dimanche 24 mai 2020

Une Miṣwoh est-elle toujours bénéfique ?


בס״ד

Une Miṣwoh est-elle toujours bénéfique ?

  
Cet article peut être téléchargé ici.

Les Miṣwôth sont-elles toujours bénéfiques ? Sont-elles toujours saines ? En d’autres mots, est-il possible qu'une Miṣwoh puisse nous nuire physiquement ou psychologiquement ?

Voici ce que Ribbénou HoRambo’’m ז״ל enseigne :[1]

Il est également important de noter que la Ṭôroh ne prête pas attention aux [cas] isolés. Elle n'est pas basée sur des conditions qui se produisent rarement. Tout ce que la Ṭôroh enseigne, que ce soit de nature intellectuelle, morale ou pratique, est fondé sur ce qui est la règle et non sur ce qui est l'exception : elle ignore le préjudice qui pourrait être causé à une seule personne par une certaine maxime ou une certaine Miṣwoh.

Il s’exprime plus explicitement encore dans la suite de ce chapitre :

Nous ne devons donc pas être surpris lorsque nous constatons que l’objectif de la Ṭôroh n'apparaît pas pleinement chez chaque individu; il doit naturellement y avoir des gens qui ne sont pas perfectionnés par l'instruction de la Ṭôroh, tout comme il y a des êtres qui ne reçoivent pas des formes spécifiques de la Nature tout ce dont ils ont besoin.

De toute évidence, une Miṣwoh peut ne pas fonctionner pour tout le monde. Certaines personnes seront même blessées et trouveront une Miṣwoh contre-productive ou nuisible. Je sais que cela semble très dérangeant pour beaucoup de gens, en particulier ceux qui ont grandi dans la communauté Ḥarédhi, mais les faits démontrent qu’il en est véritablement ainsi. En effet, on ne peut pas dire qu'une Miṣwoh protège et donc je la respecterai même lorsqu’elle mettra ma vie en danger. À moins que nous ayons affaire à l'un des trois Miṣwôth critiques,[2] qui sont la ´avôdhoh Zoroh (idolâtrie), la Shaphikhath Domim (meurtre) ou la Gilouy ´aroyôth (transgressions sexuelles), ou dans des affaires impliquant du Ḥilloul Hashshém, la vie prime toujours sur les Miṣwôth. Celui qui choisit de donner la priorité à la Miṣwoh dans de tels cas a tort, et sera responsable de tout le mal qui s’abattra sur lui. Et lorsque un tel mal lui arrive, il ne pourra pas se cacher derrière la maxime « C’était la volonté de Hashshém ». Nous avons vu encore récemment, avec la pandémie de coronavirus, où est-ce que cette idéologie de croire qu’il faudrait accomplir les Miṣwôth coûte que coûte (se rassembler en Minyon, etc.) ont mené la communauté juive.

Si les Miṣwôth étaient toujours protectrices, pourquoi exiger qu’elles soient ignorées lorsque la vie est en danger ? Ne protégeraient-elles pas en toutes circonstances ? Le Rambo’’m condamne en fait ceux qui croient que les Miṣwôth ont priorité sur la vie et les appelle « Minim ».

Le but ultime des Miṣwôth est de faire de nous de meilleures personnes. Elles sont censées contrôler les désirs débridés et établir des règles sociales afin que nous vivions dans une société ordonnée et juste. Le but ultime, cependant, est de nous permettre d'avoir du temps de qualité pour apprendre à connaître le monde dans lequel nous vivons et essayer de déchiffrer le but de notre existence, la volonté de Hashshém qui nous a mis ici. Notre bien-être physique et psychique est nécessaire si nous voulons y parvenir mais n'est pas un objectif en soi. Certaines Miṣwôth ´aséh ou Lô` Tha´asah peuvent être contre-productives pour certaines personnes. À moins que cela ne mette la vie en danger, chacun est tenu de respecter la Ṭôroh, peu importe à quel point cela pourrait être difficile ou inconfortable pour soi. Cette soumission à la Ṭôroh en elle-même est spirituellement bénéfique et renforce le caractère bien qu'elle puisse nuire dans d'autres domaines. C'est le sens profond de la Mishnoh[3] : ששכר מצוה מצוה - la récompense d'une Miṣwoh est la Miṣwoh elle-même.


[1] Môréh Navoukhim Volume 3, Chapitre 34
[2] Mishnéh Ṭôroh, Hilkôth Shabboth 2 :3
[3] `ovôth 4 :2

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...