mardi 19 mai 2020

Le séchage des mains pour la Natilath Yodhayim qui précède un repas


בס״ד

Le séchage des mains pour la Natilath Yodhayim qui précède un repas




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Dans l’article précédent sur cette série consacrée à la Natilath Yodhayim qui précède le repas nous avions discuté de la manière de réaliser la Natilath Yodhayim. Nous avions expliqué que Béth Shamma`y et Béth Hillél ont institué que l’on devait se laver les mains avant de consommer de la Ṭaroumoh, puisque des mains non lavées invalident la Ṭaroumoh. En outre, plus tard, les Ḥakhomim décrétèrent que même les Ḥoullin ne pouvaient pas être consommés sans s’être lavé les mains au préalable. Ils désiraient, apparemment, que les Kôhanim ne perdent pas la pratique de purifier leurs mains, et ordonnèrent par conséquent que tout le monde lave ses mains avant de manger du pain. Ce décret est respecté même en dépit du fait qu’il n’y a pas de Béth Hammiqdosh, de façon à ce que nous soyons prêts lors de sa reconstruction prochaine. Ainsi, d’un point de vue halakhico-légal, la Natilath Yodhayim est le processus par lequel on retire de ses mains la Toum`oh avant qu’on ne puisse consommer du pain. La manière de se laver les mains est donc dépendante des lois et détails se rapportant à la Toum`ath Yodhayim. Nous en avions abordé quelques-uns dans le précédent article. Dans cet article-ci, nous parlerons d’un autre principe talmudique relatif à la Natilath Yodhayim qui semble important.

·        Niggouv Yodhayim

Le Ṭalmoudh[1] attribue une signification au séchage réel des mains :

Ribbi `abbohou a dit : Tout celui qui mange du pain sans séchage des mains est comme quelqu’un qui mange du pain Tomé`, ainsi qu’il est dit :[2] « Et Hashshém dit : ‘’C’est comme ainsi que les Bané Yisro`él mangeront leur pain Tomé`, etc.’’ ».
אמר רבי אבהו כל האוכל פת בלא ניגוב ידים כאילו אוכל לחם טמא שנאמר ויאמר ה' ככה יאכלו בני ישראל את לחמם טמא וגו'

Rash’’i ז״ל explique que manger du pain avec les mains mouillées est tout simplement מָאוּס « Mo`ous » (répugnant), et il faut donc se sécher les mains après le lavage. D'autres Ri`shônim[3] expliquent cependant qu'en mangeant avec les mains mouillées, on transfèrera de la Toum`oh depuis ses mains jusqu’au pain, et on mangera donc littéralement du לֶחֶם טָמֵא « Laḥam Tomé` » (pain impur).

Apparemment, il existe de nombreuses différences entre ces deux explications. Par exemple, si l'on se lave les mains avec une Ravi´ith d'eau, ou si l'on plonge ses mains dans une Miqwoh ou un Ma´yon (une source), l'eau sur les mains est Tohôr (pure), comme nous l'avions discuté précédemment, et donc il n’y aurait pas besoin de se sécher les mains. De plus, on pourrait suggérer que même si les mains sont encore humides mais pas טוֹפֵחַ עַל מְנָת לְהַטְפִּיחַ (humides au point que celui qui toucherait ses mains absorbera suffisamment d’humidité après le contact), elles ne peuvent pas transférer la Toum`oh, elles peuvent toutefois être considérées comme trop humides pour manger du pain. Par conséquent, alors que ceux qui se préoccupent de l’impureté peuvent permettre de manger du pain avec des mains encore un peu humides, ceux qui s’intéressent au « Mé`ous » (répulsion) peuvent insister pour que leurs mains soient complètement sèches.

Certains[4] notent que même celui qui verse moins d’une Ravi´ith sur ses mains enlève l’eau impure après avoir versé de l’eau sur ses mains une deuxième fois. Par conséquent, pourquoi aurait-on encore besoin de se sécher les mains ? Apparemment, des Ḥakhomim ont institué que l'on devrait éliminer complètement l'eau impure en se séchant également les mains.[5]

Le Shoulḥon ´oroukh[6] stipule que celui qui plonge ses mains ou celui qui verse une goutte d'eau sur ses mains peut manger du pain sans se sécher les mains. Le Maharsha’’l ז״ל dans son Yom Shal Shalômô[7] n'est pas d'accord. Il adopte l'explication de Rash’’i sur la Gamaro` et en exige donc toujours un séchage des mains avant de manger du pain afin d'éviter le problème de « Mé`ous ».

Le Mishnoh Barouroh[8] cite le Ba’’ḥ ז״ל, qui partage le point de vue du Maharsha’’l, et conclut que tel est le consensus des `aḥarônim et que telle est la pratique courante.[9]

Ribbénou Shimshôn ban Ṣodhôq ז״ל, Ṭalmidh du Mahara’’m de Rottenburg ז״ל, dans son Ṭashbéṣ Haqqoton[10], écrit qu'il ne faut pas s'essuyer les mains sur son vêtement, ni mettre ses vêtements sous sa tête, car cela peut provoquer l'oubli. Il n'est pas clair si cette pratique est de nature kabbalistique ou symbolique.

Sa source est très probablement un passage dans la Masakhath Hôroyôth[11], qui énumère des choses qui font oublier ses études de la Ṭôroh, notamment mettre ses vêtements sous sa tête (pour dormir) et boire les eaux qui restent après le lavage des mains. Le Ṭashbéṣ pense apparemment que l’eau qui reste après le lavage des mains est, en général, dangereuse et ne doit donc même pas être essuyée sur ses vêtements. De nombreux `aḥarônim[12] citent cette Ḥoumroh.

Peut-on laisser ses mains sécher seules ? De plus, peut-on se sécher les mains sous un séchoir à air chaud ? Le Ḥozôn `ish[13] écrit que l'on peut également attendre que les mains sèchent par elles-mêmes. Il explique que puisque la raison du séchage des mains est de s’assurer qu’on ne mange pas avec des mains mouillées ou que la Toum`oh sur les mains ait été retirée, même si l’eau sèche seule, aucun de ces problèmes ne pose de problème. D'autres `aḥarônim[14] insistent sur le fait que l'on devrait de préférence se sécher les mains, à moins qu’on ait plongé ses mains dans une Miqwoh. Rov Baṣal`él Stern (1911 - 1989), dans sa Ṭashouvoh Baṣal Hoḥôkhmoh[15], écrit que celui qui verse une Ravi´ith d'eau sur ses mains peut certainement laisser ses mains sécher, ou sécher ses mains avec un séchoir à air électrique; cependant, celui qui verse moins d’une Ravi´ith d’eau sur chaque main doit de préférence se sécher correctement les mains.

·        La Barokhoh de ´al Natilath Yodhoyim

Le rôle du Niggouv dans le lavage des mains peut également avoir un impact sur une autre question : quel est le bon moment pour faire la Barokhoh sur le lavage des mains ? Généralement, les Barokhôth faites lors de l'accomplissement des Miṣwôth sont récitées עוֹבֵר לַעֲשִׂיָּתָן « ´ôvér La´asiyothon »[16], c’est-à-dire avant l'accomplissement des Miṣwôth. Sur base de ce principe talmudique, le Rambo’’m[17] ז״ל affirme que toutes les Barokhôth récitées lors de l’accomplissement des Miṣwôth sont dites avant d’accomplir la Miṣwoh, à l'exception de la טְבִילַת הַגֵּר « Tavilath Haggér », l'immersion d'un converti, puisqu’il ne peut réciter la Barokhoh qu'après être sorti de l'eau, moment où il est considéré comme Juif.

La source du Rambo’’m est un passage de la Gamaro`[18], qui enseigne que « il… s’immerge puis remonte [de l’eau], et en remontant il dit la Barokhoh de ‘’`ashar Qiddashonou, etc., ´al Hattaviloh’’ ». Le Rambo’’m comprend donc ce passage comme indiquant que la Tavilath Haggér est la seule exception au principe selon quoi on devrait bénir avant l’accomplissement d’une Miṣwoh.

D'autres Ri`shônim, cependant, ne sont pas d’accord avec cette lecture du Rambo’’m. Par exemple, les Ṭôsophôth[19] citent ceux qui insistent sur le fait que l’exception s'applique également à la Natilath Yodhayim, car les mains pourraient être sales, et il est donc préférable d'attendre qu’elles soient lavées avant de bénir.

Ces mêmes Ri`shônim citent une raison supplémentaire pour repousser la Barokhoh à après le lavage des mains. Ils expliquent que la récitation de la Barokhoh avant de les sécher fait partie intégrante de « ´ôvér La´asiyothon », et cela est considéré comme si l'on récitait la Barokhoh avant l'accomplissement de la Miṣwoh. En effet, la Gamaro` citée plus haut enseigne que « quiconque mange du pain sans d'abord se sécher les mains, c'est comme s'il mangeait du pain impur ». Apparemment, selon cette deuxième raison, on devrait réciter la Barokhoh avant de se sécher les mains, tandis que selon la première raison, on peut réciter la Barokhoh encore plus tard, peut-être jusqu'à ce que l'on dise la Barokhoh de « Hammôṣi` » avant de manger du pain.

 Le Shoulḥon ´oroukh[20] écrit qu'il faut réciter la Barokhoh avant de se laver les mains (suivant ainsi l’opinion du Rambo’’m). Il ajoute que les gens se sont toutefois accoutumés à dire la Barokhoh après le lavage, מִשּׁוּם דִּפְעָמִים שֶׁאֵין יָדָיו נְקִיּוֹת, וּמִפְּנֵי כָּךְ מְבָרְכִין עֲלֵיהֶם אַחַר שֶׁשִּׁפְשֵׁף יָדָיו, שֶׁכְּבָר יָדָיו נְקִיּוֹת קֹדֶם שֶׁיָּטִיל עֲלֵיהֶם מַיִם שְׁנִיִּים « étant donné que parfois ses mains ne sont pas propres, et à cause de cela ils bénissent sur elles après qu’il ait frotté ses mains, moment où les mains sont déjà propres, avant de verser de l'eau sur elles une seconde fois ». Le Ramo’’` ז״ל commente que גַּם יָכוֹל לְבָרֵךְ עֲלֵיהֶם קֹדֶם נִגּוּב, שֶׁגַּם הַנִּגּוּב מִן הַמִּצְוָה, וּמִקְרֵי עוֹבֵר לַעֲשִׂיָּתָן « il peut également bénir sur elles avant le séchage, car le séchage fait également partie de la Miṣwoh, et il est considéré comme ´ôvér La´asiyothon ». En d'autres termes, le Shoulḥon ´oroukh cite la première réponse suggérée par les Ri`shônim, selon laquelle la Barokhoh a été instituée pour être récitée après s'être lavée de peur que les mains ne soient trop sales pour réciter la Barokhoh. Le Ramo’’`, d'autre part, cite la deuxième raison, qui considère le Niggouv Hayyodhayim comme une partie intégrante de la Miṣwoh.

Et si on oublie de réciter la Barokhoh avant de se sécher les mains ? Le Ramo’’` conclut : וְאִם שָׁכַח לְבָרֵךְ עַד אַחַר נִגּוּב, מְבָרֵךְ אַחַר כָּךְ « et s'il a oublié de bénir jusqu'à après le séchage, il bénit après cela ». Le Ta’’z[21] cite le Maharsha’’l[22] qui soutient que cela signifie que l’on peut faire la Barokhoh jusqu'à ce que l'on dise « Hammôṣi` » avant de manger le pain.[23] Le Ta’’z n'est cependant pas d'accord et soutient qu'il ne faut pas réciter la Barokhoh après s'être séché les mains mais avant, et si on avait oublié il n’est plus possible de la faire.[24] C’est également la position du Rov ´ôvadhyoh Yôséph.[25]

Pour notre part, nous suivons l’approche du Rambo’’m, qui est de faire la Barokhoh avant le lavage des mains, qu’elles soient propres ou sales. (Si elles sont sales, il est possible de les frotter dans une serviette au préalable, en suite de faire la Barokhoh, puis de se laver les mains avec de l’eau.)


[1] Sôtoh 4b
[2] Yaḥazqé`l 4 :13
[3] Voir, par exemple, `ôr Zoroua´ 79.
[4] Voir le Ḥozôn `ish, `ôraḥ Ḥayyim 25 :10.
[5] Voir Shoulḥon ´oroukh Horov 158 :17.
[6] 158 :13
[7] Ḥoullin 8 :39
[8] 159 :46
[9] Voir aussi le ´oroukh Hashshoulḥon 158 :18.
[10] 287
[11] 13b
[12] Voir, par exemple, le Moghén `avrohom 158 :17 ; le Mishnoh Barouroh 158 :44 ; ´oroukh Hashshoulḥon 158 :17.
[13] `ôraḥ Ḥayyim 25 :10
[14] Voir le Shoulḥon ´oroukh Horov 158 :17.
[15] 4 :141
[16] Ṭalmoudh, Pasoḥim 7b
[17] Mishnéh Ṭôroh, Hilkôth Barokhôth 11 :7
[18] Pasoḥim 7b
[19] Sur Pasoḥim 7b et Barokhôth 51a. Voir aussi le Ro`’’sh, Barokhôth 7 :34.
[20] 158 :11
[21] 158 :12
[22] Yom Shal Shalômô, Ḥoullin 39
[23] C’est la position soutenue également par le Mishnoh Barouroh 158 :44.
[24] Voir Ḥayyé `odhom 40 :4.
[25] Yalqout Yôséph 158 :10

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