lundi 11 mai 2020

Halokhoh sur la chirurgie esthétique - 2ème Partie


בס״ד

Halokhoh sur la chirurgie esthétique

Deuxième Partie



Cet article peut être téléchargé ici.

§  Introduction

Dans le précédent article, nous avons introduit la question de savoir si la Halokhoh autorise la chirurgie esthétique. Nous avons cité les décisions du Rov Möshah Feinstein et du Rov Ya´aqôv Breisch qui ont tous deux permis à une jeune femme qui avait du mal à trouver un Shiddoukh approprié de subir une chirurgie esthétique pour améliorer son apparence. Dans cette deuxième partie, nous explorerons deux autres ashouvôth classiques rédigées par deux Pôsaqim majeurs du 20ème siècle, le Rov `ali´azar Waldenburg et le Rov Yiṣḥoq Weisz (communément appelé Dayyon Weisz), et qui sont plus stricts sur la question.

§  Rov `ali´azar Waldenburg

Rov Waldenberg[1] présente une approche radicalement différente de Rov Môshah et Rov Breisch (la plupart des ashouvôth du Rov Waldenburg sont consacrées à des problèmes de Halokhoh médicale. IL était la référence halakhique de l’hôpital Sha´aré adhaq de Jérusalem et influença grandement la Cour Suprême Rabbinique de l’Etat d’Israël). Il semble interdire catégoriquement toutes les chirurgies esthétiques. Il interdit à un médecin d'en effectuer et aux patients d’en subir. Il fait valoir avec force que la permission divine de guérir mentionnée dans la première partie ne s’applique qu’à la guérison d’une maladie et non à la modification de son apparence. Rov Waldenburg déclare même que la chirurgie esthétique constitue une insulte à notre Créateur car elle implique que Son travail est déficient ou imparfait.

Rov Waldenburg cite la Gamaro`[2] qui rapporte que Ribbi `al´ozor Ban Shim´ôn ז״ל a rencontré une personne exceptionnellement simple. Ribbi `al´ozor a demandé à l'homme si tous les habitants de sa ville étaient aussi laids que lui. L'homme a répondu que Ribbi `al´ozor avait insulté Hashshém en laissant entendre : « Quel vilain ustensile Tu as fait ! ». Ribbi `al´ozor a demandé pardon et l'homme a refusé de lui pardonner jusqu'à ce que les habitants de sa ville l’eurent convaincu de céder. Les ôsoiphôth citent la Masakhath Darakh `ara qui déclare que la personne laide n'était autre que `éliyohou Hannovi` déguisée.

Rov Waldenburg ajoute qu'il est certainement interdit de risquer sa vie pour subir une chirurgie esthétique, même si le risque n'est pas grand. Dans une autre ashouvoh[3] Rov Waldenburg aborde la question de savoir s'il est permis de subir une chirurgie élective un jeudi ou un vendredi (en raison de la crainte que cela puisse potentiellement interférer avec le respect du Shabboth). Rov Waldenburg répond simplement que la Halokhoh ne tolère jamais la chirurgie élective. Si une intervention chirurgicale n'est pas nécessaire, on ne peut jamais subir une telle intervention chirurgicale.

Ce qui est étonnant vis-à-vis de cette position stricte du Rov Waldenburg est que l’hôpital Sha´aré adhaq possède un service de chirurgie plastique. Ceci est remarquable parce que l’hôpital Sha´aré adhaq est réputé pour adhérer strictement aux normes halakhiques du Rov Waldenburg. L'hôpital semble suivre l'approche du Rov Môshah ou du Rov Breisch.

§  Rov Yiṣḥoq Weisz

Dayyon Weisz (qui fut le `ov Béth Din de la ´édhoh Haarédhith à Jérusalem et décédé en 1989) se concentre sur deux questions, à savoir la abboloh (l’interdiction de causer une blessure) et la Sakkonoh (l'interdiction de se mettre dans une situation dangereuse), concernant la chirurgie esthétique dans une très brève ashouvoh.[4] Dayyon Weisz adopte l'approche identique à celle de Rov Môshah concernant la question de la abboloh, à savoir qu'elle n'est interdite que si elle est faite de manière belliqueuse ou dégradante. L'interdiction de la abboloh ne constitue donc pas un obstacle à la chirurgie plastique. Cependant, Dayyon Weisz estime que la Sakkonoh (même s'il ne s'agit que d'un faible risque) liée à toute intervention chirurgicale est une préoccupation majeure.

Dayyon Weisz fait référence à une ashouvoh antérieure[5] où il interdit de subir une intervention chirurgicale à moins que cela ne soit nécessaire pour sauver la vie du patient. En conséquence, il déclare qu'il est interdit de subir une intervention chirurgicale pour remédier à un problème qui ne met pas la vie en danger. En fait, Dayyon Weisz (contrairement à son Maoutton [beau-père], Rov Breisch) interprète la décision du Ramo’’` mentionnée dans la première partie, qui parle de « couper un membre », comme se référant uniquement à un cas de danger pour la vie (cela semble être une lecture difficile à défendre, car si c’est cela que’ voulait dire le Ramo’’`, il l’aurait certainement dit explicitement).

En conséquence, bien que Dayyon Weisz reconnaisse que dans certains cas, les personnes qui souhaitent subir une chirurgie plastique sont définies comme des ôlim (comme le fait valoir le Rov Breisch), il hésite néanmoins à autoriser la chirurgie plastique car ce n'est pas un cas de חוֹלֶה שֶׁיֵּשׁ בּוֹ סַכָּנָה « ôlah Shayyésh Bô Sakkonoh » (une personne malade dont la vie est en danger). Dayyon Weiss conclut qu'il n'est pas sûr de cette question et fait remarquer qu'avec l'aide de Hashshém, il pourrait approfondir la question à l'avenir. Il reconnaît, cependant, que l'argument du Rov Breisch est une סְבָרָה גְדוֹלָה « Savoroh Ghadhôloh » (un argument convaincant, une hypothèse importante), mais il se retient de la retenir.

Il est cependant intéressant de mentionner que Dayyon Weisz ne soulève aucun des problèmes théologiques soulevés par Rov Waldenburg concernant la chirurgie plastique. Il semble que Dayyon Weisz ainsi que Rov Môshah et Rov Breisch ne partagent pas les préoccupations théologiques fondamentales de Rov Waldenburg concernant la chirurgie plastique.

On pourrait faire valoir que la chirurgie plastique n'insulte peut-être pas le travail de l’ « Artisan », car c’est également Lui qui a révélé à l'humanité les connaissances et la capacité d'effectuer une chirurgie esthétique. La chirurgie esthétique pourrait être considérée comme faisant partie de notre rôle de « partenaires juniors » de Hashshém dans la création continue du monde.[6] Et comme dans tous les autres domaines de connaissances humaines, ce ne serait pas la chirurgie esthétique le problème, mais les raisons cachées derrière la volonté d’en subir une qui pourraient déterminer si la pratique est autorisée ou pas, ainsi que le fait d’en abuser. Par conséquent, chacun se doit de consulter son Rov et lui exposer les raisons véritables pour lesquelles il ou elle voudrait recourir à la chirurgie esthétique ou plastique. Et son Rov déterminera si cela est acceptable ou pas.

§  En conclusion

Les quatre ashouvôth classiques qui traitent du sujet de la chirurgie esthétique présentent des approches significativement différentes. Rov J. David Bleich[7] conclut que cela est permis en cas de grand besoin. Cependant, il semble qu'aucune décision publiée par une grande autorité halakhique n'autorise explicitement la chirurgie esthétique effectuée uniquement pour des raisons de commodité. Celui qui envisage la chirurgie esthétique devrait consulter son Rov pour une décision sur la permissivité ou pas de la subir.


[1] ashouvôth Ṣiṣ `ali´azar 11 :41
[2] Ṭa´nith 20b
[3] ashouvôth Ṣiṣ `ali´azar 12 :43
[4] ashouvôth Minḥath Yiṣḥoq 6 :105 :2
[5] Ibid., 1 :28 :2
[6] Voir Talmoudh, Shabboth 10a, et le Rambo’’n sur Baré`shith 1 :28.
[7] Judaism and Healing, pages 126-128

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