בס״ד
Emission de semence en vain : Une approche
rationaliste
Le Zôhar & la Qabboloh lurianique
Cet article peut être téléchargé ici.
Pour (re)lire :
L'influence du Zôhar
sur l'attitude future de la pensée religieuse juive à l'égard de la
masturbation serait impossible à surestimer. J'ai eu du mal pendant un moment à
essayer de décider comment présenter ce matériel dans un article de blog, car
le Zôhar consacre une immense attention à ce sujet. J'ai décidé de résumer
brièvement les concepts de base trouvés dans le Zôhar et j'ai cité les sources
pour ceux qui veulent faire plus de recherche par eux-mêmes. Traduire et citer
chaque idée en auraient fait un article trop long et ennuyeux à lire.
Les enseignements du
Zôhar sur le sujet du déversement de semence doivent être compris comme un
résultat direct de la façon dont le Zôhar considère la procréation en général.
Plus important encore, ils sont basés sur la manière dont les qabbalistes
expliquaient les origines du sperme et le processus par lequel une nouvelle âme
venait du monde spirituel dans le monde physique. Je vous recommande de relire
mon résumé du Séphar Habbahir dans l’article précédent. Tout le reste en découle.
·
Aucune semence n’est un « gaspillage »
L'un des aspects les
plus intéressants de l'approche du Zôhar est peut-être le rejet par le Zôhar de l'idée que la masturbation est
interdite en raison du « gaspillage de semence ».
Le Zôhar attache une importance si intense à l'acte de la procréation, qu'il serait
impossible de supposer que lorsque l'on éjacule, il ne se passe rien
d'important ; puisque la semence est dotée d'une âme, elle ne peut pas
être simplement gaspillée. Le Zôhar introduit plutôt un concept entièrement
différent. Quand on éjacule dans le contexte de
rapports vaginaux normaux avec son conjoint, l'âme dont sa semence est dotée
est sainte et s’implante dans sa femme pour se développer en un enfant saint.
Cependant, le Zôhar enseigne que lorsque quelqu'un
se masturbe ou a toute autre sorte de rapport sexuel interdit, l'
« âme » présente dans son sperme est un mauvais esprit.
Bien que ces mauvais esprits ne soient pas visibles à l'œil nu, ils sont véritablement
créés, d’après le Zôhar, et ils accompagnent cette
personne tout au long de sa vie et même après sa mort. Cela a de
nombreuses ramifications importantes dont nous allons discuter.
·
Les mauvais esprits hantent leur « créateur »
Le Zôhar décrit en
plusieurs endroits les châtiments en réserve pour celui qui éjacule dans
n'importe quel contexte autre que les rapports « normaux » avec son
épouse.[1]
Ces mauvais anges deviennent ses bourreaux et ils le hanteront pour toujours. Ainsi, l'acte d'éjaculation crée toujours un être spirituel,
cela dépend juste de l'individu si ce sera un être saint ou un être mauvais.
Notez à quel point
c'est différent du terme que Rash’’i avait utilisé et que nous avions cité plus
tôt. Rash’’i avait écrit que « gaspiller de la semence » qui
aurait pu être un enfant est destructeur parce qu’elle est « gaspillée ».
Cela sonne comme un être humain potentiel qui a été perdu, mais rien d'autre
n'a été créé à sa place. Cependant, le Zôhar va plus loin et est davantage
préoccupé par les créations perverses que la semence renversée serait
responsable de créer.
·
La masturbation devient l’une des ´aroyôth
Un
autre résultat de la conception zôharique de l'éjaculation, est le reclassement
de la masturbation dans la catégorie de l'une des relations sexuelles
interdites (« ´aroyôth »).
Le Zôhar spiritualise l'acte d'éjaculer illicitement du sperme qui n'est pas
dans le contexte de rapports procréatifs « normaux » avec un
conjoint. Puisque tous ces actes créent de mauvais esprits et des démons, ce
sont tous des péchés similaires. Par exemple, dans Zôhar II: 264a, cela
est mis sur le même pied d’égalité que la bestialité (zoophilie), les ´aroyôth,
etc.
·
Aucune voie pour la repentance
À plusieurs
endroits, le Zôhar fait une déclaration extraordinaire et effrayante, et contrairement à tous les autres péchés, la masturbation serait
unique en ce que l'auteur de cet acte se verrait refuser la capacité de se
repentir. (Une telle affirmation n’a aucune source antérieure sur
laquelle s’appuyer.) Cette conclusion découle de la compréhension qu'a le Zôhar
de cet acte. Puisque chaque « semence »
devrait être un enfant saint potentiel, quand on a de mauvaises intentions et que
l’on déverse de la semence cet enfant serait donc « tué » et à
sa place un ange mauvais serait créé. Comment pourrait-il y avoir Ṭashouvoh
pour un tel acte ? Dans le Zôhar I: 219b, il est explicitement indiqué que c’est le seul péché pour
lequel il n'y aurait pas de Ṭashouvoh disponible. En fait,
pour le Zôhar le masturbateur ou celui qui aurait
éjaculé ailleurs que dans le vagin est encore pire que celui qui assassine une
autre personne, pour laquelle la Ṭashouvoh peut être disponible.
Comme il tue ses propres enfants la Ṭashouvoh ne lui est pas
accordée ! Le Zôhar utilise ce langage identique dans Zôhar II: 3b
pour décrire un avortement, indiquant par-là que le Zôhar assimilait les deux
(le déversement de semence et l’avortement). Fait intéressant, c'est la seule
référence dans tout le Zôhar à l’avortement.
Si cette idée vous
semble étonnante, permettez-moi de souligner que le Zôhar fait cette
affirmation en plusieurs endroits, y compris en détail dans Zôhar I: 61b-62a.
Cependant, dans Zôhar II: 214b, le Zôhar semble affirmer que la Ṭashouvoh
est possible, bien qu’il se réfère en réalité au péché de « Paghom
Habbarith » (que nous avons vu pour la première fois
introduit par Ribbénou Yôséph ban ˋavrohom Jiqatilyoh) qui inclut de nombreux péchés
sexuels autres que la masturbation également. Quoi qu'il en soit, le fait
demeure qu'en plusieurs endroits le Zôhar a déclaré sans équivoque que la Ṭashouvoh
(la repentance) est impossible dans le cas de la masturbation ou déversement de
la semence.
·
Hôṣoˋath Zara´ devient plus inclusive
Tout comme l'idée de
« Paghom Habbarith » s’est frayée un
chemin dans le Zôhar, il en est de même de l'idée exprimée dans la ˋiggarath Haqqôdhash selon quoi la « Hôṣoˋath Zara´ Labbattoloh » pourrait faire référence à tout type de
rapport sexuel qui n'est pas approprié, même s’il s’agit d’un rapport vaginal
normal.[2]
Si de la semence s’est répandue même dans le cadre
de relations « normales », si les intentions n’avaient pas été appropriées
ou si la relation s’est faite de manière « inappropriée », des
mauvais esprits seraient créés à la place d'un enfant, et on serait coupable d’avoir
répandu de la semence.
·
Créer de saints anges
Cette idée du Zôhar
explique une énigme qui était un problème lorsque nous avons expliqué plus tôt l’approche
de Ribbénou Ṭam. Si « gaspiller de la semence » est un
problème parce qu'un enfant potentiel est en train d'être « détruit »,
alors comment peut-on autoriser un rapport sexuel avec sa femme lorsqu’il est
certain qu'un enfant ne peut en résulter ? Par exemple, comment
pourrait-on avoir des relations sexuelles avec sa femme si elle est enceinte ou
postménopausée ? Si vous vous en rappelez, Ribbénou Ṭam a expliqué cela en
faisant la distinction entre les « rapports sexuels normaux »
et les « rapports sexuels anormaux », mais cela n’a pas tout à
fait répondu à la question.
Cependant, le Zôhar
a une explication pratique pour y répondre. Tout comme quand on « déverse
de la semence » on crée des démons spirituels que l’on ne peut pas
voir, de même quand on a des relations « normales »
appropriées avec sa femme on crée de saints anges qui ne peuvent pas être vus. Ainsi, tout rapport sexuel approprié n'est jamais un « gaspillage »
car à défaut de résulter en la création d’un enfant il résulte en la création
de saints anges.[3]
Il y a beaucoup d'autres
idées exprimées par le Zôhar sur ce sujet, mais je pense que nous devrions
passer à la prochaine étape majeure de l'histoire de l'influence de la Qabboloh
sur les lois relatives au déversement de semence. Cette étape est la mise en place
du prochain grand mouvement qabbalistique qui a succédé à l’école qabbalistique
espagnole, à savoir l’école de la Qabboloh lurianique à Ṣaphoth
(Safed).
·
Les qabbalistes de Ṣaphoth et la canonisation du Zôhar
De manière tragique,
peu de temps après la publication du Zôhar, le monde juif a été écrasé par
l'horrible tragédie de l'inquisition espagnole et de l'expulsion des Juifs
d'Espagne. Parmi les réfugiés Juifs espagnols, certains se sont finalement
rendus à Ṣaphoth dans la région de Galilée en Israël. La sagesse des
qabbalistes espagnols accompagnait également les réfugiés, en particulier le
livre du Zôhar. À Ṣaphoth, l'école connue sous le nom de l’ « école
lurianique » allait devenir la force dominante du mysticisme juif
jusqu'au mouvement ḥassidique en Europe de l'Est au 18ème siècle.
Parmi les personnalités clés de cette école il y avait nul autre que Ribbénou Shalômôh
Halléwi ˋalqabbéṣ
(1500-1576, l'auteur du célèbre Piyout du « Lakhoh Dhôdhi »
chanté depuis lors dans l’écrasante majorité des synagogues le vendredi soir), Ribbénou
Môshah de Cordoue (1522-1570, le maître de Ribbénou Yiṣḥoq Louriyoˋ
ˋashkanazi et considéré le
fondateur de l'école lurianique), Ribbénou Yiṣḥoq Louriyoˋ
ˋashkanazi (1534-1572,
également connu sous le nom du « ˋariZa’’l »
ou simplement « le ˋar’’i », peut-être le plus célèbre des qabbalistes de Ṣaphoth
et d’après le nom duquel l'école lurianique a été nommée), et Ribbénou Ḥayyim Witaˋl (1542-1620, le Ṭalmidh le plus important du ˋar’’i, et
celui qui a consigné par écrit les enseignements de l'école lurianique de Ṣaphoth).
Il n'est pas
nécessaire pour nous de plonger profondément en ce moment dans la philosophie
et les enseignements de l'école lurianique. En ce qui concerne spécifiquement
la question de la masturbation, l'école lurianique a continué à développer les
mêmes thèmes de base que nous avons mentionnés plus haut dans notre discussion
sur le Zôhar. Cependant, ce que l'école lurianique a accompli, c'est que le Zôhar
s'est établi dans le canon juif des textes rabbiniques standards, ce qui
n’était pas le cas avant la création de cette école qabbalistique. Les savants
de Ṣaphoth sont ceux qui sont parvenus à faire accepter le Zôhar
presque universellement dans le monde rabbinique comme une œuvre aux origines
aussi anciennes que la Mishnoh et le Ṭalmoudh, alors qu’en réalité le Zôhar n’était
qu’un produit de l'Espagne médiévale. C’est depuis lors que toutes les idées
zôhariques sur la masturbation et le déversement de semence sont devenues la
façon standard de penser et acceptées dans la majorité des mouvements juifs
encore aujourd’hui, alors que nous avons démontré à travers les premiers
articles sur cette série qu’elles n’ont jamais été soutenues par nos Sages
d’antan.
Parmi tous les
savants célèbres de cette période à Ṣaphoth, le personnage le plus
important aux fins de notre enquête est Ribbénou Yôséph Qaˋrô (1488-1575), l'auteur du Béth Yôséph et du Shoulḥon
´oroukh. Ces œuvres halakhiques, peut-être à l'exception du Mishnéh Ṭôroh du
Rambo’’m, ont eu plus d'influence sur le développement de la Halokhoh
que tout autre ouvrage de l'histoire juive. Ribbénou Yôséph Qaˋrô était également un qabbaliste de renom et a absorbé
le système lurianique de la Qabboloh directement de ses « maîtres à Ṣaphoth ».
Ribbénou Yôséph Qaˋrô a élevé le Zôhar à un niveau supérieur en
l’intégrant directement dans son traitement halakhique du sujet du déversement
de semence. Cependant, avant de voir comment, nous devrons quitter l'univers qabbalistique
et revenir à l'univers parallèle halakhique que nous avons laissé derrière nous
il y a quelques articles. Nous devons retracer la Halokhoh à travers
le Rôˋ’’sh,
le Tour et ensuite nous verrons alors comment le Béth Yôséph a pris le monde
halakhique du Tour et le monde qabbalistique du Zôhar et les a combinés.