב
זְבָחֶיךָ לֹא הִרְוִיתָנִי;
אַךְ,
הֶעֱבַדְתַּנִי
בְּחַטֹּאותֶיךָ,
הוֹגַעְתַּנִי,
בַּעֲוֺנֹתֶיךָ.
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Ainsi,
parmi les choses que Hashshém reproche au peuple juif il y a le fait
que les Juifs n'ont pas voulu utiliser leur argent pour acheter des
plantes de Qonah pour Son ´avôdhoh.
Quelle est donc cette plante appelée קָנֶה
« Qonah »
dans le TaNa''Kh ?
Premièrement,
le Masoudhath
Dowidh ז״ל,
dans son commentaire sur le passage susmentionné de Yasha´yohou,
explique qu'il s'agit d'une variété de plante aromatique (בֹּשֶׂם
« Bôsam »).
Deuxièmement,
« Qonah » provient du mot hébreu קַנַּבּוֹס
« Qannabbôs »,
comme l'ont montré de nombreux étymologistes sémitiques. Et dans
le texte biblique, ce mot « Qannabbôs » s'est modifié
en קְנֵה-בֹשֶׂם
« Qanéh
Vôsam ».
C'est de ce terme sémitique que provient le mot de langue scythe
« cannabis ».
Les Scythes iraniens étaient probablement apparentés aux Mèdes,
qui étaient voisins des Sémites et auraient facilement pu assimiler
le mot pour désigner du chanvre. Les Sémites auraient également pu
faire passer le mot lors de leurs migrations à travers l'Asie
Mineure.
Vous
venez ainsi d'apprendre que la Tôroh parle de cannabis, et que non
seulement cette plante était consommée, mais elle servait également
dans les rites du Béth Hammiqdosh pour faire de l'huile d'onction.
(On en retrouvait également dans les ingrédients servant à
confectionner la Qatôrath,
l'encens qui était apporté sur l'autel quotidiennement dans le Béth
Hammiqdosh.)
L'usage
de la marijuana est un aspect de la Halokhoh
et de la tradition juive qui a longtemps été enterré, et qui
mérite d'être déterré et exploré. Il ne fait aucun doute que la
plante a une source sainte, Hashshém Lui-même, et est donc
mentionnée à plusieurs fins rituelles. Il est clair que
l'utilisation du cannabis pour les vêtements et les accessoires
était très courante ; comme l'affirme le Talmoudh lui-même,
le cannabis était utilisé pour fabriquer des Talithôth
et des Sisiyôth,
et on en utilisait aussi pour confectionner le Sakhokh
(toit de la Soukkoh). On retrouve des textes anciens où le cannabis
est classé dans la catégorie des Qôtnoyôth (légumineuses) à
Pasah,
ce qui signifie qu'il était interdit aux Juifs ashkénazes d'en
consommer pendant Pasah,
ce qui sous-entend qu'il était consommé, peut-être comme
nourriture, pendant le reste de l'année en terres ashkénazes,
puisque les graines de chanvre sont une forme de protéine non
intoxicante !
Des
recherches ont révélé que le cannabis pouvait avoir été utilisé
comme anesthésique pendant l'accouchement dans l'Israël antique ;
des fouilles archéologiques ont révélé la présence de haschich
dans l'estomac des restes vieux de 1 623 ans d'une fille de 14 ans à
Beit Shemesh. Le Rambo''m ז״ל
lui-même
était également un défenseur de l'utilisation de l'huile de
cannabis pour des maladies telles que le rhume et les problèmes
d'oreille. Il existe des lois complexes de mélange et d'hybridation
des plantes à partir du Talmoudh, sur lesquelles le Rambo''m
commente. Parmi tous les mélanges mentionnés, le Rambo''m prenait
plus particulièrement au sérieux le cannabis.
De
nombreuses recherches menées par le Docteur Yôséph Glassman (qui
est également Môhél) ont mis à jour les nombreux usages du
cannabis dans la tradition juive et les textes juifs anciens. Vous
pouvez retrouver certaines de ses conclusions dans l'article
suivant
(en anglais).
Le
« Qannabbôs » (cannabis) est explicitement mentionné
dans le Shoulhon
´oroukh dans le passage suivant (je ne vais pas traduire
l'intégralité du passage, juste les parties pertinentes. Par
contre, j'ai laissé le texte hébreu intégral) :5
Ils
ne font pas faire la mèche pour une lampe de Shabboth, que ce
soit la lampe sur la table ou n'importe quelle lampe qu'on allume
dans la maison ... à partir de quelque chose par laquelle la
lumière ne tient pas ... par exemple la laine, des cheveux, etc
... mais plutôt à partir de quelque chose par laquelle la
lumière tient par exemple du lin, du coton ... ou
du Qonabbôs
et ce qui leur est semblable.
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אֵין
עוֹשִׂין פְּתִילָה לְנֵר שֶׁל שַׁבָּת,
בֵּין
נֵר שֶׁעַל הַשֻּׁלְחָן בֵּין כָּל נֵר
שֶׁמַּדְלִיק בַּבַּיִת,
מִדָּבָר
שֶׁהָאוּר אֵינוֹ נֶאֱחָז בּוֹ אֶלָּא
נִסְרָךְ סְבִיבָיו וְהַשַּׁלְהֶבֶת
קוֹפֶצֶת כְּגוֹן:
צֶמֶר
וְשֵׂעָר וְכַיּוֹצֵא בָּהֶם,
אֶלָּא
מִדָּבָר שֶׁהָאוּר נִתְלֶה בּוֹ,
כְּגוֹן:
פִּשְׁתָּה
נְפוֹצָה וּבֶגֶד שֵׁשׁ וְצֶמֶר גֶּפֶן
וְקָנַבּוֹס
וְכַיּוֹצֵא בָּהֶן.
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Ainsi,
le cannabis fait partie des matières autorisées que l'on peut
utiliser pour allumer les Nérôth de Shabboth, car c'est une plante
qui permet de préserver une bonne lumière et de la faire adhérer
correctement à la mèche. Nous voyons donc qu'il y avait une
pratique d'utiliser du cannabis pour l'allumage des bougies. Et cela
était tellement populaire dans les communautés juives que l'on
retrouve écrit ceci dans le `éliyoh Rabboh (un commentaire sur le
Shoulhon
´oroukh, par le Rov `éliyohou Shapira, 1660-1712) : « Il
est préférable de respecter la Halokhoh uniquement avec du
cannabis, si possible ».
Nous
avons donc passé en revue les divers usages anciens et traditionnels
du cannabis dans le judaïsme, en tant que nourriture, remède pour
diverses maladies, dans l'encens et l'huile d'onction préparées du
temps du Mishkon et du Béth Hammiqdosh, dans la confection d'un
Talith
et de Sisith,
comme anesthésique pendant les accouchements, ou encore pour
l'allumage des bougies du Shabboth. Tout cela indique que la plante
de cannabis a traditionnellement toujours eu une place importante
dans le judaïsme en raison de ses usages multiples.
Il
n'y a rien de mauvais dans la création de Hashshém ; ce qui
rend une chose mauvaise, c'est l'utilisation qu'on en fait, ainsi que
les excès dans l'usage. Le fait que beaucoup en font une drogue ne
retire pas les bienfaits et n'annule pas les usages autorisés
susmentionnés de la plante de cannabis.
À
noter qu'Israël, la consommation personnelle et privée du cannabis
est autorisée. C'est seulement le fait d'en fumer dans l'espace
publique qui vous vaudra une amende de 250€, et des poursuites
judiciaires si vous avez été pris à quatre reprises en train de
fumer en public. Israël est également le leader mondial de la
production du cannabis médical, et plus de 30 000 patients
israéliens sont traités avec du cannabis.
1Baré`shith
1:29
2Shamôth
30:22-31
3Ibid.,
verset 23
443:24
5`ôrah
Hayyim 264:1