mardi 21 avril 2020

Le cannabis dans la tradition juive


בס״ד

Le cannabis dans la tradition juive


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La lecture de l'article suivant, faisant état de la possibilité d'utiliser du cannabis pour traiter en Israël les patients atteints du COVID-19, m'a aspiré à rédiger un article sur l'usage traditionnel du cannabis dans le judaïsme. Car, cela pourrait étonner certaines personnes, mais il existe une longue tradition dans le judaïsme de faire usage de cette plante.

Tout d'abord, il convient de signaler qu'avant d'être une « drogue », le cannabis est avant tout une plante comestible. Et en tant que tel, sa consommation a été autorisée depuis l'histoire de l'humanité par Hashshém Lui-même ית׳ :1

Et `alôhim dit : « Voici, Je vous ai donné toute herbe encemensant de la semence, qui est sur les faces de toute la terre, et tout arbre, dans lequel se trouve le fruit d'un arbre encemensant de la semence—pour vous ce sera en nourriture.
וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים, הִנֵּה נָתַתִּי לָכֶם אֶת-כָּל-עֵשֶׂב זֹרֵעַ זֶרַע אֲשֶׁר עַל-פְּנֵי כָל-הָאָרֶץ, וְאֶת-כָּל-הָעֵץ אֲשֶׁר-בּוֹ פְרִי-עֵץ, זֹרֵעַ זָרַעלָכֶם יִהְיֶה, לְאָכְלָה.

En tant que plante verte, le cannabis est doté de très nombreuses vertus curatives et est très riche en fibres. Si vous mangez quelques-unes de ses feuilles, cela améliore et entretient la flore microbienne du système digestif. Tout comme la salade verte et les épinards, les feuilles de cannabis sont excellentes pour le transit.

Sont également présentes dans les feuilles de cannabis de la vitamine K (connue pour traiter l’ostéoporose et prévenir les troubles cardiovasculaires), de la Vitamine C (qui améliore les fonctions immunitaires), de la vitamine B9 (aussi appelée acide folique, est un nutriment très important dans la réparation de l’ADN), ainsi que du calcium (qui renforce les os) et du fer (qui augmente le taux d’oxygène dans le sang). Ce ne sont là qu'un bref aperçu des vertus dont le Créateur Lui-même a doté cette plante comestible.

Deuxièmement, et cela en étonnera également beaucoup, du cannabis était utilisé dans la ´avôdhoh du Mishkon et du Béth Hammiqdosh. En effet, dans la liste des ingrédients à mélanger pour confectionner l'huile d'onction2 qui servait à oindre le `ôhal Mô´édh, le `arôn Ho´édhouth, le Shoulhon et ses ustensiles, la Manôroh et ses ustensiles, le Mizbéah à Qatôrath, et le Mizbéah à ´ôloh et tous ses ustensiles, nous retrouvons une plante appelée קְנֵה-בֹשֶׂם « Qanéh Vôsam ».3

Cette plante est mentionnée également dans le Séphar Yasha´yohou :4

Tu ne M'as pas acheté du Qonah avec de l'argent. Et tu ne M'as pas saturé par la graisse de tes victimes. Cependant, tu M'as importuné par tes fautes, tu M'as excédé par tes iniquités.
לֹא-קָנִיתָ לִּי בַכֶּסֶף קָנֶה, וְחֵלֶב זְבָחֶיךָ לֹא הִרְוִיתָנִי; אַךְ, הֶעֱבַדְתַּנִי בְּחַטֹּאותֶיךָ, הוֹגַעְתַּנִי, בַּעֲוֺנֹתֶיךָ.

Ainsi, parmi les choses que Hashshém reproche au peuple juif il y a le fait que les Juifs n'ont pas voulu utiliser leur argent pour acheter des plantes de Qonah pour Son ´avôdhoh. Quelle est donc cette plante appelée קָנֶה « Qonah » dans le TaNa''Kh ?

Premièrement, le Masoudhath Dowidh ז״ל, dans son commentaire sur le passage susmentionné de Yasha´yohou, explique qu'il s'agit d'une variété de plante aromatique (ֹשֶׂם « Bôsam »).

Deuxièmement, « Qonah » provient du mot hébreu קַנַּבּוֹס « Qannabbôs », comme l'ont montré de nombreux étymologistes sémitiques. Et dans le texte biblique, ce mot « Qannabbôs » s'est modifié en קְנֵה-בֹשֶׂם « Qanéh Vôsam ». C'est de ce terme sémitique que provient le mot de langue scythe « cannabis ». Les Scythes iraniens étaient probablement apparentés aux Mèdes, qui étaient voisins des Sémites et auraient facilement pu assimiler le mot pour désigner du chanvre. Les Sémites auraient également pu faire passer le mot lors de leurs migrations à travers l'Asie Mineure.

Vous venez ainsi d'apprendre que la Tôroh parle de cannabis, et que non seulement cette plante était consommée, mais elle servait également dans les rites du Béth Hammiqdosh pour faire de l'huile d'onction. (On en retrouvait également dans les ingrédients servant à confectionner la Qatôrath, l'encens qui était apporté sur l'autel quotidiennement dans le Béth Hammiqdosh.)

L'usage de la marijuana est un aspect de la Halokhoh et de la tradition juive qui a longtemps été enterré, et qui mérite d'être déterré et exploré. Il ne fait aucun doute que la plante a une source sainte, Hashshém Lui-même, et est donc mentionnée à plusieurs fins rituelles. Il est clair que l'utilisation du cannabis pour les vêtements et les accessoires était très courante ; comme l'affirme le Talmoudh lui-même, le cannabis était utilisé pour fabriquer des Talithôth et des Sisiyôth, et on en utilisait aussi pour confectionner le Sakhokh (toit de la Soukkoh). On retrouve des textes anciens où le cannabis est classé dans la catégorie des Qôtnoyôth (légumineuses) à Pasah, ce qui signifie qu'il était interdit aux Juifs ashkénazes d'en consommer pendant Pasah, ce qui sous-entend qu'il était consommé, peut-être comme nourriture, pendant le reste de l'année en terres ashkénazes, puisque les graines de chanvre sont une forme de protéine non intoxicante !

Des recherches ont révélé que le cannabis pouvait avoir été utilisé comme anesthésique pendant l'accouchement dans l'Israël antique ; des fouilles archéologiques ont révélé la présence de haschich dans l'estomac des restes vieux de 1 623 ans d'une fille de 14 ans à Beit Shemesh. Le Rambo''m ז״ל lui-même était également un défenseur de l'utilisation de l'huile de cannabis pour des maladies telles que le rhume et les problèmes d'oreille. Il existe des lois complexes de mélange et d'hybridation des plantes à partir du Talmoudh, sur lesquelles le Rambo''m commente. Parmi tous les mélanges mentionnés, le Rambo''m prenait plus particulièrement au sérieux le cannabis.

De nombreuses recherches menées par le Docteur Yôséph Glassman (qui est également Môhél) ont mis à jour les nombreux usages du cannabis dans la tradition juive et les textes juifs anciens. Vous pouvez retrouver certaines de ses conclusions dans l'article suivant (en anglais).

Le « Qannabbôs » (cannabis) est explicitement mentionné dans le Shoulhon ´oroukh dans le passage suivant (je ne vais pas traduire l'intégralité du passage, juste les parties pertinentes. Par contre, j'ai laissé le texte hébreu intégral) :5

Ils ne font pas faire la mèche pour une lampe de Shabboth, que ce soit la lampe sur la table ou n'importe quelle lampe qu'on allume dans la maison ... à partir de quelque chose par laquelle la lumière ne tient pas ... par exemple la laine, des cheveux, etc ... mais plutôt à partir de quelque chose par laquelle la lumière tient par exemple du lin, du coton ... ou du Qonabbôs et ce qui leur est semblable.
אֵין עוֹשִׂין פְּתִילָה לְנֵר שֶׁל שַׁבָּת, בֵּין נֵר שֶׁעַל הַשֻּׁלְחָן בֵּין כָּל נֵר שֶׁמַּדְלִיק בַּבַּיִת, מִדָּבָר שֶׁהָאוּר אֵינוֹ נֶאֱחָז בּוֹ אֶלָּא נִסְרָךְ סְבִיבָיו וְהַשַּׁלְהֶבֶת קוֹפֶצֶת כְּגוֹן: צֶמֶר וְשֵׂעָר וְכַיּוֹצֵא בָּהֶם, אֶלָּא מִדָּבָר שֶׁהָאוּר נִתְלֶה בּוֹ, כְּגוֹן: פִּשְׁתָּה נְפוֹצָה וּבֶגֶד שֵׁשׁ וְצֶמֶר גֶּפֶן וְקָנַבּוֹס וְכַיּוֹצֵא בָּהֶן.

Ainsi, le cannabis fait partie des matières autorisées que l'on peut utiliser pour allumer les Nérôth de Shabboth, car c'est une plante qui permet de préserver une bonne lumière et de la faire adhérer correctement à la mèche. Nous voyons donc qu'il y avait une pratique d'utiliser du cannabis pour l'allumage des bougies. Et cela était tellement populaire dans les communautés juives que l'on retrouve écrit ceci dans le `éliyoh Rabboh (un commentaire sur le Shoulhon ´oroukh, par le Rov `éliyohou Shapira, 1660-1712) : « Il est préférable de respecter la Halokhoh uniquement avec du cannabis, si possible ».

Nous avons donc passé en revue les divers usages anciens et traditionnels du cannabis dans le judaïsme, en tant que nourriture, remède pour diverses maladies, dans l'encens et l'huile d'onction préparées du temps du Mishkon et du Béth Hammiqdosh, dans la confection d'un Talith et de Sisith, comme anesthésique pendant les accouchements, ou encore pour l'allumage des bougies du Shabboth. Tout cela indique que la plante de cannabis a traditionnellement toujours eu une place importante dans le judaïsme en raison de ses usages multiples.

Il n'y a rien de mauvais dans la création de Hashshém ; ce qui rend une chose mauvaise, c'est l'utilisation qu'on en fait, ainsi que les excès dans l'usage. Le fait que beaucoup en font une drogue ne retire pas les bienfaits et n'annule pas les usages autorisés susmentionnés de la plante de cannabis.

À noter qu'Israël, la consommation personnelle et privée du cannabis est autorisée. C'est seulement le fait d'en fumer dans l'espace publique qui vous vaudra une amende de 250€, et des poursuites judiciaires si vous avez été pris à quatre reprises en train de fumer en public. Israël est également le leader mondial de la production du cannabis médical, et plus de 30 000 patients israéliens sont traités avec du cannabis.
1Baré`shith 1:29
2Shamôth 30:22-31
3Ibid., verset 23
443:24
5`ôrah Hayyim 264:1

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